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28/05/2007

Genshiken de Takashi Ikehata

GenshikenOtakus, Mode d’Emploi.

Genshiken, c’est le "Club d'Etude de la Culture Visuelle Moderne", un nom pompeux pour un petit club universitaire comme il en existe des milliers au Japon et dans lequel se retrouvent quelques étudiants pas très dynamiques. Il est dédié aux mangas, aux animes, et à toutes leurs déclinaisons (figurines, jeux vidéos, 'cosplay', fanzines, parodies, sous-genres gays et lesbiens, etc.).
A l’occasion de la rentrée universitaire, il va s’enrichir de 2 nouveaux membres, Kanji, étudiant timide et complexé, et Saki, amoureuse d’un des piliers du club. Bien qu’allergique à ce genre d’activités, elle essaie de s’y incruster en espérant le conquérir.

C’est l’occasion pour le spectateur de découvrir l’intimité de ces drogués des nouvelles cultures visuelles, capable de visionner les pires dessins animés jamais diffusés à la télé, ou de discourir pendant des heures sur le destin comparé de héros de série B. Sans compter leurs incursions dans les magasins spécialisés de Akihabara, les 'conventions' destinées aux fans, ou la fête annuelle de la fac destinée à se montrer pour continuer à exister l’année suivante.

GenshihenLe ton est très humoristique, brocardant tous les travers d’une communauté repliée sur elle-même, se passionnant pour des sujets superficiels et à mille lieux de la vie réelle. Univers intellectuel limité, difficultés relationnelles, achats compulsifs, luttes de chapelles, comportements parfois sectaires, c’est la vie quotidienne de l’otaku de base qui est abordée.
Malgré tout, le sujet est traité sans excès, sans anathème, en mettant en scène des personnages très typés, mais non caricaturaux. On sent que les créateurs de la série ont eu l’occasion de vivre de nombreuses situations analogues.

La série est d'autant plus sympathique qu'elle a un côté universel. Au-delà du petit monde des otakus, on y retrouve en effet le fonctionnement de toutes les communautés un peu à l’écart, que ce soit dans le domaine religieux, culturel, sportif ou technique. Tous les pratiquants des blogs sont bien placés pour le savoir.

Note : 9/10

Compléments :
> Les critiques de DvdAnime, AnimeKa, AnimeKun, DvdRama, Kanpai, Didje2k2, Japanbar, RatonLaveur.

19/05/2007

La Liste de Carla

La Liste de CarlaDe Srebrenica à La Haye, Espoirs et Désillusions.

Sorti dans l’indifférence générale, ce documentaire de la Télévision Suisse [1] suit pendant les derniers mois de 2005, les pérégrinations de Carla del Ponte, procureur(e) au Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Depuis 1999, elle tente d’appréhender et de juger les responsables des crimes de guerre et contre l’Humanité perpétrés en Serbie, Croatie et Bosnie entre 1991 et 1995.
Elle ne possède aucune force dédiée, et est donc obligée de s’en remettre aux gouvernements locaux actuels, aux troupes internationales de maintien de la paix (ONU, OTAN) et aux services secrets européens et américains opérants dans ces pays. Le moins que l’on puisse dire, est que ceux-ci sont assez peu motivés et très peu efficaces [2]. Alors que le menu fretin a fini par être interpellé, les plus gros poissons (6 à ce jour), tous serbes, courent toujours sans être inquiétés.

Qui les protège ? Les militaires serbes, sans aucun doute. Mais les gouvernements européens et américains font-ils vraiment le nécessaire, ou préfèrent-ils fermer les yeux volontairement ?
Carla del Ponte penche plutôt pour une incompétence et une insuffisance de moyens, analogue à celles mise en oeuvre contre le terrorisme islamique.
Alors que les moyens modernes d’écoutes des télécommunications permettent de repérer rapidement n’importe qui (Cf. la capture du général croate Ante Gotovina effectuée par la police espagnole, et révélée pendant le reportage), comment quelques privilégiés continuent-ils d’échapper aux troupes chargées de les capturer ? Les Balkans ne sont quand même pas aussi impénétrables que les montagnes afghanes !
Au-delà de l’unité de façade exprimée pour condamner le génocide, on observe bien peu de volonté pour effectuer les actions politiques et militaires nécessaires. Le fait que les victimes de Srebrenica aient été musulmanes est-il déterminant pour qu’on préfère ne pas trop s’en préoccuper ? Le refus des Etats-Unis d’avaliser la création d’un tribunal pénal international permanent entre aussi certainement en ligne de compte. Mais le problème principal semble la guéguerre entre les officines des différents pays (voire entre les différents services de renseignement comme aux Etats-Unis), chacun conservant pour lui les informations recueillies sur le terrain sans en faire profiter les autres.

