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15/05/2009

Darwin et Bouddha

Darwin and BuddhaDe l'Origine des Espèces à l'Evolution de l'Homme.

Le 12 février dernier a été l'occasion de fêter le bicentenaire de la naissance de Charles Darwin, et l'anniversaire des 150 ans de la publication de son ouvrage majeur: "De l'Origine des Espèces".

Pas besoin de revenir sur l'importance de l'oeuvre du naturaliste anglais et des impacts qu'elle a eu dans la société rigoriste de son époque. Il suffit de voir encore les réactions de tous les extrémistes religieux (juifs, chrétiens, musulmans, hindouistes, ...) qui continuent de le vouer aux gémonies et à défendre farouchement la lecture au pied de la lettre de leurs écrits sacrés.

Côté Bouddhisme, la situation est heureusement plus saine. Le Bouddha historique n'ayant jamais voulu répondre aux questions non liées au Dharma, le canon bouddhiste ne possède pas de théories fumeuses sur l'origine de l'Homme et son évolution.
Le parcours de Darwin et de Bouddha possède par contre d'intéressantes similitudes. Destinés à des carrières qu'ils n'avaient pas choisies (roi, prêtre), ils ont tous les 2 quitté leur famille de longues années pendant lesquelles ils ont élaboré leurs théories qui ont révolutionné leurs époques. Les observations qu'ils ont faites les ont conduit à remettre en cause leur vie, et à rechercher la Vérité de façon méthodique jusqu'à l'obtention d'un résultat inattaquable.

Par ailleurs, les travaux Darwin ne se résument pas à la rédaction de l'Origine des Espèces. Loin des procès d'intention qui lui sont faits sur un plan politique, Darwin a toujours milité pour l'égalité de droit entre les hommes, et la continuité de nature entre l'Homme et l'animal.
Ces pensées sont plus particulièrement développées dans ses ouvrages ultérieurs, "La Filiation de l'Homme" (1871) et "L'Expression des Emotions" (1872).
La réédition de ce dernier ouvrage à l'initiative du psychologue Paul Ekman, le conduit d'ailleurs à signaler les nombreuses analogies entre les vues de Darwin sur la compassion et la moralité, avec les conceptions du bouddhisme tibétain, analogies reconnues également par le Dalaï-Lama (voir articles en anglais plus bas).
La fin du 19-ième siècle est en effet la (re)découverte du Tibet par les occidentaux, et Darwin qui a collationné énormément de preuves pour étayer ses théories n'est apparemment pas resté à l'écart de ce mouvement. Un de ses meilleurs amis, Joseph Hooker, a voyagé jusqu'au Tibet en 1847, et correspondait régulièrement avec Darwin. La femme de Darwin, Emma, était également fascinée par le Bouddhisme. Elle décrivit une fois un petit-fils comme étant le "Grand Lama", puisqu'il était si calme et solennel.

La Sélection Naturelle n'est pas le triomphe du plus fort, comme elle est souvent présentée de façon caricaturale, mais la survie des plus adaptés à leur environnement. L'Altruisme et la Compassion peuvent alors être des stratégies gagnantes pour les populations qui les pratiquent. Une mère qui protège ses petits, un chef de harde qui attaque une meute de prédateurs au péril de sa vie pour permettre au troupeau de s'échapper sont des comportements largement répandus dans la Nature. Toutes les civilisations basées sur la force brute ont fini par s'écrouler, alors que bien des communautés de peuples émigrés traversent les siècles grâce à l'entraide et la solidarité entre leurs membres.

Darwin Bearded BuddhaPourquoi Darwin est-il reconnu comme étant le Grand Maitre de la pensée évolutionniste, alors que les idées qu'il a développé étaient déjà en grande partie dans l'air du temps ? Sans doute parce qu'il a su les systématiser et les présenter d'une façon inattaquable. Il y a eu un avant et un après Darwin, comme il y a eu un avant et après Newton ou Einstein. Brusquement, la porte s'est ouverte sur le soleil de l'extérieur et toutes les autres théories bancales se sont écroulées d'elles-mêmes (malgré les résurgences ponctuelles de certains délires créationnistes, toujours réfutés par les travaux des scientifiques néo-darwiniens).

