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30/08/2007

Lorelei de Shinji Higuchi

Lorelei, la Sorcière du PacifiqueLes Fausses Notes de la Sirène du Pacifique.

Le cinéma japonais grand public, à l’exception notable des dessins animés, est en crise depuis plusieurs années et rien ne semble devoir l’en sortir. Quelques films obtiennent pourtant de temps en temps un important succès auprès du public local, comme "Lorelei" en 2005.
Se déroulant à un point clé de l’Histoire contemporaine nipponne (les bombardements nucléaires de la fin de la Seconde Guerre Mondiale), il partait à priori avec de bons atouts. Production à gros budget, réalisée par un ancien de "Neon Genesis Evangelion", casting intéressant (dont Koji Yakusho l'acteur fétiche de Kiyoshi Kurosawa), trucages réalisé par Skywalker Sound.

A l’arrivée, le résultat est assez mitigé.
Si le récit évite le manichéisme, et présente dans chaque camp des individus aux motivations contrastées, il n’évite pas certains écueils rédhibitoires.

Du côté japonais, le plus développé, on trouve notamment un équipage de loosers, conduit par un capitaine ayant refusé d’effectuer des missions suicide, des mutins rescapés des armées ‘oubliées’ dans les jungles du sud-est asiatique, un état-major va-t-en guerre explicitement accusé de lâcheté, une métisse judéo-nippone rescapée des camps de la mort et objet d’expériences parapsychiques de la part de médecins nazis.
Du côté américain, les personnages sont moins malveillants et stupides que d’habitude dans ce type de films, mais se voient reprocher à juste titre leurs bombardements aveugles sur les populations civiles.
Les effets spéciaux 3D sont plutôt bien réalisés, qu’ils concernent les avions, les bateaux ou les sous-marins.
La bande son est excellente, que ce soient les chants de notre sirène, ou l’ambiance sonore d’un sous-marin en plongée.

Là où le bât blesse, c’est dans l’accumulation de situations caricaturales, trop typiquement japonaises.
Le scénario multiplie en effet les individus qui se sacrifient pour le groupe, ou préfèrent se suicider plutôt que d’affronter le déshonneur. Ces comportements sont certes emblématiques de la culture japonaise des siècles passés, mais le film les assène avec un tel sérieux, et de façon tellement incongrue par rapport au reste de l’intrigue, qu’ils en sont complètement ridicules pour un spectateur occidental contemporain.
On comprend mieux pourquoi ce long métrage n’est pas passé dans les salles françaises, et est sorti directement en DVD.
Une grosse déception donc, à ne voir qu’à titre de curiosité. Sur le sujet, on lira/verra plutôt "Zipang" de Kaiji Kawaguchi, ou "L’Histoire des 3 Adolf" d’Osamu Tezuka, nettement moins simplistes dans leurs descriptions des militaires japonais d'avant 1946.

Note : 6/10

Compléments :
> Les critiques de CommeAuCinéma, SanchoAsia, CineAsie, DvdRama.
> Une très bonne Histoire du Cinéma Japonais sur Fluctuat.
> Le mythe allemand de la Loreleï, sirène/sorcière de la vallée du Rhin.

29/08/2007

La Traversée du Temps, de Yasutaka Tsutsui

La Traversée du Temps (Kazuko jeune)Cahier à Spirales Temporelles.

Au début de l’été était sorti un charmant petit dessin animé, brillamment réalisé par une des valeurs montantes du japanime. Il laissait néanmoins planer un certain nombre de questions sans réponses, telles que l’importance des nuages dans le ciel estival, l’éventualité d’une nouvelle rencontre entre Chiaki et Makoto, ou les événements du passé de Kazuko (la tante de Makoto). La tentation était forte de lire le roman à l’origine du scénario pour essayer d’y trouver quelques éléments de réponses.

Malheureusement, cet espoir est sans issue. La "Traversée du Temps" de Yasutaka Tsutsui est un ouvrage intéressant, bien écrit, mais particulièrement mince, dépourvu de toute description détaillée de lieux et ne comportant que 4 personnages. Destiné à un public plutôt adolescent, il privilégie les phrases courtes, tournées vers l’action, et se s’embarrasse pas de descriptions superflues. C’est presque un scénario de film, mais sans le story-board permettant de le resituer dans un contexte précis. L’intrigue de base est la même que dans le dessin animé, avec seulement quelques différences dans les détails (camion à la place du train, mélange de parfums à la place de la noix, etc.). Masaru promet également à Kazuko de revenir la voir dans un futur indéterminé.

