Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/12/2005

La Théorie des Cordes (Strings Theory)

La Musique de l’Univers se joue avec des Cordes…

On ne s’en rend pas toujours compte, mais le 20-ième siècle a été aussi important dans l’Histoire de l’Humanité, que la période de la Renaissance.

Avant le 15-ième siècle, on était dans une représentation de l’univers héritée de l’Antiquité, en 2 dimensions (pas de perspective dans le dessin), plate, géocentriste et anthropocentriste (le Soleil et les étoiles tournent autour de la Terre, centrée sur la Méditerranée). Le monde était considéré comme immuable, car créé par (les) Dieu(x) à son image. Il n’y avait donc pas de raisons de le remettre en cause.

Le progrès technique (redécouverte des sciences indiennes et chinoises, via les arabes), les nouvelles découvertes liées à la recherche d’une route des Indes maritime, ont entraîné ce qu’on appelle un changement de paradigme : une révolution complète dans la façon de voir et de penser le monde.
Arts et Sciences se sont développés pour donner le modèle classique, celui que l’on apprend à l’école, et qui a culminé au 19-ième siècle, enfantant la révolution industrielle (et l’art 'pompier').

Ce modèle a commencé à craquer au début du 20-ième siècle avec la découverte de la radioactivité, et de nombreux objets célestes incompatibles avec la mécanique newtonienne. Cela a entraîné la création des théories de la Relativité (Einstein), des Quanta (Bohr, Heisenberg, …) et autres théories essayant de recoller les morceaux épars (ElectroDynamique Quantique de Feynman par exemple).

Mais les tentatives de compréhension de l’origine du 'Big Bang' ou du fonctionnement des trous noir ont montré que ces théories n’étaient pas suffisantes, et ne permettaient pas de tout expliquer.
C’est ce que tente de faire la 'Théorie des Cordes', développée dans les années 1970-80.
Selon cette théorie, les Cordes sont objets ultimes de la matière, brins d’énergie dont les différentes vibrations possibles donnent les particules élémentaires du 'modèle standard' (comme celles des cordes d'un violon donnent les différentes notes).
Elle implique que l’on vive dans un univers à au moins 11 dimensions (1 pour le temps, 3 pour les dimensions spatiales visibles, 7 pour des dimensions cachées correspondant à des rotations et des symétries) qui équivalent à autant de 'degrés de liberté'.
Certaines conséquences de la théorie sont complètement hypothétiques (il faudra attendre d’avoir des télescopes et des accélérateurs de particules suffisamment puissants pour pouvoir les valider). Mais il est à noter que, malgré les critiques de certains, il n’existe actuellement aucune autre théorie qui soit capable d’unifier toutes les théories parcellaires précédentes.

Après la période Antique (polythéiste, monde fini) et la période Classique (monothéiste, monde infini), nous sommes donc entré dans une nouvelle ère (monde indéfini) qui implique de nouveaux repères, de nouveaux arts, de nouvelles philosophies, des nouvelles religions (athées ?).
Pour les Arts, c’est en cours depuis la fin du 19-ième siècle (Impressionnisme, puis divers mouvements conceptuels non figuratifs). Pour la Philosophie, on peut penser que Nietzsche, Schopenhauer, Jung, Freud, etc. ont été des étapes incontournables. Pour la Religion, c’est plus confus. Les doctrines judéo-islamo-chrétiennes sont clairement dépassées, et les sectes ont tendance à proliférer, surfant sur le vide ainsi créé. Seul le Bouddhisme semble tirer son épingle du jeu, ses concepts de base (incertitude, impermanence, interdépendance, vacuité, ...) se retrouvant presque identiques dans les sciences modernes.

La musique de l’univers se jouera-t-elle sur le sitar du Bouddha ?

"Si la corde du sitar est trop tendue, elle casse, si elle est trop lâche, elle ne produit aucun son. Pour résonner au mieux, elle doit se trouver au Milieu." (crédo bouddhiste)
___
"Sachez que toutes choses sont ainsi,
un mirage, un château de nuages, un rêve, une apparition, sans réalité essentielle.
Pourtant, leurs qualités peuvent être perçues.

Sachez que toutes choses sont ainsi,
comme la lune dans un ciel clair, reflétée dans un lac transparent.
Pourtant, jamais la lune n'est venue jusqu'au lac.

Sachez que toutes choses sont ainsi,
comme un écho, issu de la musique, de sons, de pleurs.
Pourtant, dans cet écho, nulle mélodie.

