09/12/2006
Heaven’s Soldiers (Cheon Gun)
Une Corée pour Tous, Tous pour une Corée.
A la suite d’un phénomène surnaturel, 2 petits groupes de soldats nord et sud coréens se retrouvent propulsés dans le passé. La Corée est alors envahie par des 'barbares' venus de l’Ouest, et le mythique général Lee Soon-Shin est un 'looser' bien loin de la légende rapportée dans les livres d’histoire.
Les thèmes sont assez classiques, mais adaptés au contexte particulier à la Corée.
La manipulation d'une société du passé par des individus possédant une technologie évoluée a été utilisée dans nombre de films de SF ou autres ("Les Guerriers de l’Apocalypse", "Nimitz", "TimeCop", "l’Armée des 12 Singes", "TimeScape", "Terminator", "Le Dernier Samouraï", …). La rivalité entre frères ennemis est aussi un thème récurrent dans les pays partitionnés (USA durant la 'Civil War', Allemagne pendant la 'Guerre Froide', etc.)
Le résultat est un film typiquement coréen où aucun aspect n’est occulté, et où on mélange allégrement scènes d’action, comédie bouffonne, aspects historiques, réflexion sur les différences entres Nord et Sud, et tentatives de réconciliations au delà d’un nationalisme sectaire. C’est à la fois sa force et sa faiblesse, le film orienté tout public n’ayant pas la force de démonstration du chef d’œuvre qu’est "JSA". Mais l'ensemble est bien réalisé, bien joué, et est à prendre avec le même sérieux qu'on aurait pour visionner une adaptation des "3 Mousquetaires".
En résumé, un petit film assez sympathique, à voir pour passer le temps en permettant de mieux se familiariser avec les obsessions de la société coréenne. Un achat du DVD reste néanmoins très dispensable, sauf si vous êtes un fanatique des séries B coréennes.
Note: 7/10
Compléments :
> La Fiche du DVD sur DvdFr.
> Critiques sur "SanchoAsia", "CinéAsie".
> Sur les Blogs: "DvdAlliance", "MrToutLeMonde".
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06/12/2006
The Host (Goe Mool)
Cancers contre Cellules Saines de la Société.
Le cinéma coréen est finalement assez peu connu du grand public français, malgré quelques petits chefs d’œuvres, souvent primés dans les festivals mais mal distribués dans les salles. Influencés par les cinémas chinois, japonais et américains, il présente toujours un point de vue original et inventif, loin des films parodiques ou d’exploitation du cinéma hongkongais par exemple. Une politique de quotas et de subventions analogue à celle de la France permet une industrie cinématographique puissante et des expérimentations tous azimuts.
On n’avait encore rien vu venir dans le secteur des 'films de monstres'. Avec "The Host", on retrouve "Godzilla", et "La Guerre des Mondes" revu et détournés pour en faire sans forcer le trait un film familial et de société qui peut se voir à plusieurs niveaux.
C’est à la fois un film écologique qui dénonce la pollution chimique, un film politique qui dénonce la présence impérialiste des bases américaines et les mensonges des gouvernants, un film de société qui brocarde l’égoïsme des nouveaux comportements individualistes, la vie difficile des petites gens ou la bêtise de l’héroïsme individuel.
Contrairement à "King Kong", qui est intéressant tant qu’on n’a pas rencontré la bête, et qui sombre ensuite dans le convenu, "The Host" démarre au quart de tour et montre très rapidement la bestiole. Il peut ainsi se consacrer aux vrais 'héros' du film, les paumés, les sans grades, les 'vrais gens', ceux qui sont les héros de tous les jours. Comme dans beaucoup de films asiatiques pas de 'happy end', les survivants n’étant pas ceux sur lesquels on aurait misé au départ. On a au contraire un film choral, où chaque individualité est mise en valeur, et où la communauté (ici familiale) importe plus que la somme de ses composantes.
Ceux qui chercheraient à y voir un film d’horreur à l’américaine, un film d’action plein de fanfaronnades guerrières, ou une célébration de nos technologies censées tout résoudre, seront inévitablement déçus. On est plutôt dans le registre des film tels que "Les 7 Samouraïs", quand des populations défavorisées s’unissent pour repousser l’envahisseur et préserver le peu qu’elles possèdent. "The Host" est un film qui raconte comment un organisme se débarrasse des cellules malignes qui se sont développées en son sein. Sans chimiothérapie, mais avec une énorme volonté de vivre en paix avec lui-même.
