29/06/2013
Dans les Théâtres à Paris en 2013 (1-ier Semestre)
Ma Sélection de l'Année 2013 (A).
Suite de mes commentaires de spectacles, vus et recommandés (ou pas) dans les théâtres privés ou publics.
Vu le nombre de spectacles, je vais couper en 2 cette chronique.
Mes impressions pour la première partie de l'année 2013:
. "Bouvard et Pécuchet" d'après Flaubert, par Philippe Blancher et Roch-Antoine Albaladejo (vu le 23/02 au Lucernaire): Les inénarrables aventures de 2 bobos parisiens dans la campagne profonde, et leur échec cuisant à y comprendre quoi que ce soit malgré leur argent et leur éducation. Une oeuvre de Flaubert assez visionnaire quant à l'évolution de la société et l'émergence de nos 'khmers verts'. La mise en scène réussit bien à traduire la vacuité de la bêtise en action, à l'aide d'une multitude de petits sons et accessoires. Mais si les acteurs sont épatants dans leurs rôles de Dupond-Dupont, l'étroitesse de l'espace scénique et l'aspect très répétitif du propos finissent par avoir un effet assez soporifique.
. "Brigitte, Directeur d'agence" (2013) de et par Virginie Lemoine (vu le 1/03 au Vingtième Théâtre): Confrontation électrique entre un petit fonctionnaire buté mais cultivé, et un entrepreneur autodidacte et papa-poule, aux vies pas si normales qu'elles en ont l'air à première vue. Une comédie épatante sur le droit à la différence, nos compromissions face aux difficultés de la vie, nos espaces de liberté privés. Personnages loufoques et déjantés bien typés, dialogues biens écrits, très bons comédiens, transformation du personnage principal impressionnante, mise en scène impeccable, ambiance sonore réussie, un niveau de qualité qu'on rencontre assez peu souvent dans les comédies récentes. Une belle ode à la tolérance à voir sans aucunes réserves.
. "Collaboration" (2008) de Ronald Harwood, par Georges Werler (vu le 9/02 au Théâtre de la Madeleine): Deux génies aux tempéraments différents, l'un pliant, l'autre rompant face à l'adversité. Une pièce intéressante, même si l'abondante succession de mini-scènes et les nombreuses ellipses induisent un rythme assez haché. Le tout est néanmoins assez touchant grâce à la bonne interprétation de l'ensemble des acteurs rendant bien les personnalités contrastées des protagonistes, même si Michel Aumont m'a paru avoir du mal à démarrer et si la mise en scène est plutôt mollassonne. ça donne en tout cas envie de (re)lire du Stephan Zweig.
. "Les Confessions du Diable" (2013) de et par Stéphanie Le Bail (vu le 31/05 au Théâtre du Nord-Ouest): Un sujet a priori intéressant, où s'opposent l'Amour universel et révolté de Lucifer, contre les calculs froids et tortueux de Dieu. La pièce est malheureusement structurée comme un jeu, où Satan doit progresser de case en case, et accumuler des points pour retrouver sa compassion perdue et la bénédiction de son créateur/géniteur. Il est ainsi confronté à une pêcheresse et une dévôte, une bonne samaritaine, une brebis égarée, une indigente nécessiteuse, un prêtre dévoyé, sans compter son ancien(ne) collègue et ami(e) Gabriel(le). C'est un peu (trop) long, et handicapé par des dialogues pas toujours très clairs. Par contre mise en scène, décors et éclairages sont bien pensés, et les acteurs plutôt bons, y compris les 2 gamins jouant les avatars de Dieu et Satan. La pièce est donc recommandable pour les amateurs de controverses philosophico-religieuses, mais les autres risquent de fort s'ennuyer.
. "Dans la Solitude des Champs de Coton" (1985) de Bernard-Marie Koltès, par Sevan Atalian (vu le 26/01 au Théâtre du Nord-Ouest): La rencontre fortuite et improbable des 2 côtés d'une même pièce, pile et face, jour et nuit, ombre et lumière, désir et détachement, altruisme et ego-centrisme, vendeur et acheteur, résident et nomade, local et étranger, légal et illégal, yin et yang. Quand attraction et répulsion transforment la ligne droite en courbes, et où le mouvement perpétuel naît de ces circonvolutions. Un très bon texte de Koltès, servi par une excellente interprétation des 2 acteurs, impeccablement mis en lumières et jouant avec les clairs-obscurs, et complété par une pause musicale bien pensée. Très recommandable.
