Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/01/2006

Good Night & Good Luck

Le Petit Bout de la Lorgnette Télévisuelle

Georges Clooney est un type bien. Aucun doute là dessus.
Son précédent essai en tant que réalisateur ("Confessions d'un Homme Dangereux") était une réussite.
Le second est beaucoup moins probant.

Voulant illustrer le pouvoir (et les devoirs) de la télé en matière d'information (ou de désinformation), il raconte le combat d'Edward Murrow et de son équipe contre le sénateur McCarthy alors en pleine 'chasse aux sorcières'.
Présentateur vedette de CBS, il décide de respecter sa déontologie professionnelle et son public, et de résister aux pressions politiques et économiques du PDG et des sponsors (il finira quand même par y perdre son job).
Le parallèle avec l'époque actuelle est évident, alors que les chaînes de Rupert Murdoch ne font que de la propagande au service du clan Bush et du 'Patriot Act'.

Mais le propos est assez décevant sur le fond et sur la forme.
Le choix du noir et blanc permet une meilleure incrustation des éléments d'archives, mais donne un aspect vieillot qui ne plaira sans doute pas au public visé (les jeunes n'ayant pas connu cette époque).
Si l'ambiance générale de l'époque est très bien retranscrite, les personnages montrés sont malheureusement assez peu développés, malgré le très bon casting.
En choisissant de tout voir à partir des studios de la CBS, on n'a qu'une vue illustrative et très fragmentaire de la réalité. L'action du sénateur Charles Potter, à peine évoquée, a pourtant été déterminante dans la chute de McCarthy (plus que celle de Murrow).

Au final, pour avoir une vue exacte des agissements de McCarthy et de la façon par laquelle ses adversaires finirent par le faire chuter, mieux vaut voir l'excellent documentaire de William Karel ("CIA, Guerres Secrètes", "Le Monde Selon Bush") diffusé sur Arte en octobre 2005, qui analysait précisément les auditions du comité des activités anti-américaines mis en place par McCarthy, en l'illustrant d'images d'archives de l'époque (extraites de "Point of Order" de Daniel Talbot et Emile De Antonio).

Note: 6/10

> Fiche Cinéfil

Compléments :
> L'article de Wikipedia sur McCarthy
> L'émission de Arte de William Karel dans les Mercredis de l'Histoire.
> "Outfoxed", un documentaire de Robert Greenwald sur les agissements de FoxNews et des chaînes du groupe Murdoch.
> Un article intéressant de Fluctuat.Net sur le film de G.Clooney

11/01/2006

The Constant Gardener

Bon Diagnostic, mais Traitement Placebo

Sur le papier, ce film aurait pu être un chef-d'oeuvre.
Un scénario de Jeffrey Caine ("GoldenEye") d'après un roman de John LeCarré ("L'espion qui venait du froid"), Fernando Meirelles ("La Cité de Dieu") à la réalisation, Ralph Fiennes ("La Liste de Schindler"), Rachel Weisz ("La Momie"), Hubert Koundé (le black de "La Haine"), Pete Postlethwaite, etc., à priori rien que du bon.
Pourtant en sortant de la salle, on a comme un goût d'inachevé, de 'aurait pu mieux faire'.

Ce n'est pas la faute des interprètes, tous excellents des premiers rôles aux plus obscurs figurants.
Ni celle de F.Meirelles qui nous fait voir une Afrique bien réelle, les bidonvilles miséreux et les hôpitaux lépreux, les golfs biens arrosés et les 'party' de la bonne société, le travail ambiguë des diplomates, des ONG, de l'ONU, des labos pharmaceutiques, ...
La construction du film en 2 parties égales n'est pas non plus à mettre en cause. Elle apporte une respiration au récit qui dure quand même plus de 2 heures, et met bien en évidence l'état d'esprit du 'héros' de l'histoire.
D'abord son 'innocence', sa neutralité passive, sa volonté de ne rien voir, ne fâcher personne, ne pas s'impliquer dans la situation, de seulement 'cultiver son jardin' en gentleman bien sous tous rapports.
Ensuite sa prise de conscience, sa révolte, ses compromissions même (mensonges, faux papiers, ...), sa quête de la vérité, la redécouverte de sa femme et la sublimation de son amour pour elle ('Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé').

