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12/08/2006

Stay

Compte à Rebours vers la Mort.

Henry, jeune étudiant en Beaux-arts, a décidé de mourir dans quelques jours. Un psychiatre va tenter de comprendre pourquoi, et essayer d’empêcher que cela arrive. Mais peut-on empêcher l’inéluctable ? La Vie n’est-elle pas une illusion qui finit par se dissiper tôt ou tard ?

Il est des films qui ont du mal à percer auprès du grand public. Scénarios un peu difficiles pour une audience habituée à des intrigues simplistes et à des personnages caricaturaux. Sujets qui sortent de l’ordinaire du film hollywoodien pour adolescents attardés. Le grand représentant de cette tendance est David Lynch ("Blue Velvet", "Twin Peaks", "Lost Highway", ...), mais on pourrait citer de nombreux autres longs métrages qui ont nourri la même polémique ("Le Nouveau Monde", "Syriana", ...).

"Stay" fait partie de cette longue lignée de films à clef dont il est difficile de parler sans dévoiler l’intrigue. Pendant toute sa durée, il nous conduit sur ce qui semble être des fausses pistes, et accumule des situations à priori incohérentes. Sur ce plan, on peut le rapprocher d’œuvres telles que "Mulholland Drive", "The Machinist", "La Boîte Noire", "Dédales" ou "6-ième Sens". Malgré tout, à la fin tout s’éclaire, on s’aperçoit que tout était logique et s’explique de façon tout à fait rationnelle.
Il est par ailleurs servi par une belle brochette d’acteurs, confirmés comme Ewan McGregor, Naomi Watts, Bob Hoskins, ou prometteurs comme Ryan Gosling.

Ceux qui aiment le cinéma de 'divertissement' ne l’apprécieront sûrement pas, mais les amateurs d’énigmes qui ne se résolvent que dans les dernières images, aimeront sans doute se perdre dans ce labyrinthe new-yorkais, filmé avec beaucoup de talent, où l’atmosphère déroutante se conjugue avec une belle leçon de philosophie.

Note : 8/10

Compléments :
> Fiche Cinéfil.
> Le site du film.
> Les critiques du film sur "Fluctuat", "iMédias", "Excessif".
> Sur les blogs: "PlumeNoire", "KrinEin", "SurLaRouteDuCinéma".

05/08/2006

Nos Voisins les Hommes (Over the Hedge)

Pop-Corn Movie.

Les dessins animés de l’été se suivent et ne se ressemblent pas. D’un côté, on peut mettre Pixar ("Toy Story", "Monstres & Co", "Nemo", "Les Indestructibles", ...) et le studio Ghibli ("Porco Rosso", "Princesse Mononoke", "Le Château dans le Ciel", "Le Voyage de Chihiro", "Le Château Ambulant", …) qui alignent imperturbablement les chefs d’œuvre. De l’autre, on trouve quelques outsiders comme Dreamworks ("Shrek"), la Fox ("Anastasia", "Titan AE") ou Disney, qui sortent de temps en temps un film au dessus du lot, mais dont le reste de la production est en général d’une qualité très moyenne.
Cette année, la règle est de nouveau vérifiée. Outre l’excellent "Nausicaa" (1984) de Miyazaki qui sera enfin en août sur les écrans français, et le très bon "Cars" qui a pris la 'pole position', sort également "Nos Voisins les Hommes", dernier opus de Dreamworks après des "Gang de Requins" et "Madagascar" particulièrement décevants.

L’argument est le même que celui de "Pompoko", un très bon Ghibli de 1994, sorti en France au début de l’année. Des animaux sauvages se retrouvent envahis par la 'civilisation', représentée par des banlieues uniformes. Mais là où les japonais multiplient les variations sur des thèmes écologiques, sociologiques, culturels, fantastiques, alternant les phases comiques et dramatiques, les américains se contentent de réaliser un 'buddy movie' très terre à terre, doublé d'une satire très-très légère, qui ne laissera pas un grand souvenir dans les mémoires. Là où les ratons laveurs japonais luttent pour préserver leurs traditions et leur mode de vie, les bestioles américaines choisissent de succomber dès le départ à la société de consommation et à sa 'junk-food'. Le film se réduit alors à enchaîner les blagues de potaches, un peu scatologiques, qui caractérisent les films pour adolescents américains. On reste dans un style très disneyen, avec beaucoup de bons sentiments familiaux et la rédemption finale du méchant pas si méchant que ça. Le thème du mur qui sépare les nantis des affamés auraient pourtant pu fournir l’occasion de nombreuses allusions à l’actualité (frontières Mexique/USA, Afrique/Europe, Palestine/Israël, Chine/Hong-Kong, …). Même les personnages ont des airs de déjà-vus [1]. "Nos Voisins les Hommes" est donc à ne voir que si on n’a rien d’autre à se mettre sous la dent, ou pour occuper les enfants un jour de pluie ou de canicule.
Les amateurs de dessins animés ambitieux, après avoir vu "Cars", attendront donc plutôt le 23 août, pour voir enfin sur grand écran ce qui est sûrement le meilleur de tous les Miyazaki.

