26/11/2006
Le Labyrinthe de Pan (El Laberinto Del Fauno)
De l'Autre Coté du Miroir.
Le conte de fées est un genre cruel où les ogres se nourrissent de chair fraîche, et où les grands-mères finissent souvent dévorées par les loups. Rien de gentillet donc, même si les héros sont souvent des enfants à une période charnière de leur vie (âge de raison ou puberté).
Transmis souvent oralement, quelquefois depuis la nuit des temps, il n’est cependant pas 'intemporel', chaque génération de conteur l’enrichissant et l’adaptant au contexte de son époque. Il peut même être créé de toute pièce, comme l’ont brillamment fait au siècle dernier Lewis Carroll ("Alice") ou James M. Barrie ("Peter Pan"). A notre époque, le foisonnement des œuvres fait qu’il est difficile de discerner ceux qui resteront dans les mémoires.
Au niveau cinématographique en tout cas, Guillermo Del Toro réussit là où M.Night Shyamalan avait lamentablement échoué ("La Jeune Fille de l’Eau"). Son fantastique fonctionne parce qu’il se nourrit d’un univers cohérent, et qu’il offre plusieurs niveaux de lecture qui se superposent et se complètent.
D’abord, on a évidemment le niveau du monde physique, celui de l’action, qui traite de la dénonciation du fascisme. Le monde des hommes côtoie celui des demi-dieux, des esprits de la Terre et de la Forêt (Pan est le dieu de la Nature. Mais le temps où la communication était possible est déjà bien loin. Les lieux de passages sont oubliés, le souvenir de l’ancien monde ne subsiste que dans les livres. Le fascisme qui suppose le formatage des esprits à une pensée unique, entraîne le refoulement des pensées vers l’inconscient. Il nie la Raison (symbolisée par le médecin). Son illogisme, basé sur la force brute, est bien mis en évidence lors de l’interrogatoire des braconniers, assez surréaliste. Doctrine liée aux prêtres catholiques et aux bourgeois, il s’oppose à la simplicité des paysans qui trouvent refuge dans la forêt.
A un second niveau, on a toute la symbolique des contes de fées sur le passage à l’âge adulte d’une jeune fille qui perd son innocence en même temps quelle se transforme physiquement. Ofelia doit subir 3 épreuves visant à la préparer à une nouvelle naissance, et donc le symbolisme sexuel est assez marqué (fécondation dans la matrice de l’arbre, abandon au désir devant la table chargé de douceurs, perte du sang marquant la fin de son enfance). Dans cet environnement, le temps est relatif et ne s’écoule pas aussi vite que dans le monde des hommes. Chronos, dieu du temps et dévoreur d’enfants (Cf. le tableau de Goya), est d’ailleurs abondamment représenté sur les murs de l’antre du croquemitaine. Le sablier utilisé dans cette épreuve s’oppose directement à la montre du capitaine, symbole du temps humain moderne.
Enfin on a la supériorité évidente des œuvres de l’esprit (intemporelles) sur la prétention à vouloir créer des empires éternels. Au contraire du fascisme, des montres mécaniques qu’il faut sans cesse réparer et des êtres humains qui disparaissent les uns après les autres, le monde des contes de fées existe de toute éternité et continuera à exister même quand toute construction humaine (labyrinthe, statues, …) aura disparu. Comme la Rose d’immortalité citée par Ofélia, il refleuri sans cesse, sans se soucier du monde qui l’entoure.
Le monde de la mythologie gréco-latine est ici particulièrement bien rendu, sans le côté un peu excessif lié aux mythes de Pan et de Chronos. Avec un coté graphique qui m’a beaucoup fait penser à l’univers de Loisel (avec le même genre de fées que dans son Peter Pan). Une belle réussite qui tranche dans l’univers des films fantastiques en général assez bourrins.
Note: 9/10
Compléments :
> La Fiche du film sur Wikipedia.
> Le Site du film.
> Critiques sur "Excessif", "Fluctuat", "FilmDeCulte", "iMedias", "ObjectifCinéma", "KrinEin".
> Sur les Blogs: "Niklas", "HellJohn", "L'Ouvreuse".
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21/11/2006
Borat (Borat: Cultural Learnings of America for Make Benefit Glorious Nation of Kazakhstan)
Leçons Cul-cul sur l'Amérique au profit Bourses Producteurs.
