24/05/2009
Théatre de la Ville 2009 (Paris)
Le Roi est Mort, Vive le Roi ?
La saison 2008/2009 du Théatre de la Ville s’achève avec un bilan assez mitigé.
Si du point de vue théâtral, d’incontestables réussites (Mefisto fo Ever, Wolskers, Le Retour au Désert, Madame de Sade, Blackbird, Regarde Maman, …) ont voisinés quelques déceptions (Atropa, Le Soleil Ni la Mort, …), la programmation Danse a été beaucoup plus contestable, et contestée.
Dans ce que j’ai vu, hormis les reprises et les danseuses classiques (Inde, ...), on va du simplement correct (Wayn Traub un peu fatigué, Marie Chouinard un peu confuse, Akram Khan un peu perdu, ...) au franchement mauvais (Alain Platel, Jan Fabre, Boris Charmatz, Emio Greco, Maguy Marin, ...). Ce n’est pas très glorieux pour la scène franco-belge.
La saison prochaine sera-t-elle meilleure ? J’ai comme un doute...
Comme l’année dernière, la présentation aux abonnés (mercredi 20 mai) a fait la part belle à la Danse, et surtout au Théâtre. Les Musiques du Monde, et plus encore le Classique, ont été sacrifiés par Emmanuel Demarcy-Mota dont ça n’est visiblement pas la tasse de thé. On regrettera décidément le départ de Gérard Violette.
Coté programmation, on prend les mêmes que d’habitude plus les favoris de EDM dans ses précédentes affectations. La volonté d’ouverture vers les Arts de la Scène européens se fait semble-t-il au détriment de l’Amérique du Nord.
Le soutien inconditionnel affiché envers la « création » se traduit par un chèque en blanc fait à certains « auteurs » contemporains, dont on ne juge malheureusement jamais a posteriori le travail, pour voir si les choix effectués étaient pertinents.
On retrouve donc dans le programme les mêmes vieux tâcherons de la saison précédente, qui pourront continuer à faire n’importe quoi sans avoir à se remettre en cause. Tant pis pour les jeunes créateurs européens qui auraient pu avoir besoin d’un coup de pouce pour percer sur la scène parisienne.
Heureusement, on invite un certain nombre d’artistes du Tiers-Monde qui semblent prometteurs. De même, un certain nombre de reprises bien choisies permettront de remplir les salles, et de financer les 90 spectacles programmés, malgré les spectateurs échaudés par les « créations » fumeuses des copains.
L’ouverture vers les enfants (programmes spéciaux, horaires adaptés et ateliers scolaires) et les jeunes générations (tarif réduit pour les moins de 30 ans) est par contre un point à noter et à encourager. Ça permettra peut-être de renouveler le public, dont la moyenne d’âge, étrangers non compris, est plutôt élevée.
On regrettera par contre, que l’objectif d’ouverture du théâtre vers le Monde et la création Multimédia, ne s’accompagne pas d’un effort équivalent sur le Web. Pendant 3 heures, on n’a pas une seule fois entendu le mot Internet. Pour toute information, on était prié de se reporter à la brochure papier, ou, audace extrême, à une présentation vidéo qui doit tourner en boucle sur une télé dans le hall d’accueil du théâtre. Comment expliquer un si grand écart entre les buts affichés et les moyens employés ?
On trouvera bizarre également d'entendre qualifier d’« absolument nouveau » le travail de la compagnie Teatro Cinema, alors qu’elle se situe manifestement dans la grande tradition du benshi japonais ou d'une compagnie comme le "Teatro de Ciertos Habitantes". Ça parait assez hallucinant pour l’équipe chargée de diriger une des plus grandes salles parisiennes.
Dans la programmation à venir, j'aurai tendance à recommander:
Théatre/Opéra:
. "L'Opéra de Quat'Sous" (1928) de Bertolt Brecht et Kurt Weill, par le Berliner Ensemble, du 15 au 18 septembre 2009, et du 1 au 4 avril 2010.
. "I went to the House but did not enter" de Heiner Goebbels, avec le Hilliard Ensemble, du 23 au 27 septembre 2009.
. "Sin Sangre" par la compagnie TeatroCinema, du 14 au 19 décembre 2009.
. "Casimir et Caroline" (reprise) de Odon von Horvath, par Emmanuel Demarcy-Mota, du 19 au 24 janvier 2010.
