The Element of Crime (25/07/2005)
Quelque chose de pourri au royaume du Danemark (Hamlet, I,4) ?
Lars von Trier a toujours travaillé selon des cycles.
Il y a eu ses mélos larmoyants ("Breaking the Waves","Dancer in the Dark"), ses films 'dogmatiques' ("Les Idiots", ...), ses mises en scène théâtrales ("Dogville","Manderlay"), ses feuilletons télévisuels ("The Kingdom", ...), et même un film porno ("Pink Prison") !
Sa période la plus intéressante se situe à mon avis au début de sa carrière.
Il commet alors 3 petits chefs d'oeuvre qui sondent les bas-fonds de l'esprit humain ("The Element of Crime","Epidemic" et "Europa").
Le premier, malheureusement peu connu, mérite qu'on s'y intéresse.
L'histoire:
En Egypte, dans un environnement sec et étouffant de chaleur, un homme, probablement schizophrène, se fait hypnotiser par un médecin pour se débarrasser des cauchemars qui l'assaillent continuellement.
Ensuite retour-arrière au Danemark, où l'homme, inspecteur de police, enquête sur un serial killer qui assassine sauvagement des petites vendeuses de billets de loterie (référence à la petite vendeuse d'allumettes d'Andersen ?).
Il vient de reprendre le dossier, précédemment traité par son supérieur hiérarchique, criminologue réputé, mais celui-ci a mystérieusement disparu.
Les indices étant minces, il va donc essayer de refaire le parcours du tueur en essayant de se mettre à sa place, en vivant et en pensant comme lui, selon les méthodes définies et mises en pratique par son chef.
Mais peut-on sans risques plonger dans les tréfonds d'un esprit humain psychotique ?
Tout le film baigne dans une ambiance glauque, humide et poisseuse.
Les changements climatiques (augmentation des températures et fonte des glaces) ayant entrainé une montée des eaux, tous les habitants vivent dans un environnement moisi, particulièrement bien rendu à l'écran grâce au travail sur les couleurs.
Dans "The Cell" de Tarsem Singh, l'esprit du serial killer était particulièrement esthétisant, léché, avec un aspect sado-maso marqué (un style très 'cuir et soie').
Rien de tout celà dans "The Element of Crime", au contraire !
Les paysages, reflets du mental du meurtrier, sont plus proches de l'ambiance développée dans "Se7en" de David Finsher (sans les effets gores à répétition) et sont destinés à instiller le malaise chez le spectateur.
Mis à part l'odeur, on ressent parfaitement cette sensation de pourriture qui gangrène cette société déchue.
La révélation finale est au moins aussi forte que celles de "Se7en" ou de "La Secte sans Nom" (de Jaume Balaguero).
Ici pas de happy-end hollywoodien.
Seulement l'espoir de tout oublier grâce à l'hypnose.
Mais est-il possible d'échapper à ses mauvais rêves, surtout quand ceux-ci sont des souvenirs réels ?
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Grand Prix Technique de la Commission Supérieure Technique au Festival de Cannes 1984
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