31/12/2009
Bouddhas du Shandong (Musée Cernuschi)
Sourires Ré-Eveillés.
Avant qu'il ne soit trop tard (3 janvier 2010), courrez voir la dernière expo du musée Cernuschi consacrée à quelques statues du VI-ième siècle de la province du Shandong.
Découvertes à l'occasion de travaux, dans ce qui semble être un cimetière de statues, elles ne concernent que des Bouddhas et des Bodhisattvas des dynasties Wei et Qi.
Les premières ont des styles encore proches de leurs cousines de la Route de la Soie, et présentent d'intéressantes traces de polychromie. Les apsaras virevoltent gravées en ronde-bosse ou simplement esquissées, autour des traditionnelles triades. En progressant dans le temps les visages se sinisent, les attitudes sont moins figées et les ornements s'affinent.
Si les Bouddhas ne me semblent pas présenter d'intérêt particulier sur un plan artistique, les Bodhisattvas sont proprement exceptionnels tant dans la finesse de leurs traits que dans la richesse de leurs parures. Le bodhisattva de la dernière salle est notamment un régal pour les yeux.
S'il y a peu d'explications relatives à chaque statue (oubliées pendant des siècles dans leur fosse), les panneaux permettent au néophytes de les replacer dans leur contexte historique et religieux. Mais il n'y a pas besoin de textes pour apprécier la beauté de ces chefs d'oeuvres de la statuaire chinoise.
Compléments :
> L'expo sur Paris.fr.
> Photos sur BuddhaChannel, ZoomArt et le SmithsonianInstitute.
> L'expo sur le web: BuddhaChannel, ArtScape, Libération, Rue89, LeJdd, LeFigaro, L'Intermède, Chouyo, Delanopolis, StSulpice, Sédiments, Marianus.
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30/12/2009
Arts Sacrés du Bouthan (Musée Guimet)
Les Trésors du Dragon-Tonnerre.
Pays secret, le Bouthan se dévoile un peu en ce moment pour le public parisien.
Pour ceux qui n'ont pas le temps, l'envie et les moyens d'aller là-bas, la meilleure solution est encore d'aller au Musée Guimet qui offre une très bonne rétrospective des Arts Sacrés du pays.
Si les connaisseurs du Bouthan ne trouveront rien de bien nouveau par raport à ce qu'ils ont pu voir sur place, l'expo est suffisamment riche et exhaustive pour satisfaire la curiosité des neophytes et rappeler de bons souvenirs aux autres.
Thangkas peints ou brodés, statuettes votives et instruments de culte sont accompagnées de videos mettant en scène les danses rituelles (cham) effectuées tous les ans lors des festivals où on déroule les grands thangkas.
En plus du Bouddha, de ses disciples et des Arhats, des Bodhisattvas et des Taras, l'exposition met en lumière les particularités du bouddhisme bouthanais. Padmasambhava, introducteur du bouddhisme tantrique dans la pays est évidemment bien représenté. Mais on trouve aussi de nombreux personnages historiques religieux et/ou politiques, dont Shabdrung Ngawang Namgyal unificateur du pays au 17-ième siècle.
Compléments :
> L'expo sur le site du Musée Guimet.
> L'expo sur le web: BuddhaChannel, AsianSunshine, RFI, LeFigaro, LaLibreBe, L'Intermède, ToutPourLesFemmes, Helenergie, EveilPhilosophie, ElogeDeL'Art, OeilDuChat, DominiquePhoto, ZoomArt.
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24/05/2009
Théatre de la Ville 2009 (Paris)
Le Roi est Mort, Vive le Roi ?
La saison 2008/2009 du Théatre de la Ville s’achève avec un bilan assez mitigé.
Si du point de vue théâtral, d’incontestables réussites (Mefisto fo Ever, Wolskers, Le Retour au Désert, Madame de Sade, Blackbird, Regarde Maman, …) ont voisinés quelques déceptions (Atropa, Le Soleil Ni la Mort, …), la programmation Danse a été beaucoup plus contestable, et contestée.
Dans ce que j’ai vu, hormis les reprises et les danseuses classiques (Inde, ...), on va du simplement correct (Wayn Traub un peu fatigué, Marie Chouinard un peu confuse, Akram Khan un peu perdu, ...) au franchement mauvais (Alain Platel, Jan Fabre, Boris Charmatz, Emio Greco, Maguy Marin, ...). Ce n’est pas très glorieux pour la scène franco-belge.
La saison prochaine sera-t-elle meilleure ? J’ai comme un doute...
Comme l’année dernière, la présentation aux abonnés (mercredi 20 mai) a fait la part belle à la Danse, et surtout au Théâtre. Les Musiques du Monde, et plus encore le Classique, ont été sacrifiés par Emmanuel Demarcy-Mota dont ça n’est visiblement pas la tasse de thé. On regrettera décidément le départ de Gérard Violette.
Coté programmation, on prend les mêmes que d’habitude plus les favoris de EDM dans ses précédentes affectations. La volonté d’ouverture vers les Arts de la Scène européens se fait semble-t-il au détriment de l’Amérique du Nord.