Kazuko, agée
On mesure d’autant plus le travail colossal qui a dû être fait pour le film, afin d’y créer une ambiance spécifique, définir tous les personnages secondaires, ajouter des intrigues complémentaires, et étoffer suffisamment l’histoire pour ne pas s’ennuyer pendant la centaine de minutes de la projection. Le film y gagne beaucoup, que ce soit dans le comique de répétition des déambulations de Makoto, la modernité psychologique des personnages, ou la profondeur philosophique des réflexions sous-jacentes.

Bref, un bon roman pour ados, agréable à lire et sans prise de tête inutile, mais qui sera un peu décevant pour ceux qui chercheraient à approfondir les mystères du film.

Note : 7/10

Compléments :
> Le site du film et du roman.
> Ma chronique du japanime, et ses références.

27/08/2007

Films de l'Eté 2007

Bientôt la Rentrée. L'occasion de faire un bilan des sorties cinématographiques de ces derniers mois. Bilan rapide étant donné le peu d'intérêt des films sortis dernièrement. En dehors des dessins animés et des documentaires, le cru 2007 ne restera pas longtemps dans les mémoires. Outre les quelques films chroniqués précédemment, certains long métrages arrivent à tirer leur épingle du jeu, au moins le temps de la séance.
Le bilan de fin d'année sera néanmoins rapide à effectuer...

Zodiac "Zodiac" (9/10) : La réalité dépasse souvent la fiction. Donc, pas besoin dans rajouter comme l’avait fait De Palma dans "Le Dahlia Noir", film creux, boursouflé et ennuyeux. "Zodiac" privilégie plutôt l’aspect documentaire qui avait déjà si bien réussi à "Memories of Murder". Les policiers n’y sont pas des supers héros invincibles et inspirés, mais de simples collecteurs d’indices besogneux, opiniâtres, faillibles, en un mot humains. Du coup, suivre l’enquête devient assez fascinant, car on éprouve les mêmes doutes, on tombe dans les même fausses pistes et on bute sur les mêmes difficultés liées à l’obtention de preuves formelles et au respect des règles procédurales. Contrairement à 'Dirty Harry' dans "Scorpio", il ne suffit pas d’une intime conviction, d’une poursuite en voiture et de quelques coups de feu pour mettre hors d’état de nuire un serial killer, même quand on a réussi à le mettre dans la liste des suspects. C’est sans doute ce traitement réaliste, et sans concessions, qui n’a pas plu au public américain. Car le film pointe aussi la mauvaise communication entre les différents services de police, la cruelle absence de techniques scientifiques d’analyse, l’importance démesurée donnée à la graphologie, le respect tatillon de la procédure conduisant à écarter des indices, la faiblesse des témoignages humains dans un contexte de paranoïa grandissante. Il faut aussi noter que le 'tueur du zodiaque' était un blanc. Un noir ne serait sans doute pas resté aussi longtemps en liberté.
(Voir critiques sur: CriticoBlog, CommeAuCinéma, Telerama, Excessif, Fluctuat, FilmDeCulte, iMedias, KrinEin, HellJohn, Niklas, SebInParis, PibeSan).

Pirates des Caraïbes 3 "Pirates des Caraïbes 3, Jusqu'au Bout du Monde" (8/10) : La troisième partie des trilogies est souvent l’occasion de constater une baisse importante de la qualité globale des longs métrages, le but étant plus de maximiser les bénéfices encaissés que de satisfaire le spectateur. "Pirates des Caraïbes 3" est donc une bonne surprise. Toujours aussi déjanté, visuellement beau et impressionnant, globalement bien joué, multipliant les rebondissements scénaristiques, mélangeant habilement le pur récit de pirates à la Stevenson et les mythes séculaires de la mer (odyssée d’Ulysse, voyages de Simbad, Hollandais Volant, Capitaine Nemo, Kraken, …). La cerise sur le gâteau est d’avoir un film assez peu hollywoodien sur le fond, sans happy end, commençant avec la mort d’un enfant, et faisant des pirates du monde entier (anglais, français, espagnols, africains, perses, chinois, malais) de vrais héros face à la tentative de domination et d’uniformisation d’une multinationale anglo-saxonne. Pas mal pour une production Disney !
(Voir critiques sur CriticoBlog, CommeAuCinéma, Excessif, Fluctuat, FilmDeCulte, iMedias, KrinEin).