Note: 8/10
Compléments :
> La Fiche du film sur Wikipedia.
> Le Site du film.
> Critiques sur "CommeAuCinéma", "Libération", "LeMonde", "Telerama", "CinéAsie", "Excessif", "Fluctuat", "iMedias", "KrinEin", "WebOtaku".
> Sur les Blogs: "SebInParis", "SquidHeadChroniques", "LeHiboo", "PlumeNoire", "DrOrlof", "CosmopolitanStories", "Cinémapolis".
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26/11/2006
Le Labyrinthe de Pan (El Laberinto Del Fauno)
De l'Autre Coté du Miroir.
Le conte de fées est un genre cruel où les ogres se nourrissent de chair fraîche, et où les grands-mères finissent souvent dévorées par les loups. Rien de gentillet donc, même si les héros sont souvent des enfants à une période charnière de leur vie (âge de raison ou puberté).
Transmis souvent oralement, quelquefois depuis la nuit des temps, il n’est cependant pas 'intemporel', chaque génération de conteur l’enrichissant et l’adaptant au contexte de son époque. Il peut même être créé de toute pièce, comme l’ont brillamment fait au siècle dernier Lewis Carroll ("Alice") ou James M. Barrie ("Peter Pan"). A notre époque, le foisonnement des œuvres fait qu’il est difficile de discerner ceux qui resteront dans les mémoires.
Au niveau cinématographique en tout cas, Guillermo Del Toro réussit là où M.Night Shyamalan avait lamentablement échoué ("La Jeune Fille de l’Eau"). Son fantastique fonctionne parce qu’il se nourrit d’un univers cohérent, et qu’il offre plusieurs niveaux de lecture qui se superposent et se complètent.
D’abord, on a évidemment le niveau du monde physique, celui de l’action, qui traite de la dénonciation du fascisme. Le monde des hommes côtoie celui des demi-dieux, des esprits de la Terre et de la Forêt (Pan est le dieu de la Nature. Mais le temps où la communication était possible est déjà bien loin. Les lieux de passages sont oubliés, le souvenir de l’ancien monde ne subsiste que dans les livres. Le fascisme qui suppose le formatage des esprits à une pensée unique, entraîne le refoulement des pensées vers l’inconscient. Il nie la Raison (symbolisée par le médecin). Son illogisme, basé sur la force brute, est bien mis en évidence lors de l’interrogatoire des braconniers, assez surréaliste. Doctrine liée aux prêtres catholiques et aux bourgeois, il s’oppose à la simplicité des paysans qui trouvent refuge dans la forêt.
A un second niveau, on a toute la symbolique des contes de fées sur le passage à l’âge adulte d’une jeune fille qui perd son innocence en même temps quelle se transforme physiquement. Ofelia doit subir 3 épreuves visant à la préparer à une nouvelle naissance, et donc le symbolisme sexuel est assez marqué (fécondation dans la matrice de l’arbre, abandon au désir devant la table chargé de douceurs, perte du sang marquant la fin de son enfance). Dans cet environnement, le temps est relatif et ne s’écoule pas aussi vite que dans le monde des hommes. Chronos, dieu du temps et dévoreur d’enfants (Cf. le tableau de Goya), est d’ailleurs abondamment représenté sur les murs de l’antre du croquemitaine. Le sablier utilisé dans cette épreuve s’oppose directement à la montre du capitaine, symbole du temps humain moderne.
Enfin on a la supériorité évidente des œuvres de l’esprit (intemporelles) sur la prétention à vouloir créer des empires éternels. Au contraire du fascisme, des montres mécaniques qu’il faut sans cesse réparer et des êtres humains qui disparaissent les uns après les autres, le monde des contes de fées existe de toute éternité et continuera à exister même quand toute construction humaine (labyrinthe, statues, …) aura disparu. Comme la Rose d’immortalité citée par Ofélia, il refleuri sans cesse, sans se soucier du monde qui l’entoure.
Le monde de la mythologie gréco-latine est ici particulièrement bien rendu, sans le côté un peu excessif lié aux mythes de Pan et de Chronos. Avec un coté graphique qui m’a beaucoup fait penser à l’univers de Loisel (avec le même genre de fées que dans son Peter Pan). Une belle réussite qui tranche dans l’univers des films fantastiques en général assez bourrins.