Carla del PonteCe documentaire est un très bon portrait de Carla del Ponte et de son équipe, de leurs espoirs, leurs doutes, leurs tactiques pour essayer d’amener les responsables internationaux à respecter leurs engagements. C’est également un portrait émouvant des victimes, femmes / filles / mères / amies des hommes exécutés à Srebrenica, leur combat contre l’oubli (analogue à celui mené par les femmes d’Argentine et du Chili contre les exactions des juntes militaires), leurs tristesses et leurs espoirs déçus.
C’est aussi un cruel compte à rebours. Le TPIY devant être dissous en 2008/2010, et le mandat de Carla del Ponte arrivant à échéance en septembre 2007, les chances de condamner les principaux responsables du génocide s’amenuisent de jour en jour.
A moins que d’ici là les pressions politiques de l’Union Européenne et des USA redevenus démocrate impulsent une nouvelle dynamique, face à des pays de l’ancienne Yougoslavie pressés de bénéficier des faveurs de l’Espace Economique Européen.

Note: 9/10

[1] réalisé avec l’appui de différents services de l’Etat Suisse.
[2] Cf. "No Man’s Land", l’excellent film de Danis Tanovic, relatant de façon tragi-comique la guerre serbo-croate et la façon particulière des forces de l’ONU de gérer la crise.

Compléments :
> Le site du film.
> Les commentaires d’Amnesty International, de SwissInfo, de la Fédération Nationale des Unions de Jeunes Avocats, de Courrier International.
> les Critiques de Telerama, CommeAuCinema, CineMagazine, Fluctuat.

12/05/2007

Spiderman 3

Spiderman3"Tempête du Désert" à Manhattan.

Encore un film dont on attendait beaucoup, et qui se révèle très décevant. L’exploitation des bons filons finit par conduire à une baisse de qualité particulièrement importante.

Avec les 2 premiers opus, "Spiderman" avait pourtant placé la barre assez haut. Avec les "X-Men" (dont le 3-ième volet est lui aussi raté), il avait réussi à conjuguer dans un même film familial grand public, grand spectacle et réflexions intimistes, action et sentiments, le tout de façon intelligente et bien réalisée. Bref, le rêve de tout producteur hollywoodien.
Tout le monde peut se reconnaître dans les personnages principaux, adolescents peinant à trouver leur place dans la société, leurs petits problèmes de tous les jours, les décalages entre la grandeur de leurs rêves et les désillusions de la réalité. C’est ce qui a fait le succès de la BD et qui avait été brillamment repris dans les scénarios précédents.

Pour le 3-ième, changement de perspectives. En voulant en faire toujours plus (de personnages, d’effets spéciaux, …) on dénature complètement le message, et on le radicalise à la sauce américaine. Plus de clairs-obscurs, mais une bataille simpliste entre les bons (américains, blancs, ayant une famille, un travail, une patrie, …) et les autres. L’Amérique bien pensante se défend face à une invasion venue d’ailleurs (une espèce de tchador noir qui corrompt les esprits, comme le faisait le communisme dans les années 50). Un bon américain est celui qui lutte pour le mode de vie américain et ses valeurs, quelques soient les moyens employés.

On pardonnera donc aux braqueurs de banques (une espèce de GI pas très malin, aux vêtements couleur de treillis en Irak), car ils le font pour soigner leur petite fille malade.
On pardonnera aussi au gosse de riche, faux frère mais vrai VIP, car il met sa fortune de fabricant d’armes au service du combat contre le 'Mal'.
On encensera le bon sens populaire, et ses aphorismes à 2 Cents.
On approuvera l’exploitation des salariés par un magnat de la presse, héros du capitalisme triomphant, et respectueux des quotas ethniques (son second est un Noir), quoique toujours prêt à manipuler l’opinion dans le sens de ses intérêts financiers.
Le tout sous les yeux de foules décérébrées, pour qui la guerre est un spectacle, et qui applaudissent à tout rompre ses porte-drapeaux en uniforme bleu et rouge.
Le seul à ne pas trouver sa place dans ce paradis US est le jeune arriviste sans famille, obligé de travailler pour vivre, qui aspire à la respectabilité en épousant la fille du chef de la Police, et qui se laisse séduire/corrompre par les idées étrangères. Cette seule différence avec Peter Parker suffit à le condamner sans appel au son des cloches d’une église. "God Bless America" !
Dans les laissés pour compte, on notera également la fille (russe ?) de son logeur, Ursula, nettement plus sympathique et moins insipide que MJ et Gwen Stacy réunies, mais pas très conforme aux canons hollywoodiens. Ce Spiderman est vraiment un grand niais.

Au final, un film long, pompeux, où on regarde souvent sa montre en espérant retrouver les personnages des débuts. Mais il faut se rendre compte de l’évidence, la malédiction des trilogies a encore frappé. Espérons que personne n’aura l’idée de sortir un 4-ième épisode, car on n’ose imaginer ce que ça risque de donner.

Note: 4/10

Compléments :
> Le site du film.
> les Critiques de CommeAuCinema, Telerama, Fluctuat, FilmDeCulte, Excessif, Cinefil.
> Sur les Blogs: CriticoBlog, Matoo, SebInParis, LaSauce, ARebours.