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22/10/2007

Lettre de Guy Moquet

Lettre de Guy MoquetDe Qui se Moque-t-on ?

Un superbe dessin de Lindingre, paru dans Telerama, qui remet bien en perspective le contexte révisionniste actuel.

Ne mélangeons surtout pas les vrai-faux résistants bien français (qui ont rejoint Jeanne d'Arc parmi les images d'Epinal) avec les vrais résistants émigrés ou les 'indigènes' d'outre-mer qui ont réellement participé à la libération de la France.

Le 'Devoir de Mémoire' a bon dos quand il s'agit de manipuler l'Histoire à des fins partisanes.


Compléments :
> Les faits historiques sur Herodote.
> "Moquet Business" sur Rue89.
> "Guy Môquet : effacement de l’histoire et culte mémoriel" sur Libération.
> L'Affaire Guy Moquet sur agitateur.org.

20/10/2007

Vsprs d’Alain Platel

Vsprs 2007Vesperas sine Anima.

"Vsprs" (Vesperas sans les voyelles) se présente de prime abord comme un exercice de style oulipien (comme dans "La Disparition" de George Perec, roman écrit sans jamais utiliser la lettre E). Mais multiplier les expérimentations suffit-il à créer un bon spectacle ?

La base en est les "Vêpres de la Vierge" (1610) de Monteverdi, messe baroque revue et corrigée par des apports de jazz manouche particulièrement bien intégrés. Côté oreille, rien à dire au travail de Fabrizio Cassol, à l’interprétation des différents musiciens et au travail vocal de la soprano du jour (il y en a 3 en alternance).

Mais le spectacle est censé être aussi être visuel, et c’est là que ça se gâte.
Si j’ai bien compris, Alain Platel a voulu mélanger le déroulement d’une messe, principalement effectuée le soir dans les monastères, avec les aspects extatiques liés à la religion.
On rompt donc le pain en début de spectacle, et on enchaîne une succession de numéros censée exprimer le ressenti d’une Foi extrême.
Parmi les plus réussis, ceux de 2 contorsionnistes qui ne dépareraient pas la "Cour des Miracles".
Parmi les plus pitoyables, un poème ‘merdique’ (???) et une séance de masturbation collective (le monachisme rime-t-il obligatoirement avec onanisme ?).
Entre les deux, quelques solos dansés pas trop mal faits, des jeux de rimes sur des listes de mots (mais les mots choisis désamorcent l’effet hypnotique des psalmodies), ou l’escalade d’une montagne de sous-vêtements blancs (la Foi déplace les montagnes ?).
Bref, entre extase, transe, épilepsie et branlette hystérique, il y en a pour tous les (mauvais) goûts, mais on cherche en vain une cohérence d’ensemble. Les quelques rires de la salle semblent avoir plutôt avoir été causés par une sensation de gêne, que par le côté pas vraiment comique du spectacle.

Original donc, mais j’attendais mieux d’un spectacle créé en 2006, et repris à différentes occasion. Mieux vaut le voir les yeux fermés.

Vsprs 2007

Note: 5/10

Compléments :
> Le site des Ballets C de la B.
> Le spectacle sur le site du Théatre de la Ville.
> Les analyses et critiques de Libération, LaLibreBe, TheFakeCh, LesCulturelles, DanseLight, Fluctuat.
> Sur les blogs: AllegroVivace, ParisWeekEndDanse, Design, BienCulturel, Viennoiseries, Panopticon, Clochettes, Festivalier, ImagesDeDanse, FavoriteChoses, FrankSinatraEtMoi.

13/10/2007

Un Jour sur Terre, de Alastair Fothergill et Mark Linfield

Un Jour sur TerreLe Jour d’Avant, épisode 3.

Encore un documentaire dans la lignée de tous ceux qui sont sortis dernièrement sur le même sujet ("
La Planète Blanche", "La Planète Bleue", "Le Peuple Migrateur", …).
Franchement, il n’apporte pas grand-chose de plus. Quelques images sont inédites et spectaculaires (essentiellement celles que l’on voit dans la bande-annonce). Mais le commentaire est assez léger et sans grand intérêt, conformément à la mode actuelle qui privilégie l’émotif au factuel. On ressent donc une forte impression de déjà vu.

