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28/01/2006

Munich

Œil pour Œil …

Munich, Septembre 1972.
Les athlètes israéliens aux JO sont pris en otages par un commando palestinien demandant la libération de 200 de leurs compatriotes, puis abattus lors de l’intervention, ratée, des policiers allemands. Bilan : 11 morts d’un côté, 5 de l’autre.
En représailles, l’aviation israélienne bombarde des camps palestiniens en Syrie et au Liban, mais ce n’est pas assez pour le gouvernement de Golda Meir. Une équipe d’assassins est créée pour abattre les supposés commanditaires et organisateurs de la prise d’otage.

N’ayant jamais tué personne, ils vont progressivement y perdre leur innocence, devenant des machines à verser le sang, des techniciens de la mort, aussi imperméables aux sentiments que les SS des camps nazis. Leurs méthodes sont les mêmes que celles de leurs adversaires, ils planquent dans les mêmes caches, ils achètent leur matériels aux mêmes fournisseurs (Cf. "Lord of War"), ils collaborent tous deux avec la CIA. Ils sont responsables du même genre de bavures quand des innocents se trouvent là, au mauvais endroit, au mauvais moment. Cela ne les empêche pas d’être des hommes apparemment comme les autres, bons pères et bons maris. Mais un homme entraîné à tuer est-il capable de redevenir un véritable être humain, capable de se regarder dans la glace et de dormir du sommeil du juste ?

Les représailles ont-elles mis fin au terrorisme ?
Evidemment non. Au contraire, la violence a engendré la violence. Attentats, assassinats et bombardements n’ont cessé de se multiplier jusqu’à aujourd’hui, favorisant les factions les plus radicales.
Car plus qu’un conflit entre 2 communautés religieuses, c’est d’abord un conflit géographique où il s’agit de partager une terre et des ressources (eau, …) dans un lieu légitimement occupé par tous depuis la nuit des temps.
Seules les négociations d’Isaac Rabbin (assassiné par des extrémistes juifs) et le retrait de Gaza par Ariel Sharon (maudit par les colons et les rabbins) ont permis un début de solution.

Le propos de Spielberg se situe donc dans une perspective humaniste, où les extrêmes sont renvoyés dos à dos, et où le dialogue est prôné comme une solution incontournable.
Notons que ce film a fait l’objet de virulentes critiques de la part des plus radicaux, reprochant à Spielberg d’être anti-israélien et même antisémite, pour avoir présenté les palestiniens autrement que comme des monstres assoiffés de sang. Le ridicule de cette affirmation suffit à prouver que Spielberg a frappé juste.

La fin du film sous fond de 'Twin Towers', montre également que le sujet ne peut se réduire au conflit israélo-palestinien, et que d’autres dirigeants devraient reconsidérer leurs politiques de représailles aveugles.
Si, à l’inverse de nombreux autres conflits, la 2-ième Guerre Mondiale a pu être suivi d’une vraie réconciliation entre les belligérants européens, c’est d’abord grâce au Tribunal de Nuremberg qui a jugé les criminels de guerre selon le droit international. Pas en alimentant sans fin le cycle infernal de la violence.

Oeil pour oeil, la loi du Tallion nous rendra tous aveugles! (Gandhi)

Note : 9/10

> Fiche Cinéfil

Compléments :
> "Vengeance": le livre du journaliste canadien George Jonas, dont s’est inspiré Spielberg.
> Un article du Point qui fait un très bon récapitulatif.
> Quelques bonnes critiques dans "FilmDeCulte", "DvdCritiques", "Idea Entertainement" et "In the mood for cinéma".
> "Un jour en Septembre", documentaire (oscarisé) de Kevin Mac Donald sur le sujet.
> "L’histoire des 3 Adolf" de Osamu Tezuka (4 tomes) pour une autre vision, plus bouddhiste mais finalement très proche, du conflit israélo-palestinien, à partir de ses origines dans la Shoah.

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