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06/09/2008

Collection L’Autre Guide (Ed. Liana Levi)

Le Japon des JaponaisDes Guides pas comme les Autres.

On trouve à foison sur le marché des guides touristiques censés nous présenter les richesses naturelles et architecturales d’un pays donné. Si on veut approfondir sa connaissance du sujet sans se plonger dans de gros ouvrages indigestes, il est possible de trouver dans les journaux ou magazines des analyses économiques, historiques ou autres, mais traitées de façon assez parcellaires et avec un biais important lié aux connaissances (très) limitées du journaliste signataire des articles.

Autant dire que le premier jour où on débarque de l’avion, on est confronté à un sacré choc culturel, tellement sont grandes nos différences dans la représentation du monde, la façon d’exprimer nos émotions ou se tenir en société. Certains guides mentionnent en passant les ‘drôles de pratiques’ de certaines populations (sous-entendant la supériorité de notre mode de vie sur celle de ces ‘barbares’), d’autres plus honnêtes essaient d’inclure un chapitre de savoir-vivre destiné à ne pas faire trop d’impairs.

L’Inde des IndiensL’ambition de la collection "L’Autre Guide" chez Liana Levi est d’être un guide de civilisation fournissant au lecteur français une bonne représentation de la population étudiée, permettant d’en comprendre les singularités pour ne pas débarquer dans leur pays avec les yeux déformés par nos habitudes coutumières.
La démarche n’est pas nouvelle. D’autres ouvrages dans le passé ("Guides Contacts" chez Solar, collection Autrement, …) ont essayé de fournir le même type d’informations sans arriver à se maintenir dans la durée. Le marché est en effet assez étroit et la rentabilité assez faible face à des guides classiques produits à la chaîne pour un touriste qui ne veut pas trop se remettre en question.
Quoi qu’il en soit la démarche est louable pour approcher rapidement la mentalité d’un pays, sans avoir à picorer ici et là les informations nécessaires.

Le résultat est-il à la hauteur des espérances ?
Après lecture des 3 ouvrages consacrés au Japon, à la Chine et à l’Inde, je ferais un constat mitigé. Si les 2 premiers m’ont paru particulièrement bien exprimer la façon de vivre des populations, leurs invariants culturels, ce qui les rassemblent et ce qui les opposent, le dernier m’a paru être traité de façon assez scolaire, enchaînant les données statistiques, historiques et socio-économiques, sans parvenir à brosser un portrait satisfaisant de ce qui fait « l’âme indienne ».
La collection n’est donc pas homogène, ce qui est dommage, et implique donc soit de feuilleter l’ouvrage avant l’achat, soit de le lire dans une bibliothèque
Mais ceux sur la Thaïlande, la Grèce et l’Italie ayant été appréciés par d’autres lecteurs (voir sur le web), peut-être le raté sur l’Inde n’est-il qu’un accident de parcours isolé.

Compléments :
> Sur le Web: LeJapon.org, EtudiantHumanitaire, NouvelObs, LePetitJournal, VoyageForum.

09/08/2008

Pays de Galles (Cymru)

Le pays du Dragon Rouge.

Souvent le grand oublié des pays du Royaume-Uni, le Pays de Galles est pourtant riche d'innombrables chateaux (normands et anglais), jardins, vestiges romains, abbayes et cathédrales dans un cadre naturel sauvage et majestueux. Depuis les traces de la saga Arthurienne jusqu'au Village du Numéro 6, en passant par ses fantômes (Bodelwyddan, Caerphilly, Carew, Gwydir, Llancaiach Fawr, Monmouth, ...), le pays du Dragon Rouge invite à la recherche du Graal dans des paysages qui ont su s'affranchir des excès de l'exploitation minière du 19-ième siècle.


Image Satellite Pays de Galles

Quelques informations complémentaires ci-dessous.

Bibliographie:
. "Guide Pays de Galles" (Petit Futé).
. "Le Pays de Galles, Identité, Modernité" de Hervé Abalain (Ed. Armeline).
. "Au Royaume du Dragon Rouge" de Sylvie Ferdinand (Ed. Terre de Brume).
. "Le Grand Dieu Pan" d'Arthur Machen (Librio).
. "Quelle était verte ma vallée!" de Richard Llewellyn (Livre de Poche).
. "The Ladies of Llangollen" d'Elisabeth Mavor (Penguin UK).

