24/02/2008
Sarko-Show
Chaud Devant.
1958-2008: 50 ans de 5-ième République.
Le protocole présidentiel et les bonnes manières ont pas mal évolués ces derniers temps.
De Gaulle doit se retourner dans sa tombe.
Quelques exemples en video.
Au salon de l'Agriculture 2008 (casse-toi!, pauv'con):
En visite officielle en Roumanie (cleptomanie):
Pendant la grève des pêcheurs de 2007 (menace de baston):
L'interview interrompue de CBS (pas assez servile ?):
Au sommet du G8 de 2007 (après la Vodka diplomatique):
Avant son élection à la Présidence de la République (florilège):
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23/02/2008
Umwelt (2004) de Maguy Marin
Images du Monde Flottant.
4 ans après sa création, et après de nombreuses reprises, on pouvait penser que le public parisien accepterait mieux cette performance assez inclassable. Il n’en a rien été, abandons en cours de représentation et huées finales se sont succédés avec heureusement quelques applaudissements nourris. Les spectateurs parisiens achètent-ils leurs places les yeux fermés, seulement pour la pédantise de pouvoir dire « je suis allé au théâtre hier soir » ?
Quoi qu’il en soit, Maguy Marin a réussi là une oeuvre géniale. En un peu plus d’une heure, elle arrive à exposer de façon particulièrement maîtrisée l’essence même de la Vie humaine.
Amour, travail, gestes de la vie quotidienne et familiale, conflits individuels et collectifs, réduits à leur plus simple expression se répètent de façon apparemment aléatoire, sans paraître ni prévus et ni totalement effectués au hasard. Les individus sont à la fois indépendants les uns des autres, mais sont soumis aux mêmes contingences. Les déchets produits tout au long du spectacle s’accumulent progressivement sur le plateau, transformé en décharge.
Le fond sonore est lui-même le produit d’une génération en partie aléatoire. Outre le bruit du vent soufflant entre les plaques métallisées, 3 guitares électriques accordées différemment, vibrent sous l’effet d’une corde glissant le long de la scène. L’effet est assez saisissant, et s’accorde particulièrement bien aux aspects visuels du spectacle. Mieux vaut néanmoins apprécier l'oeuvre de Stockhausen.
Le tout forme un kaléidoscope d'images futiles, représentatif de la banalité et de l’absurdité du quotidien. La conjonction du hasard et la répétition des figures de base générent la complexité de l’ensemble, la variété et la diversité des situations finissant cependant par transparaître sous la finitude et l’uniformité apparente.
La représentation se passe finalement sans qu’on ressente un quelconque ennui, ni impression de vivre une expérience de laboratoire digne d’un musée d’art moderne.
A recommander à toute personne ayant l’esprit un peu ouvert, et désireux de se plonger dans une œuvre poético-philosophique assez atypique.
Note: 8/10
Umwelt
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Compléments :
> "Umwelt" au Théatre de la Ville de Paris.
> Le spectacle sur le site de la Compagnie Maguy Marin.
> Les critiques de LesEchos, LeMonde, LeFigaro, L'Humanité, Telerama, ParisArt, ScènesMagazine.
> Sur les Blogs: Paris-evous, FavoriteChoses, ImagesDeDanse, Clochettes, LeDernierKilomètre, UnAirDeThéâtre, ResMusica.
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21/02/2008
Devoir de Mémoire
Mémoire Sélective ?
Décidément, certains ont la mémoire bien courte.
'Il' nous avait déjà appris que l'Afrique n'a pas d'Histoire (bien pratique pour oublier la Traite des Nègres, la Colonisation, les guerres de décolonisation, l'abandon des harkis, le génocide rwandais, le soutien à toutes les dictatures africaines, ...).
Il se veut l'ami de tous les dirigeants qui se fichent des Droits de l'Homme (Chine, Russie, USA, Libye, Gabon, Tchad, ...).