Note: 9/10
Compléments :
> La Fiche du film sur Wikipedia.
> Le Site du film.
> Critiques sur "Excessif", "Fluctuat", "FilmDeCulte", "iMedias", "ObjectifCinéma", "KrinEin".
> Sur les Blogs: "Niklas", "HellJohn", "L'Ouvreuse".
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21/11/2006
Borat (Borat: Cultural Learnings of America for Make Benefit Glorious Nation of Kazakhstan)
Leçons Cul-cul sur l'Amérique au profit Bourses Producteurs.
Ambitieux sur le papier, décevant sur l'écran. Faire rire des travers d’une population en suivant les déambulations d’un Huron inculte et naïf, ce n’est pas nouveau et ça peut être très drôle. Malheureusement, l’exercice est difficile et est rarement réussi par les 'comiques' de télévision. Rien à voir entre quelques gags insérés pendant les temps morts d'une émission de plateau et un long métrage qui doit durer au moins 1 heure et demi.
Résultat, si l’on sourit souvent, si on rit parfois, on trouve également le temps très long entre 2 gags. Passons sur l’humour très pipi-caca-sexe qui est le fond de commerce de Sacha Baron Cohen. Ceux qui vont voir le film sont a priori avertis de ce qu’ils vont voir.
Le problème est plutôt dans la légèreté du propos face à la lourdeur des moyens employés. A côté de quelques 'red necks' racistes, misogynes et homophobes, on voit surtout des gens sympathiques qui essaient de se mettre à la portée du personnage et de lui rendre service (quand il ne les a pas agressé).
Si le film est nettement en faveur de certaines minorités (noirs, homos, juifs, prostituées, …) et égratigne gentiment certaines catégories (journalistes, politiques, BCBG, vendeurs, …), on se pose par contre des questions sur son anti-féminisme primaire. En présentant les kazakhs comme des demeurés primaires, machos, racistes, xénophobes, sales et violeurs (parce que musulmans ?), il est également loin du discours prétendument dénonciateur que voudraient faire passer certains critiques cinématographiques. Imaginons qu’au lieu d’être juif et de se faire passer pour un kazakh, Sacha Baron Cohen ait été noir et se soit fait passer pour un colon israélien sorti de son kibboutz, alors tout le monde lui serait tombé dessus et il croulerait sous les procès (Cf. la campagne anti-Dieudonné en France). C’est d’autant plus dommage que ce film, à quelques exceptions près en caméra plus ou moins cachée, est un film de fiction interprété par des acteurs (il n’y a qu’à voir les mouvements de caméra utilisés pour se rendre compte que ça ne peut être un documentaire pris sur le vif, mais implique de répéter la scène sous plusieurs angles) et est donc totalement maitrisé par les 4 scénaristes. Sacha Baron Cohen devrait se contenter de créer des gags pour ses émissions de télé-réalité, plutôt que de réaliser des pseudos documentaires prétendant sonder la nature profonde de l’Amérique.
Après un "Da Ali G" considéré comme insultant par la communauté afro-américaine, et avant un film sur "Bruno" (un présentateur de mode autrichien gay avec des tendances nazies) qui risque de faire également du bruit, "Borat" est un film ambigu à ne pas mettre sous tous les yeux. C'est en tout cas une réussite en matière de promotion, en ayant réussi à faire parler de lui bien avant la sortie du film, et fait couler un flot d’encre en sa faveur.
Note: 6/10
Compléments :
> La Fiche du film du Wikipedia.
> Scènes coupées souvent plus drôles que celles présentes dans le film.
> Le Site du film.
> Critiques sur "CommeAuCinéma", "FilmDeCulte", "Télérama", "Fluctuat".
> Sur les Blogs: "Critico-Blog", "LaSenteurDeL'Esprit", "Niklas", "BlogTelerama", "Cinémapolis".
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14/11/2006
Les Fils de l’Homme (Children of Men)
2027, L'Odyssée de l'Espèce.
Londres, dans une vingtaine d'années. Les gouvernements de la Terre n’ont pas écouté les conférences de Al Gore, ni lu les rapports consacrés au réchauffement climatique (Cf. le rapport de Nicholas Stern, chef économiste de la Banque Mondiale), et tous les pays se sont enfoncés dans une crise écologique et économique sans précédent. La pollution a entraîné une stérilité de tous les êtres humains, plus personne n’est né depuis 18 ans, et chaque pays vit replié sur lui-même en complète autarcie, les 'étrangers' étant désignés comme boucs émissaires de tous les maux.