. "Amphitryon" de Molière, par Bérangère Jannelle, du 27 janvier au 12 février 2010.
. "Tori no tobu takasa" d'après "Par Dessus Bord" de Michel Vinaver, par Arnaud Meunier, du 15 au 20 février 2010.
. "Richard II" de Shakespeare, par le Berliner Ensemble, du 8 au 11 avril 2010.
. "Pâvakathakali", marionnettes traditionnelles du Kerala, du 19 au 24 avril 2010.
Danse:
. "Rosas danst Rosas" (1983) par Anne Teresa De Keersmaeker, du 23 au 29 octobre 2009.
. "Pororoca" par la compagnie Lia Rodrigues, du 25 au 28 novembre 2009.
. "Tempest: Without a Body" par Lemi Ponifasio et la Mau Company, du 27 au 30 janvier 2010.
. "Dance" (1979) de Lucinda Childs, par le Ballet de l'Opéra National du Rhin, du 14 au 17 avril 2010.
. Création 2010 par Sankai Juku, du 26 avril au 4 mai 2010.
. "Beautiful Thing" par Padmini Chettur, du 3 au 5 mai 2010.
. "Bare Soundz" (Tap Dance) par Savion Glover, du 9 au 13 juin 2010.
Concerts:
. 17 Hippies (Allemagne), le 14 novembre 2009, pour l'anniversaire de la chute du Mur de Berlin.
. Renata Rosa et les polyphonies indiennes Kariri-Xoco (Brésil), le 25 novembre 2009.
. En Chordais (Grèce), le 2 décembre 2009.
. Altan (Irlande), les 8 et 9 janvier 2010.
. Bunun et Piuma (Taiwan), le 23 janvier 2010.
. Sur la route de Gengis Khan (Mongolie), les 6 et 7 février 2010.
. Majorstuen (Norvège), le 27 mars 2010.
. Musique du Toit du Monde (Tadjikistan, Afghanistan, Pakistan), les 29 et 30 mai 2010.
> La brochure du programme est déjà disponible en pdf.
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23/05/2009
Bonté Divine!, de Louis-Michel Colla et Frédéric Lenoir
Nourritures Spirituelles et Crise de Foi.
Un curé, un rabbin, un imam et un moine bouddhiste sont dans un bateau. Dieu tombe à l’eau. Qu’est ce qui reste ? Tel est en gros le thème de cette pièce, mélange de comédie et de réflexion philosophique, écrite par Louis-Michel Colla et Frédéric Lenoir, et menée de main de maître par Roland Giraud.
En posant les questions qui fâchent, la première partie permet de resituer le débat et d’évacuer les controverses sur lesquels se focalisent malheureusement les intégristes et les médias. Très consensuelle, chacun peut se voir conforter dans ses opinions sans se sentir obligé de critiquer celles de son voisin.
Heureusement, la deuxième partie vient mettre un peu de piquant dans l’ensemble. En multipliant les petites vacheries, les aphorismes, les histoires ‘drôles’, chacun souligne en se moquant des particularismes idiots de chacun de ses confrères ou de ses propres coreligionnaires (protestants, autres traditions bouddhistes, …). Néanmoins, la critique est équilibrée, soulignant surtout la prétention à l’universalité, la place inférieure des femmes, le dogmatisme des règles. Malgré tout, la cohérence globale des 3 religions du Livre n’en est que plus évidente, malgré leurs petites différences dues aux causes politiques ou aux vicissitudes de l’Histoire. Il est par contre dommage que le rôle du moine Theravada soit plus fade que celui des 3 autres. Malgré quelques aphorismes bien envoyés [*], il est trop souvent passif face aux autres, l’essentiel de la doctrine, à l’exception des "4 Nobles Vérités", étant le plus souvent exprimé par un des autres protagonistes. D’où quelques approximations un peu trop expéditives.
La crise existentielle du prêtre permet toutefois de remettre l’Homme à sa place. Quelques soient les règles professées, il y a souvent un abîme entre la théorie et la pratique. Combien de religieux seraient prêts à mettre en jeu leur vie, qu’il prétendent pourtant éternelle, pour prouver la réalité de leurs dires ? Les personnages de la pièce sont surtout formatés par leurs dogmes, plus que par leurs principes moraux. Mesquinerie, calculs, égoïsme, lâcheté, sont plus sûrement répandus que l’altruisme, la générosité et la compassion. Heureusement le twist final permet à chacun de retrouver le droit chemin.