Tout à la volonté de donner des gages aux lobbies qui l’ont fait élire, on en profite pour rayer de la mémoire collective toutes les victimes des guerres et génocides appartenant aux minorités indésirables. La Shoah devient le seul génocide qui compte, au détriment des arméniens, des tibétains, des palestiniens, des cambodgiens, des birmans, des rwandais, du Darfour, et de toutes les victimes des camps nazis (handicapés, homosexuels, communistes, tziganes, … et autres populations ‘inférieures’ ou ‘dégénérées’) ou japonais (chinois, coréens, ...).
Plus ça va, plus on a l’impression de revivre la situation des protagonistes de "1984", où l’Histoire est réécrite en fonction de la politique du moment, et où une ‘novlangue’ s’impose, modifiant le sens des mots tout en appauvrissant le niveau culturel de la population.
Réduire l’Histoire à quelques dates et personnages importants [*], les maths à quelques formules apprises par cœur, privilégier l’émotionnel par rapport au factuel, l’anecdotique par rapport au raisonnement, tout ça nous prépare une belle autocratie qui pourra s’épanouir lors d’une prochaine guerre (‘de civilisation’) avec un ennemi désigné comme bouc émissaire. Des méthodes utilisées avec succès dans toutes les dictatures passées ou présentes, celle que notre ‘grand timonier’ aime bien citer en exemple pour leur dynamisme ou leur religiosité.
Il ne restera plus qu’à créer des ‘jeunesses patriotiques’ chantant la gloire du Père de la Nation Nouvelle, le matin à l’école en hissant le drapeau, pour renouer avec l’esprit des années 30, au bon vieux temps des ‘100 familles’, des ligues nationalistes et de l’alliance de sabre et du goupillon.
Sacré retour en arrière, étonnant de la part du fils d’un émigré hongrois, petit-fils d’un bijoutier juif de Salonique. Mais Hitler n’était pas non plus le meilleur exemple de la ‘race aryenne’ désignée comme étant supérieure aux autres.
Mais la France semble bien aimer se payer le luxe d'un tyran tous les 60-70 ans (Robespierre 1793-94, Napoléon III 1851-70, Pétain 1940-44). Il pourra en tout cas se documenter auprès des dirigeants chinois, qui cette année vont nous refaire le coup des J.O. de Berlin de 1936.
Merci à Delize, Chappatte, à Bati et aux autres caricaturistes pour nous rappeler avec leurs crayon que le devoir de mémoire n'est pas qu'une manigance politicienne.
[*] surtout des symboles nationalistes : Jeanne d’Arc, Charles Martel, Napoléon, Guy Moquet, …
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16/02/2008
Hop Là, Nous Vivons! (Ernst Toller) par Christophe Perton
Le Crépuscule du 'Grand Soir'.
Après "Retour à la Citadelle" et "Puntila", "Hop Là, Nous Vivons" (1927) est la 3-ième représentation de la saison au Théâtre de la Ville à traiter de politique et de rapports de classes. C’est sans doute la plus impressionnante des 3. Il faut dire que l’auteur, Ernst Toller, connnaissait particulièrement bien son sujet pour l’avoir lui-même vécu dans l’Allemagne des années 20-30.
Malgré tout la pièce est d’une modernité des plus étonnantes. Le parallèle entre les 2 époques est saisissant. Espoirs vites déçus liés à la fin des guerres (Der des Der ou Guerre Froide), crise économique, krach boursiers, montée des nationalismes et du communautarisme, star system et people-isation, remplacement des valeurs morales des périodes précédentes par un affairisme forcené, etc. se retrouvent de façon frappante à 70 ans d’intervalle.
Le ‘héros’ est un révolutionnaire idéaliste qui redécouvre la société après en avoir été isolé pendant plusieurs années. Il subit de ce fait un fort décalage temporel, et est obligé de réapprendre à vivre dans un milieu qui n’est plus le sien, ce qui facilite également la compréhension du spectateur moderne. On imagine facilement Jean-Marc Rouillan redécouvrant la vie parisienne après ses longues années de prison dans les quartiers d’isolement.