Shrek 3 "Shrek 3" (7/10) : "Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants". La saga Shrek arrive logiquement à son terme, et les scénaristes ont eu apparemment beaucoup de mal à trouver de quoi parler. D’où, un rythme un peu plu décousu, une énième tentative du Prince Charmant de prendre le pouvoir, une prolifération de nouveaux personnages largement sous-exploités, un humour moins transgressif, moins innovant, moins révolutionnaire. Les gens heureux n’ont pas d’histoire(s). Après les fiançailles, le mariage puis les enfants, le futur Shrek 4 aura logiquement encore plus de mal à innover, sauf à mettre résolument l’accent sur un autre personnage principal (l’Ane, le Chat Potté, les enfants Shrek, … ?).
(Voir critiques sur: CriticoBlog, CommeAuCinéma, Telerama, Excessif, Fluctuat, FilmDeCulte, iMedias, KrinEin, Matoo).

Harry Potter 5 "Harry Potter et l'Ordre du Phénix" (7/10) : Et de 5 ! Le feuilleton à succès du moment se poursuit année après année avec des épisodes qui tiennent globalement la route. Celui n’est pas trop mal, même s’il est apparemment très (trop) résumé par rapport à son équivalent papier. Ceux qui n’ont pas vu les épisodes précédents ont intérêt à suivre des cours de rattrapage. Le public visé est de 2 sortes : les aficionados, qui ont besoin de voir et lire tout ce qui concerne leur héros préféré, et ceux qui n’ont pas envie de se taper les milliers de pages de la version écrite. Les autres auront intérêt à aller voir autre chose.
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Persepolis "Persepolis" (9/10) : La grande Histoire au travers de la petite. Le procédé n’est pas nouveau, mais ça fonctionne toujours aussi bien. Le passage de la BD au grand écran est particulièrement bien réussi, et en respecte aussi bien la forme que l’esprit. Réalisée par des américains, on aurait eu droit à une version caricaturale de l’Iran, bien éloignée des messages que parvient à nous faire passer Marjane Satrapi. A voir absolument, puis à compléter par la BD qui est (évidemment) plus détaillée.
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Hot Fuzz "Hot Fuzz" (8/10) : Robocop dans la campagne anglaise. Difficile d’être un super-flic dans un trou perdu où il ne se passe apparemment rien ou presque. Mais au royaume du Five O’Clock tea, les apparences sont souvent trompeuses. Parodie des films d’action testostéronés, croisement entre les recettes sans finesse des films américains et les traditions des enquêtes policières policées britanniques, le film est un petit bijou d’humour rehaussé de non-sense, cher à nos voisins d’Outre Manche. Seul regret, un final débridé difficilement maîtrisé, qui aurait gagné à être un peu plus sobre.
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Raisons d'Etat "Raisons d’État (The Good Shepherd) " (8/10) : Trahisons et Mensonges dans le contexte de la création de la CIA, ou le basculement d’un régime démocratique parlementaire vers une autocratie au service du lobby militaro-industriel. Surestimant volontairement ses ennemis pour obtenir plus de crédits et de pouvois, échappant progressivement au contrôle démocratique, éliminant sans remords ses amis et alliés sur de simples soupçons, se laissant facilement abuser par le KGB et ses taupes anglaises, la CIA n’a jamais réussi à remplir les missions que ses créateurs lui avait fixé. Le montre de Frankenstein, grandi trop vite et échappant à tout contrôle, n’a malheureusement pas fini de provoquer les dégâts qu’on connaît. Un bon film, loin des jamesbonderies habituelles, plus proche des bons romans de John Le Carré, et des films politiques comme Syriana.
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Les Simpson "Les Simpson" (8/10) : N’ayant pas de télé, je n’avais encore jamais eu l’occasion d’en voir un épisode entier. Finalement, ce n’est pas mal. Amusant, bien rythmé, égratignant gentiment la société américaine, ses valeurs terre-à-terre, sa beaufitude profonde. On peut néanmoins lui reprocher une morale un peu trop disneyenne (importance donnée à la famille, chance donnée même au pire des idiots, etc.). Dans le même registre, "South Park" est quand même un peu plus subversif.
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Ratatouille "Ratatouille" (10/10) : Un chef d’œuvre de plus pour Pixar, comme d’habitude. Chez eux, on peut aller se restaurer les yeux fermé. Les plats y sont de qualité, le personnel mérite largement ses étoiles, et on y passe une soirée toujours agréable. Alors qu’Hollywood multiplie généralement le fast-food industriel, le recyclage des restes et les plats réchauffés, il est réconfortant de voir des artisans capables de sélectionner les meilleurs produits, inventer de nouvelles techniques, et les combiner à la perfection pour proposer un menu au niveau aussi élevé. Disney ferait bien de s’en inspirer pour le reste de sa production.
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23/08/2007

