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30/04/2006

Eveillez le Bouddha qui est en Vous (Awakening the Bouddha within)

Quelques pas vers un Bouddhisme Universel.

Il n’est jamais très facile d’expliquer le Bouddhisme à des occidentaux.
Soit le discours est effectué par un non bouddhiste, et on reste à un niveau purement descriptif historique, philosophique, religieux, coutumier, mythologique, etc, mais sans en expliquer la nature profonde et sans pouvoir en définir les voies d’accès, avec qui plus est de fréquentes mauvaises interprétations [1].
Soit on a les tentatives d’explications de grands maîtres asiatiques, désireux de mettre leur pratique à la portée du public occidental. Malheureusement, leur référentiel culturel et leur mode de vie, très éloigné des nôtres, fait que l’on n’arrive pas à rentrer dans leur schéma de pensée, beaucoup trop hermétique.

Le mérite de Surya Das (né Jeffrey Miller à New York dans les années 50) est de contourner cet écueil. Ayant eu le temps d’apprendre et de digérer la doctrine auprès des meilleures sources, il a de plus le talent pédagogique de le restituer avec des mots et des références aisément compréhensibles par n’importe quel occidental un peu cultivé. Plus besoin de connaître par cœur l’histoire du Bouddhisme, ou les mythologies asiatiques, plus besoin d’avoir vécu en Asie ou être capable de penser dans un des grands langages du Bouddhisme (sanscrit, pali, tibétain) pour être capable de faire son premier pas sur l’Octuple Sentier.
Après avoir décrit son parcours personnel, il rappelle les principes de base de la doctrine (les 3 Poisons, les 4 Nobles Vérités) et enchaîne ensuite sur chacune des 8 étapes [2] définies par le Bouddha historique, de façon progressive, logique et particulièrement claire. On sent ici le pragmatisme américain, plus axé sur le côté pratique ('Do it yourself') que sur un développement théorique compliqué. Le résultat est un exposé d’une clarté incomparable, non dénué d’humour et empruntant des exemples à toutes les traditions, à recommander à tous ceux qui se demandent à quoi pourrait ressembler un Bouddhisme adapté à la vie occidentale.

L’épilogue est l’occasion de dessiner les tendances qui font que, d’une religion d’origine indienne adaptée ensuite à toute l’Asie, le Bouddhisme est en train d’évoluer au contact de l’Occident pour devenir un mouvement spirituel universel adapté à un monde moderne occidentalisé, rationnel, laïc, démocratique, non sexiste, social, écologiste, …
Rendez-vous dans quelques années, pour voir si après avoir quasi disparu de l’Asie pour cause de matérialisme économique libéral et d’impérialisme chinois, le Bouddhisme a réussi sa mutation et est devenu la doctrine de référence [3] dans un Occident en pleine crise existentielle.

Note: 10/10

[1] Voir "La rencontre du Bouddhisme et de l’Occident" de Frédéric Lenoir pour un très bon récit historique de ces nombreuses distorsions et incompréhensions.
[2] En bref:

> L’apprentissage de la Sagesse (voir les choses telles qu’elles sont):
1 : la vision juste (une vision claire).
2 : l’intention juste (sonder la sagesse de sa propre nature).
> L’apprentissage de l’Ethique (mener une vie sacrée):
3 : la parole juste (dire la vérité).
4 : l’acte juste (l’art de vivre).
5 : le juste mode de vie (aimer le monde dans son travail).
> L’apprentissage de la Méditation (conscience alerte, attention et concentration):
6 : le juste effort (une passion pour l’Eveil).
7 : la juste vigilance (garder les yeux ouverts).
8 : la juste concentration (la joie de la méditation).

[3] «Quand volera l’oiseau de fer et que les chevaux auront des roues, le peuple tibétain sera dispersé sur terre, telles les fourmis, et le Dharma viendra dans le monde des visages rouges» (prophétie tibétaine du 16-ième siècle, souvent attribuée rétroactivement à Padmasambhava)

22/04/2006

V pour Vendetta (V for Vendetta)

Etre ou ne pas Etre ... Libre ?

