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31/08/2005

Bombon el perro (Bombon le chien)

2 Vies de chiens, mais pas de niches entre eux

L’un survit comme il peut, avec toute la bonté qui le caractérise.
Laissé sur le bord de la route par la crise économique, abandonné par sa femme depuis des années, il vit de la charité de sa fille et de petits boulots, au gré de ses rencontres avec d’autres compagnons d’infortune.
Son seul plaisir, dont il aimerait tirer profit, est la fabrication de manches de couteaux sculptés.
Mais, pas facile à vendre dans une Argentine ruinée par le FMI (voir à ce sujet l'excellent documentaire "Mémoire d'un saccage").

L’autre ne s’est pas remis de la mort de son maître.
Aristocrate au pedigree prestigieux, destiné à être le premier d’une longue lignée (disparue en même temps que le propriétaire du chenil), il laisse s’écouler le temps, indifférent à tout même aux femelles en chaleurs tortillants leur cul sous son nez.

Deux laissés pour compte de la société qui n’auraient jamais dus se rencontrer sans une série de coups de chance providentiels.
Petit à petit, chacun apprivoise l’autre et l’espoir d’une vie meilleure se profile.
Sera-ce l’or des trophées et la gloire des podiums, ou plus simplement l’amour et la joie de vivre retrouvés au détour du chemin ?
Le profit doit-il primer sur tout, quitte à se leurrer avec des faux-semblants ?
Les sentiments ne deviennent ils pas évident au moment de la séparation ?

Vous le saurez en visionnant ce film qui a du chien, et laisse pas cabotiner ses acteurs.
A recommander à tous ceux qui n’ont pas peur de se laisser mordre par l’émotion.

> Fiche Cinéfil

27/08/2005

Pour comprendre les medias

Chaud & Froid dans les Médias

Pourquoi la TV actuelle est-elle aussi merdique ?
La réponse est dans le bouquin de Marshall Mac Luhan qui analyse les différents médias existants à son époque (1964), et les classe en 2 catégories.

Les ‘médias’ (langage, argent, journal, mode, radio, etc.) sont des supports de transmission de l’information sous forme d’un ‘message’ plus ou moins complexe, plus ou moins parasité par un ‘bruit de fond’.
Leur forme exerce une action d’autant plus profonde qu’elle nous échappe, notre attention étant monopolisée par le message.
Or, un même message n’aura pas la même portée et la même interprétation selon qu’il est véhiculé par un médium ‘chaud’ ou un médium ‘froid’.
C'est cet aspect qui est exploité par les publicitaires et les responsables de télés pour mieux nous conditionner.

Un médium est dit ‘chaud’ quand la densité de l’information transportée est élevée : télé moderne, cinéma, journaux, publicité, photographie, …
Il est dit ‘froid’ quand la densité de l’information transportée est faible : conversation, téléphone, livre, estampe, écriture hiéroglyphique, télégraphe, email, …
Dans ce cas, la pensée du récepteur a tendance à combler les vides, et incite donc à l’interpolation, à la réflexion, à la participation active.
Les médias chauds sont par contre dé-responsabilisants, le cerveau étant noyé sous un flot d’informations qui ne lui laisse plus le temps de respirer.
Il existe évidemment toute une gradation du très froid au très chaud.

Vous me direz (si vous avez lu le bouquin) : mais Mac Luhan, dans son livre il dit souvent que la télé est un médium froid !
En effet, mais rappelez vous la télé des années 60. Elle était petite, en Noir & Blanc, avec une image et un son pourri. C’était bien un médium froid. Les émissions de l’époque étaient plutôt de bonne qualité, avec une forte tendance éducative et un cérémonial (des présentateurs, des speakerines) important.
Avec le progrès technologique croissant (TV grands formats, couleur, 16/9, haute définition) la quantité d’information transmise a augmenté, ce qui l’a transformé en médium nettement plus chaud. La qualité a donc baissé en conséquence. CQFD.

Conclusion : si vous voulez être moins con, jetez votre télé, et mettez vous au frais en lisant des livres.

Passons maintenant en revue le cas des films en salle.

