De l'Autre Côté (Auf Der Anderen Seite) de Fatih Akin (08/01/2008)
Le Miroir à 2 Faces.
La vision des bilans de fin d’année est l’occasion de me rendre compte que je n’ai pas eu le temps de chroniquer l’excellent dernier film de Fatih Akin, primé à Cannes (Prix du scénario et Prix du Jury œcuménique), mais qui aurait mérité le Grand Prix du Jury à la place de la (surestimée) Forêt de Mogari.
Question scénario, le découpage est pourtant très classique (thèse, anti-thèse, synthèse).
La première partie s’attache aux immigrés turcs en Allemagne (Ali, Yeter), la seconde aux allemands en Turquie (Lotte, le libraire), la troisième voit les germano-turcs (Nejat, ...) renouer avec leurs racines et se réconcilier avec leurs origines.
Le thème est très proche du très bon XXY de Lucia Penzo. D’un côté un(e) hermaphrodite cumule dans ses gênes le meilleur des 2 sexes (l’Inné), de l’autre un fils d’immigré est la combinaison du meilleur des cultures dans lesquelles il a été élevé (l’Acquis).
Le parallèle effectué entre les 2 mondes montre qu’ils ne sont finalement pas si différents l’un de l’autre, malgré ce que veulent nous faire croire certains discours xénophobes. Manifestations anti-gouvernementales, Police inflexible, Justice sourde et aveugle, prisons déshumanisées, bureaucratie démotivante se retrouvent des 2 côtés avec des nuances moins importantes qu’il n’y parait au premier abord [1]. Dans les 2 cas, les jeunes se révoltent contre l’ordre établi, réitérant le comportement des plus anciens usés par la Vie et ayant oubliés leurs rêves de jeunesse.
Au final, un film profondément humaniste, qui rejette les extrémismes (terroristes, islamistes, bureaucrates, machos, …), prône le juste milieu, la compassion, la solidarité active, l’ouverture aux autres, l’abolition des frontières artificielles qui sont d’abord et avant tout dans nos têtes.
Le choix de Trabzon (ville de l’Est de la Turquie, où se mélangent cultures turque, géorgienne et arménienne), d’Istanbul (ville cosmopolite à cheval sur l’Europe et l’Asie) et de Brême (célèbre pour son conte des Musiciens, symbole de la solidarité des petites gens) participe également de cette entreprise éminemment sympathique.
[1] Le comportement de la police anti-terroriste turque rappelle furieusement celui des allemands du temps de la Fraction Armée Rouge (bande à Baader).
Note : 9/10
Compléments :
> Le site du producteur du film et le site turc.
> Les critiques de CommeAuCinéma, Arte, LaLibreBe, Rue89, LeMonde, Telerama, Excessif, Fluctuat, FilmDeCulte, AVoirALire, Critikat.
> Sur les blogs: CriticoBlog, Itinéraires, CaféBabel, BenzineMag, NightSwimming, CinéJade, Raccord, ZéroDeConduite.
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