Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/03/2006

Witch Hunter Robin

Chasse aux Sorcières & Coexistence des Communautés

Tokyo de nos jours : une unité spéciale d’une organisation secrète, qui dépend de la 'Sainte Inquisition' de Rome traque les 'sorciers': des individus manifestant des pouvoirs mentaux jugés dangereux pour la société.
Comme pour les "X-Men", ces pouvoirs ont une origine génétique et s’expriment en général au moment de l’adolescence. Les individus concernés sont donc tracés en permanence par la police (fichiers généalogiques) et interpellés lorsque leurs activités laissent craindre une menace pour le genre humain.
Pas de bûchers comme dans les temps anciens, mais pas de procès non plus, et pas de défense possible comme dans toute bonne société totalitaire. Considérés comme non-humains, ils sont condamnés d’avance à une mise à l’écart dans une prison secrète mal définie.
Comme dans "Minority Report", le point de vue celui des 'chasseurs', sûrs de leur bon droit et dévoués à la protection du public, mais qui vont finir par se poser des questions sur leur rôle véritable. Où est en effet la limite entre innocents et coupables ?
Les chasseurs eux-même possèdent des caractéristiques intermédiaires entre les sorciers et les humains normaux. Dans ce cas, où tracer la différence entre le chien et le loup ?

Cette série reprend certains des thèmes liés aux 'surhommes' cachés au sein de l’humanité. Depuis les héros et demi-dieux de la mythologie antique jusqu’aux 'mutants' chers aux 'comics' américains, en passant par les sorcières du Moyen-Age et les 'Grands Maîtres' des sociétés secrètes ésotériques. On peut aussi penser à la chasse aux intellectuels subversifs par les polices politiques dans les régimes totalitaires.
Comme toute minorité aux origines ou au modes de vie légèrement différents, ayant des 'pouvoirs' craints parce que fantasmés, les sorciers sont les boucs émissaires tout trouvés pour les problèmes affectant la communauté.
L’ambiance, due au mélange entre pouvoirs moyenâgeux et modernité des moyens répressifs, est proche de "X-Files" ou de "Brazil". Le design oscille entre le Gothique et l’Art Nouveau. Le rythme est lent mais soutenu, et permet de se plonger progressivement dans cet univers jusqu’à l’explication finale, proche de la 'solution finale' prônée par un célèbre moustachu, et l’avènement d’une nouvelle Eve réconciliant l’ensemble de l’Humanité.

Note : 9/10

Compléments :
> Les fiches de "DvdAnime", "DvdCritiques", "MangasLand", "AnimeLand", "Manga-Anime", "MangaAnimation".
> "Les Sorcières de Salem" de Arthur Miller: pour le parallèle entre le MacCarthysme et les 'sorcières' pendues à Salem en 1692.
> "La Violence et le Sacré" et "Le Bouc Emissaire" de René Girard: pour une analyse du mécanisme du 'bouc émissaire'.

23/07/2005

La Guerre des Mondes

Spiel-Krieg

Le film évênement du mois de Juillet 2005 (sorti juste avant l'Independance Day) !
Bon, je ne vais pas revenir en détail sur tout ce qui a été dit ici ou là.
Ceux qui ne l'ont pas encore vu devaient être ... sur la planète Mars.

En résumé:
- oui, les effets spéciaux sont très impressionnants (la production avait les moyens, ça se voit)
- oui, Dakota Fanning est vraiment la meilleure actrice de sa génération (à suivre ...)
- oui, Tom Cruise joue moins stupidement que d'habitude
- oui, Tim Robbins est égal à lui-même (excellent)
- oui, Steven Spielberg a laissé de côté le style gnan-gnan qui le caractérise trop souvent
- oui, c'est une bonne et respectueuse adaptation du roman anticolonialiste de HG Wells (dans son esprit, car il y a d'inévitables modifications)
- oui, on sent le traumatisme post-attentats du 9/11 (les américains et leur armée ne sont plus aussi invincibles qu'avant)
- oui, les combats sont vus d'une façon beaucoup plus réaliste que dans les films de guerre habituels (l'impréparation, la fuite, la débacle, les cadavres, les abris souterrains, ...)
- oui, la fin est vraiment très 'happy end' hollywoodien (mais bon il faut quand même que les rednecks du Middle West en aient pour leur argent)

Là où je voudrais rajouter mon grain de sel, c'est sur la pertinence du message qui nous est délivré:
" même quand on est une super-puissance, avec tout l'armement le plus moderne et aucun scrupule pour s'en servir, il n'est pas possible de dominer le monde. "

Comme dans le bourbier vietnamien ou les sables irakiens, même avec l'agent orange, les satellites ou les bombes 'intelligentes', la victoire finit toujours par basculer tôt ou tard du côté des autochtones.
Finalement Spielberg fait un film plus subversif et moins pessimiste que Paul Verhoeven dans "Starship Troopers", puisque ce dernier finissait sur la défaite des insectes indigènes (lire: les indiens du Far West) face à un régime impérialiste américain.

Cet aspect est souligné par les prologues et épilogues parlés.
Là où la version de 1953 rendait explicitement grâce à Dieu d'avoir créé les microbes pour la défense du genre humain, Spielberg invoque plutôt la force symbiotique de communautés obligés de vivre ensemble (la peste et le choléra sont, malgré tout, les meilleurs alliés de l'homme !).

L'épilogue pourrait aussi bien servir pour le film relatant une guerre pas encore terminée:
"dès le moment où les américains posèrent le pied en Irak, ils étaient condamnés ..."

Finalement, en 3 films ("La liste de Schindler","Il faut sauver le soldat Ryan" et "La guerre des mondes") il nous propose une réflexion intelligente sur la guerre qui nous change des blockbusters habituels.
De quoi attendre sans crainte son prochain long métrage qui devrait traiter du massacre des JOs de Munich en 1972, et du terrorisme d'état pratiqué ensuite par les israéliens.


Note : 7/10

> Fiche Cinéfil