L’épilogue est finalement très sympathique : l’amour et l’amitié valent mieux que les différents idéologiques et les querelles religieuses. Une profession de foi œcuménique, apparemment partagée par le public, qu’on aimerait plus souvent retrouver en dehors des salles de spectacles.
[*] Notamment le très beau : « Le plaisir est le bonheur des fous, le bonheur est le plaisir des Sages » dont l'auteur est en fait Barbey d'Aurevilly (tout vrai bouddhiste sait que le 'bonheur' est une notion aussi égoïste, fugace et illusoire que le 'plaisir').
Note: 7/10
Compléments :
> Le spectacle sur les sites du Théâtre de la Gaité-Montparnasse et de Frédéric Lenoir.
> Les analyses et critiques de Les3Coups, CritikArt, Première, LeParisien, LaCroix, LaVoixDu14ième, Critikator, BlissInTheCity, Antipode.
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22/05/2009
Beautés Divines (Espace des Arts Mitsukoshi)
Ce mois ci, démarrage de la nouvelle exposition estivale de l’espace Mitsukoshi-Etoile, consacrée cette fois ci à la peintre Rieko MORITA, pour la première et unique fois hors du Japon. Malgré la crise, il se trouve encore quelques sponsors avisés désireux de faire partager au public la quintessence de l'art traditionnel japonais.
Bien que n'étant pas (pas encore ?) 'Trésor National Vivant', Rieko Morita est une des rares femmes spécialiste du Nihon-ga sur panneaux de bois, et s'est vu décerner récemment l'insigne honneur de décorer 4 panneaux du pavillon résidentiel du temple Rokuon-ji de Kyoto. Ces portes coulissantes en bois de cyprès ont été démontés pour l'occasion et sont la principale attraction de l'exposition actuelle.
Outre une sélection de ses dernières œuvres consacrées à la classique 'peinture de fleurs', qui mettent en exergue son exceptionnelle maîtrise technique, on trouvera également des portraits de femmes, plus à même de toucher le public occidental. Faisant montre d'une grande sensibilité, ces tableaux évoquent aussi bien les Maikos du quartier de Gion que les lolitas kawaï de Shibuya ou d'Harajuku, ou d'exotiques danseuses balinaises.
Quelque soit le sujet, on appréciera la mise en scène du modèle dans un décor toujours très floral, avec des arrière-plans très travaillés et les couleurs chatoyantes permises par les pigments minéraux.
En bref, une exposition aussi indispensable à voir que la floraison des cerisiers au printemps dans un jardin japonais.
Compléments :
> L'expo sur le site de l'Espace des Arts Mitsukoshi.
> Le site de Morita Rieko et la galerie de ses oeuvres (53 représentées).
> D'autres tableaux de Rieko Morita sur la Galerie Shinseido.
> L'expo sur le web: Agraphes&Fanfreluches, Pigments&ArtsDuMonde, Dandylan, Artscape, Blogart, ToutPourLesFemmes, MonAmourPourLeJapon.
20:00 Publié dans Arts, Bouddhismes, Expos, Le Village Global | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture, japon, asie, bouddhismes, expos, paris | Imprimer
15/05/2009
Darwin et Bouddha
De l'Origine des Espèces à l'Evolution de l'Homme.
Le 12 février dernier a été l'occasion de fêter le bicentenaire de la naissance de Charles Darwin, et l'anniversaire des 150 ans de la publication de son ouvrage majeur: "De l'Origine des Espèces".
Pas besoin de revenir sur l'importance de l'oeuvre du naturaliste anglais et des impacts qu'elle a eu dans la société rigoriste de son époque. Il suffit de voir encore les réactions de tous les extrémistes religieux (juifs, chrétiens, musulmans, hindouistes, ...) qui continuent de le vouer aux gémonies et à défendre farouchement la lecture au pied de la lettre de leurs écrits sacrés.
Côté Bouddhisme, la situation est heureusement plus saine. Le Bouddha historique n'ayant jamais voulu répondre aux questions non liées au Dharma, le canon bouddhiste ne possède pas de théories fumeuses sur l'origine de l'Homme et son évolution.
