09/07/2006
Changement d'Adresse
Petits Marivaudages Désuets, mais Drôles.
Le cinéma français est désespérant. La majorité des nouveaux premiers films se passe invariablement au sein de la petite bourgeoisie parisienne, et tourne en général autour des émois amoureux de quelques jeunes gens pas très modernes dans leur langage et leur façon de vivre. On citera par exemple récemment : "Fauteuils d’Orchestre" ou "Mensonges et Trahisons" pour ne citer que ceux qui sortaient du lot.
"Changement d’Adresse" ne fait pas exception à la règle. Petit marivaudage classique, où un jeune provincial joueur de cor (!?) hésite entre une pauvre blonde piquante et pas très futée, et une brune aisée et ennuyeuse, amoureuse d’un bellâtre affabulateur. Rien de bien neuf depuis "Le Jeu de l’Amour et du Hasard".
Les cinéaste français ont semble-t-il beaucoup de mal à se débarrasser de leurs habitudes de petits bourgeois intellos du Quartier Latin. C’est dommage, parce qu’avec un scénario un peu plus moderne et un cadre un peu moins désuet, ça aurait pu donner une histoire de la trempe de "Quand Harry rencontre Sally".
Cette comédie douce-amère est néanmoins très plaisante grâce à l’abattage de Frédérique Bel, plus 'blonde' que jamais, servie par des dialogues qui allient un humour très français à une philosophie de la vie amoureuse que ne renierait pas Dorothy Doll.
A voir donc par tous ceux qui ont aimé "La Minute Blonde", mais on espère que son interprète saura sortir de ces rôles de blonde idiote (qu’elle joue également dans "Camping"), car la qualité de son jeu révèle le potentiel d’une grande actrice.
Note : 7/10
Compléments :
> Fiche Cinéfil.
> Le site officiel du film.
> Les critiques du film sur 'iMédias', 'Libération', 'LesEchos', 'CommeAuCinéma', 'EcranLarge', 'Fluctuat', 'Excessif', 'Telerama', 'LeMonde', 'ChronicArt', 'aVoir-aLire'.
> Sur les blogs d'Allociné, de 'Critico-Blog', 'BlogCulturel', 'SebInParis', 'LaVoieLactée', 'SurLaRouteDuCinéma'.
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01/07/2006
Dikkenek
Humour Belge, Humour Noir.
Peut-on rire de tout ? Oui, si c'est drôle et qu'on a le sens de l’Humour.
L’Humour Belge, c’est comme leurs frites. C’est gros, c’est gras, un peu lourd sur l’estomac, mais ça rassasie les plus affamés. Là où l’Humour Français prétend faire dans la subtilité, le mot d’esprit (Cf. "Ridicule"), au risque d’être incompréhensible par le commun des mortels, l’Humour Belge n’hésite pas à s’attaquer aux sujets qui fâchent et qui tâchent, sans vraiment respecter le 'politiquement correct'.
"Dikkenek" (l’équivalent de 'Gros Bœufs' en Version Française) s’attaque donc résolument à la malbouffe, aux fils à papa, aux bourgeois(es) friqué(e)s, aux maquignons, aux vidéastes semi-professionnels, aux dragueurs de night club, aux rêveurs romantiques, aux obsédés sexuels, aux fumeurs de pétards, aux piliers de bars, aux vieux, aux beurs, aux racistes, aux flics, aux lesbiennes, aux ripoux de tous bords …
Personne ne sort indemne de ce tir aux pigeons de foire, et c’est particulièrement jubilatoire.
Produit par Luc Besson, qui n’avait apparemment pas lu le scénario (heureusement !), il enchaîne les situations comiques et décalées.
Certes, les réalisateurs ne sont pas des 'professionnels de la profession', et le budget n’était pas très important, mais la brochette d’acteurs franco-belges, tous excellents, fait de ce film un petit bijou, dans la lignée de "C’est arrivé près de Chez vous" ou de "Bernie".
A voir absolument donc par ceux qui aiment un humour particulièrement caustique. A éviter par contre, par ceux qui sont amateurs de 'fricadelles' ou de grande cuisine. Ils risqueraient d’en perdre l’appétit.
Note : 8/10
Compléments :
> Fiche Cinéfil.
> Le site officiel du film.
> Sketches de Florence Foresti sur YouTube.
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18/06/2006
Volver
Et on tuera tous les affreux ?
Après une "Mauvaise Education" contreversée, Almodovar revient à ses sujets de prédilection. Il a pour ça été sélectionné à Cannes, et est reparti avec 2 palmes. Mais sont-elles méritées ?