. "En Attendant Gaudon" (2013) de et par Benjamin Dang (vu le 11/05 au Théâtre du Nord-Ouest): Un 'monologue à plusieurs' brillant et virtuose, questionnant l'essence des arts scéniques quant aux conditions de son exercice (délimitations de l'espace et du temps, accessoires, ...), aux figures de style, aux relations entre acteurs et personnages, ou avec le public. On est admiratif de la performance de Célia Clayre, caméléon passant instantanément d'un personnage à un autre, et on essaye de mettre un nom sur les nombreux extraits de pièces classiques et contemporaines dont est truffé le texte. Un 'discours de la méthode' qui ne peut laisser indifférent les amateurs de théâtre, art d'incarner le verbe.
. "En Attendant Godot" (1948), de Samuel Beckett, par Bernard Levy (vu le 26/01 à l'Athénée): Une histoire qui se répète en bégayant. Une Humanité qui (s')oublie et ne sait pas s'améliorer, attendant un hypothétique Sauveur qui ne vient pas. Un texte à fois tragique et drôle, à l'humour très noir et désespéré, superbement mis en scène et en valeur. La représentation a été unanimement appréciée, sauf par quelques jeunes mollusques décérébrés, traînés là par leurs parents et sans doute frustrés de ne pas y retrouver le contenu de leurs habituels films/jeux de baston. Acteurs, décors et éclairages étaient pourtant particulièrement remarquables et méritent le déplacement.
. "Georges Dandin" (1668) de Molière, par Matthieu Penchinat (vu le 8/03 au Lucernaire): Un Molière tragi-comique peu connu, mais assez moderne, proche du théâtre de boulevard avec ses chassés-croisés entre mari et amant. Mais c'est aussi une fable politique, où un représentant de la classe moyenne supérieure se fait berner par les 'élites', cherchant à préserver leurs vies futiles et dispendieuses, avec la complicité des classes populaires aveuglées par le prestige et quelques avantages matériels. Décor et mise en scène retranscrivent bien cette atmosphère de conte pour adulte (l'impuissance de la fourmi face aux cigales au pouvoir). Les acteurs sont parfaits (dont certains dans 2 rôles complètement à l'opposé). Seule la bande son (Edith Piaf) est gênante, car un peu trop datée. Il aurait mieux valu des chansons plus récentes ou plus intemporelles.
. "Huis Clos" (1944) de Sartre, par Isabelle Erhart (vu le 12/01 au Théâtre du Nord-Ouest): Bonne adaptation, avec une mise en scène sobre et efficace, dans la petite salle du N-O, particulièrement adaptée à la pièce. La distribution, très fluctuante, était cette fois-ci composée de Beatrix Malthys (Inès), Isabelle Erhart (Estelle), Gérard Cheylus (le Garçon) et un nouvel acteur que je n'ai pas identifié (Garcin), tous à la hauteur de leur rôle. Comme souvent, l'aspect crypto-bouddhiste du texte (personnalisation des "3 Poisons", interdépendance des existences, lois de causalité karmique, exhortation à "Lâcher prise", liberté de partir de l'Enfer pour un nouveau cycle) est assez peu explicité, sauf par Inès qui prend vers la fin une position méditative. En bref, une (bonne) interprétation très classique, qui aurait pu être un peu moins traditionnelle.
. "Madame est Morte" (2012) de Michel Heim, par Chantal Giraudin et Michel Heim (vu le 26/06 à la Folie-Théâtre): Madame se meurt, Madame est morte! Du coup, le Roi veut marier la Grande Mademoiselle à Monsieur, bien qu'il soit une tante. On est assez loin de Bossuet et du Grand Siècle, bien que la pièce soit en alexandrins et inspirée de faits historiques. C'est assez truculent, joué avec brio, bourré de jeux de mots (la guerre des 3 n'aura pas lieu!) et de références théâtrales et musicales, avec des costumes éblouissants. Si on aime ce genre de pastiches, c'est plutôt jubilatoire.
. "Le Misanthrope" (1666) de Molière, par Romain Collignon (vu le 23/03 au Théo Théâtre): Le Misanthrope remis au goût du jour, avec une Alceste indignée face à un Célimène play-boy, entourés de pintades jouant avec leurs i-phones entre 2 séances de fitness. Une excellente mise en scène où TOUS les rôles masculins et féminins sont invertis, plus conforme à la réalité d'aujourd'hui, qui réussit ce que la version de Laetitia Leterrier avait échoué à faire. Seul regret: ne pas avoir été jusqu'au bout de la logique en remplaçant systématiquement les (nombreux) 'monsieur/madame' et 'il/elle' dans le texte, ce qui oblige à une gymnastique mentale continuelle pour savoir de qui on parle. Du coup, le premier acte peut laisser faire penser à une Alceste lesbienne, ce qui n'est pas le cas. Par ailleurs, l'interprétation de tous les acteur(trice)s est remarquable, notamment dans les petits rôles, pour une fois très bien mis en valeur.