Le cinéma est à priori un médium chaud.
Les écrans sont larges, la définition (en nombre de pixels) est élevée, le son est d’excellente qualité, les décors hyper-réalistes.
L’œil n’arrive en général pas à voir tout ce qui se passe sur l’écran. Il se focalise sur les personnages principaux, et il faut revoir un film plusieurs fois pour saisir les petits détails présents à l’arrière plan.
Cela donne un cinéma de divertissement (‘entertainement’ comme disent les américains), formaté pour le plus grand nombre, où on est prié de laisser son cerveau au vestiaire.

Maintenant, ça ne veut pas dire que tous les films suivent ce schéma.
Le réalisateur et les producteurs peuvent décider de faire un film plus ‘froid’ que la moyenne.

C’est le cas notamment des documentaires, réalisés avec des moyens moins importants (super 8, caméra DV, etc.) où l’image et le son sont de moins bonne qualité, et qui sollicitent plus l’attention du spectateur.

C’est aussi le cas du dessin animé traditionnel (en 2D, sans images de synthèse). La définition de l’image est moins élevée, le jeu de couleurs est réduit par rapport à la réalité, le nombre d’images par secondes est souvent plus faible, le dessin simplifie les formes, les décors sont frustes.
C’est pour cela qu’il est très apprécié des enfants (même si le dessin animé n’est pas ‘à priori’ un support pour les enfants), car il leur permet de participer activement au déroulement du film.

C’est le cas aussi du cinéma dit d’auteur ou ‘indépendant’, où le réalisateur laisse tomber la surenchère d’effets spéciaux, et reste près du modèle cinématographique ‘classique’ des années 40-50.

L’aboutissement ultime de cette volonté de ‘refroidir’ le médium cinéma, c’est ce que Lars Von Trier a voulu faire avec le Dogme 95 ("Les Idiots") où la réalisation est épurée à l’extrême et où l’œuvre fictionnelle devient un pseudo-documentaire, ou le Dogme 99 ("Dogville") où décors, lumières, costumes sont quasi-inexistants et où le résultat est alors très proche du théâtre filmé.

Pour aller plus loin:
> "La Méditation pour les Nuls": pour une approche de la méditation simple et compréhensible par tous, un bon moyen de se 'refroidir' le cerveau, trop chauffé par l'agitation médiatique.

17/08/2005

The Island

Film de clonage et clonage de films: un résultat "chimérique"

Un avis contrasté.

La première partie est très satisfaisante pour l'esprit.
Une bonne réflexion sur le clonage, l’éthique médicale, sur la notion d'identité, d'être humain.
On pense à "L'âge de crystal", mais aussi à "THX 1138" (G.Lucas) ou aux films qui traitent de l'esclavage aux Etats-Unis (clones & blacks même combat ?).

La deuxième partie, c'est malheureusement du Michaël Bay (Armageddon, Pearl Harbour, ...).
Là, le seul critère ça a l'air d'être le nombre de poursuites, de coups de feu et d'explosions. Dommage! Mais ça reste divertissant, malgré les nombreux clichés inhérents au genre.

Ewan McGregor, Scarlett Johansson et Steve Buscemi sont excellents comme d’habitude.
Par contre les seconds rôles sont les tâcherons habituels de ce genre de films d’action.

Peut être un film capable de réconcilier les amateurs de "blockbusters" et ceux de films intelligents ?

Note : 5/10

> Fiche Cinéfil

10/08/2005

La Guerre des Etoiles (Star Wars)

Jedi : une nouvelle religion ?

Je suis tombé récemment sur des articles de presse rapportant que des fans de Star Wars avaient, lors de recensements, indiqués 'Jedi' dans la case religion du formulaire.
Ils étaient environ 390.000 en 2001 au Royaume-Uni, 70.000 en 2002 en Australie, 20.000 en 2003 au Canada !
Venant venir le coup, le 'Bureau des Statistiques' australien avait pourtant menacé d'une amende de 1000 $ australiens quiconque donnerait de fausses informations. Plutôt cher payé pour se dire 'Jedi' !

