Volver (18/06/2006)

Et on tuera tous les affreux ?

Après une "Mauvaise Education" contreversée, Almodovar revient à ses sujets de prédilection. Il a pour ça été sélectionné à Cannes, et est reparti avec 2 palmes. Mais sont-elles méritées ?

Pour celle des meilleures actrices, pas de problème. Almodovar a toujours employé ce que le cinéma ibérique a produit de meilleur (Carmen Maura, Victoria Abril, Marisa Paredes, Penelope Cruz, Rossy de Palma, …) et qu’il a imposé sur la scène internationale. Il aime filmer les femmes et ça se voit à l’écran. Aucune fausse note donc dans ce casting tout à fait digne de ses précédents films à majorité féminine ("Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier", "Qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça ?", "Femmes au Bord de la Crise de Nerf", ...). Par contre pas d’homosexuels cette fois ci (une autocensure liée aux mauvais résultats de la "Mauvaise Education" ?).

Pour celle du meilleur scénario, par contre, on peut s’interroger sur les raisons du Jury. De "Arsenic et Vieilles Dentelles" au récent "Secrets de Famille", en passant par "Serial Mother", de nombreux films ont eu l’occasion de développer ce genre de tragi-comédies familiales fortement teintées de 'non-sense'. Seule originalité, le fait de placer en partie l’action dans la 'Mancha' de Don Quichotte, où le vent furieux est le reflet des folies et extravagances des personnages. Le Jury de Cannes aurait mieux fait de lui attribuer le prix de la mise en scène, plus en rapport avec son habileté à faire interagir ses personnages, et à les placer dans ses décors, avec des points de vue souvent audacieux (plongées, contre-plongées) mais servant bien le scénario. On regrettera par contre le postulat de base, qui consiste à faire croire qu’il suffit de supprimer physiquement les gêneurs pour atteindre le bonheur, les meurtriers s’en sortant beaucoup mieux que les victimes (travail éreintant, maladie, …).

Pour le reste, c’est du pur Almodovar, magnifiant les femmes, les petites gens, les émigrés (provinciaux ou étrangers), tirant à boulets rouges sur les machos, les petits bourgeois, la télé, et la bêtise en général. C’est un film plein de couleurs, de musique, vivant, truculent, qui n’est peut-être pas son meilleur, mais se place sans problème dans le peloton de tête et se compare honorablement à tous ceux de sa jeunesse (tout en étant plus accessible, pour ceux qui n'aiment pas les outrances de ses premiers films).
Il permet en tout cas de passer un excellent moment en cette période de beaufitude footballistique et de pénuries cinématographiques.

Note : 8/10

Compléments :
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20:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, Cannes, Espagne |  Imprimer