Cinématographie:
. "Qu'elle était verte ma vallée" de John Ford (1941).
. "L'Anglais qui gravit une colline mais descendit une montagne" de Christopher Monger, avec Hugh Grant (1995).
. "Le Prisonnier" de Patrick McGoohan (1967), série TV tournée à Portmeirion.

Infos - Web:
. Sur Wikipedia et WikiTravel.
. Sur le site de Visit Wales.
. Dossier Pays de Galles sur le site de "l'Université Canadienne de Laval".
. "Pays de Galles" : site dédié à la région.
. Le Pays de Galles sur TerresCeltes.
. Informations pratiques chez EasyVoyage, LeRoutard, LonelyPlanet, EuropaPlanet.
. Cartes et documents sur LexiLogos.
. Chateaux gallois sur CastleWales.
. Sites religieux gallois sur Sacred Destinations.
. Fantômes gallois sur PaysDeGalles, Haunted-Britain et BBC-Wales.

Le Pays de Galles en France:
. Le Pays de Galles est à l'honneur du Festival InterCeltique de Lorient du 1 au 10 août 2008.

Photoramas:
. "Virtual Tour of Portmeirion".
. "Wales Travel Photos" sur Igougo.
. "Photos Wales sur Flickr.
. "PaysDeGalles2005 d'Alberto", "PaysDeGalles2008 de Rinty35", "PaysDeGalles2008 de Lena", "Swansee d'Anthony" sur PicasaWeb.
. Mes propres photos sur PicasaWeb:

Pays de Galles 2008



Carte Pays de Galles:
Wales (carte)

20/03/2008

Inde du Sud

Le pays où les Dieux dansent.

L’Inde du Sud est la partie la plus mystérieuse, la plus colorée du sous-continent. C’est celle des grands temples-cités où l’hindouisme est toujours extrêmement vivant.
Les Dravidiens, occupants originels de l’Inde néolithique, furent repoussés vers le sud lors des grandes invasions du II-ième millénaire avant notre ère. Même le grand empereur Ashoka ne réussit pas imposer sa domination dans le Deccan, mais l’hindouisme y pénétra et s’y développa avec une autre approche et une autre esthétique que dans le Nord. Longtemps le Sud fut déchiré par les conflits entre Chola, Chalukya et Pallava. Ces derniers finirent par l’emporter tandis que le culte de Shiva et le jaïnisme se développaient avec une ferveur passionnée : les Pallava firent sculpter, dans les collines de Mahäbalipuram, le splendide relief de "La Descente du Gange"…
Au X-ième siècle les Chola dominèrent l’Inde du Sud et édifièrent à Tanjore le grand sanctuaire dédié à Shiva Nataraja, le "Maître de la Danse" qui confère son énergie au monde. Ils le représentèrent dans des bronzes d’une remarquable beauté plastique que l’on peut admirer au musée de Madras. Si Mysore évoque tous les fastes de l’Inde des maharadjahs, Belur et Halebid offrent la plus raffinée des statuaires.
Le pays tamoul, de Madras à Maduraï, permet de pénétrer au plus profond des traditions ancestrales… Et pourtant, que de différences entre la puissance des immenses gopurams du temple de Maduraï, véritables montagnes faites de main d’homme, peuplées d’une foule de statues à la polychromie éclatante, et la grandeur contenue d’un sanctuaire tel celui de Gangaikondacholapuram !
La côte du Kerala enfin est un paradis tropical à l’atmosphère originale. Elle fut marquée par le martyre de Saint Thomas et la présence des chrétiens de l’Eglise des Malabars, rattachés au lointain patriarcat d’Antioche. Les souvenirs de l’ère coloniale flottent encore aujourd’hui dans ce qui furent les comptoirs des différentes "Compagnies des Indes"…

Image Satellite Inde

Quelques informations complémentaires ci-dessous.

Bibliographie:
. "Guide Bleu : Inde du Sud" (Hachette).
. "Inde du Sud : A la rencontre du danseur cosmique": Guide Olizane.
. "L'Inde des Indiens": de Catherine Clément et André Lewin (Editions Liana Levi).
. "Fous de l'Inde : Délires d'Occidentaux et sentiment océanique": de Régis Airault, ancien psychiatre au consulat français de Bombay (Editions Payot).
. "Le Dieu des Petits Riens": roman d'Arundhati Roy (Gallimard Folio).