Sachez que toutes choses sont ainsi,
comme un magicien nous donne l'illusion de chevaux, de boeufs, de charrettes et d'autres objets.
Rien n'est tel qu'il y parait.
" (Bouddha)

Compléments :
> "Du Monde Clos à l’Univers Infini" d’Alexandre Koyré : la révolution scientifique à la Renaissance.
> "La Théorie de la Relativité" sur L'Internaute.
> Sur "un site Web perso" : un très bon résumé de la physique moderne et des particules élémentaires.
> "Le Chaos et l'Harmonie : La fabrication du réel" de Xuan Thuan Trinh: les concepts clefs de la Science moderne.
> "L’Univers Elégant" de Brian Greene, excellente vulgarisation des différentes théories scientifiques actuelles.
> "La Magie du Cosmos" de Brian Greene, les aspects cosmologiques des théories modernes.
> "La Théorie des Cordes": une série de 3 émissions de vulgarisation d’Arte du 7 au 9 mars 2005, présentée par Brian Greene et inspirée de ses livres, particulièrement claire pour comprendre le sujet (pas encore en DVD, malheureusement).

08/11/2005

Extension du Domaine de la Lutte

Socio-Economie de la Relation Humaine

Comme l’a très bien montré Michel Houellebecq dans ses romans, le monde occidental a radicalement changé d’orientation au niveau des rapports humains.

On était, jusqu’au milieu du 20-ième siècle, dans un système relationnel relativement artisanal, patriarcal, dont le but était de créer une famille dans l’intérêt du clan. On prenait son temps (engagement, fiançailles puis mariage).
Pour ceux qui étaient exclus ou insatisfaits du système, le substitut en était la prostitution (bordels institutionnalisés) ou l’adultère (séparation des fonctions entre l’être aimé et le conjoint) [1].
Ce système était en phase avec une économie dirigée, paternaliste, colonialiste, où l’emploi était souvent à vie dans la même région et la même entreprise.

On est passé depuis à une économie de marché basée sur la consommation de masse, le libre-échange, l’ouverture des frontières, la loi de l’offre et de la demande, une précarité plus grande de l’emploi.
Dans le domaine relationnel, la liberté prévaut (ce ne sont plus les parents qui choisissent le conjoint) et la norme est désormais de vivre avec l’être aimé.
La libération sexuelle des années 1960-70 est passée par là, et l'échangisme a remplacé la prostitution. En France, les maisons closes sont d'ailleurs devenues illégales en 1946 (Loi Marthe Richard) et la prostitution est régulièrement combattue, même si elle ne peut évidemment être éradiquée.
Les effets secondaires sont néanmoins les mêmes dans les 2 cas.
L’augmentation du volume permet une augmentation du profit global, mais le profit individuel est souvent plus réduit (diminution des marges).
La rapidité des échanges implique qu’on se trompe plus souvent (pas le temps d’être sûr avant de s’engager).
Afin de permettre la fluidité du système, le turn-over et la mobilité doivent être importants (c’est le seul moyen d’adapter l’offre et la demande). On remplace une gestion de stocks par une gestion à flux tendus.
Il y a baisse globale de la qualité (on ne construit plus pour durer éternellement) et accroissement de l’obsolescence des produits (divorces et déchets ménagers ou industriels sont très importants).
Pour ceux qui sont exclus ou insatisfaits du système, le substitut en est la pornographie (films X, Internet, …). La notion d’adultère devient vide de sens, car le mariage a tendance à disparaître et les divorces sont en augmentation constante, les couples se faisant et défaisant très vite.
Avec Internet, on arrive au stade ultime où l’espace s’est étendu à toute la planète, alors que le temps d’une relation peut se contracter jusqu’au minimum possible.

Concernant la situation de la femme, on est passé d’un statut de soumission (au père, au mari) à une réelle liberté théorique.
Cette évolution se rapproche de l’émancipation des 'nègres', après les lois anti-esclavagistes de la fin du 19-ième siècle.
Le problème est que la Liberté n’est pas une notion innée. Elle demande un apprentissage et se construit pendant l’enfance, en reproduisant les modèles sociaux en vigueur.
Dans beaucoup de cas, à cause d’une éducation inadaptée, les sujets se retrouvent incapables à vivre de façon réellement libre et indépendante.
C’est le 'syndrome de l’Oncle Tom', beaucoup de Noirs ayant continué à travailler comme domestiques ou journaliers pour leurs ‘maîtres’, faute de pouvoir concevoir un autre destin. De nos jours, il existe également de nombreuses femmes islamistes défendant leur soumission à leur seigneur et maître.
Sur le Net, je suis assez effaré de voir le nombre important de femmes qui recherchent encore un 'Prince Charmant, grand, protecteur' ou un 'Suggar Daddy généreux', préférant la sécurité de leurs chaînes à l’exercice d’un droit fondamental si chèrement acquis. N’est-ce qu’une mauvaise résolution du complexe d’Œdipe ? ou une vénalité bien comprise ?