Ce film est l’adaptation du premier roman graphique d’Alan Moore (également auteur des excellents "Watchmen", "From Hell", "La Ligue des Gentlemen Extraordinaires"), écrit en 1982, en pleine époque thatchérienne. Mais comme toujours en matière d’adaptation cinématographique, il a fait l’objet de nombreuses modifications de la part des frères Wachowski ("Matrix"), ce qui en fait une oeuvre personnelle et a conduit Alan Moore à faire retirer son nom du générique. Malgré ces problèmes de respect des œuvres originales, aussi vieux que le cinéma lui-même, "V" n’en est pas moins un film particulièrement réussi et intéressant, dans la lignée de "Brazil", "1984", "Richard III", "Equilibrium", "Robocop" ou "X-Men" (dans le traitement des personnages de Magneto et Wolferine).
Il est d’ailleurs symptomatique que le film n’ait pas marché aux Etats-Unis, comme toutes les productions un peu trop réfléchies et subversives. La destruction de bâtiments comme moyen d’action privilégié a pu également choquer en cette période d’après 11 septembre.

Les thèmes centraux en sont la vengeance personnelle et la résistance à l’oppression, ainsi que le difficile équilibre qui doit être effectué entre le respect de la Loi et le combat pour la Liberté et la Démocratie. Des thèmes à la fois très politiques et très éthiques, et d’une actualité brûlante.
Dans une Grande-Bretagne, devenue légalement fasciste après des attentats meurtriers, et dirigée par l’ancien responsable des services secrets, étrangers, musulmans, intellectuels et homosexuels sont devenus les boucs émissaires d’une politique basée sur l’ordre et la sécurité (toute ressemblance avec des pays et partis actuels n’est évidemment pas fortuite [1]). 'V', héros shakespearien [2] victime d’expériences qui l’ont transformé physiquement et moralement, et qui a perdu jusqu’au souvenir de son ancien nom, est devenu inhumain et surhumain. Il s’est affranchi des principes moraux applicables au commun des mortels et poursuit de sa haine tous ceux qui sont responsables de son état, tel Edmond Dantès ("Le Comte de Monte-Cristo") son héros préféré, ou le Capitaine Nemo de Jules Vernes. Son seul point d’ancrage avec son humanité passée est son amour de l’Art et de la Culture, et le souvenir de ses compagnons de cellule décédés. Pour lui, le seul moyen de revenir à un monde meilleur, est une anarchie nihiliste, symbolisée par Guy Fawkes [3], où il est supposée que la suppression de l’oppression conduit naturellement au bonheur du genre humain. Le film finit par être particulièrement utopiste dans ce domaine (plus que la BD de Moore), notamment la scène finale où les militaires finissent par baisser les armes face à une foule désarmée. Dans la réalité, il est probable qu’ils auraient commencé par tirer dans le tas, et que le général les commandant aurait profité de la vacance du pouvoir pour s’imposer au sommet de l’Etat !

Sur la forme, l’atmosphère est particulièrement bien rendue pour un film américain, sans abuser des effets spéciaux et des scènes d’actions. Hugo Weaving (l’agent Smith de Matrix) et Natalie Portman sont parfaits dans des personnages pleins de contradictions, et amenés à évoluer et à se rapprocher au fur et à mesure des évènements.

