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24/01/2006

Les Ailes Grises (Haibane Renmei)

Quand le poids des fautes empêche de s’envoler vers le Ciel…

Un petit coin de campagne paradisiaque, entouré de hauts murs infranchissables, une petite ville charmante où vit une communauté humaine sans passé et sans histoires, paisiblement occupée par l’agriculture et l’artisanat. Des éoliennes procurent l’énergie de cet environnement très écologique.
Il arrive parfois qu’une graine tombe du ciel, tel un météore, dans un monastère à l’écart de la ville où vivent quelques jeunes filles pourvues d’ailes grises, quelquefois tachées de noir.
La graine germe, forme un cocon d’où finit par sortir une de leurs congénères, ayant tout oublié de sa vie antérieure, se rappelant seulement avoir fait quelque chose de terrible, et de la sensation d’une chute sans fin.
Vivant en communauté, elles doivent travailler pour les humains afin de subvenir à leurs besoins.
Quelque fois l’une d’elles entend l’Appel et s’envole vers le Ciel. Mais nul ne revoit jamais non plus celles qui échouent. Deviennent-elles les gardiens du Mur, muets et masqués ?
Sommes nous dans les Limbes et/ou le Purgatoire, isolés dans un recoin du monde réel, ou un instant transitoire au moment du Bardo (*) ?
Est-ce une seconde chance pour elles de retrouver un sens à leur vie et de racheter leurs fautes passées ?
Peut-être les oiseaux, seuls êtres vivants à pouvoir passer au dessus du mur, pourraient ils le leur dire s’ils pouvaient parler.

Cette superbe série animée est vraiment à découvrir pour ceux qui ne la connaîtraient pas.
Dans un contexte paisible, loin des visions de Dante ou de Jérôme Bosch, elle reprend la mythologie chrétienne pour aborder de façon poétique les notions de responsabilité, de faute, de culpabilité, de rachat, de rédemption.
Comme dans toute bonne fiction japonaise, pas de 'Happy End', mais une fin ouverte, et la promesse d’un renouveau cyclique lié au karma (la 'Roue de la Vie').
En tout cas, si j’ai un jour le choix après ma mort, c’est dans un endroit comme çà que j’aimerai aller.

(*) période intermédiaire entre la mort et la re-naissance dans le bouddhisme tibétain.

Note : 10/10

> Fiche et Critique DvdAnime.net, KrinEin.

10/08/2005

La Guerre des Etoiles (Star Wars)

Jedi : une nouvelle religion ?

Je suis tombé récemment sur des articles de presse rapportant que des fans de Star Wars avaient, lors de recensements, indiqués 'Jedi' dans la case religion du formulaire.
Ils étaient environ 390.000 en 2001 au Royaume-Uni, 70.000 en 2002 en Australie, 20.000 en 2003 au Canada !
Venant venir le coup, le 'Bureau des Statistiques' australien avait pourtant menacé d'une amende de 1000 $ australiens quiconque donnerait de fausses informations. Plutôt cher payé pour se dire 'Jedi' !

Est-ce la preuve du degré de crétinisation des mangeurs de pop-corn en salle obscure, incapables de faire la différence entre fiction et réalité ?
Est-ce un indice du glissement du sentiment religieux des religions traditionnelles vers un comportement sectaire, qui fait croire à n’importe quoi du moment que l’emballage est suffisamment convaincant ?
Ce serait semble-t-il un bon sujet de thèse pour un doctorant en sociologie.

Quelques rappels s’imposent.

D’après George Lucas lui-même, Star Wars est fortement 'inspiré' de la "Forteresse cachée" (1958) de Akira Kurosawa.
La trame de l’épisode 4 (premier de la série) est en effet la même : une princesse au caractère bien trempé fuit une guerre civile, pourchassée par ses ennemis du clan rival, et est aidée dans sa fuite par un preux chevalier et par deux hommes pas très malins attirés par l'argent.

Tout le côté Jedi de la saga est inspiré par le monde samouraï et le bouddhisme zen (le côté Empire relevant plutôt du monde romain et du 3-ième Reich allemand, alors que la République recycle l’imagerie traditionnelle américaine, du western au film de G.I.) :
- Le mot 'Jedi' lui-même vient du japonais 'Jidaï Geki' (drame historique télévisé consacré aux samouraïs).
- La tunique Jedi est un décalque des kimonos de tous les jours.
- L’armure et le casque de Darth Vador sont, ornements en moins, semblables à celle des chefs samouraïs.
- Les combats au sabre laser (simple ou double) sont directement dérivés des techniques de combat samouraï (sabre et lance).
- Les noms des protagonistes (Obi Wan Kenobi, Qui-Gon Jinn, Yoda, …) sont clairement d’inspiration japonaise.

La religion Jedi reprend de nombreux éléments du bouddhisme zen, pratiqués par les samouraïs afin d’avoir une meilleure maîtrise de leur 'art' (la 'voie du sabre').
Dans ce contexte, la relation maître-disciple est très importante. Le rôle du maître n’est pas d’imposer des connaissances à son élève, mais de le guider vers le bon chemin en le soumettant à des épreuves à son niveau lui permettant de progresser. L’élève doit toujours apprendre par lui-même.
L’épisode 5 développe tous ces aspects lors de l’initiation de Luke par Yoda, archétype du moine bouddhiste.
Le pratiquant du Zen doit apprendre à trouver le calme dans son esprit, à ne pas se laisser distraire par des pensées inopinées, à vivre complètement dans l’instant présent, de façon à ne pas se laisser entraîner vers des illusions trompeuses.
Une totale communion avec l’Univers doit alors permettre l’Illumination ou connaissance parfaite de toutes choses.