Psychologiquement, les dégâts sont importants.
Les personnages houellebecquiens, issus des classes moyennes cultivées, sont écrasés par le quotidien, et sombrent dans la dépression et le suicide, quand ils ont eu la chance d'échapper à la maladie. Plus lucides que la moyenne, ils n'ont pas les moyens d'être dans le haut du panier, ni la ressource de se décerveler devant la télé ou dans les stades.

Le film de Philippe Harel est particulièrement fidèle à l'univers de l'auteur, et est à recommander à tout ceux qui ne supportent pas l'écrivain. Cela leur permettra de ne pas rater une des meilleures analyses de la société moderne jamais écrite ces dernières années, et les incitera peut-être à aller vers les bouquins [2][3][4].
C'est tout le bien qu'on peut leur souhaiter.

Note: 9/10

> Fiche Cinéfil

A (re)lire :
[1] ‘Histoire des Passions Françaises’ par Théodore Zeldin, historien britannique spécialiste de la vie sociale et sentimentale des français à la fin du 19-ième siècle (en 5 volumes).
[2] ‘Extension du Domaine de la Lutte’
[3] ‘Les particules élementaires’
[4] ‘Plateforme’

27/08/2005

Pour comprendre les medias

Chaud & Froid dans les Médias

Pourquoi la TV actuelle est-elle aussi merdique ?
La réponse est dans le bouquin de Marshall Mac Luhan qui analyse les différents médias existants à son époque (1964), et les classe en 2 catégories.

Les ‘médias’ (langage, argent, journal, mode, radio, etc.) sont des supports de transmission de l’information sous forme d’un ‘message’ plus ou moins complexe, plus ou moins parasité par un ‘bruit de fond’.
Leur forme exerce une action d’autant plus profonde qu’elle nous échappe, notre attention étant monopolisée par le message.
Or, un même message n’aura pas la même portée et la même interprétation selon qu’il est véhiculé par un médium ‘chaud’ ou un médium ‘froid’.
C'est cet aspect qui est exploité par les publicitaires et les responsables de télés pour mieux nous conditionner.

Un médium est dit ‘chaud’ quand la densité de l’information transportée est élevée : télé moderne, cinéma, journaux, publicité, photographie, …
Il est dit ‘froid’ quand la densité de l’information transportée est faible : conversation, téléphone, livre, estampe, écriture hiéroglyphique, télégraphe, email, …
Dans ce cas, la pensée du récepteur a tendance à combler les vides, et incite donc à l’interpolation, à la réflexion, à la participation active.
Les médias chauds sont par contre dé-responsabilisants, le cerveau étant noyé sous un flot d’informations qui ne lui laisse plus le temps de respirer.
Il existe évidemment toute une gradation du très froid au très chaud.

Vous me direz (si vous avez lu le bouquin) : mais Mac Luhan, dans son livre il dit souvent que la télé est un médium froid !
En effet, mais rappelez vous la télé des années 60. Elle était petite, en Noir & Blanc, avec une image et un son pourri. C’était bien un médium froid. Les émissions de l’époque étaient plutôt de bonne qualité, avec une forte tendance éducative et un cérémonial (des présentateurs, des speakerines) important.
Avec le progrès technologique croissant (TV grands formats, couleur, 16/9, haute définition) la quantité d’information transmise a augmenté, ce qui l’a transformé en médium nettement plus chaud. La qualité a donc baissé en conséquence. CQFD.

Conclusion : si vous voulez être moins con, jetez votre télé, et mettez vous au frais en lisant des livres.

Passons maintenant en revue le cas des films en salle.

Le cinéma est à priori un médium chaud.
Les écrans sont larges, la définition (en nombre de pixels) est élevée, le son est d’excellente qualité, les décors hyper-réalistes.
L’œil n’arrive en général pas à voir tout ce qui se passe sur l’écran. Il se focalise sur les personnages principaux, et il faut revoir un film plusieurs fois pour saisir les petits détails présents à l’arrière plan.
Cela donne un cinéma de divertissement (‘entertainement’ comme disent les américains), formaté pour le plus grand nombre, où on est prié de laisser son cerveau au vestiaire.

Maintenant, ça ne veut pas dire que tous les films suivent ce schéma.
Le réalisateur et les producteurs peuvent décider de faire un film plus ‘froid’ que la moyenne.