Ambitieux sur le papier, décevant sur l'écran. Faire rire des travers d’une population en suivant les déambulations d’un Huron inculte et naïf, ce n’est pas nouveau et ça peut être très drôle. Malheureusement, l’exercice est difficile et est rarement réussi par les 'comiques' de télévision. Rien à voir entre quelques gags insérés pendant les temps morts d'une émission de plateau et un long métrage qui doit durer au moins 1 heure et demi.
Résultat, si l’on sourit souvent, si on rit parfois, on trouve également le temps très long entre 2 gags. Passons sur l’humour très pipi-caca-sexe qui est le fond de commerce de Sacha Baron Cohen. Ceux qui vont voir le film sont a priori avertis de ce qu’ils vont voir.
Le problème est plutôt dans la légèreté du propos face à la lourdeur des moyens employés. A côté de quelques 'red necks' racistes, misogynes et homophobes, on voit surtout des gens sympathiques qui essaient de se mettre à la portée du personnage et de lui rendre service (quand il ne les a pas agressé).
Si le film est nettement en faveur de certaines minorités (noirs, homos, juifs, prostituées, …) et égratigne gentiment certaines catégories (journalistes, politiques, BCBG, vendeurs, …), on se pose par contre des questions sur son anti-féminisme primaire. En présentant les kazakhs comme des demeurés primaires, machos, racistes, xénophobes, sales et violeurs (parce que musulmans ?), il est également loin du discours prétendument dénonciateur que voudraient faire passer certains critiques cinématographiques. Imaginons qu’au lieu d’être juif et de se faire passer pour un kazakh, Sacha Baron Cohen ait été noir et se soit fait passer pour un colon israélien sorti de son kibboutz, alors tout le monde lui serait tombé dessus et il croulerait sous les procès (Cf. la campagne anti-Dieudonné en France). C’est d’autant plus dommage que ce film, à quelques exceptions près en caméra plus ou moins cachée, est un film de fiction interprété par des acteurs (il n’y a qu’à voir les mouvements de caméra utilisés pour se rendre compte que ça ne peut être un documentaire pris sur le vif, mais implique de répéter la scène sous plusieurs angles) et est donc totalement maitrisé par les 4 scénaristes. Sacha Baron Cohen devrait se contenter de créer des gags pour ses émissions de télé-réalité, plutôt que de réaliser des pseudos documentaires prétendant sonder la nature profonde de l’Amérique.
Après un "Da Ali G" considéré comme insultant par la communauté afro-américaine, et avant un film sur "Bruno" (un présentateur de mode autrichien gay avec des tendances nazies) qui risque de faire également du bruit, "Borat" est un film ambigu à ne pas mettre sous tous les yeux. C'est en tout cas une réussite en matière de promotion, en ayant réussi à faire parler de lui bien avant la sortie du film, et fait couler un flot d’encre en sa faveur.
Note: 6/10
Compléments :
> La Fiche du film du Wikipedia.
> Scènes coupées souvent plus drôles que celles présentes dans le film.
> Le Site du film.
> Critiques sur "CommeAuCinéma", "FilmDeCulte", "Télérama", "Fluctuat".
> Sur les Blogs: "Critico-Blog", "LaSenteurDeL'Esprit", "Niklas", "BlogTelerama", "Cinémapolis".
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17/11/2006
May B, de Maguy Marin
Poupées d’Argile, Poupées de Sons.
Sur scène, 10 personnages sortis des mains de leur Créateur, après une genèse qui démarre dans l’obscurité.
Ils ne sont pas encore mûrs, ils râlent, grognent, crient. Ce sont des 'primitifs', réagissants en groupe aux rythmes de musiques primaires, martiales ou commerciales. Pas d’individualités, ni d’individualismes. Ils semblent heureux.
Petit à petit, ils évoluent et s’individualisent. Les groupes se scindent, puis se fragmentent en couples. Des rivalités naissent. Des conflits éclatent. Des rapports de domination s’installent. La richesse commune devient un gâteau inégalement réparti. Les minorités sont condamnées à partir, là où croient-elles l’herbe est plus verte. Des frontières sont passées avec de maigres valises. Le groupe de migrants s’étiole au fur et à mesure des tentations et des mauvaises rencontres jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un individu, tout seul, ayant perdu tout ce qui faisait le bonheur de la communauté humaine du départ. Triste destin de cette créature pourtant si bien dotée.