Pour celle des meilleures actrices, pas de problème. Almodovar a toujours employé ce que le cinéma ibérique a produit de meilleur (Carmen Maura, Victoria Abril, Marisa Paredes, Penelope Cruz, Rossy de Palma, …) et qu’il a imposé sur la scène internationale. Il aime filmer les femmes et ça se voit à l’écran. Aucune fausse note donc dans ce casting tout à fait digne de ses précédents films à majorité féminine ("Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier", "Qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça ?", "Femmes au Bord de la Crise de Nerf", ...). Par contre pas d’homosexuels cette fois ci (une autocensure liée aux mauvais résultats de la "Mauvaise Education" ?).
Pour celle du meilleur scénario, par contre, on peut s’interroger sur les raisons du Jury. De "Arsenic et Vieilles Dentelles" au récent "Secrets de Famille", en passant par "Serial Mother", de nombreux films ont eu l’occasion de développer ce genre de tragi-comédies familiales fortement teintées de 'non-sense'. Seule originalité, le fait de placer en partie l’action dans la 'Mancha' de Don Quichotte, où le vent furieux est le reflet des folies et extravagances des personnages. Le Jury de Cannes aurait mieux fait de lui attribuer le prix de la mise en scène, plus en rapport avec son habileté à faire interagir ses personnages, et à les placer dans ses décors, avec des points de vue souvent audacieux (plongées, contre-plongées) mais servant bien le scénario. On regrettera par contre le postulat de base, qui consiste à faire croire qu’il suffit de supprimer physiquement les gêneurs pour atteindre le bonheur, les meurtriers s’en sortant beaucoup mieux que les victimes (travail éreintant, maladie, …).
Pour le reste, c’est du pur Almodovar, magnifiant les femmes, les petites gens, les émigrés (provinciaux ou étrangers), tirant à boulets rouges sur les machos, les petits bourgeois, la télé, et la bêtise en général. C’est un film plein de couleurs, de musique, vivant, truculent, qui n’est peut-être pas son meilleur, mais se place sans problème dans le peloton de tête et se compare honorablement à tous ceux de sa jeunesse (tout en étant plus accessible, pour ceux qui n'aiment pas les outrances de ses premiers films).
Il permet en tout cas de passer un excellent moment en cette période de beaufitude footballistique et de pénuries cinématographiques.
Note : 8/10
Compléments :
> Fiche Cinéfil.
> Le site officiel du film.
> Les critiques du film sur 'Libération', 'CommeAuCinéma', 'DvdCritiques', 'EcranLarge', 'Fluctuat', 'Excessif', 'Telerama', 'FilmDeCulte', 'ChronicArt'.
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03/06/2006
X-men 3
Eloge de la Différence dans un Monde Normalisé
La sortie de X-Men 3 restera sans doute une grande déception pour tous les fans du 'comics'.
Les grands studios américains semblent plus intéressés à tuer la poule aux œufs d’or que de se donner les moyens de produire des films de qualité, pourtant plus rentables à long terme. Avoir remplacé un réalisateur et un scénariste talentueux par 2 tacherons besogneux en fournit un nouvel exemple. Je ne détaillerais pas ici tous les défauts de ce 3-ième opus, d’autres l’ayant déjà fait avant moi, et sans doute mieux que je ne saurai le faire. C’est d’autant plus dommage que, à part les "Spiderman" (de Sam Raimi), les X-men étaient les seuls films de 'super-héros' capables d’allier grand spectacle de qualité pour le grand public et discours humaniste compréhensible par tous.
En ces temps de replis identitaires, de revendications communautaristes, de guerres ethniques, de comportements racistes et xénophobes de plus en plus exprimés et justifiés par des pseudos considérations scientifiques, morales et religieuses, où 'les autres' sont niés en tant qu’êtres humains véritables pour mieux être marchandisés, exploités ou massacrés, la saga des X-Men est une ode à la différence, à la tolérance, à la mixité, au respect de l’autre. Sous le vocable générique de 'mutants', on retrouve en effet toutes les minorités possibles et imaginables, certaines étant d’ailleurs représentées plus particulièrement par un des personnages (femmes, handicapés, surdoués, minorités ethniques ou religieuses, étrangers, homosexuels, …).
Bien que le développement de ce 3-ième récit reste très superficiel et très orienté 'pop-corn movie', des questions intéressantes sont posées tout au long du film :
- faut-il choisir une normalité médiocre, plutôt que de développer ses dons dans un contexte difficile ?
- peut-on se renier soi-même par amour ?
- que faire quand on est forcé de vivre dans le camp qu’on n’a pas choisi ?
- l’amitié est-elle possible entre 2 personnes ayant une conception de la vie différente, ou des avis divergents sur les mesures à prendre ?