Cinématographie:
. "Inde des Dieux et des Hommes" documentaires de Dominique Rabotteau et Frédéric Soltan (France Télévision).
. "L'Inde de la Mer et des Hommes" documentaires de Dominique Rabotteau et Frédéric Soltan (France Télévision).
. "L'Inde des Jours et des Hommes" documentaires de Dominique Rabotteau et Frédéric Soltan (France Télévision).
. "Des trains pas comme les autres : L'Inde du Sud" (2005) documentaire de François Gall (France Télévision).
. "Ayurveda" (2006) documentaire de Pan Nalin.
. "Les Dieux ne meurent jamais" (2004) documentaire de Laurent Aubert, Ravi Gopalan Nair, Patricia Plattner et Johnathan Watts.

Discographie:
. La musique carnatique sur le site d'Audrey Prem Kumar.
. Discographie Musique indienne arrêtée à fin 2002.
. Le catalogue Ocora.
. La musique indienne chez l'éditeur Inédit.

Infos - Web:
. Un site très complet sur l'Inde.
. Dieux et Déesses Hindous de l'Inde.
. Mythologie Hindoue.
. Sur "Wikipepia".
. Dossier Inde sur le site de "l'Université Canadienne de Laval"
. "Easy Voyage": Informations pratiques .
. Chez "Clio": dossier culturel sur l'Inde.
. Le site Pondichery.com dédié aux franco-indiens.

L'Inde du sud à Paris:
. Le quartier indien de Paris se situe dans les environs de la Gare du Nord, aux alentours de la station de métro Chapelle. Outre les nombreux magasins typiques (nourriture, vêtements, CDs, DVDs, ...), on y trouve un temple de Ganesh, malheureusement assez mal signalé. La procession de sa statue dans les rues du 18-ième arrondissement, tous les ans à la fin août, est un évênement à ne pas rater.
. De nombreux spectacles de danses/musiques indiennes sont organisés chaque année à Paris, spécialement au Théâtre de la Ville, au centre Mandapa et Salle Adyar, ainsi qu'à la Maison des Cultures du Monde.

Photoramas:
. Sur le "carnet de voyage de Jean-Marc Laboure": photos d'un voyage effectué en aout 2001.
. Sur le site web de Baudelet.net.
. Sur le site "LeVoyageur".
. Photos de Patrick Chatelier sur "FotoPlanète".
. Photos de Claude Renault sur l'Inde.
. Mes propres photos sur PicasaWeb:

Inde du Sud 2008



Carte Inde du Sud:
Inde du Sud (carte)

05/11/2007

Le Dernier Voyage du Juge Feng (Mabei Shang De Fating) de Liu Jie

Le Dernier Voyage du Juge FengLa Mort annoncée du Communisme et des Minorités.

C’est toujours intéressant de voir un film se passant dans une région qu’on a soi-même visité. Cela permet de repérer et comprendre de nombreux petits détails qui seraient autrement passés inaperçus. En retour, on comprend mieux le mode de vie des populations qu’on n’a fait que côtoyer, sans avoir le temps et les moyens de fréquenter de façon plus approfondie.

Le récit du "Dernier Voyage du Juge Feng" se passe dans le nord du Yunnan, sur les contreforts de l’Himalaya. Le comté de Ninglang, dépendant de Lijiang, est essentiellement peuplé de Naxi et de Yi avec une petite communauté Mosuo autour du lac Lugu. La région est très montagneuse, formé de petites vallées constituées autour des affluents du Fleuve aux Sables d’Or (Jinsha), le fleuve qui en grossissant finira par devenir le célèbre Yangzi Jiang (vu dernièrement dans "Still Life"). De nombreuses prises de vues montrent l’une de ses boucles, située dans la région du Mont du Dragon de Jade (Yulong Xue Shan). La région est proche de l’ancien Tibet historique (on voit d’ailleurs à un moment, une caravane de marchands tibétains venu vendre leur sel et acheter des produits locaux).

