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22/09/2007

La Vengeance dans la Peau (The Bourne Ultimatum) de Paul Greengrass

La Vengeance dans la PeauJason, Médée et les Dents des Dragons Orientaux.

Un bon film efficace, à défaut d’être facile à suivre si on n’a pas vu les opus précédents et si on est sujet au mal de mer. Il vaut mieux ne pas être trop près de l’écran pour ne pas subir négativement les tremblements de caméra et les images parfois floues.

Néanmoins, au delà d’une relecture moderne du film d’espionnage et d’un enterrement du super-espion play-boy (style 007, MI, xXx, etc.), c’est une série de films qui est plutôt intéressante dans ce qu’elle révèle du subconscient collectif américain, ses angoisses, ses fantasmes sécuritaires.
Jason, c’est le héros qui a conquit la Toison d’Or en Asie Mineure, après s’être allié à la magicienne Médée. Il s’empare de ce trésor après avoir tué les soldats nés des dents du dragon de Cadmos. Mais il finit par se suicider, après que Médée ait tué leurs propres enfants, Jason l’ayant délaissée pour la fille du roi de Corinthe. Faut-il y voir une parabole sur la CIA, puissante mais intransigeante, et qui élimine si facilement les siens (Valérie Plame, par exemple) au moindre dépit lié à sa jalousie maladive ?
En tout cas, Bourne (re-Born ?) c’est cet américain moyen (né dans le Montana) près à tout pour son pays, et qui épouse un monstre déshumanisé, sans se rendre compte qu’il se marie essentiellement pour le pire.

Bizarrement, sur les affiches françaises, ce libellé "Ne Rien Oublier, Ne Rien Pardonner". C’est assez paradoxal de vouloir résumer le récit à cette formule lapidaire, car le parcours de Jason est au contraire de se remémorer ses souvenirs (l’oubli s’est déjà produit), de connaître toute la Vérité, et de pardonner à ses poursuivants aussi ignorants que lui des raisons qui les animent. Le but ultime est de faire triompher la Justice, de faire condamner les faiseurs d’illusions, d’affirmer l’importance du libre-arbitre, de la nécessité de pouvoir décider en toute connaissance de cause, sans se laisser aveugler par de fausses informations élaborées par d’autres.

Bourne UltimatumIl affirme l’importance de l’individu dans la société américaine, et la nécessité d’un contrôle démocratique, à l’opposé des dérives actuelles des services secrets vers un modèle totalitaire, au service d’une oligarchie militaro-industrielle, et où la presse ne peut plus jouer son rôle. Mais il continue paradoxalement à célébrer l’illusion d’une toute puissance technologique qui permettrait en espionnant tout le monde en permanence (téléphones, réseaux informatiques, video-surveillance, …) de repérer et d’identifier toute menace potentielle à la sécurité des Etats-Unis. L’échec de la traque de nombreux terroristes montre pourtant qu’il n’en est rien, et que là aussi, le "Facteur Humain" (Graham Greene, 1978) est et restera toujours un composant indispensable.

Note : 7/10

Compléments :
> Le site du film.
> Les critiques de CommeAuCinéma, Telerama, Excessif, FilmDeCulte, Fluctuat, iMedias, KrinEin, DvdCritiques, CriticoBlog, SebInParis.
> le script revu et corrigé (à ne pas lire avant de voir le film).

12/05/2007

Spiderman 3

Spiderman3"Tempête du Désert" à Manhattan.

Encore un film dont on attendait beaucoup, et qui se révèle très décevant. L’exploitation des bons filons finit par conduire à une baisse de qualité particulièrement importante.

Avec les 2 premiers opus, "Spiderman" avait pourtant placé la barre assez haut. Avec les "X-Men" (dont le 3-ième volet est lui aussi raté), il avait réussi à conjuguer dans un même film familial grand public, grand spectacle et réflexions intimistes, action et sentiments, le tout de façon intelligente et bien réalisée. Bref, le rêve de tout producteur hollywoodien.
Tout le monde peut se reconnaître dans les personnages principaux, adolescents peinant à trouver leur place dans la société, leurs petits problèmes de tous les jours, les décalages entre la grandeur de leurs rêves et les désillusions de la réalité. C’est ce qui a fait le succès de la BD et qui avait été brillamment repris dans les scénarios précédents.

