09/01/2007
Festival Cinéma Télérama 2007
Dernière Séance pour les Retardataires.
Les changements d’années sont toujours l’occasion de faire un bilan sur l’années écoulée. Selon les sites et les magazines, on met l’accent sur ceux qui ont fait le plus d’entrées, ceux qui ont rapporté le plus de pognon, ceux qui ont fait l’unanimité des critiques (pour ou contre eux). Ça n’a pas grand intérêt, surtout que ce débat ressurgi également à l’occasion des premiers passages télés ou des sorties DVD.
Plus intéressant est la démarche du magazine Télérama. Après consultation des lecteurs sur les films qui les ont le plus marqué, il organise une semaine de rattrapage (du 17 au 23 janvier) pour permettre à tous de (re)voir ceux qui sont arrivés en tête de liste. Si les 'blockbusters' n’ont pas spécialement besoin de ce genre d’opération, c’est une seconde chance appréciable pour les petits films indépendants peu promus, mal distribués et restant souvent trop peu longtemps à l’affiche. C’est aussi l’occasion de promouvoir les petites salles d’Art et d’Essai, piliers traditionnels de ce genre de films.
Le Palmarès 2006 est le suivant :
1. "Volver", de Pedro Almodovar (élu coup de coeur des lecteurs).
2. "Le Secret de Brokeback Mountain", d'Ang Lee.
3. "L'Ivresse du pouvoir", de Claude Chabrol.
4. "Le Caïman", de Nanni Moretti.
5. "Le Vent se lève", de Ken Loach.
6. "La mort de Dante Lazarescu", de Cristi Puiu.
7. "Dans Paris", de Christophe Honoré.
8. "Little Miss Sunshine", de Jonathan Dayton.
9. "Le Pressentiment", de Jean-Pierre Darroussin.
10. "Walk the line", de James Mangold.
11. "La Raison du plus faible", de Lucas Belvaux.
12. "U", de Serge Elissalde.
13. "Libero", de Kim Rossi Stuart.
14. "Brick", de Rian Johnson.
15. "C.R.A.Z.Y.", de Jean-Marc Vallee.
Toute liste étant forcément injuste, il y en a plein qui auraient mérité d'être cités.
Dans le lot, j'en ai vu 3, 8 ne m'intéressaient pas, et il y en a 2 dont je ne me souviens même pas avoir entendu parler (comme quoi l'information ciné reste perfectible, même chez Télérama).
Restent au moins 2 films que j’ai raté, et qu’il me faudra vraiment aller voir. Cette fois ci, c’est vraiment ma dernière chance.
NB : les séances sont à 3 €, sur présentation du 'Pass' fourni dans les magazines du 10 et du 17 janvier.
Compléments :
> La Liste des Salles participantes.
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07/01/2007
10 Canoës, 150 Lances et 3 Epouses (Ten Canoes)
Éloge de l’Équilibre dans un Monde Incertain.
Comme beaucoup de peuples 'premiers', les aborigènes ont une culture complètement orale, et condamnée à disparaître en même temps que les anciens qui la conservent et la transmettent aux générations suivantes. Peu d’entre eux ont eu l’occasion de mettre en œuvre des moyens modernes compatibles avec leurs traditions. Ça a été le cas des Inuits, il y a quelques années, avec "Atanarjuat" (2002), et des Nenets avec "Sept Chants de la Toundra" (2000). On peut également citer certains films d’ethnologues comme Jean Malaurie ("Les derniers Rois de Thulé", 1970) ou Robert Flaherty ("Nanouk l’Esquimau", 1922). A l’inverse, peu de peuples indiens ont eu l’occasion de montrer la réalité de leur culture, sans le prisme déformant d’équipes de réalisations occidentales à but commercial. Le film de Rolf De Heer est donc un évènement particulièrement bienvenu.
L’histoire commence comme celle de "Shrek" ('Il était une fois un marais perdu très très loin d’ici, …'). Mais ici pas de conte de fées. Les aborigènes du nord de l’Australie sont établis dans ces terres depuis des milliers d’années, et vivent en symbiose totale avec ce milieu difficile. Leurs mythes fondateurs y sont enracinés et ne remontent pas aux périodes antérieures à la colonisation de l’île. Le prologue est très instructif pour présenter à l’occidental moyen les bases de leur culture. Basée sur l’autarcie et une économie de subsistance, tout est fait pour ne pas troubler l’ordre et l’harmonie de la Nature.
Le conte est un moyen d’éduquer les jeunes, de valoriser le modèle social, de résoudre les tensions entre membres du groupe. Organisé en clans ne parlant parfois pas la même langue à quelques kilomètres de distance, les aborigènes ont pour principal souci la survivance de l’espèce, le groupe étant prioritaire sur tout individu.
