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02/08/2008

Kung Fu Panda (Dreamworks)

Kung Fu PandaLes Baguettes d'Or de Shaolin.

DreamWorks Animation dont les films ont toujours eu du mal à se hisser au niveau de ceux de Pixar, vient cette fois de frapper un grand coup.

Comme souvent dans les films destinés à un jeune public, le scénario prend la forme d’un récit initiatique, en l’occurrence celui du petit gros moqué par ses camarades qui devient le meilleur d’entre tous. C’est un aspect qui rebutera sans doute certains adeptes d’un cinéma ‘intello’. Mais les scénaristes se sont surpassés en intégrant l’univers du cinéma de Kung Fu de Hong-Kong, et arrivent à proposer plusieurs niveaux de lecture propre à satisfaire les plus exigeants. Il est rare de voir une telle connaissance du milieu sino-bouddhique dans un long métrage purement hollywoodien, et la philosophie qui s’en dégage est éminemment sympathique.

Passons rapidement sur l’importance du maître (Shifu) et de l’importance d’un enseignement direct qui permette de s’adapter aux capacités du disciple. Loin des méthodes modernes qui imposent les mêmes méthodes d’apprentissages à tous, et en démotivent plus d’un, le secret de la réussite passe par la recherche de la Voie propre à chacun. Copier son voisin ne mène pas à la réussite. C’est au contraire en sachant puiser au fond de soi-même, et en sachant convertir ses vices (ici la gourmandise) en énergie positive que l’on arrive à se dépasser et à se sublimer. C’est le principe du bouddhisme tantrique himalayen qui privilégie les ‘moyens habiles’ pour parvenir rapidement à l’illumination.

Le grand-maître tortue (symbole de sagesse et de longévité) nous livre par ailleurs de très belles leçons de bouddhisme Chan / Zen avant de fusionner avec l’Univers dans une pluie de pétales de pêchers [1]. Un très beau poème expose l’axiome du "Ici et Maintenant" [2]. La parabole du bol d’eau trouble [3] permet au héros d’appréhender le but à atteindre (les pouvoirs du Dragon).

Les différents styles de Kung Fu sont personnalisés par leurs animaux emblématiques (Tigre, Grue, Mante, Singe, Serpent), dans des décors particuliers au Sud de la Chine où les moines de Shaolin inventèrent ce style de combat, destiné à protéger les populations aux exactions des bandes armées.
La confrontation de la force brute des soldats Rhinocéros face à la technique de la Panthère, ainsi que celle du Panda contre celles des 5 cyclones, sont particulièrement spectaculaires. Mais les morceaux de bravoure du film sont évidemment ceux des maîtres parfaitement accomplis face aux adversaires les plus dangereux, grâce à un mouvement de baguette ou une pression des doigts.

Le seul regret que j’aurai, c’est celui de voir le rôle du disciple dévoyé symbolisé par une Panthère des Neiges, animal qui renvoie plutôt au Tibet. Etait ce une volonté de mieux faire accepter le film en Chine ? Si c’est le cas, c’est la seule faute de goût de ce superbe dessin animé qui mérite d’être vu par les petits comme par les grands.

[1] Les pêches d’immortalité sont censées donner leur longévité aux dieux dans le Paradis chinois. Ce sont elles que le Roi-Singe essaie de voler dans le récit du "Voyage vers l’Occident".
[2] Hier, c’est de l’Histoire. Demain, c’est une Hypothèse, Aujourd’hui est un Présent (dans le sens de Maintenant comme de Cadeau).
[3] L’Esprit est agité et troublé comme de l’eau remuée dans un récipient. Pour voir au-delà de la surface des choses, il faut faire le calme dans son esprit (méditation) de la même façon que de l’eau immobile devient transparente ou peut servir de miroir.

Note : 9/10



Compléments :
> Le site du film.
> Les impacts politiques en Chine sur LeMonde, Rue89.
> Les critiques de CommeAuCinéma, LeMonde, Télérama, Excessif, KrinEin, Cinémasie.
> Sur les Blogs: Cinémaniaque, CulturoPoing, Ultimatom, Matoo.