Pour le 3-ième, changement de perspectives. En voulant en faire toujours plus (de personnages, d’effets spéciaux, …) on dénature complètement le message, et on le radicalise à la sauce américaine. Plus de clairs-obscurs, mais une bataille simpliste entre les bons (américains, blancs, ayant une famille, un travail, une patrie, …) et les autres. L’Amérique bien pensante se défend face à une invasion venue d’ailleurs (une espèce de tchador noir qui corrompt les esprits, comme le faisait le communisme dans les années 50). Un bon américain est celui qui lutte pour le mode de vie américain et ses valeurs, quelques soient les moyens employés.

On pardonnera donc aux braqueurs de banques (une espèce de GI pas très malin, aux vêtements couleur de treillis en Irak), car ils le font pour soigner leur petite fille malade.
On pardonnera aussi au gosse de riche, faux frère mais vrai VIP, car il met sa fortune de fabricant d’armes au service du combat contre le 'Mal'.
On encensera le bon sens populaire, et ses aphorismes à 2 Cents.
On approuvera l’exploitation des salariés par un magnat de la presse, héros du capitalisme triomphant, et respectueux des quotas ethniques (son second est un Noir), quoique toujours prêt à manipuler l’opinion dans le sens de ses intérêts financiers.
Le tout sous les yeux de foules décérébrées, pour qui la guerre est un spectacle, et qui applaudissent à tout rompre ses porte-drapeaux en uniforme bleu et rouge.
Le seul à ne pas trouver sa place dans ce paradis US est le jeune arriviste sans famille, obligé de travailler pour vivre, qui aspire à la respectabilité en épousant la fille du chef de la Police, et qui se laisse séduire/corrompre par les idées étrangères. Cette seule différence avec Peter Parker suffit à le condamner sans appel au son des cloches d’une église. "God Bless America" !
Dans les laissés pour compte, on notera également la fille (russe ?) de son logeur, Ursula, nettement plus sympathique et moins insipide que MJ et Gwen Stacy réunies, mais pas très conforme aux canons hollywoodiens. Ce Spiderman est vraiment un grand niais.

Au final, un film long, pompeux, où on regarde souvent sa montre en espérant retrouver les personnages des débuts. Mais il faut se rendre compte de l’évidence, la malédiction des trilogies a encore frappé. Espérons que personne n’aura l’idée de sortir un 4-ième épisode, car on n’ose imaginer ce que ça risque de donner.

Note: 4/10

Compléments :
> Le site du film.
> les Critiques de CommeAuCinema, Telerama, Fluctuat, FilmDeCulte, Excessif, Cinefil.
> Sur les Blogs: CriticoBlog, Matoo, SebInParis, LaSauce, ARebours.

20/12/2006

Déja Vu

Voyeurisme Déjà VuCirculez, Y a Rien à Voir.

Alléché par quelques bonnes critiques et une bande annonce pas mal foutue, le cinéphage en quête de bons films (ça devient rare en cette fin d’année) aurait tendance à aller voir le dernier opus de Tony Scott (frère de l’autre). Son dernier film "Domino", innovant dans le fond et dans la forme, laissait également espérer une amélioration de qualité par rapport à une longue liste de blockbusters sans saveur. C’est raté. Il n’y a malheureusement pas grand-chose à voir, excepté une énième version du film de propagande patriotique, où de valeureux superflics sauvent le peuple américain de ses vilains méchants.