Oui, la Terre est (était ?) belle. Oui, elle est en danger du fait du réchauffement climatique. Mais est-ce une raison pour multiplier ce genre de films sans grande originalité, simple compilation d’images prises un peu partout, sans scénario élaboré et qui est du niveau d’un simple documentaire télévisuel.
A force de trop se disperser, les réalisateurs finissent par perdre l’objectif initial qui est de sensibiliser l’opinion publique aux problèmes de dérèglement des équilibres écologiques.
Dans ce domaine, on reverra plutôt avec plaisir la démonstration sans concession du nouveau Prix Nobel de la Paix, Al Gore ("Une Vérité Qui Dérange"), ainsi que les documentaires de la National Geographic, bien plus rigoureux dans leur démarche.

Un Jour sur Terre
A ne voir donc que pour les quelques images superbes qui le parsèment (éléphants nageants dans une rivière, singes traversant un marais, requin blanc chassant les phoques, lions chassant la nuit, …) ou pour ceux qui n’ont pas déjà vu les nombreux clones précédents.

Note: 6/10

Compléments :
> Bande-Annonce et Photos superbes sont disponibles sur le Site du film.
> Critiques sur NotrePlanète, CommeAuCinéma, Telerama, Excessif, FilmDeCulte, DvdCritiques.
> Sur les blogs: AgathA, EcoloPop, Hutako, CinéJulien, TetraPak.

12/10/2007

Huis Clos (Jean-Paul Sartre) par Michel Raskine

Huis Clos aux AbbessesL’Enfer dans le Regard des Autres.

"Huis Clos" est sans doute la pièce la plus célèbre de Sartre, que beaucoup de personnes pensent connaître sans jamais l’avoir vue ("L'Enfer, c'est les Autres"). Bonne idée donc pour le Théâtre de la Ville de demander à Michel Raskine de re-créer son adaptation de 1991 (Théâtre de la Salamandre de Lille).
Seize ans après, le monde a changé, ses acteurs ont vieilli, l’aspect vaudeville métaphysique est-il encore d’actualité à l’heure de la télé-réalité et de ses émissions lofteuses ?

Pas de surprise, les bons textes vieillissent bien, et le postulat de base est toujours aussi efficace. Trois personnes qui ne se connaissent pas sont condamnées à vivre ensemble pour l’Eternité, dans un espace sans ouvertures qui tient à la fois de la prison et de l’hôtel bourgeois décadent. L’aspect Loft décrépi, au personnel limité, correspond bien à notre monde moderne, gagné par l’obsession du low-cost et de la rentabilité maximale.
Tous 3 sont à la fois différents, mais complémentaires.
. Joseph Garcin est un homme lâche, âgé, fusillé depuis 1 mois, habillé dans des tons verts très classiques. Homme à femmes et journaliste, il aime parler, diriger, mais à du mal à s’imposer. Il finit par récupérer le canapé contemporain vert.
. Inès Serrano est une employée des Postes âgée et lesbienne, dominatrice et sadique, empoisonnée au gaz depuis 1 semaine, habillée en cuir rouge et noir. Ses poumons sont ravagés par le tabac, et elle est maigre comme une anorexique croyant à la beauté de la minceur extrême. Elle obtient un canapé moderne rouge.
. Estelle Rigault est une jeune femme infantile et narcissique, emportée depuis 1 jour par une pneumonie, qui joue à la femme du monde blonde et raffinée sans en avoir le pedigree. Elle exige le canapé classique bleu, plus accordé avec son style et sa tenue.

3 PoisonsUn tel triangle est obligatoirement instable, chaque mouvement d’attraction ou de répulsion entraînant nécessairement des alliances temporaires, des jalousies, des déchirements, des intérêts divergents. Ce qui est intéressant à remarquer, c’est que ce trio correspond bien aux 3 Poisons de la tradition bouddhiste : Joseph est le Serpent (arrogance-aversion), Inès est le Coq (désir-attachement), Estelle est le Cochon (ignorance-indifférence). Ces 3 poisons de l’esprit sont symboliquement représentés au centre de la Roue de la Vie, et sont la cause de la Souffrance humaine.
Avoir l’Eternité devant soi enlève le sentiment d’urgence qui pousserait à vouloir régler aujourd’hui le problème qu’on ne pourra pas corriger demain. Conséquence, le temps passe vite, et si les contraintes du corps (dormir, manger, boire, se laver, …) n’existent plus, les désirs/addictions sont toujours là (alcool, tabac, maquillage, sexe, besoin d’être aimé, …). Chacun d’eux est prisonnier de ses désirs, de ses passions, de son attachement à la vie, à la peur de perdre ses repères, de l’idée qu’il se fait de lui-même.

