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17/03/2007

Homme Pour Homme (Mann Ist Mann) de B.Brecht

Homme Pour HommeQuestions d’Identités.

Bertolt Brecht, Hugues Quester et Emmanuel Demarcy-Mota, tout devait être réuni pour une représentation intéressante dans la lignée de "6 Personnages en Quête d’Auteur" ou de "Rhinocéros", présentés ces dernières années au Théâtre de la Ville. A la sortie, l’impression qui subsiste est plutôt mitigée.
L’interprétation des acteurs est globalement très bonne (Hugues Quester en tête), les décors intelligents et bien utilisés, la mise en scène inventive et impeccable comme toujours de la part de Demarcy-Mota.
L’argument de la pièce est pourtant intéressant : comment un brave type ordinaire et sans histoire(s) devient un soldat sanguinaire sous l’influence corruptrice d’une société militarisée. L’action se passe dans une Inde soumise au joug colonial anglais, et où les troupes de sa ‘gracieuse majesté’ sont au dessus des lois applicables au commun des mortels.

Mais le déroulement de la pièce est assez surréaliste, et les dialogues très décevant de la part d’un auteur tel que Brecht. La charge du propos et la férocité de la dénonciation sont complètement désamorcés par le peu de sérieux dans l’enchaînement de la démonstration.
Le démarrage est plutôt bon avec d’une part la vie tranquille du docker Galy Gay, d’autre part la tentative de pillage d’un temple par une bande de soldat en goguette, proche des meilleures pièces satiriques propres à l’Europe Centrale ("Le Brave Soldat Chvéik", "Rhinocéros", …). Mais les scènes où le civil est amené de force à endosser l’uniforme, sont plutôt grotesques et inconsistantes de la part de quelqu’un qui a vécu les 2 guerres mondiales. Ces époques n’ont pourtant pas manqué de moutons tranquilles devenus des chiens enragés, après avoir été convenablement conditionnés par le système militaire. On vraiment très loin des réussites que sont "Full Metal Jacket" ou "JarHead" pour prendre quelques exemples cinématographiques.

La narration est également assez bancale, avec une longue digression concernant le soldat laissé blessé dans le temple et instrumentalisé par le prêtre. N’apportant rien de plus au récit principal, elle n’est que l’occasion de critiquer, en passant, la crédulité religieuse de la population. Cette scène sans intérêt aurait mieux fait d’être coupée pour améliorer celles concernant l’évolution psychologique du pauvre conscrit malgré lui, partagé entre soumission à l’autorité, désir de puissance et de reconnaissance, pouvoir de devenir quelqu’un d’autre en changeant d’identité.

Cette pièce a pourtant connu 3 versions (1926, 1938, 1953), ce qui aurait pu être mis à profit pour en corriger les défauts. Bref, "Mann ist Mann" est vraiment une pièce mineure de Brecht et elle ferait mieux de rester peu connue.

Note: 6/10.

Compléments :
> "Homme Pour Homme" au Théatre de la Ville de Paris en 2007.
> Les critiques de LeMonde, LesEchos, L'Humanité.
> Sur les Blogs: EnMargeDuThéatre , LeLittéraire, LeThéâtred'Antoine, BienCulturel.
> Citations de Brecht.

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