Malheureusement, ce n’est ni un film parodique ("Team America") ou fantasmatique ("Superman"), mais est présenté comme un polar crédible, en dépit des nombreuses incohérences du récit que n’a pas vues le scénariste. Aucune réflexion non plus sur les conditions d’utilisation d’un tel pouvoir. Là où "Minority Report", "L'Effet Papillon", "Retour vers le Futur", ou même des nanars comme "Time Cop", pointaient les risques liés à la modification d’évènements du passé, "Déjà Vu" y va franco, comme Bush contre l’Axe du Mal, avec l’assurance d’avoir Dieu à ses côtés. Tous les moyens sont bons pour sauver des vies (surtout celles des militaires américains) quelques en soient les conséquences.

La Liberté ne s'use que quand on ne s'en sert pasLa solution préconisée est donc un flicage total de la population, où toute intimité est bannie. Les citoyens de "Fahrenheit 451", "Brazil" et "1984" étaient encore privilégiés, car ils pouvaient encore bénéficier d’espaces où pouvoir s’isoler. Dans "Déjà Vu", plus personne n’est à l’abri de l’œil des bureaucrates gouvernementaux avec tous les dérapages que cela implique. Il n’est pas anodin qu’ils préfèrent mater une femme prendre sa douche, plutôt que surveiller les suspects potentiels. Qu’importe le respect des libertés civiques, si le peuple n’est qu’un troupeau de moutons à protéger de prédateurs enragés. Les USA sont sans doute la seule nation à être née dans un régime démocratique, et se diriger lentement mais sûrement vers une dictature comme celle dont rêvait Hitler et Staline. De tels films de propagande y préparent en tout cas les esprits...

Note: 5/10

Compléments :
> La Fiche du film sur Wikipedia.
> Le Site du film.
> Critiques sur "CommeAuCinéma", "Telerama", "Excessif", "FilmDeCulte", "Fluctuat", "KrinEin".
> Sur les Blogs: "Niklas".

13/12/2006

Fast Food Nation

Une Liberté mal en pointBienvenue dans une Economie de Merde.

"Super Size Me" se consacrait aux conséquences de la mal bouffe sur la santé des américains. "Fast Food Nation" prolonge l’enquête en remontant la filière jusqu’aux lieux de production.
En utilisant le biais de la fiction, il permet de présenter l’ensemble des éléments du problème, sans bla-bla inutile, le naïf de service étant lui-même un des rouages du système. Il analyse les différents éléments qui font que tout le monde, ou presque, a intérêt à fermer les yeux (et les narines) et perpétuer un mode de production néfaste pour la santé des consommateurs et les conditions de vie des populations concernées.

En quelques plans, tout est dit :
- les conditions d’élevage des bovins, entassés dans des enclos sans le moindre brin d’herbe, et nourris avec des granulés.
- les prix bas imposés par le cartel de la viande, qui ruine les éleveurs et enrichit les banques et les promoteurs immobiliers, via les hypothèques et les rachats de terrains à bas prix.
- le processus de fabrication, complètement industrialisé où le prix et les profits sont plus importants que la qualité du produit.
- le non respect des règles d’hygiène et de sécurité minimales, associé à des cadences infernales.
- les additifs chimiques destinés à redonner au produit un goût de viande acceptable.
- la proximité du Mexique qui fournit une main d’œuvre docile et pas chère, renouvelable à l’infini.
- la consommation de drogue qui permet de tenir malgré des conditions de travail déplorables.
- les accidents de travail qui sanctionnent la moindre erreur due à la fatigue.
- la désillusion des jeunes, dont les révoltes écologico-humanistes se heurtent vite aux nécessités économiques et au 'Patriot Act'.
- les collectivités locales qui croient sauver leurs bassins d’emploi en multipliant usines à bouffe et petits boulots dans les fast-foods.
- l’économie souterraine qui enrichit les profiteurs et trafiquants de tous bords.
- les employés qui n’ont d’autre choix que de se soumettre ou se démettre.

Très bon docu-fiction, ce film est en plus servi par un casting excellent et crédible.
A voir par toute personne un peu concernée par ce qui se passe dans le monde et ce qui se retrouve dans son assiette.