. "Mohamed Nouar" (vu le 1/05 au Point-Virgule): Un spectacle court mais dense, tant les vannes fusent sans répit.C'est drôle, moderne, original, charmeur, assez diversifié, sans langue de bois. Une forte présence, très classe, sachant improviser et interagir avec le public. Bref, un futur grand, à découvrir sans tarder, en espérant qu'il confirmera sur la durée.
. "Molière, ou l'Impromptu des Coulisses" (2013) de et par Pascal Salaün (vu le 1/06 au Théâtre Essaion): Dans la série des petites bios des auteurs classiques jouées ces derniers temps ("Racine par la Racine", "Les 5 Tentations de La Fontaine", "L'Importance d'être Wilde", ... et les multiples pièces sur Stephan Zweig), on trouve maintenant ce "Molière". C'est un bel hommage à l'auteur et au comédien, mais c'est plus tourné vers le parcours de l'homme que vers l’œuvre, dont on ne voit que peu d'extraits. ça reste malheureusement assez scolaire, avec son alignement de dates clef, mais c'est quand même assez vivant, touchant, drôle, bien interprété, avec des bonnes idées de mise en scène. Parfait pour des scolaires venant de découvrir leur première pièce de cette icône incontournable de la culture française.
. "Naturellement Belle" (2012) comédie musicale de et avec Rachel Pignot et Raphaël Callandreau (vu le 18/02 au Théâtre Clavel): Au début du 20-ième siècle, Chaplin mettait son grain de sable dans le machinisme des "Temps Modernes". Au début de ce 21-ième siècle, c'est une espèce d'Amélie Poulain qui réactualise le sujet en dynamitant de l'intérieur une agence de relooking, dédiée à la promotion de 'stars'. Chirurgie esthétique, crèmes de perlimpinpin, aérobic et fitness, massages et drainages lymphatiques, et autres techniques manipulatoires et manipulatrices (photoshop) en prennent pour leur grade pour rappeler avec humour combien le culte de la beauté absolue est une aliénation et une violence faite à soi-même et aux autres. Un grand bravo aux 2 auteurs-compositeurs-musiciens-acteurs-chanteurs-danseurs dont le succès mérité va se concrétiser par une nouvelle prolongation du spectacle en mars.
. "Nietzsche" (2013) de Francis Marfoglia et Bruno Roche, par Marie Véronique Raban (vu le 8/05 au Théâtre du Nord-Ouest): Une superbe mise en situation de la pensée de Nietzsche, au crépuscule de sa vie, via sa confrontation avec son entourage, et ses délires maladifs ou métaphysiques. Une façon habile de rentrer plus facilement dans l’œuvre, si souvent mal interprétée, du philosophe. Le texte est à la fois profondément philosophique, explicitant quelques points clef de la pensée nietzschéenne, didactique sans être ennuyeux et bien adapté à une dynamique scénique. La mise en scène et l'interprétation sont excellentes, la bande sonore bien choisie tant dans sa dimension explicitement théâtrale (son ressenti de la musique de Mozart, Beethoven, Liszt, Chopin) que dans ses aspects suggestifs (les grands thèmes wagnériens).
. "Parsifal" (1882) de Richard Wagner, par François Girard (retransmission HD-Live du MET de New-York vue le 2/03 au Gaumont Opéra): Une soirée éprouvante. La représentation est longue (6h) et inégale. Les interprètes sont plutôt bons, et le 2-ième acte excellent, avec de superbes filles-fleurs tentatrices et vénéneuses dans un décor fait de falaises étroites et d'un sol liquide et rouge, sans équivoques. Mais la mise en scène des 2 autres actes est particulièrement ennuyeuse bien que modernisée (chevaliers du Graal en costume et chemise blanche, mais femmes voilées de noir à l'autre bout du plateau). Le décor (un champ dénudé comme un champ de bataille, avec des ciels emplis de planètes géantes) ne correspond vraiment pas au texte (les vertes forêts européennes) et l'accent est trop fortement mis sur une religiosité contraignante. Dans ce contexte Parsifal, bien loin du héros médiéval innocent découvrant la sagesse et l'amour courtois, ressemble plus à un islamiste renonçant à ses 70 vierges du Paradis pour acquérir le Pouvoir des armes auprès d'un émir intégriste.