Il n'y a malheureusement pas grand chose d'intéressant en français sur le sujet, mais on pourra utilement lire les quelques références suivantes (en anglais):

- "Charles Darwin 'may have been inspired by Tibetan Buddhism'", "Charles Darwin the Buddhist?" et "Buddhism seen through the Darwinian lens" sur Buddhist Channel.
- "The origins of Darwin's theory: It may have evolved in Tibet" sur The Independant (UK).
- "Viva La Evolución!" chez Not2wo.
- "Creation Evolution Headlines"
- "The Complete Works of Darwin Online".

En français, le site de référence est celui de l'Institut Charles Darwin International par Patrick Tort, l'auteur de: "Darwin et la Science de l'Evolution" (Découvertes Gallimard).

Voir aussi: "L'Entraide, un facteur de l'Evolution" (1902) de Pierre Kropotkine.

Et perdus au milieu d'une multitude de sites intégristes, les quelques réflexions intéressantes suivantes:
- Association Fabula, contre le communautarisme, l'intégrisme et l'obscurantisme.
- Hominidés, les évolutions de l'Homme. 
- Mute!, matériaux pour une théorie de la Mutation.
- Darwin et la Fraternité.


A signaler également le livre de Charles Fisher: "Buddha's Way Through Darwin's World", présenté par l'auteur dans la vidéo suivante (1h15, chapitrée):



Et pour le plaisir, quelques représentations 'évolutionistes' du Samsara:

Samsara darwinien

 

Samsara bouddhiste
Evolution Darwinienne des Singes

02/08/2008

Kung Fu Panda (Dreamworks)

Kung Fu PandaLes Baguettes d'Or de Shaolin.

DreamWorks Animation dont les films ont toujours eu du mal à se hisser au niveau de ceux de Pixar, vient cette fois de frapper un grand coup.

Comme souvent dans les films destinés à un jeune public, le scénario prend la forme d’un récit initiatique, en l’occurrence celui du petit gros moqué par ses camarades qui devient le meilleur d’entre tous. C’est un aspect qui rebutera sans doute certains adeptes d’un cinéma ‘intello’. Mais les scénaristes se sont surpassés en intégrant l’univers du cinéma de Kung Fu de Hong-Kong, et arrivent à proposer plusieurs niveaux de lecture propre à satisfaire les plus exigeants. Il est rare de voir une telle connaissance du milieu sino-bouddhique dans un long métrage purement hollywoodien, et la philosophie qui s’en dégage est éminemment sympathique.

Passons rapidement sur l’importance du maître (Shifu) et de l’importance d’un enseignement direct qui permette de s’adapter aux capacités du disciple. Loin des méthodes modernes qui imposent les mêmes méthodes d’apprentissages à tous, et en démotivent plus d’un, le secret de la réussite passe par la recherche de la Voie propre à chacun. Copier son voisin ne mène pas à la réussite. C’est au contraire en sachant puiser au fond de soi-même, et en sachant convertir ses vices (ici la gourmandise) en énergie positive que l’on arrive à se dépasser et à se sublimer. C’est le principe du bouddhisme tantrique himalayen qui privilégie les ‘moyens habiles’ pour parvenir rapidement à l’illumination.

Le grand-maître tortue (symbole de sagesse et de longévité) nous livre par ailleurs de très belles leçons de bouddhisme Chan / Zen avant de fusionner avec l’Univers dans une pluie de pétales de pêchers [1]. Un très beau poème expose l’axiome du "Ici et Maintenant" [2]. La parabole du bol d’eau trouble [3] permet au héros d’appréhender le but à atteindre (les pouvoirs du Dragon).

Les différents styles de Kung Fu sont personnalisés par leurs animaux emblématiques (Tigre, Grue, Mante, Singe, Serpent), dans des décors particuliers au Sud de la Chine où les moines de Shaolin inventèrent ce style de combat, destiné à protéger les populations aux exactions des bandes armées.
La confrontation de la force brute des soldats Rhinocéros face à la technique de la Panthère, ainsi que celle du Panda contre celles des 5 cyclones, sont particulièrement spectaculaires. Mais les morceaux de bravoure du film sont évidemment ceux des maîtres parfaitement accomplis face aux adversaires les plus dangereux, grâce à un mouvement de baguette ou une pression des doigts.

