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10/02/2006

Le respect du aux prophètes...

« Les groupes des Etats de la Ligue arabe et de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) aux Nations Unies se sont déclarés profondément préoccupés par les développements résultant de la publication des caricatures représentant le Prophète Mohamed sous prétexte de la "liberté d'expression".

Dans un communiqué, diffusé mercredi à New York, le groupe arabe réaffirme ainsi la nécessité pour les gouvernements des pays où les caricatures blasphématoires ont été publiées de condamner officiellement ces dessins et d'appeler leurs journaux à contribuer à l'approfondissement du dialogue entre les civilisations, les cultures et les religions et à réaffirmer leur respect de toutes les religions et les croyances.
"Ceci contribuera à calmer la colère populaire dans les pays islamiques", colère derrière les actes regrettables de violence qui ne correspondent pas aux principes et valeurs de tolérance de l'Islam, souligne le groupe arabe.
Il rappelle encore une fois la nécessité pour l'ONU et la Communauté internationale de remédier au mal qui a été fait à l'Islam et de veiller au respect de tous les religions et prophètes.
Le Groupe arabe appelle également l'ONU et la Communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour garantir que de tels agissements ne se répètent plus jamais à l'avenir et pour en assurer à cet égard l'entière responsabilité aux Etats.
Pour sa part, le Groupe des Etats de l'Organisation de la Conférence Islamique aux Nations Unies a lui aussi appelé dans un communiqué similaire les pays occidentaux à entreprendre des actions pour éviter à l'avenir de telles exactions.
Il a également appelé les manifestants musulmans à la retenue et au calme, une conduite pacifique qui correspond à l'esprit de la religion islamique.
Le Groupe de l'OCI exhorte également les Etats, les organisations régionales, les ONG, les organismes religieux et les médias à promouvoir le respect dû aux religions et à éviter la diffamation touchant les religions, les prophètes et les croyances qui sont de nature à inciter à l'intolérance, à la discrimination, à la haine et à la violence.
» (Aujourd’hui LeMaroc)

C’est bien dit, mais ça serait plus crédible si ce type de discours était accompagné d’actes du même genre.

En mars 2001, les talibans afghans détruisaient les 2 Bouddhas géants de Bamiyan, simplement coupables d’être la représentation d’un être vivant, par ailleurs fondateur, au même titre que Mahomet, d’une des plus importantes religions mondiales.
Les photos des destructions avaient été fièrement affichées dans de nombreux pays musulmans (j’en ai vu au Pakistan en avril 2001) sans provoquer de réactions des gouvernements en place.
On espère donc que les responsables arabo-musulmans en profiteront enfin pour condamner ces exactions, et s’excuser de cet outrage pour toute la communauté bouddhiste.

Compléments:
> Les talibans contre Bouddha sur le site de L'Association Internet pour la promotion des Droits de l'Homme (photos ici).
> La situation en 2002 dans la "Lettre de l’Université Bouddhique européenne".
> Sur "Buddhist Channel": l'aide apportée par les saoudiens et les pakistanais.
> "Les Bouddhas Géants" un film de Christian Frei, sorti en Suisse et au Canada (DVD disponible en décembre 2006).

08/02/2006

Jack Palmer: L'Affaire du Voile

Caricatures et Reflet du Réel.

Caricaturer, c’est grossir le trait pour faire ressortir des défauts préexistants. Ce n’est pas diffamer ou dénigrer, en faisant des amalgames grossiers à des fins partisanes.
L’affaire des caricatures danoises montre que 'la liberté de blâmer', nécessaire à toute société démocratique est parfois confondue avec le droit de faire n’importe quoi aux dépends des autres. Mahomet n’était pas plus terroriste que ne l’étaient Jésus ou Marx. Leurs actions doivent de plus être replacées dans le contexte de leurs époques respectives.
En assimilant l’Islam au terrorisme de certains et en gommant d’un trait de crayon tous les musulmans modérés, les dessinateurs danois ne font que le jeu des extrémistes qu’ils prétendent condamner. Quoi de commun en effet entre un musulman noir américain, un arabe wahhabite, un chiite iranien, un sunnite berbère ou turc, ou les groupes soufis et ismaéliens ? Le respect d’un certain nombre de règles (les 5 piliers) basées sur le Coran. Leurs différences religieuses sont aussi nombreuses que les sociétés dans lesquelles se sont développés et exprimés ces différents courants, reflétant les divers contextes historiques et coutumiers.
On retrouve d’ailleurs les mêmes différences dans les autres religions. Quoi de commun en effet entre des catholiques polonais ou africains, des anglicans, des luthériens, des baptistes américains et autres évangélistes, des mormons, des coptes égyptiens, des arméniens, des orthodoxes grecs ou slaves, sinon le respect d’un (très) petit nombre de règles communes, et la sacralisation d’un livre interprété de façons si différentes.

C’est le mérite de Pétillon de nous livrer dans le style humoristique propre à ses 'Jack Palmer', une nouvelle 'Lettre Persane' sur les petits travers de la société française. Véritable 'Candide', Jack Palmer mène son enquête dans tous les milieux, des salafistes revendicatifs aux imams progressistes, des bobos branchés aux jeunes beurs sans avenir. De même que dans "l'Enquête Corse", il donne la parole à tous, soulignant les incohérences, la mauvaise foi, les extrémismes, les manipulations, la misogynie… Tout le monde en prend pour son grade, mais sans dénigrer personne et sans faire de procès d’intention.
Au final, un album équilibré, prônant la tolérance et l’amour du prochain, la discussion plutôt que l’invective. On est donc plus proche du "Munich" de Steven Spielberg que de certaines caricatures provocatrices et irresponsables.
On lui souhaite autant de succès que pour "L'Enquête Corse", unanimement appréciée aussi bien sur le continent que sur l’île de beauté.