Huis ClosPourtant, la prison n’est que virtuelle, car la porte de la cage est ouverte. Chacun d’eux pourrait sortir, s’il l’osait. Encore faut-il être capable de voir en soi-même, plutôt que d’essayer de se définir par rapport aux autres. L’absence de miroirs [1] entraîne à vouloir se voir dans le regard des autres.
En ne prenant pas conscience de l’illusion dans laquelle ils sont, ils perpétuent donc le cycle sans fin de leur enchaînement.
C’est peut-être ce que signifie le Christ menotté, affalé sur un quatrième canapé et dont personne ne se soucie. Si Lui n’a pas été capable de s’en sortir au bout de 2000 ans, l’Enfer des Passions a devant lui un avenir radieux.

[1] Dans le Zen, le miroir est le symbole de l’esprit à polir et nettoyer.

Note: 9/10

Compléments :
> Le spectacle sur le site du Théatre de la Ville.
> Les analyses et critiques de LaThéâtrothèque, ATP-Aix, LesCulturelles, L'Humanité.
> Sur les blogs: BienCulturel, LuVuEntendu, FranceBlog.

11/10/2007

Le Mariage de Tuya (Tu Ya De Hunshi) de Wang Quan An

Le Mariage de TuyaUne Mongolie en Sursis.

Je suis toujours étonné quand je vois des gens, qui ne connaissent rien à l’Asie en général et à la Chine en particulier, exécuter un tel film avec quelques phrases assassines.
"Le Mariage de Tuya" n’est ni un vaudeville exotique, ni un pseudo documentaire, racontant la vie pauvre mais digne de peuplades éloignées de nous, et visant à conforter l’ego d’occidentaux repus et suffisants. Il est plutôt dans la lignée des drames sociaux des autres cinéastes chinois de la 6-ième génération ("Still Life", "The World", "Shanghai Dreams", "Blind Shaft", …). Il n’est pas anodin que le film commence et finisse sur les larmes de Tuya pendant son re-mariage.

L’ambiance y est nettement plus adulte et plus sombre que ce que le public a pu voir dans les films de Byambasuren Davaa ("L’Histoire du Chameau qui Pleure" et "Le Chien Jaune de Mongolie"). Si les paysages sont identiques, ces 2 films essayaient plutôt de (re)faire connaître au grand public occidental une Mongolie (la république indépendante) longtemps oubliée dans le no man’s land russo-chinois.

Tuya's MarriageLa Mongolie chinoise a ceci de particulier qu’il s’y concentre tous les malheurs et les inégalités frappant la Chine d’aujourd’hui.
Il ne faut pas oublier que c’est une "Région Autonome", désignation officielle chinoise pour un pays colonisé, administré et soumis au pouvoir de Pékin, et où les autochtones n’ont pas leur mot à dire, comme au Tibet ou au Xinjiang.
La vie de tous les jours montre sans fard le système à 2 vitesses imposé de l’extérieur.
Si les minorités ethniques ne sont que partiellement soumises à la politique de l’enfant unique (en l’absence de moyens contraceptifs, cette politique est d'ailleurs vouée à l’échec), la préférence donné au garçons par rapport aux filles entraîne un fort déséquilibre démographique, problématique quand il s’agit de se marier.
Les femmes y sont ici, comme dans beaucoup de pays pauvres, condamnées à une double peine de travail, à la maison et dans les champs.
La désertification, et ses conséquences sur la vie de tous les jours (manque d’eau, raréfaction des pâturages, tempêtes de sables), est principalement due aux déboisements massifs effectués pendant les années Mao (Grand Bond en Avant, Révolution Culturelle) quand la productivité avait été privilégiée aux dépends des équilibres écologiques et du respect des populations.
Les riches, c'est-à-dire les colons chinois et les mongols qui collaborent avec l’administration, peuvent prétendre à un niveau de vie correct, avec tous les privilèges que donnent la possession de Yuans et d’un passeport intérieur (véhicules modernes, soins hospitaliers, maisons de retraites décentes, etc.).
Les autres sont condamnés à se vendre (mariage, abandon du mode de vie traditionnel, prostitution, …) ou à s’enfoncer dans une misère matérielle et intellectuelle (pauvreté, alcoolisme, …).

C'est ce que raconte si bien ce film, via le destin individuel d'une petite bergère et de sa famille et leurs déboires tragi-comiques ("L'éclat de rire est la dernière ressource de la rage et du désespoir", Victor Hugo).

Note : 9/10

Compléments :
> La situation en Mogolie Intérieure sur Strates.
> Le site du film.
> Les critiques de CommeAuCinéma, Rue89, LeFigaro, Telerama, Excessif, FilmDeCulte, Critikat, Cinémasie, OrientExtreme, AVoirAlire, NightSwimming, CriticoBlog.