La grande force de ce film est son grand réalisme apparent. Pas de technologies futuristes, pas de régime dictatorial extrême, pas d’extra-terrestres belliqueux. On est très loin des anticipations à la "1984", "Fahrenheit 451", "Brazil", "Equilibrium", "V pour Vendetta", "Invasion Los Angeles", etc. Ici rien que de légères extrapolations d’une réalité qu’on peut toucher du doigt tous les jours (surtout si on vit dans une cité du 9-3). Plus qu’une dictature imposée par une minorité, c’est un régime 'fort' tel qu’il est réclamé actuellement par de nombreuses populations à travers le monde. Les gens qui ont du travail vont au boulot comme tous les jours, les clandestins sont pourchassés par la police, les riches profitent de leur fortune. Rien que de très 'normal', si ce n’est un attentat de temps en temps.
Mais en suivant le 'héros', ex militant gauchiste désabusé, humaniste pacifiste et fragile, on ouvre progressivement les yeux sur la profonde injustice de tout le système. Le contraste entre les quartiers riches où vivent les privilégiés (très belles scènes du centre de Londres) et les ghettos où survit la racaille. La propagande matraquée sans relâche pour inciter à dénoncer les 'mauvais citoyens'. La Police, brutale et corrompue, qui mène ses chasses à l’Homme sans aucun respect des droits humains. Les camps de concentrations pour illégaux. Les opposants éclatés en une multitude de groupuscules utopistes et inconciliables (babas cool, sectes chrétiennes, islamistes, écolos, gauchistes, etc.). La télé, le jeu et la drogue omniprésents pour s’évader de ce monde sans avenir.
Toute cette atmosphère de fin du monde est vraiment extrêmement bien réalisée, à l’inverse de la plupart des films de SF habituels qui nous annoncent d’emblée: n’ayez pas peur, c’est une fiction. Là, on se croirait dans un reportage effectué par une équipe de télévision, caméra à l’épaule. La scène finale de maintien de l’ordre rappelle ce qu’on a pu en voir en Yougoslavie, au Liban ou en Irak, avec un réalisme qui force le respect.
Là où le film est plus critiquable, c’est sur 2 points essentiels qui plombent le film a posteriori.
D’abord, l’ambiance un peu trop chrétienne. Si la présence de sectes apocalyptiques peut se comprendre dans ce contexte, avoir accumulé dans le scénario une femme qui est miraculeusement enceinte d’un père inconnu et qui doit fuir son pays pour échapper aux forces de l’ordre, un enfant regardé comme le messie, la trahison du groupe [1] par un de ses membre, ça fait un peu beaucoup pour un scénario qui ne brille pas par sa complexité. Le titre faisait déjà assez référence à Jésus, venu parmi les hommes pour leur montrer la voie. N’est pas Kubrick/Clarke qui veut [2].
Les incohérences socioéconomiques des postulats de départ, ensuite. Dans un pays où la population est condamnée à vieillir et à disparaître, il peut sembler illogique de ne pas faire appel à une immigration ('choisie') de jeunes adultes déjà formés. On peut également douter qu’une économie qui est obligée de consacrer des ressources aussi importantes aux forces armées et au contrôle de la population soit encore capable d’avoir un niveau de vie aussi élevé.
Au total, si ce film n’est pas le chef d’oeuvre qu’il aurait pu être avec un scénario un peu plus consistant, il est néanmoins à voir pour sa technique époustouflante et ses décors qui mériteraient au moins un Oscar. Un bon point également pour les nombreux acteurs qui servent l’histoire sans jamais tirer la couverture à eux (les stars meurent en général assez rapidement).
[1] nommé les 'Poissons' (symbole des premiers chrétiens).
[2] "2001, l’Odyssée de l’Espace" est évidemment la référence ultime pour ce genre de film. Rappelez vous : un groupe d’astronautes quittent une terre à bout de souffle, l’un d’eux porte en lui sans le savoir celui qui sauvera l’humanité, mais ils sont trahis pendant le voyage par un des membres du groupe.
Note: 7/10
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> Le Site du film.
> Critiques sur "Telerama", "FilmDeCulte", "Excessif", "EcranLarge", "iMedias", "LeFantastique.net", "ObjectifCinéma".
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