Dans les Théâtres à Paris en 2014 (2-ième Semestre) (01/11/2014)
Ma Sélection de l'Année 2014 (B).
Suite de mes commentaires de spectacles, vus et recommandés (ou pas) dans les théâtres privés ou publics, pendant la deuxième partie de l'année 2014.
Comme l'année dernière, vu la piètre qualité de la programmation, j'ai fait l'impasse sur le Théâtre de la Ville.
Mes impressions:
. "Célimène et le Cardinal" (1992) de Jacques Rampal, par Pascal Faber (vu le 18/10 au Théâtre Michel): Suite intelligente et réussie du "Misanthrope", laissant voir une Célimène qui s'est bonifiée avec l'âge, alors qu'Alceste, devenu un Homme de Pouvoir, a fini par succomber à ses démons intérieurs. Vingt ans après, les passions trop longtemps contenues éclatent, dans une quasi scène de ménage, où s'affrontent libre pensée et pouvoir théocratique, bonheur individuel et normes patriarcales, sensualité épanouie et puritanisme castrateur. Très bonne interprétation des 2 acteurs, dans une mise en scène classique avec décors et costumes ad-hoc.
. "Coup de Théâtre(s)" (2014) de Sébastien Azzopardi et Sacha Danino, par la compagnie Sébastien Azzopardi (vu le 26/07 à la Gaité Montparnasse): Une quête existentielle, et une déclaration d'amour au théâtre, dans la lignée du "To Be Hamlet or Not" de Charlotte Rondelez, mais dans l'esprit de la "Mission Florimont", avec anachronismes, humour, mauvais goût assumé et références à l'actualité. De la tragédie grecque à la comédie musicale, en passant par la commedia dell'arte, Shakespeare, Molière, E.Rostand, Feydeau, Tchekhov et Beckett, il y a de quoi s'amuser avec les nombreuses références cachées dans le texte, les décors ou les accessoires. C'est à la fois la force et la faiblesse du spectacle, qui risque de perdre en route une partie de ses spectateurs, peu familière des grands classiques.
. "Double Assassinat dans la Rue Morgue" d'après Edgar Allan Poe, par la Compagnie Neo Vent (vu le 12/07 au Théâtre Darius Milhaud): Très bonne mise en scène (un très mérité P'tit Molière de la meilleure adaptation) de la nouvelle d'Edgar Allan Poe, traitée dans l'esprit feuilletonesque du 19-ième siècle. Le décor succinct fait la part belle à l'imagination, bien aidé par la qualité de l'interprétation d'une troupe très polyglotte. Avec quelques costumes représentatifs des divers rôles et un excellent travail sur la diction, on se retrouve sans peine dans le Paris cosmopolite du tout premier détective de l'histoire littéraire.
. "Les Femmes Savantes" (1672) de Molière, par Amélie Dhée (vu le 9/08 à la Comédie Saint-Michel): Un Molière pas très féministe, où les femmes ayant la velléité de sortir de leur ignorance et leur sujétion en prennent pour leur grade. La mise en scène renforce ces travers, en faisant (sur)jouer ces 3 comédiennes de façon assez hystérique, alors que le jeu des autres comédiens est nettement plus équilibré. Par ailleurs, pourquoi cet accent allemand (période 3-ième Reich) pour se moquer de leur programme académique de l'acte III, scène 2 ? En bref, une interprétation sans finesse par une troupe semble-t-il plus habituée au manichéisme des spectacles pour enfants qu'à la subtilité des grands classiques.
. "Feu la Mère de Madame" de Georges Feydeau, par Jérémy Martin (vu le 1/11 à l'Alambic Comédie): Cette pièce n'est pas la plus drôle de Feydeau, mais la critique sociale sous-jacente et les nombreux quiproquos qui se succèdent soutiennent l'intérêt tout au long. Les acteurs sont également plutôt bons, et leur humour pince-sans-rire fait merveille sur cette petite scène bien adaptée au contexte.
. "Le Medecin Malgré Lui" (1666) de Molière, par Brice Borg (vu le 25/10 au Théâtre de Poche): Une version modernisée par les "Pitres Rouges" (diction, costumes, décors), mais avec un aspect 'farce' toujours mis en avant, avec un travail important sur la gestuelle, proche du cinéma muet ou des 'cartoons'. Un bon cru, néanmoins moins percutant que l'interprétation du collectif Le Pack ("Los Angeles 1990") qui reste à mon avis supérieure à toutes les autres.
. "Les Nombrils" (2014) de et par Didier Caron (vu le 2/08 au Théâtre Michel): Une vision caustique du milieu théâtral, mais finalement pas si méchante que ça, puisque garantie sans intermittents grévistes, sans subventions politiciennes et sans grenouillage de responsables culturels pistonnés. La pièce est néanmoins cruellement drôle envers ces comédiens semi-pros, se voyant déjà en haut de l'affiche, mais navigant entre pubs télévisées et représentations en MJC (ou en maisons de retraite). De quoi égayer un été théâtral parisien, déserté par les troupes habituelles parties pour leur migration annuelle en Avignon. Les acteurs sont tous excellents, leur abattage compensant un texte et une mise en scène plutôt conventionnels.
. "On n'arrête pas la connerie" d'après Jean Yanne, par Jean-François Vinciguerra (vu le 5/07 au Petit Montparnasse): Un bel hommage à Jean Yanne, à partir de chansons et pubs tirées principalement de "Tout le Monde il est beau..." et de "la Barbichette", avec un zeste de "Chobizenesse" et de quelques sketchs célèbres. C'est parfois un peu daté et désuet (un anti-cléricalisme sans nuances), mais si on fait l'effort de se remettre dans le contexte des années 70, c'est toujours aussi réjouissant malgré les (ou à cause des ?) thèmes abordés (chômage, limitations de vitesse, showbiz, palestiniens, ...) qui sont toujours autant d'actualité. On est par ailleurs loin d'une petite production au rabais, avec un vrai effort fait sur les costumes et les décors (superbes), sans compter l'accompagnement musical assuré de main de maître(sse).
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En prévision:
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