Le soutien inconditionnel affiché envers la « création » se traduit par un chèque en blanc fait à certains « auteurs » contemporains, dont on ne juge malheureusement jamais a posteriori le travail, pour voir si les choix effectués étaient pertinents.
On retrouve donc dans le programme les mêmes vieux tâcherons de la saison précédente, qui pourront continuer à faire n’importe quoi sans avoir à se remettre en cause. Tant pis pour les jeunes créateurs européens qui auraient pu avoir besoin d’un coup de pouce pour percer sur la scène parisienne.
Heureusement, on invite un certain nombre d’artistes du Tiers-Monde qui semblent prometteurs. De même, un certain nombre de reprises bien choisies permettront de remplir les salles, et de financer les 90 spectacles programmés, malgré les spectateurs échaudés par les « créations » fumeuses des copains.
L’ouverture vers les enfants (programmes spéciaux, horaires adaptés et ateliers scolaires) et les jeunes générations (tarif réduit pour les moins de 30 ans) est par contre un point à noter et à encourager. Ça permettra peut-être de renouveler le public, dont la moyenne d’âge, étrangers non compris, est plutôt élevée.
On regrettera par contre, que l’objectif d’ouverture du théâtre vers le Monde et la création Multimédia, ne s’accompagne pas d’un effort équivalent sur le Web. Pendant 3 heures, on n’a pas une seule fois entendu le mot Internet. Pour toute information, on était prié de se reporter à la brochure papier, ou, audace extrême, à une présentation vidéo qui doit tourner en boucle sur une télé dans le hall d’accueil du théâtre. Comment expliquer un si grand écart entre les buts affichés et les moyens employés ?
On trouvera bizarre également d'entendre qualifier d’« absolument nouveau » le travail de la compagnie Teatro Cinema, alors qu’elle se situe manifestement dans la grande tradition du benshi japonais ou d'une compagnie comme le "Teatro de Ciertos Habitantes". Ça parait assez hallucinant pour l’équipe chargée de diriger une des plus grandes salles parisiennes.
Dans la programmation à venir, j'aurai tendance à recommander:
Théatre/Opéra:
. "L'Opéra de Quat'Sous" (1928) de Bertolt Brecht et Kurt Weill, par le Berliner Ensemble, du 15 au 18 septembre 2009, et du 1 au 4 avril 2010.
. "I went to the House but did not enter" de Heiner Goebbels, avec le Hilliard Ensemble, du 23 au 27 septembre 2009.
. "Sin Sangre" par la compagnie TeatroCinema, du 14 au 19 décembre 2009.
. "Casimir et Caroline" (reprise) de Odon von Horvath, par Emmanuel Demarcy-Mota, du 19 au 24 janvier 2010.
. "Amphitryon" de Molière, par Bérangère Jannelle, du 27 janvier au 12 février 2010.
. "Tori no tobu takasa" d'après "Par Dessus Bord" de Michel Vinaver, par Arnaud Meunier, du 15 au 20 février 2010.
. "Richard II" de Shakespeare, par le Berliner Ensemble, du 8 au 11 avril 2010.
. "Pâvakathakali", marionnettes traditionnelles du Kerala, du 19 au 24 avril 2010.
Danse:
. "Rosas danst Rosas" (1983) par Anne Teresa De Keersmaeker, du 23 au 29 octobre 2009.
. "Pororoca" par la compagnie Lia Rodrigues, du 25 au 28 novembre 2009.
. "Tempest: Without a Body" par Lemi Ponifasio et la Mau Company, du 27 au 30 janvier 2010.
. "Dance" (1979) de Lucinda Childs, par le Ballet de l'Opéra National du Rhin, du 14 au 17 avril 2010.
. Création 2010 par Sankai Juku, du 26 avril au 4 mai 2010.
. "Beautiful Thing" par Padmini Chettur, du 3 au 5 mai 2010.
. "Bare Soundz" (Tap Dance) par Savion Glover, du 9 au 13 juin 2010.
Concerts:
. 17 Hippies (Allemagne), le 14 novembre 2009, pour l'anniversaire de la chute du Mur de Berlin.
. Renata Rosa et les polyphonies indiennes Kariri-Xoco (Brésil), le 25 novembre 2009.
. En Chordais (Grèce), le 2 décembre 2009.
. Altan (Irlande), les 8 et 9 janvier 2010.
. Bunun et Piuma (Taiwan), le 23 janvier 2010.
. Sur la route de Gengis Khan (Mongolie), les 6 et 7 février 2010.
. Majorstuen (Norvège), le 27 mars 2010.
. Musique du Toit du Monde (Tadjikistan, Afghanistan, Pakistan), les 29 et 30 mai 2010.
> La brochure du programme est déjà disponible en pdf.
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23/05/2009
Bonté Divine!, de Louis-Michel Colla et Frédéric Lenoir
Nourritures Spirituelles et Crise de Foi.
