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27/05/2006

Marie Antoinette

Lost Virgin in Versailles

J’étais allé voir ce film avec un a priori favorable. Un bon sujet, une bonne réalisatrice, une bonne actrice, des échos favorables de Cannes, quelques bonnes critiques ici ou là.
A la sortie de la salle, mon opinion est plutôt mitigée.

Certes Kirsten Dunst est parfaite dans ce rôle de jeune adolescente lâchée trop seule dans un monde trop cruel. Pas facile en effet, pour une petite autrichienne de 14 ans de s’imposer à la cour de France, entre l’animosité envers l’Autriche, les intrigues du palais, l’immaturité de Louis XVI, la rigueur du protocole et de la hiérarchie sociale. On comprend mieux la fuite de Marie-Antoinette vers la frivolité, les dépenses, le jeu, sa relation avec Fersen, l’épisode rousseauiste du 'Hameau de la Reine'.

Mais si le film rend bien compte de la psychologie de son principal personnage, il peine à captiver sur la durée. Le contexte politico-économique est tout juste survolé, les seconds rôles sont quasi-inexistants (excepté la Du Barry), quelques incohérences surprennent (notamment la paire de baskets 'Converse' présente parmi les chaussures d’époque). Les scènes s’enchaînent de façon très illustrative, mais sans aucun ressort dramatique. La musique new-wave des années 80, si elle illustre bien l’humeur de l’héroïne n’est pas toujours utilisée à bon escient. A la longue, on finit par s’ennuyer royalement.
Au final, un film à voir une fois, pour ses décors, ses costumes, son actrice principale, mais qui ne laissera sans doute pas beaucoup de traces dans les mémoires.

Après les excellents 'Virgin Suicides' et 'Lost in Translation', qui exploraient déjà le thème de la difficulté pour une jeune fille de vivre et d’évoluer dans un univers pas fait pour elle, on espère que Sofia Copolla saura pour son prochain film surmonter son probable mal-être, et nous offrir LE film qui fera d’elle une réalisatrice confirmée.

Note: 6/10

Compléments :
> Fiche Cinéfil.
> Le site officiel du film.
> Les critiques du film sur 'CommeAuCinéma', 'DvdCritiques', 'EcranLarge', 'FilmDeCulte', 'Fluctuat', 'LeMague', 'Excessif', 'Telerama'.
> Sur les blogs d'Allociné, de 'SebInParis', 'SeanPaninaro'.

12/05/2006

WinXP: Windaube et eXtrême Préjudice

BrokenWindowsXPPar suite du crash du disque dur de mon portable, je suis très occupé à effectuer des tâches qui m'empêchent de consacrer du temps à ce blog.
Si je ne peux plus me connecter par Windows, je devrais pouvoir réussir à récupérer mes fichiers sous Linux (merci Knoppix) et remettre tout d’aplomb (reformatage du disque, réinstallation du système et des fichiers, etc.) dans un délai raisonnable.

Mes excuses pour ceux qui passeraient par ici en espérant (impatiemment ?) lire ma prose.

> Plus d'infos techniques ici.

02/05/2006

La Rencontre du Bouddhisme et de l'Occident

La Longue Marche du Bouddhisme vers l'Ouest.

Il aura fallu près de 2500 ans pour que le Bouddhisme finisse par s’implanter durablement en Occident, à la suite de l’exode massif des tibétains fuyant l’invasion chinoise. Jamais aucun mouvement spirituel n’aura mis autant de temps à se déployer hors de ses régions d’origine. Il est vrai que le Bouddhisme est l’une des seules (la seule restante ?) à ne s’être jamais imposée par les armes contre les religions en place.

Ses premiers pas hors d’Asie sont largement méconnus. S’il est probable que des textes et des moines ont très tôt voyagé le long de la Route de la Soie, aucune trace écrite n’en est restée. Tout au plus peut-on relever une possible influence de certains concepts sur ce qui deviendra un jour le Christianisme (Jésus est d'ailleurs supposé par certains avoir passé une partie de sa jeunesse en Inde [1]).
Les premiers textes datent de la redécouverte de l’Orient à partir du Moyen Age par les explorateurs, marchands (Marco Polo), missionnaires jésuites, colonisateurs, etc., propagateurs de légendes telles que celle de Saint Josaphat (récit christianisé de la vie du Bouddha) ou de celle du royaume du prêtre Jean (inspirée des théocraties lamaïstes ?) successeur présumé de l’apôtre Saint Thomas, ainsi que des fantasmes liés à des territoires inaccessibles (Chine d’abord, Tibet ensuite).