27/04/2008

Chasseurs de Dragons d’Arthur Qwak et Guillaume Ivernel

Chasseurs de Dragons
Un Voyage vers l'Occident.

Coup de coeur du mois pour ce dessin animé franco-luxembourgeois qui revisite le thème des Dragons, de façon nettement plus intéressante que l’essai récent de Goro Miyazaki.

Dans un monde onirique, où les terres morcelées flottent au milieu du ciel, vivent des peuples médiévaux harcelés par des dragons aussi divers que variés. Pour les combattre, 4 jeunes héros partent au bout du monde en vue de le sauver. En chemin, ils apprendront à mieux se connaître et triompheront d’abord d’eux-mêmes.

Le thème est classique, c’est celui de la plupart des récits héroïques, mais il est particulièrement bien traité. La 3D se mélange plutôt harmonieusement avec les parties dessinées. Les personnages sont assez variés et originaux pour ne pas se croire dans un énième rabâchage du "Seigneur des Anneaux" ou de la Quête Arthurienne.
Outre les superbes décors aériens, proches de ceux de la série télévisée "Skyland", on trouve tout un univers assez diversifié associant des villages typiquement indonésiens, des temples-montagnes hindous, une belle muraille de Chine, ainsi que d’un château occidental moyenâgeux qui fait immédiatement penser à Laputa (le "Château dans le Ciel").

Dragon Hunters

Si les influences disneysiennes et miyazakienne sont évidentes, on retrouve aussi les plus anciens mythes asiatiques et bouddhistes. Le dragon (symbole du pouvoir) qu’il faut apprivoiser pour éviter le désordre du monde, est évidemment l’un d’entre eux, de même que l’idée d’un univers en éternel recommencement, la vie future se nourrissant de la mort du passé (Cf. les très belle fins de "Wolf’s Rain" ou de "Final Fantasy"), même si tout aspect trop violent est gommé, film tout public oblige.
Le voyage vers l’Ouest pour y trouver la connaissance est également un grand modèle scénaristique. Les personnages sont d’ailleurs assez proche du "Voyage en Occident", le drôle de chien (?) bleu remplaçant le dragon blanc, et le roi-singe emprisonné sous la montagne étant remplacé par une gamine orpheline tout aussi insupportable.

Le mélange est en tout cas magnifique, et permet une vision à plusieurs niveaux qui intéressera aussi bien les enfants que les adultes. Certains y ont même vu une histoire crypto-gay avec un couple de héros (dont l’un est le roi des aiguilles à tricoter) cherchant à installer leur couple dans la chaumière de leurs rêves. Les interprétations possibles sont donc très nombreuses.

Note : 9/10

Compléments :
> Le site du film.
> Le site perso de Guillaume Ivernel (voir Projects / Dragon Hunters).
> Les critiques de CommeAuCinéma, Excessif, àVoiràLire, SanchoAsia, FeatureAnimation.
> Sur les Blogs: CriticoBlog, ThePlaceToBe, Kapalsky, BoF, WeekEndsDon'tCount, PersistanceRétinienne, CritikCiné, LeCinéDeL'Eponge.

10/02/2008

Brave Story (Bureibu stōrī) de Kôichi Chigira

Brave StoryLa Quête de la Mort de l'Ego.

"Brave Story" est le 2-ième film produit par le studio Gonzo, réputé pour des séries comme "Hellsing", "Full Metal Panic", "Last Exile" ou "Gantz".
C’est un gage de qualité au point de vue du dessin et de l’animation. Pourtant "Origine", leur premier essai, avait plutôt déçu, à cause d’un scénario sans grande originalité.