Toute ressemblance avec un peuple passé du jardin d’Eden aux camps de la Shoah, n’est évidemment pas fortuite. On y pourra également y voir de façon plus moderne le destin de populations émigrées passés de l’autonomie aux cités ghetto via de troubles épisodes coloniaux.
Le théâtre de Beckett n’est pas parmi les plus hilarants. Adapter son univers de silence, d’obscurité et d’immobilité, sous forme de pièce dansée n’était pas non plus particulièrement évident. "May B" (que Beckett soit ?) est donc un objet assez improbable, mais singulièrement réussi. Croisement incongru entre la danse, le mime et le théâtre, il démarre sous forme de chorus endiablé pour finir dans la tragédie existentialiste la plus noire. La musique omniprésente y a le même rôle que les fils qui manipulent les marionnettes [1]. C’est elle qui impulse le rythme, règle les chorégraphies, définit l’humeur (the 'mood') du moment.
Œuvre culte en avance sur son temps, "May B" fut largement incomprise et mal-aimée à sa création (1981). Mais elle est maintenant régulièrement remise sur scène, et permet souvent à la compagnie Maguy Marin de financer ses nouveaux projets. Elle est reprise cette année à l’occasion du "Festival Paris Beckett", organisé à l’occasion du 100-ième anniversaire de la naissance du dramaturge franco-irlandais. Pendant un an, de septembre 2006 à mai 2007, l’ensemble du répertoire dramatique du Prix Nobel 1969 fera l’objet de manifestations dans toutes les disciplines artistiques. L'occasion de revisiter l'ensemble d'une œuvre sur la fin d’un monde [2], où les mots sont rares, mais qui donne la parole aux sans-voix.
[1] C’est encore plus évident en anglais, 'strings' désignant à la fois les cordes des instruments de musique, et les fils des marionnettes.
[2] "La Fin. C’est la Fin. C’est peut-être la Fin" ("May B").
Compléments :
> "May B" au Théatre de la Ville de Paris en 2006.
> Le spectacle sur le site de la Compagnie Maguy Marin.
> Les critiques de LesEchos, LeMonde, LeFigaro.
> Sur les Blogs: J-LB Journal , NicolasDambre, Clochettes, CourOuJardin.
> Le programme du Festival Paris Beckett (en pdf).
> Citations de Beckett.
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14/11/2006
Les Fils de l’Homme (Children of Men)
2027, L'Odyssée de l'Espèce.
Londres, dans une vingtaine d'années. Les gouvernements de la Terre n’ont pas écouté les conférences de Al Gore, ni lu les rapports consacrés au réchauffement climatique (Cf. le rapport de Nicholas Stern, chef économiste de la Banque Mondiale), et tous les pays se sont enfoncés dans une crise écologique et économique sans précédent. La pollution a entraîné une stérilité de tous les êtres humains, plus personne n’est né depuis 18 ans, et chaque pays vit replié sur lui-même en complète autarcie, les 'étrangers' étant désignés comme boucs émissaires de tous les maux.
La grande force de ce film est son grand réalisme apparent. Pas de technologies futuristes, pas de régime dictatorial extrême, pas d’extra-terrestres belliqueux. On est très loin des anticipations à la "1984", "Fahrenheit 451", "Brazil", "Equilibrium", "V pour Vendetta", "Invasion Los Angeles", etc. Ici rien que de légères extrapolations d’une réalité qu’on peut toucher du doigt tous les jours (surtout si on vit dans une cité du 9-3). Plus qu’une dictature imposée par une minorité, c’est un régime 'fort' tel qu’il est réclamé actuellement par de nombreuses populations à travers le monde. Les gens qui ont du travail vont au boulot comme tous les jours, les clandestins sont pourchassés par la police, les riches profitent de leur fortune. Rien que de très 'normal', si ce n’est un attentat de temps en temps.