Note: 9/10

Compléments :
> Le Site du film.
> Critiques sur "CommeAuCinéma", "Libération", "Telerama", "Excessif", "KrinEin", "Critikat".
> Sur les Blogs: "SirenSorrento", "PapillesEtPupilles", "CineFan1987", "MyOwnPrivateBlog".

> "Backwards Hamburger", l'industrie du Fast-Food expliquée en dessin animé:

21/11/2006

Borat (Borat: Cultural Learnings of America for Make Benefit Glorious Nation of Kazakhstan)

Borat for KazakhstanLeçons Cul-cul sur l'Amérique au profit Bourses Producteurs.

Ambitieux sur le papier, décevant sur l'écran. Faire rire des travers d’une population en suivant les déambulations d’un Huron inculte et naïf, ce n’est pas nouveau et ça peut être très drôle. Malheureusement, l’exercice est difficile et est rarement réussi par les 'comiques' de télévision. Rien à voir entre quelques gags insérés pendant les temps morts d'une émission de plateau et un long métrage qui doit durer au moins 1 heure et demi.

Résultat, si l’on sourit souvent, si on rit parfois, on trouve également le temps très long entre 2 gags. Passons sur l’humour très pipi-caca-sexe qui est le fond de commerce de Sacha Baron Cohen. Ceux qui vont voir le film sont a priori avertis de ce qu’ils vont voir.
Le problème est plutôt dans la légèreté du propos face à la lourdeur des moyens employés. A côté de quelques 'red necks' racistes, misogynes et homophobes, on voit surtout des gens sympathiques qui essaient de se mettre à la portée du personnage et de lui rendre service (quand il ne les a pas agressé).
Si le film est nettement en faveur de certaines minorités (noirs, homos, juifs, prostituées, …) et égratigne gentiment certaines catégories (journalistes, politiques, BCBG, vendeurs, …), on se pose par contre des questions sur son anti-féminisme primaire. En présentant les kazakhs comme des demeurés primaires, machos, racistes, xénophobes, sales et violeurs (parce que musulmans ?), il est également loin du discours prétendument dénonciateur que voudraient faire passer certains critiques cinématographiques. Imaginons qu’au lieu d’être juif et de se faire passer pour un kazakh, Sacha Baron Cohen ait été noir et se soit fait passer pour un colon israélien sorti de son kibboutz, alors tout le monde lui serait tombé dessus et il croulerait sous les procès (Cf. la campagne anti-Dieudonné en France). C’est d’autant plus dommage que ce film, à quelques exceptions près en caméra plus ou moins cachée, est un film de fiction interprété par des acteurs (il n’y a qu’à voir les mouvements de caméra utilisés pour se rendre compte que ça ne peut être un documentaire pris sur le vif, mais implique de répéter la scène sous plusieurs angles) et est donc totalement maitrisé par les 4 scénaristes. Sacha Baron Cohen devrait se contenter de créer des gags pour ses émissions de télé-réalité, plutôt que de réaliser des pseudos documentaires prétendant sonder la nature profonde de l’Amérique.

Après un "Da Ali G" considéré comme insultant par la communauté afro-américaine, et avant un film sur "Bruno" (un présentateur de mode autrichien gay avec des tendances nazies) qui risque de faire également du bruit, "Borat" est un film ambigu à ne pas mettre sous tous les yeux. C'est en tout cas une réussite en matière de promotion, en ayant réussi à faire parler de lui bien avant la sortie du film, et fait couler un flot d’encre en sa faveur.

Note: 6/10

Compléments :
> La Fiche du film du Wikipedia.
> Scènes coupées souvent plus drôles que celles présentes dans le film.
> Le Site du film.
> Critiques sur "CommeAuCinéma", "FilmDeCulte", "Télérama", "Fluctuat".
> Sur les Blogs: "Critico-Blog", "LaSenteurDeL'Esprit", "Niklas", "BlogTelerama", "Cinémapolis".