C'est plutôt dans le scénario que le bât blesse.
Là où "Lord of War" accumulait les faits et les données fournis par la personne la mieux informée (le trafiquant), "The Constant Gardener" est d'abord traité comme une 'love-story' très hollywoodienne décrite par le cocu de l'histoire, celui qui n'a rien vu et rien compris.
On survole alors complètement la partie sérieuse du sujet, et on passe à côté du superbe thriller politico-économique qu'il aurait pu être ! Il parait pourtant que cette histoire est tirée de faits réels, et on aurait aimé en savoir beaucoup plus.
Certaines ficelles sont même parfois un peu grosses (la lettre écrite par le principal responsable de l'affaire, la paranoïa des militants humanitaires qui font pourtant aveuglément confiance aux institutions diplomatiques, ...).
C'est dommage, car encore une fois tout le reste était vraiment excellent.

Note: 6/10

> Fiche Cinéfil

Compléments :
> Article Afrik.com
> Le livre de John LeCarré qui semble être à l'origine des faiblesses du scénario

04/01/2006

Lord of War (Vendre des armes est un business comme un autre)

Economie de Marché (gris) et Libre Entreprise

Tous ceux qui ont vu "Le Cauchemar de Darwin" en sont un peu restés sur leur faim.
On y voyait le résultat d'une politique néo-colonialiste européenne sur le terrain africain, avec livraison d'armes en échange de l'exploitation intensive des ressources piscicoles tanzaniennes. L'auteur y interviewait les pilotes des pays ex-soviétiques, les prostituées locales, les gamins des rues, les pêcheurs exploités, les officiels satisfaits, etc. Une seule catégorie d’acteurs manquait à l’appel : les trafiquants d’armes responsables de ce nouveau 'commerce triangulaire'.

Andrew Niccol ("The Truman Show", "Gattaca") s’est penché sur le problème et nous livre ce qui s’apparente plus à un docu-fiction qu’à un 'blockbuster' hollywoodien. Ce film n’a d’ailleurs pu voir le jour que grâce à des capitaux européens et bénéficie du soutien d’Amnesty International.
Ici, pas de 'Happy End'.

Yuri Orlov (Nicolas Cage) est le prototype de ces individus amoraux pour qui, entre le blanc du légal et le noir du franchement illégal, il existe une zone grise où tout est permis du moment qu’il y a des dollars à gagner.
Dans ce domaine on trouve la contrebande de cigarettes ou d’alcool, le passage ou l’emploi de travailleurs clandestins, la défiscalisation des profits (honnêtes ou pas), la gestion de pavillons de complaisance, de casinos, ou toute autre activité dont la légalité dépend surtout de l’endroit où on la pratique.
Les guerres, civiles ou entre états, ont toujours été propices à ce genre d’activités, permettant de faire fortune rapidement du moment qu’on n’a pas trop de scrupules.

Techniquement, il ne s’agit que d’import-export, achetant ici des stocks de matériels présents en trop grand nombre, pour les revendre là où les besoins des consommateurs solvables ne sont pas suffisamment satisfaits.
La doctrine libérale pure et dure défendue par les conservateurs américains, appliquée à un produit de grande série (la kalachnikov), géré comme des canettes de cola ou des rasoirs jetables.
Comme le dit notre 'héros' dans son argumentaire marketing : 'une personne sur 12 est armée sur cette planète, la seule question est de savoir comment armer les 11 autres'.