"Brave Story" suit malheureusement le même chemin. Si le début fait parfois penser à "La Traversée du Temps" [1], il n’en a pas le charme et la magie. Le scénario, assez faiblard, lorgne plutôt sur "Les Contes de TerreMer" de Goro Miyazaki. La progression du héros s’effectue comme dans un jeu vidéo de style ‘jeu de rôles’, passant d’un plateau à l’autre en combattant des monstres, et en accumulant des points d’expérience. Du coup, on alterne sans discontinuer des ambiances complètement différentes, qui partent dans tous les sens sans assurer un minimum de cohérence.

C’est d’autant plus dommage que les décors sont souvent sublimes, et la morale de l’histoire consistante et bien amenée. A la recherche d’une Déesse du Destin qui ressemble furieusement à GuanYin, le héros est conduit à mesurer le poids de ses désirs, les conséquences de ses actes, l’interdépendance des agissements humains. Souffrant à cause des autres, il prend conscience de la Souffrance qu’il cause aux autres comme à lui-même, et de l’impossibilité d’échapper à ce cercle vicieux en effectuant une fuite en avant et en se retranchant du monde réel. Être, ce n’est pas vouloir assouvir ses désirs de façon autistique, mais au contraire y renoncer en assumant ses propres limites [2].

BraveStory
Dans le stade final de son initiation, après s’être combattu lui-même, il renonce à la toute puissance qu’il possède en tant que personnage de jeu vidéo (une fausse réalité) pour retourner à une vie normale où il pourra affronter son destin, quel qu’il soit.
Une leçon que risque de ne pas comprendre le public visé, accro aux réalités virtuelles électroniques et à un Orient occidentalisé pour mieux être exporté sur le Grand Marché mondialisé.

[1] avec de superbes nuages, qui devraient être aussi remarqués que ceux de Mamoru Hosada.
[2] « La Liberté, ce n'est pas de pouvoir ce que l'on veut, mais de vouloir ce que l'on peut » (Jean-Paul Sartre).

Note : 6/10

Compléments :
> Le site du film.
> Les critiques de CommeAuCinéma, LeMonde, Télérama, Excessif, Cinémasie, Chronicart, Critikat, KrinEin, AVoirALire, EcranNoir, DvdAnime.
> Sur les Blogs: CriticoBlog, AsieVision, AnimeFrance, MargheritaBalzerani, YotaLand, Elbakin, AnimeKun, PlaneteBD.

15/09/2007

PlanetES (ΠΛΑΝΗΤΕΣ) de Goro Taniguchi

PlanetESEarth Shine, Clair de Terre sur les éboueurs de l'Espace.

Récemment "Sunshine" avait séduit par une bande annonce prometteuse, puis consterné par un scénario stéréotypé faisant évoluer un ‘psycho-killer’ stupide dans un environnement peu crédible (et ça n’était malheureusement pas une parodie). Pour retrouver une ambiance plus réaliste et une histoire qui ne prenne pas les spectateurs pour des demeurés, il faut une fois de plus se tourner vers le dessin animé japonais.

"Planètes" est une série de 26 épisodes qui se situe dans un futur pas très lointain (2075), quand le besoin de ressources énergétiques et minérales nouvelles a nécessité l’établissement de bases lunaires permanentes, et que l’exigence de rapidité des vols transcontinentaux a conduit à la mise en place de lignes extra-atmosphériques. Comme d’habitude, l’activité humaine s’est accompagnée de l’abandon de nombreux déchets, causes possibles d’accidents en tout genre.
D’où l’obligation pour les multinationales autorisées à opérer en orbite, de nettoyer à leurs frais le secteur qu’elles exploitent.
En suivant les membres d’une des équipes de nettoyage, au niveau zéro de la considération dans l’échelle de ces entreprises, on découvre avec beaucoup d’intérêt le quotidien d’un cosmonaute lambda, loin des poncifs grandiloquents qu’ils peuvent avoir dans l’esprit du grand public. A la base de réalisations grandioses, se pose en effet la question des motivations de chacun des éléments de base. Quel but fixe-t-on à sa vie ? Jusqu’où est-on près à aller pour matérialiser ses rêves ? Que faire quand les objectifs de son entreprise entrent en conflit avec les grands principes auxquels on est attaché, ou la survie de ses camarades de travail ?

