04/06/2008
Dharamsala, par Florence Joli
Hommage à Tenzin.
Un dernier regard en arrière,
Tu t’inclines devant ta mère,
Tu pars au-delà des frontières, éphémères,
Tout notre espoir est en toi,
Ici, on te volera ta foi,
En secret, nous prierons pour toi, va !
Petit Bouddha, tu marches vers Dharamsala,
Petit Bouddha, c’est just’après l’Himalaya.
Ne nous demande pas pourquoi
Cette terre n’est plus à toi.
Qui a raison, qui a le droit, sur toi !
La réponse est peut-être là,
Au-delà du vent et du froid,
On te l’enseignera là-bas ; alors, va !
Petit Bouddha, tu marches vers Dharamsala
Petit Bouddha, c’est just’après l’Himalaya.
Des larmes dans tes yeux d’enfant,
Tu te retournes, et droit devant,
Marche vers le soleil couchant ; va-t-en !
Petit Bouddha, tu rentreras un jour chez toi
Petit Bouddha, c’est just’avant l’Himalaya...
(Merci à Tibet-Info).
Sinon, aujourd'hui c'est le 19-ième anniversaire des massacres de Tian Anmen. Malgré la campagne un peu restreinte de RSF, et la campagne de désinformation des maoïstes français, il est nécessaire de se rappeler qu'il n'y a pas que les tibétains qui sont victimes du régime communiste chinois et de ses alliés occidentaux toujours prompts à faire du business. N'oublions donc pas les démocrates, syndicalistes et étudiants chinois, les ouighours, mongols et autres minorités ethniques, les homosexuels, les chiens errants, etc. qui ont payé un lourd tribu ces derniers temps pour ces JO du 3-ième Reich millénaire (Voir par exemple la liste du Collectif Chine-JO 2008).
Compléments :
> Photo de Tenzin (DR) chez François-Xavier Prévot.
> Photos d'Olivier Föllmi.
> Tibet-Info (Nangpa La)
> Bulletin Info-Himalaya oct.2006
> "La Fuite à travers l'Himalaya" de Maria Blumencron (Glénat Editions).
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03/05/2008
Les Seigneurs de la Mer (SharkWater) de Rob Stewart
Les Dents de l'Amer.
Faire un film écologique, ce n’est pas seulement filmer de gentils animaux photogéniques en déplorant qu’on ne puisse bientôt plus les voir que dans les zoos. C’est aussi, comme l’avait brillamment montré Al Gore, mettre en évidence un certain nombre de faits incontestables et d’en tirer les conclusions qui s’imposent, à partir des lois régissant notre environnement naturel.
C’est ce que fait Rob Stewart, canadien passionné par les requins et révolté par les massacres de masse qui déciment le milieu marin.
L’essentiel du film est consacré d’une part à des rappels sur le rôle écologique essentiel du Requin (organisme si parfait qu’il n’a pas eu besoin d’évoluer ces 100 derniers millions d’années pour s’adapter aux nouvelles conditions de vie sur Terre, fatales à tant d’espèces) et la peur injustifiée qu’il inspire. D‘autre part à une campagne de protection assez mouvementée du navire "Ocean Warrior", menée par Paul Watson et son ONG "Sea Shepherd".
Que ce soit au Costa Rica ou aux Galápagos, des supposés réserves animalières sont en fait la proie de braconnages méthodiques pour alimenter une industrie florissante, celle qui alimente en ailerons de requins les restaurants branchés asiatiques ou les pharmacies ‘traditionnelles’, déjà coupables de l’extinction du Tigre. Les lois supposées autoriser la pêche vivrière des populations locales sont systématiquement détournées, avec la complicité des autorités locales alliées aux mafias chinoises. La méthode de ‘pêche’ consiste à laisser traîner des hameçons le long de lignes dérivantes qui peuvent faire plusieurs dizaines de kilomètres, et sur lesquelles viennent mourir toutes les espèces présentes dans la zone (requins, mais aussi tortues, phoques ou poissons de toutes sortes). Un gâchis considérable, puisque seuls les ailerons des requins sont récupérés pour être revendus à prix d’or.
Résultat, la population de requins est en chute constante et l’espèce est en voie de disparition, sans bénéficier d’une protection même théorique de la part des organismes internationaux.
Pourtant le requin, en tant que super prédateur des océans, est un maillon extrêmement important de l’équilibre écologique de la planète. En se nourrissant des poissons, il évite que ceux-ci prolifèrent trop et épuisent le stock de plancton indispensable à l’absorption du gaz carbonique par les océans. Eliminer les requins, c’est contribuer à l’augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère, et donc à accentuer encore plus le réchauffement climatique induit par une consommation effrénée des énergies fossiles.
Le principal poumon vert de la Terre, ce ne sont pas les forêts en régression constantes, mais d’abord et avant tout le phytoplancton maritime (les océans couvrent les 2/3 de la planète).
L’Homme, qui croit être devenu un dieu, ferait bien de s’en souvenir avant de vouloir jouer à la roulette russe avec un barillet plein.
Note : 8/10
Compléments :
> Le site français du film (Site en anglais).