Yuri Orlov ne diffère pas des membres de la NRA ('National Riffle Association', présidée par Charlton Heston [1]), pour qui la possession d’une arme de guerre est un droit constitutionnel.
Rappelons également que :
- les 5 plus grands fabricants d’armes (USA, France, GB, Chine, Russie) sont membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU.
- la famille Bush tire une grande partie de sa fortune du commerce des armes et du pétrole [2].
- en France, les principaux producteurs d’armes du secteur privé (Lagardère, Dassault) font partie du gotha politique et sont propriétaires de grands empires médiatiques.
Rien d’étonnant donc à ce que la trafic d’armes continue à proliférer, et que la morale s’efface toujours devant des profits aussi juteux, avec des excuses comme 'ça n’est pas notre guerre', ou 'il faut sauvegarder l’emploi dans nos industries d’armement' (théoriquement censées garantir notre indépendance nationale).

Yuri Orlov, tout comme Tony Montana (Al Pacino) dans "Scarface", ne fait que prétendre à sa part du grand rêve américain, où tout héros positif est jugé sur sa capacité à entreprendre, et où sa respectabilité se mesure à l’importance de son compte en banque.

"Lord of War", en présentant l’irrésistible ascension d’un petit trafiquant amené à fréquenter les plus grands, est donc un film réaliste, touchant, certainement cynique dans son propos, mais assez révélateur d’une idéologie où les règles du commerce priment toujours sur les aspects moraux de la société [3][4].
La même démonstration pourrait être faite sur le saccage écologique de la planète [5], ou les délocalisations à outrance vers des pays ne respectant pas les Droits de l’Homme [6].

En bref : un très bon film, salutaire, servi par de très bons acteurs, mais qu’il ne faut pas aller voir le jour où on a un gros coup de blues.

Note: 9/10

> Fiche Cinéfil

A voir également sur le sujet :
[1] "Bowling for Columbine" de Michael Moore (le problème des armes aux Etats-Unis)
[2] "Le Monde selon Bush" de William Karel (la famille Bush et le 11 septembre 2001)
[3] "The Constant Gardener" de Fernando Meirelles (les agissements des sociétés pharmaceutiques)
[4] "Révélations" de Michael Mann (les agissements des fabricants de cigarettes)
[5] "The Corporation" de Jennifer Abbott (documentaire sur la responsabilité des entreprises en tant que personnes morales)
[6] "The Big One" de Michael Moore (les délocalisations des entreprises et la course au profit)

11/11/2005

J.O. de Pékin: J - 1000

1936 - 2008, pas de changements

Le 11 novembre 2005 a été l'occasion de dévoiler les mascottes des futurs jeux olympiques d'été en 2008.

Alors qu'on se rapproche petit à petit des J.O. de Pékin, il est bon de rappeler certains faits.

Comme en 1936 à Berlin, l'esprit olympique aura certainement du mal à y souffler.
Les Jeux vont être utilisés par Pékin à des fins de propagande nationaliste, permettant d'affirmer l'accroissement de la puissance politico-économique de la Chine sur la scène internationale.
Pour cela, tous les moyens sont bons.
Outre le dopage des athlètes qui devrait être important, les mesures de répression seront menées à grande échelle. Elles ont d'ailleurs commencé bien avant l'attribution officielle des jeux par le CIO (campagnes "Frapper Fort").
Arrestations arbitraires, exil intérieur, oppression des minorités (ethniques, politiques, religieuses), censure des médias, procès truqués, exécutions de masse, torture, etc. prolifèrent afin de faire 'place nette' à un Pékin modernisé, aseptisé, fait pour en mettre plein la vue aux occidentaux et cacher la répression massive.
Les entreprises européennes (Atos-Origin, Volkswagen, Adidas, ...) ne sont d'ailleurs pas les dernières à essayer de faire du profit (*), en participant à cette propagande de masse (il n'y a pas que les trafiquants d'armes qui soutiennent les dictatures).

Le Boycott de Moscou en 1980 avait pourtant montré l'utilité de la fermeté face à ce genre de situations, et son impact à moyen terme (chute du mur en 1989).