Le parcours de Darwin et de Bouddha possède par contre d'intéressantes similitudes. Destinés à des carrières qu'ils n'avaient pas choisies (roi, prêtre), ils ont tous les 2 quitté leur famille de longues années pendant lesquelles ils ont élaboré leurs théories qui ont révolutionné leurs époques. Les observations qu'ils ont faites les ont conduit à remettre en cause leur vie, et à rechercher la Vérité de façon méthodique jusqu'à l'obtention d'un résultat inattaquable.
Par ailleurs, les travaux Darwin ne se résument pas à la rédaction de l'Origine des Espèces. Loin des procès d'intention qui lui sont faits sur un plan politique, Darwin a toujours milité pour l'égalité de droit entre les hommes, et la continuité de nature entre l'Homme et l'animal.
Ces pensées sont plus particulièrement développées dans ses ouvrages ultérieurs, "La Filiation de l'Homme" (1871) et "L'Expression des Emotions" (1872).
La réédition de ce dernier ouvrage à l'initiative du psychologue Paul Ekman, le conduit d'ailleurs à signaler les nombreuses analogies entre les vues de Darwin sur la compassion et la moralité, avec les conceptions du bouddhisme tibétain, analogies reconnues également par le Dalaï-Lama (voir articles en anglais plus bas).
La fin du 19-ième siècle est en effet la (re)découverte du Tibet par les occidentaux, et Darwin qui a collationné énormément de preuves pour étayer ses théories n'est apparemment pas resté à l'écart de ce mouvement. Un de ses meilleurs amis, Joseph Hooker, a voyagé jusqu'au Tibet en 1847, et correspondait régulièrement avec Darwin. La femme de Darwin, Emma, était également fascinée par le Bouddhisme. Elle décrivit une fois un petit-fils comme étant le "Grand Lama", puisqu'il était si calme et solennel.
La Sélection Naturelle n'est pas le triomphe du plus fort, comme elle est souvent présentée de façon caricaturale, mais la survie des plus adaptés à leur environnement. L'Altruisme et la Compassion peuvent alors être des stratégies gagnantes pour les populations qui les pratiquent. Une mère qui protège ses petits, un chef de harde qui attaque une meute de prédateurs au péril de sa vie pour permettre au troupeau de s'échapper sont des comportements largement répandus dans la Nature. Toutes les civilisations basées sur la force brute ont fini par s'écrouler, alors que bien des communautés de peuples émigrés traversent les siècles grâce à l'entraide et la solidarité entre leurs membres.
Pourquoi Darwin est-il reconnu comme étant le Grand Maitre de la pensée évolutionniste, alors que les idées qu'il a développé étaient déjà en grande partie dans l'air du temps ? Sans doute parce qu'il a su les systématiser et les présenter d'une façon inattaquable. Il y a eu un avant et un après Darwin, comme il y a eu un avant et après Newton ou Einstein. Brusquement, la porte s'est ouverte sur le soleil de l'extérieur et toutes les autres théories bancales se sont écroulées d'elles-mêmes (malgré les résurgences ponctuelles de certains délires créationnistes, toujours réfutés par les travaux des scientifiques néo-darwiniens).
Il n'y a malheureusement pas grand chose d'intéressant en français sur le sujet, mais on pourra utilement lire les quelques références suivantes (en anglais):
- "Charles Darwin 'may have been inspired by Tibetan Buddhism'", "Charles Darwin the Buddhist?" et "Buddhism seen through the Darwinian lens" sur Buddhist Channel.
- "The origins of Darwin's theory: It may have evolved in Tibet" sur The Independant (UK).
- "Viva La Evolución!" chez Not2wo.
- "Creation Evolution Headlines"
- "The Complete Works of Darwin Online".
En français, le site de référence est celui de l'Institut Charles Darwin International par Patrick Tort, l'auteur de: "Darwin et la Science de l'Evolution" (Découvertes Gallimard).
Voir aussi: "L'Entraide, un facteur de l'Evolution" (1902) de Pierre Kropotkine.
Et perdus au milieu d'une multitude de sites intégristes, les quelques réflexions intéressantes suivantes:
- Association Fabula, contre le communautarisme, l'intégrisme et l'obscurantisme.
- Hominidés, les évolutions de l'Homme.
- Mute!, matériaux pour une théorie de la Mutation.