Note : 6/10

[1] Par exemple, l'écureuil fou (typique de Tex Avery), dopé à la caféine exactement comme dans "HoodWinked" !

Compléments :
> Fiche Cinéfil.
> Le site du film.
> Les critiques du film sur "EcranLarge", "Fluctuat", "iMédias", "DvdCritiques", "Excessif".
> Sur les blogs: "RegardBleu", "LaSenteurDeL'Esprit", "Cinemag".

01/08/2006

Le Cycle des Dames du Lac

De la Déesse-Mère à la Vierge Marie.

La légende arthurienne a fait l’objet de nombreuses adaptations ces 10 derniers siècles. Depuis les romans de Chrétien de Troyes jusqu’aux films de chevalerie hollywoodiens [1], en passant par de nombreuses BD, le trame du récit a toujours été vers une apologie du christianisme triomphant sans contestation possible des anciennes religions celtiques, pratiquées uniquement par des barbares. Pour assurer cet objectif, les différents auteurs n’ont jamais hésité à enjoliver la réalité, quitte à modifier des éléments substantiels de l’histoire. Le principal a été de faire se passer les faits en plein Moyen Age, avec des chevaliers en armure, alors que l’origine de la légende se situe au moment de l’écroulement de l’Empire Romain d'Occident (5-ième siècle), quand les populations britanniques durent s’unir pour résister aux invasions saxonnes, les légions romaines étant devenues incapables d’assurer leur protection. La religion dominante était alors le druidisme, et le christianisme n’était présent que par l’intermédiaire de quelques missionnaires, couvents et monastères.

L’intérêt du cycle de romans de Marion Zimmer Bradley est d’une part de replacer l’histoire dans son époque, d’autre part de la relater en prenant le point de vue des femmes, bien trop souvent réduites au rang de potiches dans les sagas héroïques. La principale narratrice est d’ailleurs Morgane, sœur d’Arthur et dernière grande prêtresse d’Avalon [2], dont le destin est à la croisée de tous les chemins.
Extrêmement bien documenté, son récit est sans doute le meilleur jamais écrit sur le sujet, naviguant sans cesse entre les aspects politiques (les intrigues de cour et la naissance de la nation britannique), privés (le destin personnel des protagonistes) et religieux (la suprématie progressive du christianisme intolérant et sectaire sur les cultes liés à la Nature). L’ensemble du cycle est l’occasion de rappeler que le christianisme, pour s’imposer, dût récupérer et intégrer un grand nombre de croyances et de pratiques locales, bien que combattues officiellement. Le troisième tome est d’ailleurs une fantastique plongée dans la genèse de la légende depuis la difficile occupation de l’île par les romains et les derniers jours de Joseph d‘Arimathie (celui qui apporta le Graal en Angleterre), jusqu’à l’avènement de Viviane et de Merlin. Le folklore celtique est également très présent, notamment dans ses aspects ésotériques et chamaniques [3]. La Grande Déesse n’a finalement pas complètement disparue, puisque dans les cultes rendus à la Vierge Marie et à certaines saintes, on retrouve celui que les hommes ont toujours rendu à la "Déesse Mère", depuis ses origines préhistoriques, en passant par Isis, Ishtar, Aphrodite ou Guanyin/Kannon.

Note: 10/10

[1] La meilleure étant celle de John Boorman "Excalibur" (1981).
[2] Sans doute situé sur le site actuel de Glastonbury (mais les marais ont été asséchés depuis longtemps). Une bonne présentation du site ici.
[3] Pour en avoir un aperçu, il existe un très bon documentaire sur les croyances actuelles de ce genre en Islande: "Enquête sur le Monde Invisible".

Compléments :
> Les chroniques de CritiquesLibres sur "Les Dames du Lac" et "Les Brumes d'Avalon".
> Les sites de la légende, présenté par l’Office du Tourisme de Grande-Bretagne.
> Un bon site de référence pour s'y retrouver dans tous les noms et sites.
> Une belle iconographie sur "TerraNova".

> A voir : l’excellente adaptation télévisée de Uli Edel (2001) "Les Brumes d’Avalon", disponible en DVD.
> Ainsi que les versions modernes du mythe arthurien :
. celle de JRR Tolkien ("Le Seigneur des Anneaux"), où la quête du Graal est remplacée par celle de l’Anneau, et où la vision est celle du 'Petit Peuple', mais tend vers la même fin : le repli des non-humains vers Avalon, et l’occupation exclusive de l’espace terrestre par les humains.
. celle de Mamoru Oshii ("Avalon"), adaptée à l’univers du jeu vidéo, analogue aux univers féériques des temps anciens.