> Le site de SharkAlliance.
> Les critiques de CommeAuCinéma, Excessif, ChronicArt, LePoint, LeMonde, LeFigaro, QuotidienDeMonaco, UniversNature, WWF.
> Sur les Blogs: ThroughMyEyes, SurLaRouteDuCinéma, ZéroDeConduite, cDurable, Surf4All.
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12/04/2008
Mongol (Монгол) de Sergei Bodrov
L'enfance du Grand Khan.
Film germano-kazakh, "Mongol" arrive en France sans beaucoup de publicité, mais auréolé d’une nomination aux Oscars. On pourrait craindre une mauvaise hollywooderie telle qu’en ont produite récemment les chinois ("La Cité Interdite", "Hero", "Le Secret des Poignards Volants", …). Heureusement, il n’en est rien, et "Mongol" (le titre aurait quand même pu être mieux choisi) se place résolument parmi les meilleures biographies comparables, privilégiant la psychologie et les sentiments à l’apologie de la force brute caractéristique des cinémas américains ou chinois.
Tourné principalement en Mongolie, au Kazakhstan et en Chine, tire en grande partie son charme de paysages sublimes, déjà mis en valeurs dans les films germano-mongols de Byambasuren Davaa. Mais il faut compter également sur une très belle musique, soit purement locale (le groupe "Altan Urag"), soit d’inspiration mongole (le compositeur finlandais Tuomas Kantelinen) avec force chants de gorges. Les acteurs ne sont pas en reste, puisqu’à l’exception de Tadanobu Asano (japonais) et de Sun Hong Ley (chinois), les rôles principaux sont joués par de parfaits inconnus de la région, aussi talentueux à cheval que devant la caméra.
Largement inspiré par "L’Histoire Secrète des Mongols", premier récit littéraire écrit de la nation mongole, le film est avant tout l’histoire du destin extra-ordinaire d’un homme ballotté par les événements de la vie, qui passe de l’état d’enfant-esclave à celui de chef suprême, en essayant d’assurer la survie de sa famille. Placé dans des conditions difficiles, il arrivera à ses fins en sachant être assez atypique tout en respectant les traditions de son peuple et les croyances de chacun. Il a également la chance de rencontrer très tôt une femme au caractère bien trempé et prête à tout pour le succès de ses entreprises.
Bref, un bon film à voir pour ses qualités historiques autant qu’esthétiques, et qui prend un intérêt particulier alors que le régime communiste chinois voudrait nous faire croire que toute la région est sous domination han depuis la nuit des temps. Conçu pour être une trilogie, les prochains épisodes devraient nous rappeler le temps où la Chine n’était qu’une province mongole parmi d’autres.
Note : 8/10
Compléments :
> Le site du film.
> Les critiques de CommeAuCinéma, LeMonde, CourrierInternational, Cinémasie, KrinEin.
> Sur les blogs: Aléa, Darsh, PhenixWeb, HorizonEtudiant, AgoraVox, SanchoDoesAsia.
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21/02/2008
Devoir de Mémoire
Mémoire Sélective ?
Décidément, certains ont la mémoire bien courte.
'Il' nous avait déjà appris que l'Afrique n'a pas d'Histoire (bien pratique pour oublier la Traite des Nègres, la Colonisation, les guerres de décolonisation, l'abandon des harkis, le génocide rwandais, le soutien à toutes les dictatures africaines, ...).
Il se veut l'ami de tous les dirigeants qui se fichent des Droits de l'Homme (Chine, Russie, USA, Libye, Gabon, Tchad, ...).
Tout à la volonté de donner des gages aux lobbies qui l’ont fait élire, on en profite pour rayer de la mémoire collective toutes les victimes des guerres et génocides appartenant aux minorités indésirables. La Shoah devient le seul génocide qui compte, au détriment des arméniens, des tibétains, des palestiniens, des cambodgiens, des birmans, des rwandais, du Darfour, et de toutes les victimes des camps nazis (handicapés, homosexuels, communistes, tziganes, … et autres populations ‘inférieures’ ou ‘dégénérées’) ou japonais (chinois, coréens, ...).
Plus ça va, plus on a l’impression de revivre la situation des protagonistes de "1984", où l’Histoire est réécrite en fonction de la politique du moment, et où une ‘novlangue’ s’impose, modifiant le sens des mots tout en appauvrissant le niveau culturel de la population.
Réduire l’Histoire à quelques dates et personnages importants [*], les maths à quelques formules apprises par cœur, privilégier l’émotionnel par rapport au factuel, l’anecdotique par rapport au raisonnement, tout ça nous prépare une belle autocratie qui pourra s’épanouir lors d’une prochaine guerre (‘de civilisation’) avec un ennemi désigné comme bouc émissaire. Des méthodes utilisées avec succès dans toutes les dictatures passées ou présentes, celle que notre ‘grand timonier’ aime bien citer en exemple pour leur dynamisme ou leur religiosité.