MosuoProvince pluriethnique, le Yunnan essaie de conjuguer les traditions des nombreuses minorités locales avec les institutions de l’Etat central. Evidemment, Justice, Police, Armée, Ecoles sont entièrement contrôlées par Pékin. Mais la vie des villages telle qu’elle est montrée dans le film est en complète voie de disparition. Si la vie des paysans les plus pauvres et isolés (notamment les Yi noirs) ressemble à peu près à ce qu’on voit, celle des Naxi (près de Lijiang) et des Mosuo (concentrés autour du lac Lugu) a profondément changé suite aux travaux d’infrastructures (routes, ponts, relais télécoms, …) menés ces dernières années, et à l’invasion touristique qui s’en est suivi, aussi bien par les chinois aisés du littoral que par les étrangers occidentaux. Le centre-ville de Lijiang, à peine aperçu lors du départ du 4x4, est aussi fréquenté au mois d’août que les sites touristiques des grandes villes européennes. Les jeunes fuient leurs villages pour trouver du travail, rêvent de se marier à l’occidentale (grande robe blanche de rigueur) et ont tous un portable, même s’ils s’en servent peu (surtout des SMS) car les communications sont relativement chères pour eux.
Les coutumes périclitent, les costumes traditionnels ne sont plus portés que par les vieilles femmes et les employées du secteur touristique. Le Dongba, ancienne langue sacrée des Naxi, n’est plus parlé et écrite que par une quinzaine de personnes. Ses jours sont donc irrémédiablement comptés.

LijiangLe film de Liu Jie présente tout ceci de façon symbolique avec les personnages du vieux juge (représentant des idéaux du communisme paysan, juste et impartial), de la greffière (une Mosuo, mise à la retraite d’office pour faire place aux jeunes apparatchiks Han), du jeune juge (prétentieux, dogmatique, égoïste, faisant passer ses intérêts personnels avant ceux de la Justice) et de sa fiancée (représentant les jeunes des minorités subjugués par les attraits de la modernité).
Comme ces personnages, la Chine actuelle marche les yeux fermés, indifférente aux dangers de la route, remplaçant la solidarité ancestrale par le ‘chacun pour soi’, laissant derrière elle ceux qui sont trop vieux pour suivre le mouvement. Jusqu’à la chute finale…

Note : 9/10

Compléments :
> Le site du film.
> Les critiques de CommeAuCinéma, Libération, L'Humanité, Telerama, Excessif, Fluctuat.
> Sur les blogs: CriticoBlog, LaSenteurDeL'Esprit, CosmopolitanStories, BenzineMag.

16/08/2007

Chine du Sud: Notes de Voyage

Lotus Bleu, Péril Jaune, Étoile Rouge.

Un voyage en Chine est toujours l’occasion de confronter la réalité du terrain à une représentation fantasmée, issue du regard d’occidentaux pas toujours objectifs et d’une propagande communiste visant clairement à la désinformation.
Le tourisme y est une activité fortement encadrée, il n’est pas possible d’aller partout, mais malgré les clichés et les mensonges d’État, il n’est pas trop difficile de se faire une opinion raisonnée sur ce pays écartelé entre traditions et modernité.
A terme, l’introduction du ver capitaliste dans la grosse pomme rouge risque d’avoir le même effet qu’en URSS dans les années 80. A la vitesse où vont les choses, le rideau de bambou qui cloisonne encore une grande partie de la société chinoise ne devrait pas résister plus d’une dizaine d’années.

Guides:
Jeunes, inexpérimentés, parlant mal le français (et quelques fois mal l’anglais), peu cultivés, essayant de réciter par cœur des informations standardisées pas toujours exactes et souvent superficielles, ils sont néanmoins indispensables pour effectuer toutes les formalités administratives nécessaires sans perdre un temps trop précieux. Visiter un site en individuel n’est de toute façon pas dans la mentalité chinoise.

Cuisine:
Parfait pour faire un régime, sans se priver ! Diversifiée, restée proche des recettes traditionnelles, non chargée en additifs artificiels de toutes sortes, la cuisine chinoise des campagnes permet d’éviter le surpoids, tout en se faisant plaisir. Dans les villes, par contre, la malbouffe américaine commence à faire des ravages. Le nombre d’obèses est en augmentation constante. Dans un pays où la grosseur était signe de bonne santé, les maladies cardiovasculaires risquent de faire des dégâts importants.