Compléments:
> Interview de Pétillon sur "ToutenBD".
> Réactions musulmanes sur "LeMatin" (Suisse).
> Réactions de dessinateurs sur "LeMonde" (France).
> Le blog de "Michel Edouard Leclerc", PDG des magasins E.Leclerc, sponsor du Festival de BD d'Angoulême.
> Sur EuropeUs: l'affaire des caricatures danoises, ses dessous et leur publication en octobre dans un journal égyptien!.

04/02/2006

A & C, de Lewis Furey

Antoine et Cléopâtre : Orient vs Occident

Lewis Furey, c’est le compositeur et compagnon de Carole Laure, le metteur en scène de "Starmania".
"A & C", c’est "Antoine et Cléopâtre" de Shakespeare, repris en version 'théatre musical'.
Autant le dire tout de suite, le résultat n’est qu’à moitié satisfaisant. Si les comédiens/chanteurs/danseurs/musiciens sont particulièrement bons, si le choix des scènes extraites de la pièce originale permet d’avoir une intrigue assez complète et cohérente (mise à part la sous-intrigue des pirates, sans intérêt), il y a néanmoins de grosses lacunes du côté de la chorégraphie et du livret musical. Les paroles et musiques de Lewis Furey, sans être inintéressantes sont quand même loin de la grandeur tragique que le sujet réclamait. Le texte frôle quelquefois le ridicule, plus proche de la presse 'people' que d’une revue politico-stratégique.

Antoine et Cléopâtre, c’est quand même d’abord et avant tout une tragédie. Un conflit amoureux où les protagonistes accumulent les scènes de ménage. Une histoire d’adultères où les affaires privées se confondent avec les affaires publiques. L’honneur bafoué des épouses successives et de leurs familles se répercute sur celui de Rome toute entière.

Antoine et Cléopâtre, c’est aussi et surtout un choc culturel immémorial entre l’Orient et l’Occident. Une incompréhension mutuelle entre 2 modes de vie et de pensée difficilement compatibles. D’un côté l’Ouest: rationnel, logique, réfléchi, légaliste, rigoureux, simplificateur, … De l’autre l’Orient: irrationnel, intuitif, émotionnel, permissif, passionné, complexe, extravagant, sensuel, …
Cet antagonisme nous a également donné les conflits gréco-perses, les guerres puniques, l'éclatement de l’empire romain, les schismes entre catholiques et orthodoxes, la Guerre Froide, sans compter tous les conflits actuels au Proche-Orient.
Ce sujet méritait donc un peu plus que ce que Lewis Furey nous en a donné.

Note : 6/10

Compléments :
> Au Théâtre de la Ville (Paris) du 31/01 au 04/02/2006, plus une tournée en Province.
> Un bon point de vue québécois sur "MonThéatre".
> La critique mordante de "Radio Canada".
> Les réactions parisiennes ambiguës, vues du Québec sur "Canoe".

01/02/2006

Le Chien Jaune de Mongolie

Tout le monde décède, personne ne meurt

C’est l’été dans les steppes mongoles où se sont établis les nomades le temps des pâturages.
Nansa, 6 ans, revient de l’école lointaine où elle est obligée d’aller comme pensionnaire.
En vagabondant loin de ses parents, occupés aux travaux quotidiens, elle recueille un jeune chien abandonné, dans une grotte sans doute occupée par la meute de loups qui attaque de temps en temps les troupeaux.
Va-t-elle pouvoir le garder, malgré l’opposition de son père qui a peur de son retour à la vie sauvage ?
C’est tout le suspense de ce film, qui sur une trame très simple et un rythme calqué sur celui de la nature, nous conte la vie quotidienne d’une famille vivant encore sous la yourte, interprétée par une vraie famille de nomades, non professionnels.
De la surveillance des bêtes à la fabrication du fromage, des jeux des gamins aux traditions religieuses (chamanisme et bouddhisme), c’est toute une tranche de vie en voie de disparition que nous découvrons avec les yeux innocents des enfants, leurs questions candides et la sagesse tranquille de leurs aînés.
Car par petites touches (la conversation entre les chasseurs, les objets ramenés de la ville, les campements abandonnés, la question des élections, …), la 'modernité' est là pour souligner le contraste entre cette vie tranquille et les bouleversements induits par l’urbanisation croissante de la société.

Filmé par Byambasuren Davaa ("L'histoire du chameau qui pleure"), dans une production germano-mongole, ce film est un vrai bonheur, porté par des acteurs merveilleux de naturel dans les paysages grandioses de la Mongolie du nord.
A voir par tous ceux qui ont aimé "Samsara", "Himalaya, l’enfance d’un chef" ou "Bombon el perro" par exemple.

Note : 9/10

> Fiche Cinéfil

Compléments :
> Les critiques de "EcranLarge", de "Critikat", de "Les Echos", de "CommeAuCinéma", du "Routard".
> Interview de 'Byambasuren Davaa'.