(*) "Les capitalistes nous vendront même la corde nécessaire pour les pendre." (Lénine)

A voir:
> les mascottes officielles
> Le dossier Wikipedia (site par ailleurs censuré en Chine)
> un article de "Epoch Times" (version française) sur la corruption et le dopage des sportifs
> Les Jeux de Berlin (US Holocaust Memorial Museum / Mémorial de la Shoah)
> la position de "Reporters Sans Frontières"
> la position de "Amnesty International"
> L'exposition virtuelle "Un Dessin pour le Tibet" regroupant les dessins de grands (et moins grands) dessinateurs qui témoignent de leur soutien au peuple tibétain.

12/10/2005

Le Cauchemar de Darwin

NéoColonialisme et Mondialisation

Une bonne illustration du néo-colonialisme à l'oeuvre en Afrique.
Où comment les capitaux européens alliés à la main d'oeuvre ex-soviétique, continuent à piller et à paupériser un pays théoriquement indépendant, sur fond de catastrophe écologique globale.
A voir absolument avant d'aller manger des filets de Perche du Nil, même si le style 'naïf' utilisé ne peut évidemment être considéré comme une démonstration rigoureuse.

Mais, attention à ne pas confondre 'mondialisation' et 'néo-colonialisme', comme je l'ai vu dans certains commentaires ...

Le néo-colonialisme c'est l'exploitation des ressources d'un pays dans le seul intérêt d'une puissance coloniale.

Ce qui se passe actuellement en Tanzanie est clairement ce qui c'est passé, par exemple, en Chine au 19ième siècle quand les anglais vendaient aux chinois, sous la contrainte, de l'opium pour payer leurs achats de thé, et intervenaient avec des troupes recrutées en Inde (Sikhs, Gurkhas népalais).
Ici, on achète des filets de perche du nil pour vendre des armes destinée aux conflits tribaux de la région des grands lacs.

Dans les 2 cas, les dommages collatéraux sont évidemment énormes :
- paupérisation de la population due à la mono activité (les prix étant fixés par l'acheteur).
- désastre écologique (exploitation à outrance des ressources locales).
- sous-alimentation (les cultures ou élevages traditionnels étant abandonnés).
- augmentation de la consommation de drogue et de la prostitution (l'espoir d'une vie meilleure).
- assistanat généralisé via les ONGs ou les structures internationales (Europe, FMI, Banque Mondiale, etc).

Rien de très nouveau sous le soleil, même si le processus est rationalisé.

La 'mondialisation' au contraire consiste à faire circuler librement les capitaux, les biens, les services, la main-d’œuvre et la technologie de façon à maximiser les profits.
L'occident possédant les capitaux, et le tiers-monde possédant la main d'oeuvre la moins chère, les transferts se font en général dans le sens d'une délocalisation des industries de l'occident vers le tiers-monde.
Les profits sont ensuite rapatriés vers l'occident via des paradis fiscaux par des sociétés souvent multinationales, donc à l'abri des lois nationales.
Dans ce cas, ce sont les travailleurs occidentaux qui sont les principales victimes et pas les habitants du tiers-monde qui y gagnent un travail, des revenus, etc. et où le niveau de vie s'élève considérablement comme dans la Chine moderne ou l'Europe orientale.
Les populations africaines en sont encore loin ...

Note: 7/10

Compléments sur "Le Cauchemar de Darwin":
Article Afrik.com
Article Wikipedia
Dossier Académie Aix-Marseille

A voir sur les effets de la mondialisation:
"Roger et moi" de Michael Moore (la délocalisation des usines automobiles américaines de Détroit vers le Mexique)
"The Big One" de Michael Moore (le cas 'Nike' dont les usines sont implantées en asie du sud-est)
"Mémoire d'un saccage" de Fernando Solanas (la descente aux enfer de l'Argentine, 'grâce' au FMI)