Le seul point faible du film est cette complaisance par rapport au terrorisme, censé être le seul remède à la dictature. L’expérience montre pourtant qu’un terrorisme généralisé (Irlande, Pays Basque, Palestine, Liban, Irak, etc.) ne règle jamais rien. Que le seul moyen d’arriver à renverser une dictature est au contraire la mobilisation pacifique de tous les citoyens (Révolution des Œillets portugaise, chute du bloc soviétique, révolutions oranges en Ukraine et Georgie, Philippines, etc.), quand ceux-ci arrivent à surmonter leurs peurs et s’unir contre le pouvoir en place, dès que celui-ci commence à se déliter. Ce n’est évidemment pas toujours facile et le succès n’est jamais assuré [4], mais la Démocratie se porte toujours mieux quand elle naît sans sang sur les mains.
Espérons que le Népal nous donnera dans les semaines à venir un nouvel exemple d’une issue heureuse.

Note: 8/10

[1] l’Allemagne de Hitler née après l’incendie du Reichstag, mais aussi la Russie de Poutine (pseudo attentats tchétchènes à Moscou) ou les USA de Bush (affaire de l’Anthrax) sont évidemment des références incontournables.
[2] Cf. sa superbe tirade en V: "Voilà! In View, a humble Vaudevillian Veteran, cast Vicariously as both Victim and Villain by the Vicissitudes of Fate. This Visage, no mere Veneer of Vanity, is it Vestige of the Vox populi, now Vacant, Vanished. However, this Valorous Visitation of a by-gone Vexation, stands Vivified, and has Vowed to Vanquish these Venal and Virulent Vermin Vanguarding Vice and Vouchsafing the Violently Vicious and Voracious Violation of Volition. The only Verdict is Vengeance; a Vendetta, held as a Votive, not in Vain, for the Value and Veracity of such shall one day Vindicate the Vigilant and the Virtuous. Verily, this Vichyssoise of Verbiage Veers most Verbose so let me simply add that it's my Very good honor to meet you and you may call me V."
[3] Auteur d’une tentative de destruction du Parlement anglais le 5 novembre 1605.
[4] Hongrie en 1956, Tchécoslovaquie en 1968, Tibet de 1959 à nos jours, Birmanie et Népal actuellement.

Compléments :
> Fiche Cinéfil.
> Le site officiel du film.
> Les critiques du film sur 'ObjectifCinéma', 'Telerama', 'Cinoche', 'CommeAuCinéma', 'EcranLarge', 'Excessif', 'FilmDeCulte', 'FinDeSéance'.
> sur les blogs d'Allociné, de 'Pangloss', 'Culturofil', 'AprèsTout'.
> La critique de la BD sur CritiquesLibres.
> Voir aussi "Hamlet" de Shakespeare (1603) pour le thème de la vengeance personnelle conduisant à éliminer la dictature.

06/04/2006

Bhoutan (Druk Yul)

DrapeauLe Pays du Dragon Tonnerre

Petite pause pour deux semaines de vacances dans un des derniers royaumes himalayens épargné par la mondialisation, mais coincé entre la Chine et l'Inde.

A l'heure où l'Asie entre à grand bruit dans le 21-ième siècle, sous le signe de la mondialisation, le petit royaume du Bhoutan, accroché au flanc de l'Himalaya, protège jalousement ses traditions et son mode de vie quasi médiéval. Au pied des vertigineux sommets éternellement enneigés, les forêts de rhododendrons et de magnolias, parées d'une infinie variété d'orchidées, sertissent les vallées verdoyantes recelant des trésors d'architecture. Le temps semble s'être arrêté autour des maisons traditionnelles, richement décorées de bois qui parsèment la mosaïque des champs, dominées par les impressionnantes silhouettes des dzongs. Spécificité bhoutanaise dans le monde himalayen, ces forteresses–monastères, où se concentrent les pouvoirs religieux et laïques, attirent chaque année la population des vallées à l'occasion des "tshechus", danses rituelles des moines. Chacun paré de ses plus beaux atours vient partager ces moments d'intense spiritualité, qui célèbrent les victoires de l'enseignement du Bouddha sur les forces obscures. Voyage exceptionnel dans un pays mythique, véritable conservatoire des modes de vie himalayens, où le tourisme est sévèrement contingenté et où le respect de l'écologie remplace la course à la modernisation. (Intermèdes)