. "La Putain Respectueuse" (1946) de Jean-Paul Sartre, par Bernard Sinclair (vu le 25/05 au Théâtre du Nord-Ouest): Tous les Hommes sont égaux, mais certains le sont plus que d'autres. Une pièce plutôt mineure de Sartre, quoique traitant d'un sujet important. Faut-il plutôt respecter les Lois locales, faites par et pour la majorité, ou les principes moraux universels de l'Humanité ? Où placer le curseur entre soumission et rébellion ? Si la question a (heureusement) perdu de son acuité pour les 'nègres' dans le sud profond des États-Unis, elle reste universelle là où existent des minorités ethniques, religieuses, sexuelles, sociales. La mise en scène est plutôt réussie, avec une ambiance musicale très bluesy, et l'interprétation d'un bon niveau, notamment Bernard Sinclair (en sénateur particulièrement retord) et Bruno Baker (le nègre en fuite).
. "Qu'as-tu fait Harry" de José Valverde, par Bernard Lefebvre (vu le 18/05 au Théâtre du Nord-Ouest): 6 Août 1945. Les USA deviennent les leaders du monde, en un éclair. "Qu'as-tu fait Harry" revient sur les heures qui ont précédé le largage de la bombe, analysant les ressorts du Pouvoir et les vraies raisons qui sous-tendent les décisions prises. Civil ou militaire, démocratique ou dictatorial, public ou privé, industriel ou monétaire, religieux ou profane, un vrai pouvoir n'est reconnu que si on l'exerce, à la plus grande échelle possible. Sacrifier plus (les victimes expiatoires) pour dominer plus (les autres), telle est la bonne recette pour devenir le maître du monde, même si l'objectif et les moyens utilisés vont à l'encontre de toute logique, toute morale, tout sentiment, tout intérêt à long terme. Seuls des contre-pouvoirs au moins aussi forts peuvent en limiter l'abus. Dans le cas de Truman (président par défaut après la mort de Roosevelt), Staline ne s'est malheureusement pas manifesté dans ce rôle. Sans être un chef d'oeuvre, la pièce se laisse voir avec intérêt, et bénéficie de la qualité habituelle de la troupe du Nord-Ouest.
. "Rian" (2011) de Michael Keegan-Dolan et Liam O'Maonlai, par Fabulous Beast (vu le 20/04 au Théâtre de la Ville): un mélange entre la musique traditionnelle irlandaise et la danse contemporaine. Autant l'aspect purement irlandais est intéressant et entraînant, autant l'aspect contemporain est décevant, se limitant souvent à des contorsions faisant penser à des arbustes sous un vent de tempête, très très loin de la danse irlandaise. A voir seulement pour la musique, assez métissée, mélant les rythmes irlandais à des influences nettement plus africaines.
. "Les 7 Conseils pour trouver un bon mec et le garder" (2012) de Sarah Pébereau (vu le 6/05 à la Comédie des Boulevards): Encourageant, mais peut certainement mieux faire. Quelques bons sketchs qui font mouche, mais d'autres à élaguer ou à retravailler. Une mise en scène pas assez "pro", à revoir complètement. Malgré tout une bonne énergie qui mériterait d'être mieux canalisée, à l'exemple d'Anne Bernex bien meilleure dans ce même rôle de (fausse) nunuche à la recherche de l'amour.
. "La Signature" de Monique Lancel, par Edith Garraud (vu le 13/04 au Théâtre du Nord-Ouest): une pièce intelligente et drôle, qui brocarde allègrement la marchandisation de la Culture au détriment des oeuvres, la mode du tout multimédia, les manoeuvres commerciales des éditeurs, les prix littéraires bidonnés, les rivalités Paris/Province, la politique culturelle des communes nivellée vers le bas, l'arrivisme et l'incompétence des responsables culturels modernes, le cynisme des écrivains à succès, l'idéalisme des jeunes auteurs, les illusions des lecteurs passionnés. Un beau jeu de massacre qui n'épargne personne. Dommage que JL Jeener ne soit pas toujours à la hauteur, à la différence de Pauline Mandroux qui est vraiment excellente.
. "Tendre et Cruel" (2004) de Martin Crimp, d'après "Les Trachiniennes" de Sophocle, par Brigitte Jaques-Wajeman (vu le 16/02 au Théâtre de la Ville): une relecture contemporaine du mythe d'Hercule et de Déjanire, où les crimes de guerres et contre l'Humanité ont changés de qualificatifs (guerre contre le "terrorisme" au lieu de "volonté divine") mais pas de nature profonde et où les antagonismes de la "Communauté internationale" remplacent ceux des dieux de l'Olympe. Le sujet est intéressant et bien traité, mais l'ensemble peine à convaincre. La faute à un langage trop ampoulé ayant tendance à bégayer, à quelques tics de diction trop répétitifs, à un jeu d'acteur systématiquement surjoué, et à une musique horripilante complètement hors contexte (façon blockbuster américain). C'est dommage, parce que la distribution est plutôt à la hauteur et la mise en scène bien fichue, y compris une video-témoignage d'enfants-soldats africains particulièrement pertinente.