C’est le cas notamment des documentaires, réalisés avec des moyens moins importants (super 8, caméra DV, etc.) où l’image et le son sont de moins bonne qualité, et qui sollicitent plus l’attention du spectateur.

C’est aussi le cas du dessin animé traditionnel (en 2D, sans images de synthèse). La définition de l’image est moins élevée, le jeu de couleurs est réduit par rapport à la réalité, le nombre d’images par secondes est souvent plus faible, le dessin simplifie les formes, les décors sont frustes.
C’est pour cela qu’il est très apprécié des enfants (même si le dessin animé n’est pas ‘à priori’ un support pour les enfants), car il leur permet de participer activement au déroulement du film.

C’est le cas aussi du cinéma dit d’auteur ou ‘indépendant’, où le réalisateur laisse tomber la surenchère d’effets spéciaux, et reste près du modèle cinématographique ‘classique’ des années 40-50.

L’aboutissement ultime de cette volonté de ‘refroidir’ le médium cinéma, c’est ce que Lars Von Trier a voulu faire avec le Dogme 95 ("Les Idiots") où la réalisation est épurée à l’extrême et où l’œuvre fictionnelle devient un pseudo-documentaire, ou le Dogme 99 ("Dogville") où décors, lumières, costumes sont quasi-inexistants et où le résultat est alors très proche du théâtre filmé.

Pour aller plus loin:
> "La Méditation pour les Nuls": pour une approche de la méditation simple et compréhensible par tous, un bon moyen de se 'refroidir' le cerveau, trop chauffé par l'agitation médiatique.

15/08/2005

Le Singe Nu (Naked Ape)

L’Homme descend du Singe (et vice-versa)

Une des avancées intéressantes de la Science depuis un siècle, a été de remettre l’Homme à sa place dans la 'Création'.
La théorie de l’Evolution de Darwin a été validée et approfondie. La Paléontologie et les analyses ADN ont permis de recréer un arbre généalogique réaliste concernant la filiation des primates et des hominidés.
L’Ethologie (science du comportement animal) a fait de grands progrès concernant les capacités intellectuelles des grands singes.
Certains travaux sur des chimpanzés ont notamment mis en évidence un QI équivalent à celui d’enfants de 5 ans, avec une faculté d’apprentissage importante (maîtrise du langage des sourds-muets, utilisation de machines cybernétiques à grosses touches ou de jeux vidéos avec joystick) ainsi que la capacité à créer de nouveaux mots (du genre ‘pomme’-‘orange’ pour désigner le fruit ‘orange’, ou ‘eau’-‘oiseau’ pour désigner un ‘cygne’) et celle de transmettre leurs acquis à leur progéniture (langage sourd-muet appris aux petits sans intervention de l’homme).

Paradoxalement, ces résultats ont peu souvent servis à analyser le comportement humain.
C’est ce qu’a fait le zoologue Desmond Morris, en 1967-71, dans 3 bouquins (*) qui ont fait sensation à l’époque, mais semblent un peu oubliés depuis.
Quand 99% du code génétique de l’homme et du chimpanzé est commun (d’après les analyses de l’Université d'Etat Wayne à Detroit), il est évident que les comportements de base doivent être très semblables.
Desmond Morris compare donc les hommes aux singes évolués pour mettre en évidence les comportements ‘innés’, ainsi que les réponses stockées au fond de notre cerveau primitif.
Il montre, avec un humour très anglais, comment notre relation avec les autres dépend de notre héritage simiesque, et comment certaines réactions d’amour, haine, peur, dépendance, séduction, … se retrouvent de façon identique chez nos lointains cousins des forêts africaines.

Au final, ces 3 volumes permettent une approche différente et très instructive de la psychologie humaine, trop souvent monopolisée par des spécialistes auto-proclamés (théoriciens du 'psy' ou religieux anthropocentristes).

(*) :
‘Le Singe Nu’ (‘Naked Ape’, 1967) analyse le comportement simiesque de l’individu humain
‘Le Zoo Humain‘ (‘The Human Zoo’, 1969) analyse la vie sociale de l’animal humain
‘Le Couple Nu’ (‘Intimate Behaviour’, 1971) analyse les mœurs sexuelles humaines

PS : les "zob-sédés" pourront sauter directement au 3-ième volume qui contient les pages les plus croustillantes.

Pour les autres, quelques sites web présentant les dernières recherches sur l’intelligence des grands singes :
- http://www2.gsu.edu/~wwwlrc/history.htm (le bonobo Kanzi à l’université de Georgie, Atlanta)
- http://www.friendsofwashoe.org/ (la chimpanzé Washoe à l’université de Washington)
- http://www.gorilla.org/ (la gorille Koko à la Gorilla Foundation)