Adoptant une forme analogue à celle des "1001 Nuits" (le narrateur raconte une histoire dans laquelle un narrateur raconte une histoire), le scénario remonte le temps pour mettre en exergue les règles indispensables en dehors desquelles la vie en société ne serait plus possible. Polygamie, amours impossibles, sorcellerie, chasse, guerre, rites funéraires sont évoqués sans fard autre que celui des peintures corporelles traditionnelles. Le temps s’écoule lentement, le récit s’interrompant quand il le faut pour s’occuper de choses 'sérieuses' [*]. Et c’est dans la durée que les choses importantes émergent, une fois décantées de la futile agitation du monde.
En bref, un très bon docu-fiction, très respectueux de la culture aborigène, et à voir absolument par tous ceux qui sont sensibles à la magie d’histoires intemporelles.
Note: 9/10
[*] Sur un thème semblable, voir également l’excellent "Voyageur et Magiciens" film bhoutanais dans lequel conte et réalité se mélangent pour mieux démêler indispensable et superficialité.
Compléments :
> La Fiche du film sur Wikipedia.
> Le Site du film.
> Critiques sur "CommeAuCinéma", "LeMonde", "LeFigaro", "Telerama", "Excessif", "Fluctuat", "AVoirALire", "LeRoutard".
> Sur les Blogs: "LesIrréductibles", "CafésGéographiques".
20:00 Publié dans Ecrans Larges, Le Village Global | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma | Imprimer
02/01/2007
Laurent Gerra Flingue la Télé
Pan sur le PAF.
Laurent Gerra aimait bien la télé. Celle de son enfance. Celle de ses débuts comme amuseur public. D’où sa déception quand il regarde ce qu’est devenu son media préféré, et les évolutions de certains de ses anciens collègues.
Plutôt qu’un imitateur, genre qui tombe en désuétude, c’est avant tout un humoriste et un caricaturiste. Qu’importe si ses imitations n’ont pas toujours la bonne intonation, c’est d’abord ses textes et ses attitudes qui le rendent intéressant. On retrouve dans l’écriture de ses sketches les mêmes qualités qui l’ont fait devenir le scénariste des derniers "Lucky Luke". Sans s’élever au chef d’œuvre, son travail ne dépare pas celui des regrettés Morris et Goscinny.
A l’évocation nostalgique des émissions d’il y a vingt ans, revisitées de façon plus que facétieuse, succède un mitraillage en règle de la télé poubelle de ces dernières années.
Abandonnant la langue de bois en usage dans le milieu, il pointe de façon féroce et corrosive les dérives de la course à l’audience, le nivellement par le bas, le passage de la culture au cul, du service public aux sévices en public.
Toute la faune interlope des plateaux de télé en prend pour son grade. Pseudo-vedettes à la gloire bien passée, chanteurs ringards élevé en batterie, rappeurs bas du front, ‘experts’ racoleurs, animateurs vulgaires et ripoux côtoient les hommes politiques habitués du fenestron. Certes, il n’est visiblement pas socialiste, mais il tape aussi bien à gauche qu’à droite avec le même plaisir jubilatoire (Jack Lang, Delanoë, Chirac, Le Pen, ...). D’autres sketches évoquent néanmoins avec tendresse et sympathie quelques grandes figures du music-hall et du petit écran.
Enregistré au Palais des Sports de Paris en février 2006, le DVD ne prend pas en compte les derniers rebondissements du PAF. Mais le recul d’un an n’en rend que plus drôle les promesses électorales jamais tenues, et le jeu de chaises musicales des animateurs sur les chaînes. De facture assez classique, le spectacle rappelle le travail qu’effectuait Thierry Le Luron à son époque. Très politiquement incorrect, il a la force des sketches les plus corrosifs de Florence Foresti (Ségolène Royal ou Cécilia Sarkozy).
Bref une salutaire thérapie par le rire, que n’aimeront pas les accros de la télé commerciale française d’aujourd’hui. Mais, outre ceux qui ont jeté leur poste, ce spectacle devrait faire le bonheur des francophones étrangers toujours prêts à remettre dans son tas de fumier un coq gaulois trop imbu de lui-même.
Note: 9/10
Compléments :
> Sa bio sur Evene.
> Un point de vue belge sur "DhNet".
> Quelques critiques sur "CommeAuCinéma", "DvdRama", "KrinEin", "DvdAlliance", "InfosJeunes".
> Les Videos disponibles sur YouTube.
Illustration :
> La télé selon Jean-Luc Delarue.
20:00 Publié dans Ethiques & Politiques, Humour, Videothèque | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Humour, TV, Théatre | Imprimer