11/11/2005
J.O. de Pékin: J - 1000
1936 - 2008, pas de changements
Le 11 novembre 2005 a été l'occasion de dévoiler les mascottes des futurs jeux olympiques d'été en 2008.
Alors qu'on se rapproche petit à petit des J.O. de Pékin, il est bon de rappeler certains faits.
Comme en 1936 à Berlin, l'esprit olympique aura certainement du mal à y souffler.
Les Jeux vont être utilisés par Pékin à des fins de propagande nationaliste, permettant d'affirmer l'accroissement de la puissance politico-économique de la Chine sur la scène internationale.
Pour cela, tous les moyens sont bons.
Outre le dopage des athlètes qui devrait être important, les mesures de répression seront menées à grande échelle. Elles ont d'ailleurs commencé bien avant l'attribution officielle des jeux par le CIO (campagnes "Frapper Fort").
Arrestations arbitraires, exil intérieur, oppression des minorités (ethniques, politiques, religieuses), censure des médias, procès truqués, exécutions de masse, torture, etc. prolifèrent afin de faire 'place nette' à un Pékin modernisé, aseptisé, fait pour en mettre plein la vue aux occidentaux et cacher la répression massive.
Les entreprises européennes (Atos-Origin, Volkswagen, Adidas, ...) ne sont d'ailleurs pas les dernières à essayer de faire du profit (*), en participant à cette propagande de masse (il n'y a pas que les trafiquants d'armes qui soutiennent les dictatures).
Le Boycott de Moscou en 1980 avait pourtant montré l'utilité de la fermeté face à ce genre de situations, et son impact à moyen terme (chute du mur en 1989).
(*) "Les capitalistes nous vendront même la corde nécessaire pour les pendre." (Lénine)
A voir:
> les mascottes officielles
> Le dossier Wikipedia (site par ailleurs censuré en Chine)
> un article de "Epoch Times" (version française) sur la corruption et le dopage des sportifs
> Les Jeux de Berlin (US Holocaust Memorial Museum / Mémorial de la Shoah)
> la position de "Reporters Sans Frontières"
> la position de "Amnesty International"
> L'exposition virtuelle "Un Dessin pour le Tibet" regroupant les dessins de grands (et moins grands) dessinateurs qui témoignent de leur soutien au peuple tibétain.
20:00 Publié dans Actualité, Ethiques & Politiques, Le Village Global | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Actualités, Chine, Tibet | Imprimer
08/11/2005
Extension du Domaine de la Lutte
Socio-Economie de la Relation Humaine
Comme l’a très bien montré Michel Houellebecq dans ses romans, le monde occidental a radicalement changé d’orientation au niveau des rapports humains.
On était, jusqu’au milieu du 20-ième siècle, dans un système relationnel relativement artisanal, patriarcal, dont le but était de créer une famille dans l’intérêt du clan. On prenait son temps (engagement, fiançailles puis mariage).
Pour ceux qui étaient exclus ou insatisfaits du système, le substitut en était la prostitution (bordels institutionnalisés) ou l’adultère (séparation des fonctions entre l’être aimé et le conjoint) [1].
Ce système était en phase avec une économie dirigée, paternaliste, colonialiste, où l’emploi était souvent à vie dans la même région et la même entreprise.
On est passé depuis à une économie de marché basée sur la consommation de masse, le libre-échange, l’ouverture des frontières, la loi de l’offre et de la demande, une précarité plus grande de l’emploi.
Dans le domaine relationnel, la liberté prévaut (ce ne sont plus les parents qui choisissent le conjoint) et la norme est désormais de vivre avec l’être aimé.
La libération sexuelle des années 1960-70 est passée par là, et l'échangisme a remplacé la prostitution. En France, les maisons closes sont d'ailleurs devenues illégales en 1946 (Loi Marthe Richard) et la prostitution est régulièrement combattue, même si elle ne peut évidemment être éradiquée.
Les effets secondaires sont néanmoins les mêmes dans les 2 cas.
L’augmentation du volume permet une augmentation du profit global, mais le profit individuel est souvent plus réduit (diminution des marges).
La rapidité des échanges implique qu’on se trompe plus souvent (pas le temps d’être sûr avant de s’engager).
Afin de permettre la fluidité du système, le turn-over et la mobilité doivent être importants (c’est le seul moyen d’adapter l’offre et la demande). On remplace une gestion de stocks par une gestion à flux tendus.
Il y a baisse globale de la qualité (on ne construit plus pour durer éternellement) et accroissement de l’obsolescence des produits (divorces et déchets ménagers ou industriels sont très importants).
Pour ceux qui sont exclus ou insatisfaits du système, le substitut en est la pornographie (films X, Internet, …). La notion d’adultère devient vide de sens, car le mariage a tendance à disparaître et les divorces sont en augmentation constante, les couples se faisant et défaisant très vite.
Avec Internet, on arrive au stade ultime où l’espace s’est étendu à toute la planète, alors que le temps d’une relation peut se contracter jusqu’au minimum possible.
Concernant la situation de la femme, on est passé d’un statut de soumission (au père, au mari) à une réelle liberté théorique.
Cette évolution se rapproche de l’émancipation des 'nègres', après les lois anti-esclavagistes de la fin du 19-ième siècle.
Le problème est que la Liberté n’est pas une notion innée. Elle demande un apprentissage et se construit pendant l’enfance, en reproduisant les modèles sociaux en vigueur.
Dans beaucoup de cas, à cause d’une éducation inadaptée, les sujets se retrouvent incapables à vivre de façon réellement libre et indépendante.
C’est le 'syndrome de l’Oncle Tom', beaucoup de Noirs ayant continué à travailler comme domestiques ou journaliers pour leurs ‘maîtres’, faute de pouvoir concevoir un autre destin. De nos jours, il existe également de nombreuses femmes islamistes défendant leur soumission à leur seigneur et maître.
Sur le Net, je suis assez effaré de voir le nombre important de femmes qui recherchent encore un 'Prince Charmant, grand, protecteur' ou un 'Suggar Daddy généreux', préférant la sécurité de leurs chaînes à l’exercice d’un droit fondamental si chèrement acquis. N’est-ce qu’une mauvaise résolution du complexe d’Œdipe ? ou une vénalité bien comprise ?
Psychologiquement, les dégâts sont importants.
Les personnages houellebecquiens, issus des classes moyennes cultivées, sont écrasés par le quotidien, et sombrent dans la dépression et le suicide, quand ils ont eu la chance d'échapper à la maladie. Plus lucides que la moyenne, ils n'ont pas les moyens d'être dans le haut du panier, ni la ressource de se décerveler devant la télé ou dans les stades.
Le film de Philippe Harel est particulièrement fidèle à l'univers de l'auteur, et est à recommander à tout ceux qui ne supportent pas l'écrivain. Cela leur permettra de ne pas rater une des meilleures analyses de la société moderne jamais écrite ces dernières années, et les incitera peut-être à aller vers les bouquins [2][3][4].
C'est tout le bien qu'on peut leur souhaiter.
Note: 9/10
> Fiche Cinéfil
A (re)lire :
[1] ‘Histoire des Passions Françaises’ par Théodore Zeldin, historien britannique spécialiste de la vie sociale et sentimentale des français à la fin du 19-ième siècle (en 5 volumes).
[2] ‘Extension du Domaine de la Lutte’
[3] ‘Les particules élementaires’
[4] ‘Plateforme’
20:00 Publié dans Bouquins, Cinémathèque, Des Clefs pour Comprendre, Karmas | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, Culture, Sociologie | Imprimer