- Darwin et la Fraternité.
A signaler également le livre de Charles Fisher: "Buddha's Way Through Darwin's World", présenté par l'auteur dans la vidéo suivante (1h15, chapitrée):
Et pour le plaisir, quelques représentations 'évolutionistes' du Samsara:
20:00 Publié dans Actualité, Bouddhismes, Sciences | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : darwin, bouddhisme, sciences, evolution | Imprimer
09/05/2009
Maria-Magdalena (Wayn Wash III) de Wayn Traub
Rituels et Déca-Danse.
Wayn Wash III: 3-ième partie du cycle comprenant "Maria Dolores" (2002) et "Jean-Baptiste" (2004), mais théoriquement indépendante du récent "NQZC" (2006).
A se fier au livret et au dossier de presse, c'est de la Danse [1], ça parle de Jean-Baptiste (annonciateur du Messie) et de Marie-Madeleine (disciple de Jésus, sinon plus), Wayn Traub serait affublé d'un masque d'oiseau (alors qu'il est seulement maquillé) et serait le chef d'orchestre d'un opéra initiatique.
Sur scène, on voit plutôt un démiurge proche de Faust, évoquant le retour de démons et de femmes castratrices (Salomé, ...), une danse des 7 voiles effectuée par des nonnes asiatiques [2], une société en déclin gangrenée par le consumérisme et la prostitution, des tentatives de retour à la mer/mère (suicide océanique, immersion dans une grotte préhistorique, réincarnation d'un soldat mort).
On y parle de sacrifices rituels, de manipulations médiatiques, de la peur comme fondement du système religieux et social, des différences entre les 2 hémisphères du cerveau, de l'opposition entre un 'Moi' surdéveloppé et un 'Nous' occulté, de l'abandon du sentiment religieux et de ses lieux d'exercice (cimetière abandonné, abbaye à vendre), de l'adoration du Vice au détriment de la Vertu, de l'approche de la Fin du Monde et de l'absence de réponses apportées par les religions officielles, du rôle de l'Art dans le devoir de Mémoire.
L'ensemble est rythmé par une dizaine d'enregistrements vidéo d'origines diverses, censés apporter un point de vue différent à la démonstration (sic).
Wayn Traub assure les transitions, oscillant malheureusement entre un sérieux prophétique et un second degré goguenard.
Le spectacle ne semble pas encore très figé, puisque dans certains pays on ne voit/verra pas exactement la même chose (Cf. à Glasgow où on parle aussi d'un archéologue cherchant une statue de Salomé, d'un exorciste colombien et d'un chanteur aveugle dans un couvent, le tout sur 3 écrans).
En bref, la Performance ne semble pas complètement finalisée, et ne peut que dérouter ceux qui ne connaissent pas déjà l'oeuvre protéiforme de Wayn Traub. Il aurait été préférable de ne la présenter que dans quelques années après avoir réussi à en faire un montage un peu plus digeste. Dans l'état actuel, on est loin des chefs d'oeuvre absolus que sont "Maria Dolores" et "NQZC".
Les différents participants sont par contre toujours d'un excellent niveau, que ce soit la troupe belge, les invités de prestige (Simonne Moesen, Omar Porras, Gabriel Rios, ...) ou l'ensemble des acteurs et danseuses chinois.
Un sans faute également pour la partition de Jaan Hellkvist, particulièrement envoutante et bien adaptée au contexte.
Note: 6/10
[1]: Ceux qui ont l'habitude de voir du Wayn Traub savent pourtant que ses productions sont toujours empreintes d'un mélange complexe de TOUS les arts scéniques et multimédias. A croire que les programmateurs ne sont pas capable d'envisager autre chose que le Théâtre OU la Danse OU la Musique. L'Opéra de Pékin, ça se classe dans quelle catégorie ?
[2]: Référence au "Couvent de la Bête Sacrée" et à tout un cinéma d'exploitation érotico-religieux ?
Compléments :
> Le spectacle sur le site du Théatre de la Ville et de la ToneelHuis.
> Le site de Wayn Traub.
> Les analyses et critiques de LaLibreBe, DeMorgen, Evene, ResMusica, Telerama, Froggys, Cokoladicka, BienCulturel.
20:00 Publié dans Croyances & Religions, Sur les Planches | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture, théatre, opéra, belge | Imprimer