Est-ce la preuve du degré de crétinisation des mangeurs de pop-corn en salle obscure, incapables de faire la différence entre fiction et réalité ?
Est-ce un indice du glissement du sentiment religieux des religions traditionnelles vers un comportement sectaire, qui fait croire à n’importe quoi du moment que l’emballage est suffisamment convaincant ?
Ce serait semble-t-il un bon sujet de thèse pour un doctorant en sociologie.

Quelques rappels s’imposent.

D’après George Lucas lui-même, Star Wars est fortement 'inspiré' de la "Forteresse cachée" (1958) de Akira Kurosawa.
La trame de l’épisode 4 (premier de la série) est en effet la même : une princesse au caractère bien trempé fuit une guerre civile, pourchassée par ses ennemis du clan rival, et est aidée dans sa fuite par un preux chevalier et par deux hommes pas très malins attirés par l'argent.

Tout le côté Jedi de la saga est inspiré par le monde samouraï et le bouddhisme zen (le côté Empire relevant plutôt du monde romain et du 3-ième Reich allemand, alors que la République recycle l’imagerie traditionnelle américaine, du western au film de G.I.) :
- Le mot 'Jedi' lui-même vient du japonais 'Jidaï Geki' (drame historique télévisé consacré aux samouraïs).
- La tunique Jedi est un décalque des kimonos de tous les jours.
- L’armure et le casque de Darth Vador sont, ornements en moins, semblables à celle des chefs samouraïs.
- Les combats au sabre laser (simple ou double) sont directement dérivés des techniques de combat samouraï (sabre et lance).
- Les noms des protagonistes (Obi Wan Kenobi, Qui-Gon Jinn, Yoda, …) sont clairement d’inspiration japonaise.

La religion Jedi reprend de nombreux éléments du bouddhisme zen, pratiqués par les samouraïs afin d’avoir une meilleure maîtrise de leur 'art' (la 'voie du sabre').
Dans ce contexte, la relation maître-disciple est très importante. Le rôle du maître n’est pas d’imposer des connaissances à son élève, mais de le guider vers le bon chemin en le soumettant à des épreuves à son niveau lui permettant de progresser. L’élève doit toujours apprendre par lui-même.
L’épisode 5 développe tous ces aspects lors de l’initiation de Luke par Yoda, archétype du moine bouddhiste.
Le pratiquant du Zen doit apprendre à trouver le calme dans son esprit, à ne pas se laisser distraire par des pensées inopinées, à vivre complètement dans l’instant présent, de façon à ne pas se laisser entraîner vers des illusions trompeuses.
Une totale communion avec l’Univers doit alors permettre l’Illumination ou connaissance parfaite de toutes choses.

Dans ce contexte, la 'Force' ressemble beaucoup au 'Ki' des arts martiaux, énergie vitale intérieure et cosmique qui permet au combattant de transcender sa force physique.
Le 'Ki' est notamment considéré comme un équilibre dynamique entre le Ying et le Yang, qui sont les 2 aspects opposés et indissociables de l’Univers (à ne surtout pas confondre avec le Bien et le Mal occidentaux, comme le film le laisse croire).
'Qi-Gong' veut d’ailleurs dire 'art d’augmenter le Ki', bonne définition du rôle joué par Liam Neeson.

Comme dans tous les arts martiaux, le 'Ki' sert pour la défense ou l’attaque, mais jamais pour l’agression délibérée.
Le pratiquant zen doit ressentir de la compassion pour tout être vivant, même s’il est son 'ennemi'.
Il doit éliminer toute émotion passionnelle (amour, haine) risquant d’obscurcir son jugement et son action.
Ceci est très bien résumé par Yoda dans l’épisode 1 pendant son enseignement à Anakin :
« La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance! ».
C’est cet enchaînement, à partir de la peur de perdre Padmé, qui finira par mener Anakin du côté obscur.

Le reste de la religion Jedi respecte la plus pure orthodoxie bouddhiste (causes de la souffrance, impermanence et non indépendance des choses, règles de vie des disciples, etc.), comme pourra aisément le remarquer toute personne un peu familière avec elle.