Photo Satellite

La Suisse de l’Himalaya.
Situé au cœur des Himalayas, le Bhoutan (0,7 millions d'habitants autochtones et au moins autant d’immigrés, sur 47.000 km2) partage avec la Suisse (7,4 millions d'habitants sur 41.285 km2) un certain nombre de caractéristiques géographiques et historiques.
Il est essentiellement formé de petites vallées, entourées de massifs vertigineux et reliées entre elles par quelques cols. Il est peuplé de plusieurs ethnies aux cultures, langues et modes de vie différents (conséquence de l’isolement des vallées), mais soudés par une religion commune. Il est entouré de grands empires (Inde, Chine, Tibet, Népal) contre lesquels il a toujours dû se positionner. La formation du pays s’est faite au 17-ième siècle par une théocratie d’origine tibétaine (Bhoutan veut d’ailleurs dire 'peuplé de tibétains'), mais l’identité nationale s’est construite sur le rejet de cette hégémonie. La déliquescence du pouvoir temporel a conduit en 1907 à la formation d’une monarchie absolue, le premier roi étant le plus puissant des gouverneurs provinciaux.
Actuellement, il aspire à rester neutre et non-aligné, respectueux de l’écologie et des traditions, mais est obligé de se positionner par rapport à ses puissants voisins. Menacé par l’impérialisme chinois, il est totalement dépendant de l’aide militaire, technique et financière de l’Inde, ainsi que des subventions de trop rares donateurs (Suisse, Japon, …).
La petite taille du pays ne permet cependant pas d’établir de nombreuses relations internationales. Il ne possède par exemple que 6 ambassades (Inde, Bangladesh, ONU New York, ONU Genève, Thaïlande, Koweït) et 8 consulats honoraires (Belgique, Allemagne [2], Pays-Bas, Hong-Kong, Japon, Corée, USA) à l’étranger. Preuve du désintérêt de la majorité nos gouvernements, seules 10 représentations diplomatiques se sont installées à Timphu (Inde, Bangladesh, Thaïlande, Japon, Canada, Autriche, Danemark, Pays-Bas, Suisse, ONU).

Un pays plein de contradictions.
Jusque dans les années 1950, le pays vivait dans un régime féodal, complètement coupé du monde extérieur. L’invasion du Tibet par la Chine a eu pour conséquence un réveil brutal, l’ouverture des frontières et une recherche forcenée de la reconnaissance internationale (adhésion à l’ONU et aux grands organismes internationaux).
Cela entraîne quand même un écart de plus en plus grand entre le mode de vie traditionnel et l’implantation de la modernité.
Si l’Ouest du pays se modernise au contact de l’Inde; l’Est reste toujours difficilement accessible. La télévision (satellites, câble, depuis 1999) envahit les foyers, imposant des schémas culturels différents. Les bhoutanais, agriculteurs l’été, artisans et commerçants l’hiver, ne possèdent pas de traditions fortes dans les activités industrielles, commerciales et de services. Les emplois qui se créent dans ces domaines sont donc assurés par des immigrés (indiens, népalais) dont le nombre inconnu est certainement supérieur à la population d’origine.
Si le costume traditionnel est théoriquement obligatoire dans la journée ainsi que pour toute relation avec l’Administration, on observe que les plus jeunes sont de plus en plus tentés de passer au jeans et aux T-shirts de marques occidentales.
Si le pays est officiellement non-fumeur, de nombreux trafics avec les pays voisins permettent d’alimenter une population qui fume beaucoup quand elle est à l’abri des regards.
Si l’écologie fait partie des priorités nationales (70% d’espaces boisés et naturels protégés), on commence à noter des décharges sauvages dans certains endroits, polluées par des emballages qui ne sont plus biodégradables.
La régulation des naissances n’est pas encore complètement entrée dans les mœurs. Les bhoutanaises ont 4,7 enfants en moyenne. D’où des problèmes pour trouver de quoi construire de nouvelles maisons traditionnelles en bois, celui-ci étant fourni par l’administration en fonction des besoins et des ressources du pays. De même, les bandes de chiens errants prolifèrent, malades (gale, poux, …), peu nourris, mais étonnamment peu agressifs.
Bien que profondément bouddhistes (toutes les maisons ont leur autel privé), les bhoutanais sont également très joueurs et très superstitieux. L’argent circule donc beaucoup (paris, ‘dons’, …) d’une façon pas toujours très conforme à une morale orthodoxe. Le bétel est également très prisé et l’alcool (arak ou chang) offert volontiers, apportant une hébétude pas très conforme aux canons bouddhistes.

