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07/06/2014

Dans les Théâtres à Paris en 2014 (1-ier Semestre)

ThéatreMa Sélection de l'Année 2014 (A).

Mes commentaires de spectacles, vus et recommandés (ou pas) dans les théâtres privés ou publics, pendant la première partie de l'année 2014

. "A Suivre!" de et par Isabeau de R. (vu le 2/05 au Théâtre de Dix Heures): Une prestation très classieuse, au travers de sketches de haut niveau, plus dans la lignée des Inconnus (le Rap des 'vieux cons' m'a rappelé leur célèbre Rap des Impôts) que dans le stand-up nombriliste actuellement à la mode. Une fine analyse de la société et de sa décrépitude, au travers de personnages emblématiques (institutrice, actrices, animatrice télé, ...). Un grand Bravo en particulier pour l'introduction tout en latin, que les e-zinkults accros au langage SMS auront sans doute du mal à comprendre.

. "Chat en Poche" (1888) de Georges Feydeau, par Anne-Marie Lazarini (vu le 15/03 à l'Artistic Athévains): Un 'Bourgeois Gentilhomme' très réussi, aussi drôle et caustique que son illustre prédécesseur pour brocarder la suffisance et le ridicule d'une bourgeoisie se piquant de Culture. La troupe, très homogène, rend très bien l'absurde des situations et la virtuosité des dialogues, avec le tempo dynamique nécessaire à tout bon Feydeau.

. "Chinois Marrant dans La Légende de Bun Hay Mean" par Bun Hay Mean (vu le 8/02 à La Nouvelle Seine): Au menu: 1 Beau Bun et 1 Bol de Rires. Un humour très politiquement incorrect, assez rentre-dedans, sans langue de bois et souvent en dessous de la ceinture, assez peu compatible avec les tartuferies politiques, mais, contrairement à certains, sans racisme et sans haine de l'autre. Le public est d'ailleurs très mélangé, ethniquement et culturellement, et tout le monde est mort de rire. Avec également une présence scénique incroyable, un show plein d'auto-dérision, très axé sur la vanne à tout prix, avec des transitions basées sur une improvisation sans faille, et une sortie de scène aussi originale qu'acrobatique. En maniant le bâton dans les écuries du Paradis de l'Ouest, Bun Hay Mean se révèle comme un digne avatar de la lignée des Sun Wukong/Son Goku. 

. "Dom Juan" (1665) de Molière, par la Compagnie Icare (vu le 7/06 au Petit Théâtre de Naples): Un bon Molière, tirant à vue sur les fils à papa débauchés, les libertins affichés ou hypocrites, les dévots naïfs et les femmes vénales. Une mise en scène qui dédouble Dom Juan, comme Dorian Gray, confrontant sa partie jeune et séduisante, à son revers sombre et inquiétant. C'est intéressant, mais ça aurait été plus pertinent si les 2 acteurs jouaient l'un à coté de l'autre, au lieu d'être souvent aux 2 extrémités de la scène. Le prologue muet qui introduit la pièce sous forme de flash-back est par contre trop confus et sans grand intérêt. Parmi les interprètes, Sganarelle (Mahmoud Ktari) est particulièrement excellent.

. "L'émule du Pape" (2013) de Michel Heim, par Jean-Pierre Rouvellat (vu le 18/04 à La Folie Théâtre): "Cachez ce saint que je ne saurais voir": Tartuffe chez les Borgia, traité avec les calembours historiques et la verve habituelle de Michel Heim. Autant dire que c'est très drôle, malgré un épilogue un peu mou. Mais les interprètes (excellents) s'en donnent à coeur joie dans cette histoire pas très catholique, où les fondements de l'Eglise ont plutôt chaud aux fesses.

. "En Attendant Lagarce" (2013) textes de Jean-Luc Lagarce (montage Guillaume Antoniolli), par Esther Bastendorff (vu le 25/01 au Théâtre Pixel): 18 ans après la disparition du dramaturge, un bon patchwork de textes emblématiques, aux thèmes communs mais pas toujours très bien ajustés entre eux. La mayonnaise finit néanmoins par prendre, grâce aux excellentes interprétations des 4 acteurs, toujours dans le ton juste. La scénographie et les jeux d'éclairage jouant entre l'avant-scène et les coulisses sont également particulièrement bien pensés, au contraire des vidéos qui n'apportent pas grand chose. Au final, une bonne introduction à/rétrospective de l'univers de Lagarce, et ses textes très expressifs et démonstratifs, malgré une langue devenue un peu surannée (qui parle encore de nos jours de façon aussi riche et précise ?).

