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09/05/2009

Maria-Magdalena (Wayn Wash III) de Wayn Traub

Maria-Magdalena (Zhibo Zhao)Rituels et Déca-Danse. 

 

Wayn Wash III:  3-ième partie du cycle comprenant "Maria Dolores" (2002) et "Jean-Baptiste" (2004), mais théoriquement indépendante du récent "NQZC" (2006).

A se fier au livret et au dossier de presse, c'est de la Danse [1], ça parle de Jean-Baptiste (annonciateur du Messie) et de Marie-Madeleine (disciple de Jésus, sinon plus), Wayn Traub serait affublé d'un masque d'oiseau (alors qu'il est seulement maquillé) et serait le chef d'orchestre d'un opéra initiatique.

Sur scène, on voit plutôt un démiurge proche de Faust, évoquant le retour de démons et de femmes castratrices (Salomé, ...), une danse des 7 voiles effectuée par des nonnes asiatiques [2], une société en déclin gangrenée par le consumérisme et la prostitution, des tentatives de retour à la mer/mère (suicide océanique, immersion dans une grotte préhistorique, réincarnation d'un soldat mort).
On y parle de sacrifices rituels, de manipulations médiatiques, de la peur comme fondement du système religieux et social, des différences entre les 2 hémisphères du cerveau, de l'opposition entre un 'Moi' surdéveloppé et un 'Nous' occulté, de l'abandon du sentiment religieux et de ses lieux d'exercice (cimetière abandonné, abbaye à vendre), de l'adoration du Vice au détriment de la Vertu, de l'approche de la Fin du Monde et de l'absence de réponses apportées par les religions officielles, du rôle de l'Art dans le devoir de Mémoire.
L'ensemble est rythmé par une dizaine d'enregistrements vidéo d'origines diverses, censés apporter un point de vue différent à la démonstration (sic).

 

Maria-Magdalena (Wayn Traub)Wayn Traub assure les transitions, oscillant malheureusement entre un sérieux prophétique et un second degré goguenard.
Le spectacle ne semble pas encore très figé, puisque dans certains pays on ne voit/verra pas exactement la même chose (Cf. à Glasgow où on parle aussi d'un archéologue cherchant une statue de Salomé, d'un exorciste colombien et d'un chanteur aveugle dans un couvent, le tout sur 3 écrans).
En bref, la Performance ne semble pas complètement finalisée, et ne peut que dérouter ceux qui ne connaissent pas déjà l'oeuvre protéiforme de Wayn Traub. Il aurait été préférable de ne la présenter que dans quelques années après avoir réussi à en faire un montage un peu plus digeste. Dans l'état actuel, on est loin des chefs d'oeuvre absolus que sont "Maria Dolores" et "NQZC".

Les différents participants sont par contre toujours d'un excellent niveau, que ce soit la troupe belge, les invités de prestige (Simonne Moesen, Omar Porras, Gabriel Rios, ...) ou l'ensemble des acteurs et danseuses chinois.
Un sans faute également pour la partition de Jaan Hellkvist, particulièrement envoutante et bien adaptée au contexte.

 

Note: 6/10

 

[1]: Ceux qui ont l'habitude de voir du Wayn Traub savent pourtant que ses productions sont toujours empreintes d'un mélange complexe de TOUS les arts scéniques et multimédias. A croire que les programmateurs ne sont pas capable d'envisager autre chose que le Théâtre OU la Danse OU la Musique. L'Opéra de Pékin, ça se classe dans quelle catégorie ?
[2]: Référence au "Couvent de la Bête Sacrée" et à tout un cinéma d'exploitation érotico-religieux ?

 

Compléments :
> Le spectacle sur le site du Théatre de la Ville et de la ToneelHuis.
> Le site de Wayn Traub.
> Les analyses et critiques de LaLibreBeDeMorgen, EveneResMusica, Telerama, Froggys, CokoladickaBienCulturel.