Il ne restera plus qu’à créer des ‘jeunesses patriotiques’ chantant la gloire du Père de la Nation Nouvelle, le matin à l’école en hissant le drapeau, pour renouer avec l’esprit des années 30, au bon vieux temps des ‘100 familles’, des ligues nationalistes et de l’alliance de sabre et du goupillon.
Sacré retour en arrière, étonnant de la part du fils d’un émigré hongrois, petit-fils d’un bijoutier juif de Salonique. Mais Hitler n’était pas non plus le meilleur exemple de la ‘race aryenne’ désignée comme étant supérieure aux autres.
Mais la France semble bien aimer se payer le luxe d'un tyran tous les 60-70 ans (Robespierre 1793-94, Napoléon III 1851-70, Pétain 1940-44). Il pourra en tout cas se documenter auprès des dirigeants chinois, qui cette année vont nous refaire le coup des J.O. de Berlin de 1936.
Merci à Delize, Chappatte, à Bati et aux autres caricaturistes pour nous rappeler avec leurs crayon que le devoir de mémoire n'est pas qu'une manigance politicienne.
[*] surtout des symboles nationalistes : Jeanne d’Arc, Charles Martel, Napoléon, Guy Moquet, …
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05/11/2007
Le Dernier Voyage du Juge Feng (Mabei Shang De Fating) de Liu Jie
La Mort annoncée du Communisme et des Minorités.
C’est toujours intéressant de voir un film se passant dans une région qu’on a soi-même visité. Cela permet de repérer et comprendre de nombreux petits détails qui seraient autrement passés inaperçus. En retour, on comprend mieux le mode de vie des populations qu’on n’a fait que côtoyer, sans avoir le temps et les moyens de fréquenter de façon plus approfondie.
Le récit du "Dernier Voyage du Juge Feng" se passe dans le nord du Yunnan, sur les contreforts de l’Himalaya. Le comté de Ninglang, dépendant de Lijiang, est essentiellement peuplé de Naxi et de Yi avec une petite communauté Mosuo autour du lac Lugu. La région est très montagneuse, formé de petites vallées constituées autour des affluents du Fleuve aux Sables d’Or (Jinsha), le fleuve qui en grossissant finira par devenir le célèbre Yangzi Jiang (vu dernièrement dans "Still Life"). De nombreuses prises de vues montrent l’une de ses boucles, située dans la région du Mont du Dragon de Jade (Yulong Xue Shan). La région est proche de l’ancien Tibet historique (on voit d’ailleurs à un moment, une caravane de marchands tibétains venu vendre leur sel et acheter des produits locaux).
Province pluriethnique, le Yunnan essaie de conjuguer les traditions des nombreuses minorités locales avec les institutions de l’Etat central. Evidemment, Justice, Police, Armée, Ecoles sont entièrement contrôlées par Pékin. Mais la vie des villages telle qu’elle est montrée dans le film est en complète voie de disparition. Si la vie des paysans les plus pauvres et isolés (notamment les Yi noirs) ressemble à peu près à ce qu’on voit, celle des Naxi (près de Lijiang) et des Mosuo (concentrés autour du lac Lugu) a profondément changé suite aux travaux d’infrastructures (routes, ponts, relais télécoms, …) menés ces dernières années, et à l’invasion touristique qui s’en est suivi, aussi bien par les chinois aisés du littoral que par les étrangers occidentaux. Le centre-ville de Lijiang, à peine aperçu lors du départ du 4x4, est aussi fréquenté au mois d’août que les sites touristiques des grandes villes européennes. Les jeunes fuient leurs villages pour trouver du travail, rêvent de se marier à l’occidentale (grande robe blanche de rigueur) et ont tous un portable, même s’ils s’en servent peu (surtout des SMS) car les communications sont relativement chères pour eux.
Les coutumes périclitent, les costumes traditionnels ne sont plus portés que par les vieilles femmes et les employées du secteur touristique. Le Dongba, ancienne langue sacrée des Naxi, n’est plus parlé et écrite que par une quinzaine de personnes. Ses jours sont donc irrémédiablement comptés.
Le film de Liu Jie présente tout ceci de façon symbolique avec les personnages du vieux juge (représentant des idéaux du communisme paysan, juste et impartial), de la greffière (une Mosuo, mise à la retraite d’office pour faire place aux jeunes apparatchiks Han), du jeune juge (prétentieux, dogmatique, égoïste, faisant passer ses intérêts personnels avant ceux de la Justice) et de sa fiancée (représentant les jeunes des minorités subjugués par les attraits de la modernité).
Comme ces personnages, la Chine actuelle marche les yeux fermés, indifférente aux dangers de la route, remplaçant la solidarité ancestrale par le ‘chacun pour soi’, laissant derrière elle ceux qui sont trop vieux pour suivre le mouvement. Jusqu’à la chute finale…
Note : 9/10
Compléments :
> Le site du film.
> Les critiques de CommeAuCinéma, Libération, L'Humanité, Telerama, Excessif, Fluctuat.
> Sur les blogs: CriticoBlog, LaSenteurDeL'Esprit, CosmopolitanStories, BenzineMag.
20:00 Publié dans Ecrans Larges, Le Village Global, Voyages | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, chine | Imprimer