Face aux discriminations, au rejet, à la persécution, 3 attitudes sont possibles, illustrées par les différents groupes en présence :
- ceux qui prônent la lutte armée, le développement séparé des 'races' et des sexes, l’avènement d’un nouveau 'peuple élu', symbolisés par Magneto, pourtant rescapé des camps de la mort nazis, mais idéologue d’une nouvelle 'race supérieure'.
- ceux qui prônent l’intégration, l’enrichissement mutuel, la discrimination positive pour permettre à tous une meilleure adaptation, symbolisés par le groupe du professeur Xavier.
- ceux qui préfèrent l’individualisme forcené, l’incommunicabilité, l’anarchie, le retrait de la vie commune, et qu’on retrouve dans le Wolverine des débuts, dans le Phénix, et dans le groupe des mutants Omega.
La force de la série X-Men est de renverser les rapports dominants/dominés. Les simples humains, en haut de l’échelle du pouvoir, se retrouvent dépassés par l’Evolution Darwinienne et se retrouvent à un stade d’animaux savants, condamnés à disparaître comme les néanderthaliens avant eux. Face à la future espèce dominante qui commence à proliférer, ils réagissent alors en animaux primitifs, laissant s’exprimer leurs peurs et leur refus d’évoluer.
L’ensemble de la trilogie est donc un discours d’utilité publique, qu’on aimerait voir plus souvent dans les 'blockbusters' hollywoodiens, au lieu du modèle idéologique américain habituel (bon blanc chrétien riche aux yeux bleus, méchants étrangers fourbes et basanés, femmes soumises et stupides, etc.). On regrettera d’autant plus la petite dérive de "X-Men 3" qui prend pour nouveaux méchants toute une bande de latinos, drogués, punks, femmes intelligentes, et autres racailles de série Z, alors le côté des bons s’enrichi d’un fils de bonne famille (blanche évidemment). On est loin du sulfureux Diablo de l'épisode 2 !
Comme beaucoup d’autres trilogies, cet épisode ne satisfera donc que ceux qui ont vu les précédents, et leur permettra de patienter avant la probable sortie d’un nouvel opus, annoncé pas très finement par une courte séquence après le générique de fin (Spoiler: l’esprit du professeur Xavier est passé dans le corps de l’homme vu dans le coma au début du film). On espère que la qualité du scénario et de la réalisation aura le temps de s’améliorer en route. Il serait dommage de devoir se contenter que des bandes dessinées et des dessins animés (d’ailleurs pas entièrement sortis en France) pour retrouver l’esprit du génial Stan Lee.
Note: 6/10
Compléments :
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27/05/2006
Marie Antoinette
Lost Virgin in Versailles
J’étais allé voir ce film avec un a priori favorable. Un bon sujet, une bonne réalisatrice, une bonne actrice, des échos favorables de Cannes, quelques bonnes critiques ici ou là.
A la sortie de la salle, mon opinion est plutôt mitigée.
Certes Kirsten Dunst est parfaite dans ce rôle de jeune adolescente lâchée trop seule dans un monde trop cruel. Pas facile en effet, pour une petite autrichienne de 14 ans de s’imposer à la cour de France, entre l’animosité envers l’Autriche, les intrigues du palais, l’immaturité de Louis XVI, la rigueur du protocole et de la hiérarchie sociale. On comprend mieux la fuite de Marie-Antoinette vers la frivolité, les dépenses, le jeu, sa relation avec Fersen, l’épisode rousseauiste du 'Hameau de la Reine'.
Mais si le film rend bien compte de la psychologie de son principal personnage, il peine à captiver sur la durée. Le contexte politico-économique est tout juste survolé, les seconds rôles sont quasi-inexistants (excepté la Du Barry), quelques incohérences surprennent (notamment la paire de baskets 'Converse' présente parmi les chaussures d’époque). Les scènes s’enchaînent de façon très illustrative, mais sans aucun ressort dramatique. La musique new-wave des années 80, si elle illustre bien l’humeur de l’héroïne n’est pas toujours utilisée à bon escient. A la longue, on finit par s’ennuyer royalement.
Au final, un film à voir une fois, pour ses décors, ses costumes, son actrice principale, mais qui ne laissera sans doute pas beaucoup de traces dans les mémoires.
Après les excellents 'Virgin Suicides' et 'Lost in Translation', qui exploraient déjà le thème de la difficulté pour une jeune fille de vivre et d’évoluer dans un univers pas fait pour elle, on espère que Sofia Copolla saura pour son prochain film surmonter son probable mal-être, et nous offrir LE film qui fera d’elle une réalisatrice confirmée.
Note: 6/10
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