Perspectives.
Le régime évolue peu à peu de façon à se mettre en accord avec les standards internationaux. Une Constitution en cours d’élaboration doit permettre de passer à une monarchie constitutionnelle.
Comme les autres pays himalayens, le Bhoutan est riche de ses réserves d’eau et de son potentiel hydroélectrique, ce qui pourrait lui permettre de se procurer les devises indispensables à son développement.
Mais les déséquilibres de plus en plus marqués entre l’Est et l’Ouest, entre jeunes et vieux, entre paysans et nouvelle classe moyenne, entre émigrés et bhoutanais de souche, etc. risque de conduire à un scénario explosif comme celui que l’on constate par exemple en Chine et au Népal. La Chine peut être tentée de s’en servir pour sponsoriser des mouvements maoïstes dans l’est du pays, dans le but de conduire à l’éclatement du pays.
Il sera donc de la responsabilité du prince héritier, formé en Angleterre et qui doit être investi en 2008, d’arriver à conduire une modernisation prudente et mesurée, mais qui n’oublie personne. L’Est du pays, notamment devra être désenclavé (routes, héliports) et bénéficier des grands travaux d’infrastructures (barrages électriques, hôpitaux, écoles, …) nécessaires pour renforcer l’appartenance à la communauté nationale. Dans le cas contraire, le ‘Paradis Perdu’ que constitue le Bhoutan aux yeux de certains, risque fort de se transformer en un chaudron bouillonnant, comme tant d’autres avant lui.

Tourisme.
Disons le tout de suite, visiter le Bhoutan n’est pas donné à tout le monde (actuellement seulement 5000 touristes par an environ). Les tarifs sont élevés (compter 4500 à 5000 euros pour 2 petites semaines) de façon à restreindre le flot d’entrée à une population aisée. Les infrastructures hôtelières et routières ne sont en effet pas adaptées à un tourisme de masse, qui dénaturerait profondément l’ambiance décalée de la contrée. Il est par ailleurs obligatoire de passer par une agence de voyage agréée et de payer d’avance (tarifs fixés par le gouvernement d’au moins 200$ par jour, incluant guides, logement, repas, transports intérieurs), pour obtenir un visa et les autorisations pour se déplacer à l’intérieur du pays (contrôles systématiques à chaque changement de province).
La zone reste néanmoins incontournable pour qui voudrait se faire une idée d’une nation entrée dans la ‘modernité’ il y a seulement 50 ans, à condition de faire l’effort (longs trajets, confort sommaire) de pénétrer le plus possible au coeur du pays, le plus authentique.
L’accueil est toujours chaleureux et sincère, pour peu qu’on n’aille pas à l’encontre des coutumes locales (respect du roi, de la religion et des superstitions courantes).
La cuisine, essentiellement végétarienne, est très par contre répétitive et ne constituera pas un des intérêts du voyage, sauf pour ceux qui ont besoin de perdre un peu de poids.
L’altitude élevée nécessite par contre de ne pas avoir de problèmes cardiovasculaires (une vingtaine de touristes y décèdent chaque année, suite au mal des montagnes ou à des efforts physiques trop importants pour eux) et de se protéger du rayonnement ultraviolet très important.