. "The Animals and Children Took to the Streets" (2011) de Suzanne Andrade, par la Compagnie 1927 (vu le 9/03 au Théâtre de la Ville): Superbe spectacle, ce qui devient rare depuis quelque temps au TdV. Bourré d'humour (noir) anglais, croisement entre "L'Opéra de 4 Sous", "M le Maudit" et "Le joueur de Flute de Hamelin", avec un décor formé d'images animées vintage (style "Triplettes de Belleville") projetées sur des écrans comme dans le benshi japonais ou les pièces du TeatroCinema. Excellente prestation des chanteuses/mimes sur des musiques entrainantes. ça donne envie de voir leur premier spectacle ("Between the Devil and the Deep Blue Sea"), s'il est repris un jour.
. "To Be Hamlet or Not" de et par Charlotte Rondelez (vu le 2/01 au Théâtre de Poche): Hamlet, après avoir rencontré Alice, traverse le miroir pour sortir de la Matrice et rencontrer le monde réel, celui des adaptations cinématographiques et de Barbara Cartland. Sera-t-il capable, comme les personnages de Pirandello, de rencontrer son créateur et de maîtriser son destin en ré-écrivant sa vie dans la bibliothèque universelle de Borgès ? Est-il nécessaire d'attendre Godot pour espérer améliorer sa condition ? C'est ce que vous découvrirez (ou pas) en allant voir cette petite pièce sympathique, où les mises en abyme débouchent sur des perspectives vertigineuses. Le tout est porté par une petite troupe polyglotte, dynamique et très polyvalente, sur une scène originale permettant quelques effets intéressants.
. "Tratando de hacer una obra que cambie el mundo" (Tentative de faire une pièce qui changera le Monde) (2011), par la Compagnie La Resentida (vu le 22/06 au Théâtre de la Ville): 6 acteurs, dont 1 mort, isolés depuis 4 ans dans une cave d'un Chili pas encore démocratique, rêvent de créer LA pièce de théâtre ultime, celle qui révolutionnera (au sens propre, comme au sens figuré) la société et son époque. ça reprend tous les tics des théâtreux soixante-huitards, gavés de philosophie de comptoirs, mélangeant dialectique gauchiste et slogans publicitaires, et se rêvant en prophètes guidant les masses laborieuses. La pièce est intéressante, bien servie par une mise en scène inventive, des personnages bien typés et un décor hallucinant. On gardera longtemps en mémoire la re-création des Révolutions françaises et chiliennes, façon théâtre de marionnettes, faite avec une table, quelques perruques et accessoires en carton, ... et un flacon de sang. Une salutaire remise en question d'un certain théâtre prétendument 'engagé', bien que copieusement nourri de subventions publiques, et uniquement fait par et pour des bourgeois sans soucis financiers.
. "Umusuna" (2012) de Ushio Amagatsu, par Sankai Juku (vu le 4/05 au Théâtre de la Ville): Un butô toujours aussi fascinant et étonnant, esthétique, symbolique et mystique où des personnages fantômatiques se meuvent dans un décor très épuré et très zen, avec pour la première fois un semblant d'influence chrétienne (la croix subliminale formée entre le sol et le fond de scène). C'est beau et poétique, bien que particulièrement hermétique. Mais ça change de la médiocrité des productions actuelles des autres compagnies de danse contemporaine.
. "Vive la Crise" (2012) de et par Alexandre Kollatos (vu le 9/05 à la Comédie St-Michel): Un best-of des discours de l'ancien premier ministre grec, soit-disant socialiste, Georges Papandréou, mis en regard de la situation réelle vécue par le peuple grec, racketé, ruiné, humilié, s'expatriant ou se suicidant en masse, pendant que l'oligarchie et l'Eglise continuent de profiter de leur fortune, souvent délocalisée en Suisse, sans payer un centime d'impôt. Une pièce militante, parfois un peu brouillonne, mais sympathique et généreuse, à encourager, en espérant ne pas voir un jour une version francisée construite sur les discours de François Hollande.
Pour les voir à tarifs réduits, passer par les agences de location spécialisées, tels que Ticketac ou BilletReduc.
20:00 Publié dans Actualité, Sur les Planches | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : paris, théatre | Imprimer