Shopping:
La Chine est l’usine du Monde. C’est aussi le royaume de la contrefaçon. Résultat, difficile d’acheter quoi que ce soit sans risquer de se faire arnaquer. En général, en Europe, le prix de vente est égal à 2 ou 3 fois le prix d’achat. Donc, lors d’un marchandage, il suffit de partir d’un montant égal à la moitié ou au tiers du prix affiché, pour progresser vers un prix d’équilibre qui satisfasse les 2 parties. En Chine, les dés sont pipés dès le départ. J’ai vu des personnes acheter des objets 6 fois moins cher que le prix initial, et un guide nous a dit qu’on pouvait dans certains cas commencer au dixième de la valeur. Comment est-ce possible ? La réponse est simple. La majorité de ce qui est vendu ne correspond pas à la description qui en est faite. Marques contrefaites, antiquités fabriquées à la chaîne, copies pirates, etc., pratiquement tout est vendu comme étant authentique et de bonne qualité. Mais attention aux désillusions. Outre des passages en douane toujours risqués, des risques médicaux non négligeables, et de grosses déceptions financières, on peut être obligé de ressortir rapidement son portefeuille. Un de mes compagnons de voyage ayant acheté une nouvelle valise plus grande, s’est retrouvé fort dépourvu au bout de 2 jours, ayant perdu successivement ses roulettes, ses poignées, pour finir avec des parois déformées par les manipulations peu délicates des manutentionnaires. Les bonnes affaires coûtent souvent plus cher qu’on ne le croit.

Développement économique:
« Quand la Chine s’éveillera, le Monde tremblera » disait Napoléon. La prédiction s’est réalisée. Ces 10 dernières années, le pays a basculé dans un capitalisme débridé, ressemblant par bien des points à celui qui existait en Europe et aux États-Unis à la fin du 19-ième siècle. Puissance des grands conglomérats contrôlés par une petite oligarchie richissime, pas de droit de grève et de syndicats libres, répression des émeutes par l’armée, chasse aux idées démocratiques, libertaires et anti-impérialistes, rien ne manque à l’inventaire. On se croirait dans du Zola. Les plus malmenés sont comme toujours les paysans des régions pauvres, les habitants des régions industrielles sinistrées, les petits salaires, les vieux sans retraites, les migrants illégaux (sans passeport intérieur), les minorités ethniques. Les tensions s’accumulent entre Est et Ouest, riches et pauvres, privilégiés et laissés pour compte, purs chinois et minorités colonisées. Combien de temps la grenouille pourra-t-elle continuer à grossir sans éclater ?

Villes:
Du passé, faisons table rase ! Tel semble être le credo des responsables chinois, détruisant systématiquement les constructions anciennes pour implanter gratte-ciels, autoroutes et autres constructions modernes, fonctionnelles mais sans âme. La population, non indemnisée, n’a plus qu’à aller s’implanter un peu plus loin, et aller grossir les rangs des nouveaux pauvres, exclus de la croissance.

Patrimoine Culturel:
Pourquoi conserver des vieilleries ? Le chinois est pragmatique. Pour lui, ‘restaurer’ veut dire refaire à neuf. Tant pis pour le cachet d’une pièce ancienne. Reconstruction en béton de bâtiments anciens, peintures acryliques pour raviver les outrages du temps, rien n’est trop beau pour avoir de quoi satisfaire un tourisme de masse peu habitué aux subtilités des styles et des techniques anciennes. L’important est de pouvoir se faire tirer le portrait à côté de quelque chose de photogénique. Les quelques pièces historiques croupissent dans des vitrines poussiéreuses qui n’intéressent pas grand monde. Le communisme chinois, tourné vers un avenir forcément radieux, n’a que faire des reliques du Passé.

Drogue:
Le Yunnan n’est pas loin du Triangle d’Or. Ça se voit. Depuis l’ouverture de la région au tourisme, il y a une dizaine d’année, est apparue toute une faune analogue à celle qu’on rencontrait à Katmandou dans les années 70. Venu profiter du bon air des montagnes où poussent sans contraintes cannabis et pavot, ils ont profondément modelés l’offre touristique autochtone. Du coup, le confort n’est pas si mauvais pour un endroit aussi reculé, même si l’authenticité des habitants a beaucoup diminuée au profit d’une certaine folklorisation. Les touristes chinois adorent cette ambiance qui les change de ce qu’ils ont l’habitude de voir. Les policiers ne s’attaquent qu’aux gros trafiquants pour ne pas se mettre à dos les minorités locales. Pour le moment tout baigne. Jusqu’à la prochaine campagne "Frapper Fort" ?

Écologie:
Smog dans les villes, fleuves et lacs pollués, trafic automobile en hausse vertigineuse, la situation environnementale de la Chine se dégrade de jour en jour. L’incivisme chronique des chinois rend difficile toute tentative de réformes. Faudra-t-il une catastrophe écologique majeure avant qu’une petite partie des énormes profits commerciaux du pays soit réinvestie dans des industries plus propres et dans le nettoyage des nombreux sites pollués ?