La Possibilité d'une Ile, de Michel Houellebecq

Karma-Sutra

En plus de s’intéresser aux aspects socio-économiques de la relation humaine ("Extension du Domaine de la Lutte", "Plateforme"), Houellebecq développe aussi souvent des notions plus métaphysiques liées au sens de la Vie. "Les Particules Élémentaires" posait la question de la cause de la Souffrance, et de la Voie à suivre pour y remédier. "La Possibilité d’une Île" en est la suite logique, envisageant les conséquences des travaux de Michel Djerzinski.

Matériellement, le roman prend la forme des romans d’anticipation de tradition française ("L'Éternel Adam" de Jules Verne, "Le Grand Secret" de René Barjavel ou "L’Ève Future" de Villiers de L'isle-Adam) en lorgnant un peu sur les équivalents américains ("Je Suis une Légende" de Richard Matheson, par exemple).
Le récit se développe sur plusieurs siècles, tenant pour acquis un désastre écologique majeur, allié à des guerres entres nations riches et pauvres pour s’assurer les dernières ressources naturelles disponibles. L’Humanité finit par se scinder en 2 groupes, les riches se reproduisant en vase clos, grâce au meilleur de la technologie, les pauvres finissant par régresser vers un stade de sauvagerie animale.

Son prétexte scientifique repose sur le clonage, prôné par une secte promettant l’immortalité individuelle. On fait vite le rapprochement avec les raéliens, que l’auteur a fréquenté quelques temps. La description féroce des motifs et des agissements du gourou, montre bien que Houellebecq est bien trop malin pour se faire avoir par ce genre de manipulations, et que le procès d’intention qui lui a été fait par certains n’était pas du tout fondé. Il a dû certainement prendre un grand plaisir à aller observer de l’intérieur le fonctionnement de ce genre de machine à décerveler. Il ironise d’ailleurs encore beaucoup sur les écrivaillons du milieu culturel franco-parisien, réalisateurs de produits marketing plus destinés à flatter les bas instincts du public pour se remplir les poches, qu’à délivrer des œuvres destinées à rester dans la postérité.
Si ses thèmes de base restent les mêmes (humanité conduite par le sexe, fuite vers le néant, pessimisme généralisé quand à la nature humaine), le style est un peu plus léger que dans ses ouvrages précédents. Le personnage principal étant un comique de bas niveau (style Arthur ou Bigard), les considérations philosophiques volent un peu moins haut. Les descriptions, quoique crues, de la vie quotidienne sont moins longues, moins obsessionnelles et moins sulfureuses que d’habitude. Les lecteurs énervés par le ‘style Houellebecq’ devraient donc le supporter plus facilement.

Sur le fond, 2 niveaux de lecture se détachent.
Le premier brasse les thèmes de la place de la vieillesse et de la jeunesse dans notre société, de la compétition naturelle entre vieux/riches et jeunes/pauvres, de la prépondérance absolue du paraître qui gangrène la société moderne en imposant le mythe d’une nécessaire jeunesse éternelle.