Mais en suivant le 'héros', ex militant gauchiste désabusé, humaniste pacifiste et fragile, on ouvre progressivement les yeux sur la profonde injustice de tout le système. Le contraste entre les quartiers riches où vivent les privilégiés (très belles scènes du centre de Londres) et les ghettos où survit la racaille. La propagande matraquée sans relâche pour inciter à dénoncer les 'mauvais citoyens'. La Police, brutale et corrompue, qui mène ses chasses à l’Homme sans aucun respect des droits humains. Les camps de concentrations pour illégaux. Les opposants éclatés en une multitude de groupuscules utopistes et inconciliables (babas cool, sectes chrétiennes, islamistes, écolos, gauchistes, etc.). La télé, le jeu et la drogue omniprésents pour s’évader de ce monde sans avenir.
Toute cette atmosphère de fin du monde est vraiment extrêmement bien réalisée, à l’inverse de la plupart des films de SF habituels qui nous annoncent d’emblée: n’ayez pas peur, c’est une fiction. Là, on se croirait dans un reportage effectué par une équipe de télévision, caméra à l’épaule. La scène finale de maintien de l’ordre rappelle ce qu’on a pu en voir en Yougoslavie, au Liban ou en Irak, avec un réalisme qui force le respect.
Là où le film est plus critiquable, c’est sur 2 points essentiels qui plombent le film a posteriori.
D’abord, l’ambiance un peu trop chrétienne. Si la présence de sectes apocalyptiques peut se comprendre dans ce contexte, avoir accumulé dans le scénario une femme qui est miraculeusement enceinte d’un père inconnu et qui doit fuir son pays pour échapper aux forces de l’ordre, un enfant regardé comme le messie, la trahison du groupe [1] par un de ses membre, ça fait un peu beaucoup pour un scénario qui ne brille pas par sa complexité. Le titre faisait déjà assez référence à Jésus, venu parmi les hommes pour leur montrer la voie. N’est pas Kubrick/Clarke qui veut [2].
Les incohérences socioéconomiques des postulats de départ, ensuite. Dans un pays où la population est condamnée à vieillir et à disparaître, il peut sembler illogique de ne pas faire appel à une immigration ('choisie') de jeunes adultes déjà formés. On peut également douter qu’une économie qui est obligée de consacrer des ressources aussi importantes aux forces armées et au contrôle de la population soit encore capable d’avoir un niveau de vie aussi élevé.
Au total, si ce film n’est pas le chef d’oeuvre qu’il aurait pu être avec un scénario un peu plus consistant, il est néanmoins à voir pour sa technique époustouflante et ses décors qui mériteraient au moins un Oscar. Un bon point également pour les nombreux acteurs qui servent l’histoire sans jamais tirer la couverture à eux (les stars meurent en général assez rapidement).
[1] nommé les 'Poissons' (symbole des premiers chrétiens).
[2] "2001, l’Odyssée de l’Espace" est évidemment la référence ultime pour ce genre de film. Rappelez vous : un groupe d’astronautes quittent une terre à bout de souffle, l’un d’eux porte en lui sans le savoir celui qui sauvera l’humanité, mais ils sont trahis pendant le voyage par un des membres du groupe.
Note: 7/10
Compléments :
> La Fiche du film du Wikipedia.
> Le Site du film.
> Critiques sur "Telerama", "FilmDeCulte", "Excessif", "EcranLarge", "iMedias", "LeFantastique.net", "ObjectifCinéma".
> Sur les Blogs: "KrinEin", "SebInParis", "HellJohn", "CritiquesClunysiennes", "Matoo".
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11/11/2006
Films de Novembre 2006
En Automne, les Feuilles se ramassent à la Pelle.
Une foultitude de films intéressants sort en ce moment. Difficile de tout voir (quand donc les distributeurs sauront-ils étaler les sorties tout au long de l’année ?) et d’en rendre compte au fur et à mesure. Certains valent le coup d’être vus, d’autres sont très décevants.
Quelques exemples ci-dessous (en plus des "Fils de l'Homme" et du "Labyrinthe de Pan" qui méritent une chronique à part).
> "Ne le dis à Personne" (9/10) : Une bonne surprise. Un film nerveux, une ribambelle d’excellents acteurs, une adaptation excellente au contexte français à partir d’un roman qui se passait aux Etats-Unis. Le cinéma français ne nous habitue pas à des polars de cette qualité, même si on peut noter quelques petits défauts de jeunesse dans ce qui n’est qu’un 2-ième film. Guillaume Canet est en tout cas un réalisateur à suivre.
(Plus de détails chez Telerama, iMedias, FilmDeCulte, Excessif, SebInParis, KrinEin, OjectifCinéma).