10/10/2007

Monkey, Journey to the West de Chen Shi Zheng

Monkey au ChateletA l’Ouest, du Nouveau.

Succès incontestable pour le Théâtre du Châtelet, qui était sorti de sa programmation habituelle en nous proposant une variante modernisée du "Voyage en Occident". Il faut dire que le metteur en scène, Chen Shi Zheng, n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il avait déjà (re)créé une exceptionnelle version intégrale du "Pavillon aux Pivoines (Mudan Ting)" (La Villette, Nov.99) [*].

La salle était pleine, et plutôt peuplé d’une faune de bobos et d'otakus entre 2 âges, peu courante en ces lieux. Il est vrai que le message délivré par les pérégrinations du Roi-Singe est assez universel, et supporte facilement plusieurs niveaux de lecture.
Il y a d’abord le récit d’aventures fantastiques animalières, aptes à captiver les plus jeunes, et qui ont assuré sa transmission au cours des siècles sous forme de conte enfantin.
Il y a ensuite la fable politique, où un moins que rien, né de la Terre et sans ascendants prestigieux, finit par arriver au sommet de la Création, après avoir remis en cause l’ordre établi par les puissants, la bonne société et ses conventions, malgré un passage en prison qui dure quand même 500 ans.
Il y a enfin la parabole bouddhiste, particulièrement présente dans "Monkey", même si de nombreux spectateurs n’y ont peut-être pas été très sensibles (textes en chinois, sur-titrés en français). Le Singe est au départ le symbole de la pensée anarchique, non maîtrisée. Animal, né de la roche, il parcourt successivement les 5 éléments (Terre, Eau, Air, Feu, Ether), en s’élevant au passage, matériellement comme spirituellement. Le cheminement au cours des 9 tableaux renvoie à l’Octuple Sentier et sa mise en œuvre des qualités qui vont le conduire à devenir un Bouddha accompli. La symbolique standard de ce trajet est celle qui est représentée dans tous les stupas/pagodes et mandalas du monde bouddhiste.

L’Opéra chinois est déjà un spectacle complet incluant le théâtre, la musique, le chant, le mime, la danse, les acrobaties, les arts martiaux. Avec Jamie Hewlett, on a en plus des décors, des effets spéciaux et des dessins animés (excellents) qui en font un spectacle total parfaitement intégré. Le résultat est remarquable, quelque que soit le tableau et les personnages (Forêt des Singes, Mer Orientale, Royaume des Cieux, Paume de Bouddha, Femmes Araignées, Montagne Volcanique, …).
A côté, la partition musicale de Damon Albarn, bien qu’intéressante parait un peu trop sage et en retrait. Il réussit néanmoins parfaitement à concilier un style occidental plutôt pop symphonique avec un type mélodique plutôt asiatique (sans les crin-crins des erhus). Seule petite faiblesse, le chant de certains interprètes chinois, sans doute peu habitués à une musique aussi occidentalisée.

Bref une petite merveille, à ne pas manquer pour ceux qui auraient encore l’occasion de le voir (au pire à Berlin en 2008).

[*] CD disponible dans la collection Inédits, Enregistrement video effectué par Arte.

Note: 9/10

Compléments :
> Les critiques de Rue89, Fluctuat, LeMonde, LaLibreBe.
> Sur les blogs: Etapes, Agoravox, Matoo, Cizion, PierreEquoy.
> Video explicative/illustrative de Vincent Durand-Dastès sur Telerama:



Sur la légende du Roi-Singe :
> la version originale ("Xi You Ji") de Wu ChengEn, paru dans la Pléiade.
> la meilleure version ciné: celle de Jeffrey Lau et Stephen Chow (Cf DeVilDead, CinéAsie, DvdRama).
> la version mythique en dessin animé du studio de Shanghai.
> la meilleure adaptation en dessin animé: celle de Saiyuki.
> la version bande dessinée chinoise, "Le Voyage en Occident" par Chen WeiDong et Peng Chao, en cours de publication en France chez Xiao Pan.