Shopping.
Pas grand-chose à ramener, les seuls produits dignes d’intérêt produits par l’artisanat local étant relativement chers. On notera néanmoins:
· les objets religieux (thankas, peintures, sculptures, …) quoique assez proches de ce qu’on trouve dans le reste de la zone himalayenne.
· des vestes féminines en soie (portées traditionnellement par-dessus la robe).
· des objets en bambous tressés.
Les philatélistes n'oublieront pas par contre de se rendre à la Poste centrale de Timphu, où ils trouveront un choix conséquent de très beaux timbres de collection et d’enveloppes premier jour.

Lexique (Dzongkha, langue nationale d'origine tibétaine):

. Chorten: monument commémoratif bouddhiste (= stupa).
. Druk: Dragon.
. Drukpa: école religieuse locale.
. Dzong: Forteresse-Monastère.
. Gho: vêtement masculin traditionnel en coton ou en soie.
. Gompa: monastère.
. Khenpo: abbé d'un monastère.
. Kira: vêtement féminin (pièce de tissu enroulée et tenue par des épingles).
. La: col montagneux.
. Lhakhang: temple.
. Rinpoche: "Grand Précieux" (titre honorifique donné à un maître religieux).
. Thanka: peinture sur tissu.
. Toego: veste, en général en soie, portée par dessus la Kira.

Carte

Quelques informations complémentaires ci-dessous.

Bibliographie:
. "Le Bhoutan : Au plus secret de l'Himalaya": de Françoise Pommaret (Gallimard Découvertes).
. "Le Bhoutan : Voyage au pays de Bouddha": de Michaël Pitiot.
. "Bhoutan": de Françoise Pommaret (Guide Olizane).
. "Bhoutan: Le temps d'un Royaume": d'Olivier Föllmi (Photos du spécialiste de l'Himalaya).

Cinématographie:
. "Little Bouddha" (1997) de B.Bertolucci: tourné en grande partie au Bhoutan.
. "La Coupe" (1999): la coupe du monde de football 1998 vue, avec beaucoup d'humour, d'un monastère bhoutanais.
. "Voyageurs et Magiciens" (2004): sorti en Dvd en 2005 (voir "DvdCritiques").

Infos - Web:
. Office du Tourisme Bhoutanais.
. Sur "Wikipepia".
. Sur le site de "l'Université Canadienne de Laval"
. "La Maison des Himalayas": faits et chiffres.
. "Easy Voyage": Informations pratiques .
. "Les Amis du Bhoutan": association franco-bhoutanaise.
. "Amnesty International": encore des progrès à faire, mais la situation s'améliore.
. "Reporters Sans Frontières": une situation difficile due au monopole royal de l'information.
. Le "Bonheur National Brut": une mesure du bien-être de la population.

Photoramas:
. Sur "MarcoPoloNet": photos d'un voyage effectué en avril 2001.
. Sur "Northwest Summit": infos et photos d'un voyage fait en 2005.
. Sur "Tour du Monde 2006 2007" : récit et photos d'un circuit/trek de 4 semaines.
. Mes photos sur PicasaWeb.

Le Bhoutan en France:
. Le "Temple des Mille Bouddhas" (Dashang Kagyu Ling) et l'ex-pavillon du Bhoutan à l'exposition universelle de Hanovre (Allemagne) en 2000, à La Boulaye (Saône & Loire): construits et décorés par des artistes bhoutanais.
. la "Maison du Bouthan" à Paris: boutique d'objets artisanaux buthanais.

01/04/2006

Dead Like Me

La Mort, Ecole de la Vie.