Le texte de Toller est fort et pertinent, les scènes s’enchaînent de façon efficace, très bien servies par la mise en scène de Christophe Perton. Ils n’hésitent pas à mettre l’accent sur les scènes ‘explicites’ pour dénoncer un monde dans lequel les faibles sont toujours victimes d’une ‘loi de la jungle’ parées des justifications les plus moralement contestables. Cynisme et retournement de vestes, intellectuels prétendument de gauche au service d’une idéologie néolibérale et anti-sociale, profits spéculatifs privilégiés au développement harmonieux de l’économie, lobbies au service des plus offrants, avec leur cortège habituel de corruption, de drogue et de prostitution.
Triste constat qui résonne de façon encore plus significative dans la France du Bling-Bling.
Liberté, Humanité, Justice, Fraternité ne sont plus que des mots creux dans la bouche de ceux qui sont chargés de les défendre. Tout homme, ou presque, est corruptible. Il suffit d’y mettre le prix. Chacun aura toujours de bonnes raisons de défendre ses propres intérêts sans se soucier de ceux des autres. La trajectoire du héros de l’histoire ne peut donc qu’être tragique. Soit il accepte la situation et se renie lui-même, soit il reste l’ennemi public numéro 1 qui remet en cause les fondements du système et doit être éliminé par tous les moyens possibles. Tous les opposants à des régimes non démocratiques ont été un jour ou l’autre confrontés à ce dilemme et y ont répondu selon leur sensibilité. La façon d’Ernst Toller de traiter le problème est en tout cas passionnante [*].
Evidemment tout est désormais complet au Théâtre de la Ville (petite salle et petits prix obligent), mais ceux qui auront l’occasion d’être sur le parcours de la tournée de la troupe (Vanves, St-Etienne, Andrezieux, ...) peuvent réserver leurs places sans hésiter.
[*] Lui-même s’est malheureusement suicidé en 1939, ayant sans doute désespéré du genre humain.
Note: 9/10
Compléments :
> Le spectacle sur les sites du Théatre de la Ville et de la Comédie de Valence.
> Les analyses et critiques de RadioLibertaire, LaTerrasse, L'Express, LeMonde, Les3Coups, Paris.evous, ThéâtreEtCompagnies, Webthea, ChezGaland, AllegroVivace.
Prologue :
Toller. - Les hommes ont-ils tiré les leçons des sacrifices et des souffrances, du désespoir d'un peuple, ont-ils compris le sens et l'avertissement, les devoirs imposés par ces temps ?
Les républicains, qui livrent la république à ses ennemis.
Les bureaucrates, qui étouffent courage et liberté, audace et foi.
Les écrivains qui, après avoir créé une image romanesque du travailleur en lutte, renoncent, dès qu'ils se trouvent en face du véritable travailleur, avec sa force et sa faiblesse, sa grandeur et sa petitesse.
Les politiciens réalistes, sourds à la magie du mot, aveugles à la puissance de l'idée, muets devant la force de l'esprit.
Les fétichistes de l'économie, pour lesquels les forces morales du peuple et les grandes impulsions de l'homme, sa soif nostalgique de liberté, de justice et de beauté, ne sont que vices.
Non, ils n'ont rien appris— tout oublié et rien appris.
La barbarie triomphe, le nationalisme, la haine raciale abusent les yeux, les sens et les coeurs.
Le peuple attend son salut de faux sauveurs et non de son jugement, de son travail et de sa responsabilité propres. Il se réjouit des chaînes qu'il se forge lui-même et, pour les faux fastes d'un plat de lentilles, vend sa liberté et sacrifie la raison.
Car le peuple est fatigué de la raison, fatigué de la pensée et de la réflexion — « Qu'a donc fait la raison, ces dernières années ? demande-t-il, et de quelle aide lumières et jugement nous ont-ils été ? »
Et il croit ce que lui disent les contempteurs de l'esprit, qui enseignent que la raison paralyse la volonté, ronge les racines de l'âme et détruit les fondements de la société, que toute misère, sociale ou privée, est son oeuvre.
C'est toujours la même absurde croyance en la venue d'un homme, d'un chef, d'un César, d'un messie qui fera des miracles, prendra sur lui la responsabilité des temps à venir, réglera la vie de tous, bannira la peur, supprimera la misère.