Dans ce contexte, la 'Force' ressemble beaucoup au 'Ki' des arts martiaux, énergie vitale intérieure et cosmique qui permet au combattant de transcender sa force physique.
Le 'Ki' est notamment considéré comme un équilibre dynamique entre le Ying et le Yang, qui sont les 2 aspects opposés et indissociables de l’Univers (à ne surtout pas confondre avec le Bien et le Mal occidentaux, comme le film le laisse croire).
'Qi-Gong' veut d’ailleurs dire 'art d’augmenter le Ki', bonne définition du rôle joué par Liam Neeson.

Comme dans tous les arts martiaux, le 'Ki' sert pour la défense ou l’attaque, mais jamais pour l’agression délibérée.
Le pratiquant zen doit ressentir de la compassion pour tout être vivant, même s’il est son 'ennemi'.
Il doit éliminer toute émotion passionnelle (amour, haine) risquant d’obscurcir son jugement et son action.
Ceci est très bien résumé par Yoda dans l’épisode 1 pendant son enseignement à Anakin :
« La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance! ».
C’est cet enchaînement, à partir de la peur de perdre Padmé, qui finira par mener Anakin du côté obscur.

Le reste de la religion Jedi respecte la plus pure orthodoxie bouddhiste (causes de la souffrance, impermanence et non indépendance des choses, règles de vie des disciples, etc.), comme pourra aisément le remarquer toute personne un peu familière avec elle.

Ce cycle de films est donc un bon travail de vulgarisation de philosophies orientales pas toujours faciles à comprendre pour des occidentaux.
Il est dommage que tant de fans soient restés à un niveau assez superficiel et n’aient pas pris la peine de s’intéresser aux concepts originels cachés derrière le mythe.
Ça leur éviterait de dériver vers des mouvements plus ou moins sectaires (new-age ou autres).

On peut regretter à cet égards les tentatives de récupération de certains mouvements 'chrétiens' (sic) d'extrême-droite, qui comparent la saga au cycle arthurien des Chevaliers de la Table Ronde.
Il n'y a pas d'influences 'arthuriennes' directes dans Star Wars.
George Lucas a par contre reconnu s'être inspiré du livre de Joseph Campbell, expert en mythologie, "Le Héros aux Mille Visages" qui démonte les principes des grands mythes 'héroïques' de l'humanité (pas seulement chrétiens).
TOUS ces mythes suivent la même progression du récit, avec les mêmes types de personnages.
"Matrix" a également repris le schéma campbellien, qu'on retrouve aussi dans "Le Seigneur Des Anneaux", "Dune" ou "Harry Potter", pour ne citer que des exemples connus.

« Recherchez la liberté et vous deviendrez esclave de vos désirs. Recherchez la discipline et vous trouverez la liberté. » [Koan Zen]

A Voir également sur le sujet:
Star Wars Origins
Star Wars Origins: Joseph Campbell
Campbell, Star Wars et le mythe
The Hero With a Thousand Faces

> sur "Matrix", une intéressante étude sur ce blog.

27/07/2005

Les Envahisseurs (The Invaders)

Les Petits Hommes Verts sont Rouges et Gris

"Les envahisseurs. Ces êtres étranges venus d'une autre planète. Leur destination: la Terre. Leur but: en faire leur univers. David Vincent les a vus. Pour lui, tout a commencé par une nuit sombre, le long d'une route solitaire de campagne, alors qu'il cherchait un raccourci qu'il ne trouva jamais. Celà a commencé par une auberge abandonnée, et par un homme que le manque de sommeil avait rendu trop las pour continuer sa route. Celà a commencé par l'atterrissage d'un vaisseau venu d'une autre galaxie. Maintenant, David Vincent sait que les Envahisseurs sont là, qu'ils ont pris forme humaine, et qu'il lui faut convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé."

Diffusée au Etats-Unis en 1967-68, cette série de 43 épisodes était au confluent des 2 grandes peurs de l'époque:
- celle de l'invasion soviétique, préparée par des 'rouges' infiltrés et destinée à saboter l'American Way of Life, alors à son sommet.
- celle des soucoupes volantes et des 'petits hommes verts' dont les observations s'étaient multipliées depuis 1947, et qui faisaient régulièrement la une des journaux.
Les 2 phénomènes étaient en outre étroitement imbriqués (la peur de l'autre, de l'étranger, de l'alien).

Cette série eut un succès considérable en France (1969, année de l'alunissage d'Apollo 11), comparable à celle d'X-Files bien plus tard.
Dans les cours de récré, on jouait à l'envahisseur, le petit doigt en l'air.
Des BD spécifiques furent même éditées, qui côtoyaient dans des éditions bon marché les X-Men, Spiderman ou les Fantastic 4.

Roy Thinnes, au même titre que Patrick McGoohan ("Le Prisonnier") ou Patrick McNee ("Chapeau Melon et Bottes de Cuir") fut malheureusement piégé par ce rôle, et ne fit que des apparitions épisodiques dans d'autres séries de science-fiction, ou des films de seconde zone.

Doté d'effets spéciaux simples mais efficaces (les soucoupes bleutées, l'auriculaire raidi, la désintégration rougeoyante des envahisseurs) , il était également souligné par une musique angoissante du même compositeur que "Au Delà du Réel".
Décors glauques et scénarios paranoïaques étaient du même niveau que "X-Files", dont il est un véritable précurseur.

De quoi regretter qu'aucune réédition DVD n'ait encore été faite.
Un complot des envahisseurs infiltrés ?

Plus d'infos:
Le dossier de la Série-thèque