. "Etat de Siège" (1948) d'Albert Camus, par Charlotte Rondelez (vu le 12/04 au Théâtre de Poche): Quand la peste, brune ou rouge, s'abat sur les corps et surtout sur les esprits. Belle métaphore médicale d'un mal qui infecte régulièrement les sociétés humaines, notamment lors des dernières élections municipales. C'est une tragi-comédie morale, politique et philosophique assez efficace, malgré une certaine faiblesse dans l'expression des sentiments amoureux. Par contre, il y a de très bonnes idées de mise en scène avec ces marionnettes qui apportent leur côté décalé et caricatural, et une interprétation adéquate, en particulier des 2 infesteurs, glaçants à souhait.

. "Les Fâcheux" (1661) de Molière, par Jérémie Milsztein (vu le 3/01 à l'Aktéon): La mauvaise réputation des français en tant que casse-pieds arrogants et sans-gêne ne date pas d'hier. La preuve avec cette petite pièce de Molière qui brocarde avec énormément d'humour les travers de ses contemporains. Bien que peu connue, cette comédie est une petite merveille de drôlerie, alignant les scènes sans temps morts, dans une mécanique de précision proche des meilleurs Feydeau. La mise en scène a été intelligemment modernisée, et Brice Borg est irrésistible dans les multiples rôles de fâcheux. Dommage que les bancs soient si inconfortables. 

. "Jaune Bonbon" de et par Kee-Yoon (vu le 29/05 au Théâtre du Gymnase).

. "La Locandiera" (1753) de Carlo Goldoni, par Frédéric Jacquot (vu le 19/04 à l'Atelier Théâtre Frédéric Jacquot): Beaucoup de fraîcheur dans le jeu de ces jeunes comédiens, particulièrement expressifs et d'un bon niveau, avec seulement quelques hésitations sur le texte. Comme on est juste à côté de l'espace scénique (comme dans la chambre du personnage), on en profite au maximum. Une bonne occasion donc de (re)découvrir ce grand classique de Goldoni qui n'a pas pris une ride, dans une version sans doute moins ampoulée que celle de vieux acteurs ayant leur avenir derrière eux.

. "Machine & Machine" (2012) de la Compagnie MalOmains, par Laure Crubilé (vu le 22/02 au Théâtre Pixel): A quoi rêvent les femmes cybernétiques ? Leur féminité est-elle innée, acquise, imposée, conditionnée, apprise ? Une belle rencontre à la frontière entre la chosification du sujet humain (pas nécessairement féminin) et l'humanisation de l'objet, où des êtres hybrides complexes se posent beaucoup de questions existentielles. Du Concile de Mâcon aux forums des sites féminins, en passant par les contes de fées, les écrits féministes et la culture cyberpunk, on continue à beaucoup s'interroger à la recherche d'une réponse illusoire. Il n'est pas sûr qu'un Test de Turing H/F soit plus pertinent que le Test Humain/IA. Ce serait nier toutes les nuances intermédiaires (notamment LGBT) présentes dans tout être humain. Le show est en tout cas visuellement très créatif, malgré un décor très bricolé, et mérite d'être vu, plus pour les questions qu'il pose que par les réponses qu'il ne donne pas. Bravo au collectif MalOmains pour cette création hors-normes, si rare dans le domaine théâtral.

. "Mais n'te promène donc pas toute nue" (1911) de Georges Feydeau + "Mais Va Donc T'Habiller" de Hamed Delo, par Claude Bataille (vu le 14/02 à la Comédie Saint-Michel): Le classique de Feydeau complété par l'excellente suite de Delo, si bien faite (dans le fond et la forme) qu'on a du mal à la différencier de l'original. Une satire du monde politique et de ses moeurs corrompues, où règnent les faux semblants et le double langage. Les acteurs sont bons sans être exceptionnels, dans une mise en scène très classique. Il manque néanmoins un petit grain de folie supplémentaire dans l'interprétation pour en faire un vaudeville complètement réussi.