Le seul regret que j’aurai, c’est celui de voir le rôle du disciple dévoyé symbolisé par une Panthère des Neiges, animal qui renvoie plutôt au Tibet. Etait ce une volonté de mieux faire accepter le film en Chine ? Si c’est le cas, c’est la seule faute de goût de ce superbe dessin animé qui mérite d’être vu par les petits comme par les grands.

[1] Les pêches d’immortalité sont censées donner leur longévité aux dieux dans le Paradis chinois. Ce sont elles que le Roi-Singe essaie de voler dans le récit du "Voyage vers l’Occident".
[2] Hier, c’est de l’Histoire. Demain, c’est une Hypothèse, Aujourd’hui est un Présent (dans le sens de Maintenant comme de Cadeau).
[3] L’Esprit est agité et troublé comme de l’eau remuée dans un récipient. Pour voir au-delà de la surface des choses, il faut faire le calme dans son esprit (méditation) de la même façon que de l’eau immobile devient transparente ou peut servir de miroir.

Note : 9/10



Compléments :
> Le site du film.
> Les impacts politiques en Chine sur LeMonde, Rue89.
> Les critiques de CommeAuCinéma, LeMonde, Télérama, Excessif, KrinEin, Cinémasie.
> Sur les Blogs: Cinémaniaque, CulturoPoing, Ultimatom, Matoo.

14/06/2008

Chemins d’Orient (Espace des Arts Mitsukoshi)

Chemins d’OrientVoyages Picturaux le Long de la Route de la Soie.

De 1992 à 2001, les magasins Mitsukoshi nous avaient régalés avec la crème de la crème des artistes japonais (notamment de nombreux "Trésors Nationaux Vivants"). Puis, leur espace d’exposition parisien s’était mis en hibernation, au point qu’on pouvait craindre une fermeture définitive.
Mais, non. Reprise en 2006, la programmation semble redevenir régulière avec 2 expos par an, sur des périodes malheureusement un peu courtes.

En ce moment, nous avons la chance de pouvoir découvrir une rétrospective de HIRAYAMA Ikuo, peintre traditionnel japonais [*] au parcours un peu hors du commun.
Irradié à Hiroshima, premier bénéficiaire d’une bourse de l’Unesco pour étudier en Europe, ayant multiplié les voyages dans tous les pays de la Route de la Soie, il promeut l’universalité de l’Art et la nécessité de l'Echange et de la Mémoire. Il fait d'ailleurs partie des personnalités qui oeuvrent sans relâche pour la préservation du patrimoine culturel mondial.

Vision de la Terre Pure de l’Ouest (Hôkai-ji, Hino)

La sélection de ses œuvres présentées à l’espace Mitsukoshi-Etoile est assez représentative de son style et de sa carrière (Route de la Soie, peintures bouddhistes, scènes traditionnelles japonaises), malgré un échantillon nécessairement réduit par la taille des salles d’exposition.
Seuls regrets : que les grands tableaux soient un peu à l’étroit (manque de recul), et que le sens logique d’accrochage ne soit pas toujours respecté. Il est dommage par exemple que le but des caravanes allant de l’Est vers l’Ouest soit une représentation de Kyoto, alors que l’exposition du "Hirayama Ikuo Silk Road Museum" y met la toile du Forum Romain.

Malgré tout, l’ensemble est superbe, et indispensable pour tout amateur parisien d’Art japonais.

[*] Nihon-ga : peinture effectuée avec des poudres minérales extrêmement diluées dans un liant organique (colle). On multiplie les couches (parfois une centaine) pour donner de l'opacité et de la nuance.

Compléments :
> L'expo sur le site de l'Espace des Arts Mitsukoshi.
> Le site de l'Expo.
> D'autres tableaux de Hirayama Ikuo sur Galery-Sakura.
> L'expo sur le web: Artscape, Dandylan, ArtMichiko, Asia-Tik.

10/10/2007

Monkey, Journey to the West de Chen Shi Zheng

Monkey au ChateletA l’Ouest, du Nouveau.

Succès incontestable pour le Théâtre du Châtelet, qui était sorti de sa programmation habituelle en nous proposant une variante modernisée du "Voyage en Occident". Il faut dire que le metteur en scène, Chen Shi Zheng, n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il avait déjà (re)créé une exceptionnelle version intégrale du "Pavillon aux Pivoines (Mudan Ting)" (La Villette, Nov.99) [*].