Ce cycle de films est donc un bon travail de vulgarisation de philosophies orientales pas toujours faciles à comprendre pour des occidentaux.
Il est dommage que tant de fans soient restés à un niveau assez superficiel et n’aient pas pris la peine de s’intéresser aux concepts originels cachés derrière le mythe.
Ça leur éviterait de dériver vers des mouvements plus ou moins sectaires (new-age ou autres).

On peut regretter à cet égards les tentatives de récupération de certains mouvements 'chrétiens' (sic) d'extrême-droite, qui comparent la saga au cycle arthurien des Chevaliers de la Table Ronde.
Il n'y a pas d'influences 'arthuriennes' directes dans Star Wars.
George Lucas a par contre reconnu s'être inspiré du livre de Joseph Campbell, expert en mythologie, "Le Héros aux Mille Visages" qui démonte les principes des grands mythes 'héroïques' de l'humanité (pas seulement chrétiens).
TOUS ces mythes suivent la même progression du récit, avec les mêmes types de personnages.
"Matrix" a également repris le schéma campbellien, qu'on retrouve aussi dans "Le Seigneur Des Anneaux", "Dune" ou "Harry Potter", pour ne citer que des exemples connus.

« Recherchez la liberté et vous deviendrez esclave de vos désirs. Recherchez la discipline et vous trouverez la liberté. » [Koan Zen]

A Voir également sur le sujet:
Star Wars Origins
Star Wars Origins: Joseph Campbell
Campbell, Star Wars et le mythe
The Hero With a Thousand Faces

> sur "Matrix", une intéressante étude sur ce blog.

05/08/2005

Le Destin

Ombres et Lumières à la veille de la Renaissance occidentale

« La pensée a des ailes, nul ne peut arrêter son envol ».

En ces temps d’intolérance patriotique et religieuse, il est parfois bon de revenir sur notre passé.
C’est ce que fait dans certains de ses films Youssef Chahine, cinéaste égyptien francophone, né dans le creuset cosmopolite qu’est Alexandrie, et parfois interdit par les censures islamistes ou gouvernementales.

Dans "Le Destin" (1997), il reconstitue une tranche de vie du philosophe, juge et médecin Averroès (1126-1198), un des plus grands penseurs du 12-ième siècle, commentateur de l’œuvre d’Aristote, sage, érudit, généreux, bon vivant.
Formaté comme une comédie musicale de style 'Bollywood', le film profite des intermèdes dansés et chantés pour souligner ce côté chaleureux et humain du personnage.

L’action se passe en Andalousie, riche province de l’empire almohade (où cohabitent paisiblement musulmans, juifs, chrétiens, gitans), à une époque où les royaumes catholiques nord-européens vivent dans la crasse, l’ignorance et la misère.
Une période où les bûchers se multiplient pour éliminer les ‘hérétiques’ coupables d’avoir professé des idées contraires aux dogmes du Vatican.

C’est un film grave, où obscurantistes de tout poil (Inquisition ou groupes islamistes) font tout pour subvertir les consciences, et pour éliminer toute opposition rationnelle via les mouvements de foules et les autodafés.
C’est l’occasion de montrer comment un jeune homme moralement faible et désœuvré, vivant sans perspectives d’avenir, peut se faire endoctriner par des intégristes prêts à tout pour prendre le pouvoir.

Dans ce contexte, Averroès, tel Gandhi ou Martin Luther King, prône l’amour du prochain, la tolérance et le partage, seules solutions pour une coexistence pacifique et mutuellement enrichissante.
Pour lui, philosophe des lumières avant la lettre, la connaissance universelle, la science, les arts sont un remède à la haine, le rigorisme, le fanatisme, l’obscurantisme.
Il refuse le fatalisme, et enseigne que chacun peut être maître de sa destinée, en forgeant son caractère et sa morale aux feux de la connaissance.

En bref, un film moderne, entraînant, réaliste, militant, qui bien que n’étant pas non plus une parfaite reconstitution historique, est assez loin des clichés véhiculés dans le "Kingdom of Heaven" de Ridley Scott (ah! ces arabes qui apprennent des occidentaux comment creuser un puit, ça m‘a fait beaucoup rire).

> Fiche Cinéfil