C'est toujours le même absurde désir de trouver le coupable qui endosse la responsabilité des temps passés, sur lequel on puisse se décharger de son propre renoncement, de ses propres fautes et de ses propres crimes.
Liberté, humanité, fraternité et justice, autant de phrases vénéneuses — qu'on les jette aux ordures !
Apprends les vertus du barbare, opprime le faible, élimine-le, brutalement et sans pitié, désapprends à sentir la souffrance d'autrui, n'oublie jamais que tu es né pour être un vengeur, venge-toi pour les offenses d'aujourd'hui, celles d'hier et celles que l'on peut te faire demain !
Où est la jeunesse de l'Europe ?
Elle, qui avait reconnu que les lois du vieux monde sont en pièces, qui a vécu jour après jour, heure après heure, leur effondrement ?
Elle vivait et ne savait pas pourquoi. Elle avait soif de buts directeurs, de réaliser ses grands rêves hardis — on la consolait avec l'ivresse du vide.
Suit-elle vraiment les faux prophètes, croit-elle le mensonge et méprise-t-elle la vérité ?
80 ans après, il n'y a rien à y changer.
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10/02/2008
Brave Story (Bureibu stōrī) de Kôichi Chigira
La Quête de la Mort de l'Ego.
"Brave Story" est le 2-ième film produit par le studio Gonzo, réputé pour des séries comme "Hellsing", "Full Metal Panic", "Last Exile" ou "Gantz".
C’est un gage de qualité au point de vue du dessin et de l’animation. Pourtant "Origine", leur premier essai, avait plutôt déçu, à cause d’un scénario sans grande originalité.
"Brave Story" suit malheureusement le même chemin. Si le début fait parfois penser à "La Traversée du Temps" [1], il n’en a pas le charme et la magie. Le scénario, assez faiblard, lorgne plutôt sur "Les Contes de TerreMer" de Goro Miyazaki. La progression du héros s’effectue comme dans un jeu vidéo de style ‘jeu de rôles’, passant d’un plateau à l’autre en combattant des monstres, et en accumulant des points d’expérience. Du coup, on alterne sans discontinuer des ambiances complètement différentes, qui partent dans tous les sens sans assurer un minimum de cohérence.
C’est d’autant plus dommage que les décors sont souvent sublimes, et la morale de l’histoire consistante et bien amenée. A la recherche d’une Déesse du Destin qui ressemble furieusement à GuanYin, le héros est conduit à mesurer le poids de ses désirs, les conséquences de ses actes, l’interdépendance des agissements humains. Souffrant à cause des autres, il prend conscience de la Souffrance qu’il cause aux autres comme à lui-même, et de l’impossibilité d’échapper à ce cercle vicieux en effectuant une fuite en avant et en se retranchant du monde réel. Être, ce n’est pas vouloir assouvir ses désirs de façon autistique, mais au contraire y renoncer en assumant ses propres limites [2].
Dans le stade final de son initiation, après s’être combattu lui-même, il renonce à la toute puissance qu’il possède en tant que personnage de jeu vidéo (une fausse réalité) pour retourner à une vie normale où il pourra affronter son destin, quel qu’il soit.
Une leçon que risque de ne pas comprendre le public visé, accro aux réalités virtuelles électroniques et à un Orient occidentalisé pour mieux être exporté sur le Grand Marché mondialisé.
[1] avec de superbes nuages, qui devraient être aussi remarqués que ceux de Mamoru Hosada.
[2] « La Liberté, ce n'est pas de pouvoir ce que l'on veut, mais de vouloir ce que l'on peut » (Jean-Paul Sartre).
Note : 6/10
Compléments :
> Le site du film.
> Les critiques de CommeAuCinéma, LeMonde, Télérama, Excessif, Cinémasie, Chronicart, Critikat, KrinEin, AVoirALire, EcranNoir, DvdAnime.
> Sur les Blogs: CriticoBlog, AsieVision, AnimeFrance, MargheritaBalzerani, YotaLand, Elbakin, AnimeKun, PlaneteBD.
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