. "Le Maître de Santiago" (1947) de Henry de Montherlant, par Patrice Le Cadre (vu le 4/01 au Théâtre du Nord-Ouest): Une pièce encore très actuelle d'un auteur un peu oublié, traitant de l'imposture colonialiste par un peuple venant à peine d'être décolonisé, mais aussi des limites de l'intégrité sans renoncer à son humanité. Le retrait du monde est-il la seule solution au refus d'être impliqué dans une société moralement corrompue, ou le principe de réalité implique-t-il d'irrémédiables compromissions contraires à l'honneur et à la pureté de l'âme ? Un grand texte, excellemment mis en scène et en lumières, par des acteurs extrêmement convaincants. Assurément un des indispensables de cette saison au N-O.

. "Le Mariage Forcé" (1664) de Molière, par Brice Borg et Jérémie Milsztein (vu le 10/05 à l'Aktéon): Une 'comédie-balais' {:-)} pas mal modernisée par "Les Pitres Rouges", mais pas aussi réussie que leur version des "Facheux". De bonnes idées de mise en scène pas toujours bien exploitées (un café chantilly qui s'éternise), une faiblesse dans certains rôles secondaires (les diseuses de bonne aventure). Heureusement il reste le texte de Molière, et les très bonnes prestations des acteurs principaux.

. "Mein Kampf (Farce)" (1987) de George Tabori, par Makita Samba (vu le 24/01 au Théâtre Douze): La tentative ratée d'un pygmalion juif, sage érudit mais un peu fainéant, tardant à écrire l'oeuvre de sa vie, d'éduquer une créature germanique, raté inculte manquant d'amour et d'humour, qui se rebelle en préférant s'associer avec la Mort. Mine de rien, on retrouve les histoires du Golem ou de Frankenstein, où l'apprenti sorcier finit toujours par se faire sévèrement remettre à sa place par l'auteur de la Génèse. C'est particulièrement drôle et bien joué par les acteurs principaux (Schlomo, Adolf, Gretchen, la Mort, Dieu). La mise en scène est assez inégale, allant du très bon au plus horrible (la scène du poulet). Mais si on n'a pas peur du politiquement incorrect, dont de multiples jeux de mots sur les fours, ça vaut vraiment le coup d’œil.

. "Molieratus" de et par Serge Bourhis (vu le 17/05 au Théâtre Essaion): Après Racine par la racine, Molière mis en bière. Un patchwork de scènes célèbres censées être représentatives du dernier jour de la vie du sieur Poquelin et de sa troupe. C'est techniquement plutôt bien fait (en respectant la règle des 3 unités), mais un peu artificiel et ne sortant pas vraiment de l'ordinaire, à l'exception d'une réjouissante interprétation du "Malade Imaginaire" vu des coulisses, et d'un "Don Juan" féminin qui valent vraiment le déplacement.

. "Les Précieuses Ridicules" (1659) de Molière, par Gaël Albespy (vu le 22/03 à La Folie Théâtre): Non mais allô quoi, t'es une jeune provinciale branchée et tu peux pas sortir à Paris ? Une farce toujours autant d'actualité, avec des musiques et une mise en scène assez modernisée, bien que jouée de façon très classique. Elle aurait sans doute eu encore plus d'impact avec des costumes plus contemporains, pour souligner l'actualité de ces Nabila incultes et arrivistes, gardées sous clef par un père traditionaliste aux idées particulièrement réactionnaires.

. "Reprise des Hostilités" de et par Régis Mailhot (vu le 14/03 au Théâtre du Petit Saint-Martin): Un Best-of de ce chroniqueur à la pensée aussi profonde que cynique, loin de la superficialité habituelle des performeurs de stand-up et de la mégalomanie de certains de ses prédécesseurs. Un vrai talent d'écriture, avec des formules oratoires souvent à double détente, et une grande présence scénique. A voir et écouter sans faute dans les émissions auxquelles il participe.

. "Thierry Rocher renvoie la Censure en 2014" de et par Thierry Rocher (vu le 1/03 au Théâtre des 2 Ânes): Moins connu que Bernard Mabille ou Didier Porte, Thierry Rocher n'en est pas moins un humoriste talentueux et incisif. Sniper du bon mot, parfois un peu facile, il n'a malheureusement pas l'assurance désinvolte de certains de ses compères habituels des revues de presse sarcastiques. Raison de plus pour aller l'encourager en espérant qu'il finisse par atteindre la reconnaissance qu'il mérite.

 

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