Un curé, un rabbin, un imam et un moine bouddhiste sont dans un bateau. Dieu tombe à l’eau. Qu’est ce qui reste ? Tel est en gros le thème de cette pièce, mélange de comédie et de réflexion philosophique, écrite par Louis-Michel Colla et Frédéric Lenoir, et menée de main de maître par Roland Giraud.
En posant les questions qui fâchent, la première partie permet de resituer le débat et d’évacuer les controverses sur lesquels se focalisent malheureusement les intégristes et les médias. Très consensuelle, chacun peut se voir conforter dans ses opinions sans se sentir obligé de critiquer celles de son voisin.
Heureusement, la deuxième partie vient mettre un peu de piquant dans l’ensemble. En multipliant les petites vacheries, les aphorismes, les histoires ‘drôles’, chacun souligne en se moquant des particularismes idiots de chacun de ses confrères ou de ses propres coreligionnaires (protestants, autres traditions bouddhistes, …). Néanmoins, la critique est équilibrée, soulignant surtout la prétention à l’universalité, la place inférieure des femmes, le dogmatisme des règles. Malgré tout, la cohérence globale des 3 religions du Livre n’en est que plus évidente, malgré leurs petites différences dues aux causes politiques ou aux vicissitudes de l’Histoire. Il est par contre dommage que le rôle du moine Theravada soit plus fade que celui des 3 autres. Malgré quelques aphorismes bien envoyés [*], il est trop souvent passif face aux autres, l’essentiel de la doctrine, à l’exception des "4 Nobles Vérités", étant le plus souvent exprimé par un des autres protagonistes. D’où quelques approximations un peu trop expéditives.
La crise existentielle du prêtre permet toutefois de remettre l’Homme à sa place. Quelques soient les règles professées, il y a souvent un abîme entre la théorie et la pratique. Combien de religieux seraient prêts à mettre en jeu leur vie, qu’il prétendent pourtant éternelle, pour prouver la réalité de leurs dires ? Les personnages de la pièce sont surtout formatés par leurs dogmes, plus que par leurs principes moraux. Mesquinerie, calculs, égoïsme, lâcheté, sont plus sûrement répandus que l’altruisme, la générosité et la compassion. Heureusement le twist final permet à chacun de retrouver le droit chemin.
L’épilogue est finalement très sympathique : l’amour et l’amitié valent mieux que les différents idéologiques et les querelles religieuses. Une profession de foi œcuménique, apparemment partagée par le public, qu’on aimerait plus souvent retrouver en dehors des salles de spectacles.
[*] Notamment le très beau : « Le plaisir est le bonheur des fous, le bonheur est le plaisir des Sages » dont l'auteur est en fait Barbey d'Aurevilly (tout vrai bouddhiste sait que le 'bonheur' est une notion aussi égoïste, fugace et illusoire que le 'plaisir').
Note: 7/10
Compléments :
> Le spectacle sur les sites du Théâtre de la Gaité-Montparnasse et de Frédéric Lenoir.
> Les analyses et critiques de Les3Coups, CritikArt, Première, LeParisien, LaCroix, LaVoixDu14ième, Critikator, BlissInTheCity, Antipode.
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22/05/2009
Beautés Divines (Espace des Arts Mitsukoshi)
Ce mois ci, démarrage de la nouvelle exposition estivale de l’espace Mitsukoshi-Etoile, consacrée cette fois ci à la peintre Rieko MORITA, pour la première et unique fois hors du Japon. Malgré la crise, il se trouve encore quelques sponsors avisés désireux de faire partager au public la quintessence de l'art traditionnel japonais.
Bien que n'étant pas (pas encore ?) 'Trésor National Vivant', Rieko Morita est une des rares femmes spécialiste du Nihon-ga sur panneaux de bois, et s'est vu décerner récemment l'insigne honneur de décorer 4 panneaux du pavillon résidentiel du temple Rokuon-ji de Kyoto. Ces portes coulissantes en bois de cyprès ont été démontés pour l'occasion et sont la principale attraction de l'exposition actuelle.
Outre une sélection de ses dernières œuvres consacrées à la classique 'peinture de fleurs', qui mettent en exergue son exceptionnelle maîtrise technique, on trouvera également des portraits de femmes, plus à même de toucher le public occidental. Faisant montre d'une grande sensibilité, ces tableaux évoquent aussi bien les Maikos du quartier de Gion que les lolitas kawaï de Shibuya ou d'Harajuku, ou d'exotiques danseuses balinaises.
Quelque soit le sujet, on appréciera la mise en scène du modèle dans un décor toujours très floral, avec des arrière-plans très travaillés et les couleurs chatoyantes permises par les pigments minéraux.
En bref, une exposition aussi indispensable à voir que la floraison des cerisiers au printemps dans un jardin japonais.
Compléments :
> L'expo sur le site de l'Espace des Arts Mitsukoshi.
> Le site de Morita Rieko et la galerie de ses oeuvres (53 représentées).
> D'autres tableaux de Rieko Morita sur la Galerie Shinseido.
> L'expo sur le web: Agraphes&Fanfreluches, Pigments&ArtsDuMonde, Dandylan, Artscape, Blogart, ToutPourLesFemmes, MonAmourPourLeJapon.
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