Là où les studios américains auraient simplifié le scénario à l’extrême, et multiplié les actions héroïques, les japonais s’attachent à détailler toutes les implications d’une vie de l’Homme dans le milieu spatial. Outre les problèmes techniques, humains, écologiques, les scénaristes n’oublient pas de soulever les enjeux politiques, économiques, stratégiques, militaires, les risques terroristes et médicaux, liés à une présence permanente. L’Espace doit-il être réservé à une minorité qui a les moyens d’y aller, ou doit-il profiter à l’Humanité toute entière ? La question n’est pas nouvelle, mais se posera avec encore plus d’acuité lorsque la Lune sera devenue un nouveau continent de la Terre.

Planètes
Un des points fort de la série est également son hyper réalisme scientifique, proche de la SF américaine des années 60 (Arthur C.Clarke ou Isaac Asimov). Le moindre petit détail technique est rigoureusement conforme aux réalités actuelles ou prévisibles dans les années à venir. L’aspect multi-national et pluri-ethnique n’est pas non plus oublié, ce qui nous change des équipages trop souvent décalqués de ceux de la NASA.

Au total, cette série se révèle passionnante de bout en bout, alliant une réalisation très réussie au traitement intelligent de thèmes des plus modernes. Elle plaira aussi bien au fan de hard-science, qu’à l’écologiste alter-mondialiste préoccupé du futur de la Terre.
A visionner impérativement.

Note : 9/10

Compléments :
> Les critiques de NautilusAnime, CinéAsie, KrinEin, DeVilDead, DvdRama, DvdCritiques, DvdAnime, AnimeKun, Animeka, GeneWorld, JapanBar, TaniguchiGoro, DvdCritiques.

29/08/2007

La Traversée du Temps, de Yasutaka Tsutsui

La Traversée du Temps (Kazuko jeune)Cahier à Spirales Temporelles.

Au début de l’été était sorti un charmant petit dessin animé, brillamment réalisé par une des valeurs montantes du japanime. Il laissait néanmoins planer un certain nombre de questions sans réponses, telles que l’importance des nuages dans le ciel estival, l’éventualité d’une nouvelle rencontre entre Chiaki et Makoto, ou les événements du passé de Kazuko (la tante de Makoto). La tentation était forte de lire le roman à l’origine du scénario pour essayer d’y trouver quelques éléments de réponses.

Malheureusement, cet espoir est sans issue. La "Traversée du Temps" de Yasutaka Tsutsui est un ouvrage intéressant, bien écrit, mais particulièrement mince, dépourvu de toute description détaillée de lieux et ne comportant que 4 personnages. Destiné à un public plutôt adolescent, il privilégie les phrases courtes, tournées vers l’action, et se s’embarrasse pas de descriptions superflues. C’est presque un scénario de film, mais sans le story-board permettant de le resituer dans un contexte précis. L’intrigue de base est la même que dans le dessin animé, avec seulement quelques différences dans les détails (camion à la place du train, mélange de parfums à la place de la noix, etc.). Masaru promet également à Kazuko de revenir la voir dans un futur indéterminé.

Kazuko, agée
On mesure d’autant plus le travail colossal qui a dû être fait pour le film, afin d’y créer une ambiance spécifique, définir tous les personnages secondaires, ajouter des intrigues complémentaires, et étoffer suffisamment l’histoire pour ne pas s’ennuyer pendant la centaine de minutes de la projection. Le film y gagne beaucoup, que ce soit dans le comique de répétition des déambulations de Makoto, la modernité psychologique des personnages, ou la profondeur philosophique des réflexions sous-jacentes.

Bref, un bon roman pour ados, agréable à lire et sans prise de tête inutile, mais qui sera un peu décevant pour ceux qui chercheraient à approfondir les mystères du film.

Note : 7/10

Compléments :
> Le site du film et du roman.
> Ma chronique du japanime, et ses références.