Le second reprend une thématique bouddhiste déjà esquissée dans "Les Particules Élémentaires". La partie contemporaine insiste sur le désir, et son insatisfaction chronique, comme cause essentielle de la souffrance existentielle de notre vie moderne. La maladie, la vieillesse et la mort sont systématiquement cachées, dans une tentative illusoire de vouloir se créer un Paradis artificiel. La partie future décrit un monde qui a cru supprimer la douleur de vivre en supprimant les émotions. La succession des clones est une forme de réincarnation, dont les corps sont à la fois identiques (même patrimoine génétique) et différents (pas de transmission des souvenirs). La continuité de l’Identité d’un individu doit donc se faire par l’enseignement (via l’étude et le commentaire des journaux intimes des générations précédentes). Dans la secte Elohimiste, les ‘Néo-humains’ correspondent donc à des Bodhisattvas artificiels, non soumis aux désirs (du sexe, de la nourriture, …), et les ‘Futurs’ à des Bouddhas pleinement réalisés, n’ayant plus besoin de se réincarner. Cette solution technologique ne peut pourtant que conduire à une impasse. La Cessation de la Souffrance a en effet été obtenu par des manipulations génétiques, sans tenter de résoudre le problème au niveau psychologique. Les clones obtenus deviennent alors une autre espèce animale, incapable de comprendre leurs prédécesseurs, ou même d’avoir quelque relation que ce soit avec leurs semblables. Devenir un Bodhisattva ne consiste pas à couper tous les ponts avec le Monde qui nous entoure, dans une démarche autistique, mais au contraire à augmenter son niveau de conscience pour interagir avec l’ensemble de l’Univers et ne faire plus qu’Un avec lui.

"La Possibilité d’une Île" est le récit d’une recherche d’un Paradis illusoire, par des méthodes insensées et périlleuses pour l’espèce humaine. Espérons que le clonage humain restera du domaine de la fiction, et que des fous dangereux n’auront pas un jour les moyens d’effectuer ce genre de réalisations.

Note: 8/10

Compléments :
> Le site officiel consacré à Michel Houellebecq.
> Les critiques de Lire, CritiquesLibres, KrinEin, eLittérature, LeMague, MoutonRebelle, DiscussingBooks, Valclair.
> Un très bon film qui traite d’une problématique identique : Samsara de Nalin Pan, portrait d’un jeune moine bouddhiste écartelé entre ses aspirations spirituelles et ses contraintes d’être humain.

18/08/2007

Still Life (Sanxia Haoren) de Jia Zhang Ke

Still LifeNature Morte ?, Une Vie Tranquille ?, Encore de la Vie ?

Encore un excellent film de la 6-ième génération de cinéastes chinois, commis par celui qui nous avait déjà gratifié du très bon "The World".

"Still Life" (le titre original est plutôt "Les braves Gens des 3 Gorges"), c’est la chronique douce-amère d’une Chine à la dérive, à travers le destin de 2 couples en crise essayant de reconstruire leurs vies, et de tous ceux qui gravitent autour d’eux.
Le site du Barrage des 3 Gorges renvoie à un pays où le passé est systématiquement détruit au nom d’idéologies successives opposées, et où l’aveuglement technocratique et le capitalisme sauvage finissent par mettre en pièce ce que la Révolution Culturelle n’avait pas réussi à supprimer totalement.
Destruction de la cellule familiale, exploitation et spoliation des plus pauvres, affairismes mafieux, retour à un esclavagisme des temps anciens, exode économique forment le quotidien des générations actuelles. Les relations humaines finissent par atteindre le degré zéro de la communication, malgré la généralisation des portables censés assurer le lien des hommes entre eux.

Billet de 10 YuanPourtant, l’espoir demeure parmi les exclus du système, grâce à la solidarité qui les unit dans l’adversité, matérialisée par des échanges de petits riens (une cigarette, un paquet de thé, un verre de vin, un bonbon "Lapin Blanc", …). C’est grâce à eux qu’ils arrivent à supporter leurs conditions déplorables, rêvant à un avenir meilleur, où l’équilibre de nouveau restauré entre le Ying et le Yang leur permettra de surmonter les obstacles et de retrouver une vie normale.

En plus d’images grandioses du YangTsé Kiang autour de Fengjie, une superbe bande son, où chansons passéistes et bruits quotidiens se mêlent harmonieusement pour évoquer une atmosphère à la fois dure et mélancolique.
Indispensable à voir pour tous ceux qui s’intéressent à la Chine d’aujourd’hui.

Note : 8/10

Compléments :
> Le site du film.
> Les critiques de CommeAuCinéma, SanchoAsia, Excessif, Fluctuat, FilmDeCulte, AVoirALire, Critikat, LaLibreBelgique, Aujourd'huiLaChine, CNBDI, LeWebPédagogique, CinéClubCaen.
> Sur les Blogs: CrticoBlog, CinqAnsEnChine, PibeSan, SurLaRouteDuCinéma, CaféGéo, PeauNeuve, TchinTchine, Wodka, Zvezdoliki.