Propreté:
Le cochon est un des animaux fétiche de la Chine. Symbole de prospérité, c’est aussi un composant essentiel de la nourriture quotidienne. Dans les campagnes, il vit à côté de ses propriétaires, mangeant ses déchets, jouant avec ses enfants, vaquant souvent en liberté avec les autres animaux de la maison. Pas étonnant dans ces conditions que se multiplient les épidémies contagieuses (grippe aviaire, SRAS, HIV, …). Comme en plus, il ne viendrait jamais à l’esprit d’un paysan chinois de se laver les mains régulièrement, de ne pas cracher partout, ou de ne pas fumer là où c’est interdit, il est évidemment difficile de mettre en place une politique sanitaire efficace. Quand aux WCs chinois, ceux qui ont eu l’occasion de les expérimenter savent combien il est difficile de ne pas être incommodé par les odeurs, la promiscuité, l’inconfort et le délabrement des installations, et combien il est important de ne pas oublier d’apporter son savon et son rouleau de papier, car il n’y en a généralement pas.

Minorités:
Théoriquement protégées par la Constitution, les minorités nationales sont en pratique réduites à un statut d’assistés, voyant leur échapper les postes de direction ou à forte expertise technique. Colonisés par les Hans, pur beurre, ils arrivent au mieux à conserver leurs spécificités dans des territoires peu autonomes du pouvoir central, et qui se rapprochent plutôt des réserves indiennes aux États-Unis. Au pire, ils sont culturellement en voie d’extinction, leurs langues et traditions n’étant plus pratiquées par un nombre suffisant d’individus (par exemple, seuls 15 personnes savent encore lire et écrire le dongba à l’heure actuelle).

Religion:
Les chinois ne sont pas religieux, mais ils sont superstitieux. Le communisme (surtout au moment de la Révolution Culturelle) avait pourtant tenté d’éradiquer l’Opium du Peuple. Peine perdue. La libéralisation de l’économie s’est accompagnée d’un renouveau impressionnant des pratiques cultuelles. Mais rien de spirituel là dedans. On se déplace surtout dans l’espérance de bonnes récoltes, dans l’espoir de réussir un examen ou d’avoir un fils destiné à perpétuer la lignée familiale. Outre l’autel des ancêtres, situé dans une des pièces de la maison, il existe de nombreux temples, œcuméniques, ‘restaurés’ ou reconstruits dans le style le plus kitch possible. Taoïsme, Confucianisme et Bouddhisme chinois se disputent l’essentiel du marché, fournis par de nombreux commerces proposant bâtonnets d’encens, statuettes votives ou breloques porte-bonheur. Chacun vient dans les temples comme dans une auberge espagnole, ressortant avec ses espoirs après des prosternations identiques quelque soit le lieu. De toutes façon, pas d’exclusives. Pour mettre toutes les chances de son côté, on ira prier de manière égale Confucius, Lao-Tseu, Bouddha, GuanYin, Jésus ou l’une des innombrables personnalités mythique ou divinisée que compte le panthéon chinois. L’efficacité avant tout.

Dalaï-Lama:
KalachakraSa photo est interdite partout. Il est considéré comme un dangereux terroriste, visant à séparer le Tibet de la "Mère Patrie". Mais c’est un personnage incontournable dans le cœur de tous les tibétains et des peuples pratiquant des religions apparentées au Bouddhisme. C’est grâce à lui qu’aucun attentat d’origine tibétaine ne se produit en Chine, alors que des bombes ouighoures y éclatent de temps en temps, posés par des islamistes formés en Afghanistan. On ne le voit pas, mais il est partout. Censé être la réincarnation du bodhisattva de la Compassion (Avalokiteshvara / GuanYin), il est présent à ce titre dans tous les temples, du plus petit au plus grand. La calligraphie du Kalachakra (enseignement dont il est le grand maître) fleurit un peu partout au Yunnan, sous forme d’autocollants apposés sur les vitres. Sa disparition entraînera une grande période d’incertitudes, et risque de sonner le glas de la politique pacifique des tibétains de l’intérieur. Il ne faut pas oublier que les nomades du Kham et de l’Amdo ont coopérés pendant des siècles avec leurs cousins mongols pour le contrôle des steppes asiatiques, et ont en commun la même épopée mythique, celle de Guésar de Ling, le héros qui reviendra restaurer la suprématie des nations tibéto-mongoles (rêve également caressé un temps par von Ungern-Sternberg). Le jour où les mongols s’éveilleront, la Chine tremblera...