Dans l’Antiquité gréco-romaine, les morts rejoignaient les Enfers en traversant le Styx sur la barque de Charon. Au Moyen Age chrétien, la Mort prend la forme d’un squelette vêtu de noir et armé d’une faux. Le 19-ième siècle en fait plutôt une jeune femme en noir au teint cadavérique [1]. De nos jours la mort est devenue impersonnelle, et se réduit souvent à un ordinateur de surveillance qu’on débranche quand l’encéphalogramme est devenu plat [2]. En Chine, après le passage devant les juges infernaux, on rejoindra selon les cas le "Paradis de la Terre Pure" ou les Enfers, on transmigrera dans un nouveau corps, ou on restera hanter les vivants [3][4]. Les personnes décédées de façon violente sont condamnées à errer ici-bas sous forme d’esprits vampiriques, notamment les jeunes filles vierges, mortes sans descendance [5][6].
"Dead Like Me" est plutôt proche de cette dernière conception, qui implique tout un univers bureaucratique chargé de gérer les transferts d’un univers à l’autre.

Georgia (extraordinaire 'Ellen Muth'), 18 ans, ex-élève médiocre, en conflit avec ses parents et qui n’a jamais rien fait de sa vie (même pas de petit ami), se retrouve pulvérisée, le premier jour de son premier job, par la retombée sur Terre des toilettes de la station Mir. Elle est obligée d'intégrer un groupe de 'faucheurs' ('soul reapers') ou 'non-morts' ('undead') chargés d’accueillir les défunts et de faciliter leur passage vers l’Au-delà. Ils reçoivent chaque jour la liste des victimes prévues (noms, lieux et heures estimées de décès), la mort étant causée par des espèces de petits monstres invisibles, personnification du Destin.
Le nombre de victimes pouvant être pris en charge par un 'faucheur' ne pouvant qu’être faible, il existe ainsi tout un deuxième monde d’Entre-deux, vivants en nombre à nos côtés en attendant de passer définitivement 'de l’autre côté'. C’est le monde des spectres et des fantômes, visible à la fois par les morts et les vivants, et qui se nourrit en parasitant le monde réel. En effet, pour nourrir et loger leur nouveau corps, ils sont bien obligés de se débrouiller, car il n’est pas question pour eux d’être payé par l’administration céleste! Selon leurs personnalités, certains prennent un job légal sous leur nouvelle identité factice, d’autres détroussent leurs 'clients' ou se livrent aux trafics les plus divers.

Les récits sont assez jubilatoires, surfant sur les fêlures et le cynisme des personnages (il en faut pour ce 'métier') et explorant leurs réactions face à la diversité des situations. Pas facile en effet de récupérer l’âme d’un enfant innocent, ou celle d’un membre de son entourage proche. C’est aussi une excellente réflexion sur la Vie et la Mort dans notre société, une très bonne satire de la vie de famille traditionnelle nord-américaine, et une critique féroce de la vie de bureau et de ses rites obligés (rapports hiérarchiques, relations entre collègues, hypocrisies, consensus factices, inutilité de certaines tâches, …).

Une série à consommer donc sans modération. La seule chose que vous risquez, c’est d’en mourir … de rire.

Note: 9/10

Compléments :
> Le site officiel de la série.
> Les fiches de "LaSériethèque", de "Jimmy" et de "Wikipedia".
> Les critiques de "DvdRama", "EcranLarge", "DvdCritiques", "SerialMaster".
> Sur les blogs et sites perso: "DeadLikeMe", "Hypnoweb", "AuBoutDuMonde".

Connexions :
[1] Cf. "La mort du fossoyeur" de Carlos Schwabe (Musée du Louvre, Paris).
[2] Cf. "L’Heure du Grand Passage: Chronique de la Mort" de Michel Vovelle (Découvertes Gallimard): l’évolution des rites et cérémoniaux funèbres en Occident, ainsi qu’une iconographie très riche.
[3] Cf. "La Mort dans les Religions d’Asie" de Bernard Faure (Dominos Flammarion): les pratiques rituelles funéraires asiatiques.
[4] Cf. "Le Roi-Singe" de Stephen Chow.
[5] Cf. "The Grudge" de Takashi Shimizu.
[6] Cf. les "Histoires de Fantômes chinois" de Ching Siu-Tung.