La salle était pleine, et plutôt peuplé d’une faune de bobos et d'otakus entre 2 âges, peu courante en ces lieux. Il est vrai que le message délivré par les pérégrinations du Roi-Singe est assez universel, et supporte facilement plusieurs niveaux de lecture.
Il y a d’abord le récit d’aventures fantastiques animalières, aptes à captiver les plus jeunes, et qui ont assuré sa transmission au cours des siècles sous forme de conte enfantin.
Il y a ensuite la fable politique, où un moins que rien, né de la Terre et sans ascendants prestigieux, finit par arriver au sommet de la Création, après avoir remis en cause l’ordre établi par les puissants, la bonne société et ses conventions, malgré un passage en prison qui dure quand même 500 ans.
Il y a enfin la parabole bouddhiste, particulièrement présente dans "Monkey", même si de nombreux spectateurs n’y ont peut-être pas été très sensibles (textes en chinois, sur-titrés en français). Le Singe est au départ le symbole de la pensée anarchique, non maîtrisée. Animal, né de la roche, il parcourt successivement les 5 éléments (Terre, Eau, Air, Feu, Ether), en s’élevant au passage, matériellement comme spirituellement. Le cheminement au cours des 9 tableaux renvoie à l’Octuple Sentier et sa mise en œuvre des qualités qui vont le conduire à devenir un Bouddha accompli. La symbolique standard de ce trajet est celle qui est représentée dans tous les stupas/pagodes et mandalas du monde bouddhiste.

L’Opéra chinois est déjà un spectacle complet incluant le théâtre, la musique, le chant, le mime, la danse, les acrobaties, les arts martiaux. Avec Jamie Hewlett, on a en plus des décors, des effets spéciaux et des dessins animés (excellents) qui en font un spectacle total parfaitement intégré. Le résultat est remarquable, quelque que soit le tableau et les personnages (Forêt des Singes, Mer Orientale, Royaume des Cieux, Paume de Bouddha, Femmes Araignées, Montagne Volcanique, …).
A côté, la partition musicale de Damon Albarn, bien qu’intéressante parait un peu trop sage et en retrait. Il réussit néanmoins parfaitement à concilier un style occidental plutôt pop symphonique avec un type mélodique plutôt asiatique (sans les crin-crins des erhus). Seule petite faiblesse, le chant de certains interprètes chinois, sans doute peu habitués à une musique aussi occidentalisée.

Bref une petite merveille, à ne pas manquer pour ceux qui auraient encore l’occasion de le voir (au pire à Berlin en 2008).

[*] CD disponible dans la collection Inédits, Enregistrement video effectué par Arte.

Note: 9/10

Compléments :
> Les critiques de Rue89, Fluctuat, LeMonde, LaLibreBe.
> Sur les blogs: Etapes, Agoravox, Matoo, Cizion, PierreEquoy.
> Video explicative/illustrative de Vincent Durand-Dastès sur Telerama:



Sur la légende du Roi-Singe :
> la version originale ("Xi You Ji") de Wu ChengEn, paru dans la Pléiade.
> la meilleure version ciné: celle de Jeffrey Lau et Stephen Chow (Cf DeVilDead, CinéAsie, DvdRama).
> la version mythique en dessin animé du studio de Shanghai.
> la meilleure adaptation en dessin animé: celle de Saiyuki.
> la version bande dessinée chinoise, "Le Voyage en Occident" par Chen WeiDong et Peng Chao, en cours de publication en France chez Xiao Pan.

04/10/2007

Birmanie: Journée Blogs Solidaires

Free Burma
Free Burma.

Aujourdhui, 4 octobre, est organisée une journée de solidarité des blogueurs avec le peuple birman.

Plus de détails sur Pointblog et FreeBurma.

D'autres infos sur la Birmanie sur Tibet-Info ( et ) ainsi que sur Rue89 et sur Yahoo Actualités.

Voir aussi les dessins de Chapatte sur Yahoo Cartoons (notamment celui-ci, celui-là et celui-là) et le projet "Birmanie, la peur est une habitude" (malheureusement pas très à jour) sur birmanie.org.

Free Burma
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