> "Le Dahlia Noir" (5/10) : Une grosse déception. Comparé à "Ne le Dis à Personne", le Dahlia semble bien fané. Manque de rythme, personnages sans épaisseur psychologique (Scarlett Johansson hérite du plus mauvais rôle de sa carrière), intrigue embrouillée (parce que trop éloignée du roman de James Elroy ?), problèmes de production, tout concours à faire de ce film un ouvrage besogneux, loin de ce qu’à pu faire De Palma il y a quelques années. Pour lui, ce Dahlia doit plutôt être considéré comme un Chrysanthème ...
(Plus de détails chez iMedias, Fluctuat, Excessif, EcranLarge, DvdCritiques, IdeaEntertainment, SebInParis, L’Ouvreuse, Peyomedia, ObjectifCinéma).
On notera également un plagiat assez culotté dans l'affiche utilisée (C.f. CultureCafé).
> "Scoop" (8/10) : Woody Allen tel qu’en lui-même. Après un "Match Point" un peu exceptionnel dans sa thématique et sa réalisation, Woody revient aux comédies douces-amères dont il a le secret. Certains n’aimeront pas, mais pour les amateurs de bons mots et de récits où un petit binoclard insignifiant s’attaque avec humour à l’Establishment, c’est une étape incontournable.
(Plus de détails chez Telerama, Fluctuat, iMedias, Excessif, EcranLarge, KrinEin, CriticoBlog, HellJohn, SebInParis).
> "Prête-Moi Ta Main" (8/10) : Tendresse et Humour. Une bonne petite comédie romantique traditionnelle, sympathique et sans prétentions, qui joue sur l’opposition et l’attirance des contraires. Pas très réaliste (je ne connais pas beaucoup de patrons prêts à signer un chèque de 15.000 € sans discuter !), mais ce n’est pas ce qu’on demande à ce genre de films, parfaitement calibré pour les célibataires esseulé(e)s ou les couples qui se questionnent. L’occasion en tout cas de voir une Charlotte Gainsbourg amusante, dans un rôle bien moins 'lisse' que d’habitude.
(Plus de détails chez iMedias, FilmDeCulte, Excessif, HellJohn, ThroughMyEyes).
> "Le Prestige" (8/10) : Un très bon film en costume qui retrace la grande époque de l’Illusionnisme, quand la Science transforme notre vision du monde et relègue la magie au rang des accessoires désuets. "Le Prestige" est aussi une bonne réflexion sur l’arrivée au pouvoir et la manière de le conserver. Promesses (électorales), tours de passe-passe (budgétaires) et consécration populaire sont en effet les 3 temps de tout candidat à l’immortalité politico-médiatique.
D’après le récit du romancier de SF Chistopher Priest ("Le Monde Inverti"), le film suit le parcours de 2 apprentis maîtres du mondes, leurs coups bas, leurs vengeances, leurs ego démesurés, où tout est bon pour s’imposer en haut de l’affiche, quitte à y sacrifier famille et amis. Tenants de la tradition qui privilégient les bonnes vieilles recettes, et innovateurs qui testent les nouvelles techniques se combattent pour le privilège futile de rester dans l’Histoire comme étant 'le plus grand'. Mais alors que chaque nouveau moyen d’expression détrône en grande partie le précédent (internet > télévision > cinéma > music-hall > foires), n’est-il pas illusoire de se lancer dans cette vaine quête de l’Absolu ?
(Voir aussi les analyses de EcranLarge, iMedias, KrinEin, SebInParis, L’Ouvreuse, AVoirALire, Cinémapolis, ARebours).
> "Black Book" (9/10) : Retour remarquable du 'Hollandais Violent', après quelques films hollywoodiens peu convaincants. Un film dans la lignée de "La Chair et le Sang", alliant action et réflexion sur les passions humaines et le goût du pouvoir, avec un sens des conventions cinématographiques très politiquement incorrect. Une fin sans équivoque, qui montre que les 'bons' d’hier peuvent devenir les 'méchants' de demain (et inversement), n’en déplaise aux démagogues de tout poil. Un film indispensable en cette période hypocrite, en attendant le prochain vrai grand film européen de Verhoeven.
(Plus de détails chez iMedias, Fluctuat, KrinEin, SebInParis).
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