Tout au long de ces époques, on remarque une profonde méconnaissance des doctrines, une incompréhension totale des pratiques, une tendance à vouloir toujours tout ramener à une pure interprétation européenne aux dépends de la réalité du terrain. Il faudra attendre le 19-ième siècle, à la suite des explorations consécutives à la colonisation et des études linguistiques sur les langues anciennes de ces régions (sanscrit, pali, tibétain, chinois ancien) pour s’apercevoir que le Bouddhisme n’était qu’une seule et même religion, au-delà de ses différentes formes.
Le Bouddhisme fait alors l’objet d’une comparaison systématique avec le Christianisme, soit pour glorifier ce dernier (en soulignant les points positifs en commun), soit pour remettre en cause sa prétention à l’universabilité (Jules Ferry et les anti-cléricaux de la 3-ième République Française). Mais il est en général confondu avec la philosophie de Schopenhauer, avec laquelle il possède de nombreux points de convergence, entraînant l’idée fausse que le Bouddhisme est une pensée nihiliste.
On le voit également très utilisé comme alibi pour la renaissance de doctrines ésotériques au sein de sociétés secrètes ou de sectes initiatiques, comme l’avaient été avant lui l’hindouisme ou les 'mystères' égyptiens, et le sujet de nombreux livres bidons, prétendument écrits par des sages tibétains, décrits comme les derniers dépositaires de la sagesse des Anciens habitants de l’Atlantide.

Au début du 20-ième siècle, de nombreuses interactions se créent avec les psychanalystes et les philosophes (Freud, Jung, Huxley, etc.), notamment via le Zen japonais, ce qui conduira à la révolution culturelle et spirituelle des années 60-70 (Allen Ginsberg, mouvement beatnik, routards partant à Katmandou).
Le tournant majeur se fait au moment de l’exode des lamas tibétains en occident suite à l’invasion chinoise de 1959 et la prédiction qui en avait été faite au 16-ième siècle [2], conduisant à la re-création de nombreux monastères en Europe et aux Etats-Unis, permettant aux différentes écoles d’assurer la continuité de leur lignée et de leurs spécificités.

Actuellement, le remplacement des maîtres nés en Asie par des moines nés et éduqués en Occident permet d’espérer une nouvelle mutation du Bouddhisme vers une doctrine plus laïque et plus universelle. L’échec des idéologies purement matérialistes (écroulement du communisme, faillite conceptuelle de l’idéologie libérale consumériste), la crise du Catholicisme et la montée des intégrismes dogmatiques (fondamentalistes chrétiens, Hébreux, Islamistes, Orthodoxes, Hindous) lui ouvrent un boulevard pour tous ceux qui recherchent une idéologie pragmatique, responsable, universelle, ouverte sur le monde, respectant l’Humanité et la Nature, alliant éthique individuelle et collective, où la science matérielle occidentale moderne se mélange facilement avec une science du mental qui a fait de l’expérience introspective son principal outil.

L’ouvrage de Frédéric Lenoir, philosophe, sociologue et historien des religions à la vaste culture, permet de revisiter en détail ces 2000 ans d’Histoire qui, dans une république laïque digne de ce nom, devraient être enseignés à tous afin d’éviter les incompréhensions, caricatures et amalgames trop souvent rencontrés [3].

Note: 10/10

[1] Voir "Qui était Christ ?" et "Jésus était un sannyasi hindou" sur le site du yogi hindou Ramsuratkumar Bavan, ainsi que "Jésus et les Esseniens" sur les influences possibles du Bouddhisme sur la secte des Esseniens.
[2] «Quand volera l’oiseau de fer et que les chevaux auront des roues, le peuple tibétain sera dispersé sur terre, telles les fourmis, et le Dharma viendra dans le monde des visages rouges» prophétie tibétaine du 16-ième siècle, souvent attribuée rétroactivement à Padmasambhava, complétée par la prédiction du 13-ième Dalaï-lama (1931): «Il se pourrait qu'ici, au centre du Tibet, la religion et l'administration séculière seraient attaquées à la fois de l'extérieur et de l'intérieur. A moins que l'on sache garder notre propre pays, il arrivera alors que les Dalaï et Panchen Lamas seront brisés et resteront sans nom. En ce qui concerne les monastères, les moines et les nonnes, leurs terres et autres propriétés seront détruites. Les coutumes administratives ancestrales seront affaiblies. Les fonctionnaires de l'Etat religieux et séculier, se verront saisis de leurs terres et de leurs autres possessions. Et, eux-mêmes devront servir leurs ennemis, ou errer dans le pays comme des mendiants. Tous les êtres seront plongés dans des grandes difficultés, les jours et les nuits sombreront lentement dans les souffrances. Ne soyez pas des traîtres vis à vis de la communauté religieuse ou de l'Etat en travaillant pour un autre pays que le vôtre. Le Tibet est heureux, et dans le confort maintenant. La situation est entre vos mains.».
[3] Cf. l’affaire Ram Bahadur Bomjon (le 'Little Bouddha' du Népal).