09/10/2006
Florence Foresti: Sketches
Une bonne Cervelle de Canut.
J’ai déjà eu l’occasion de dire tout le bien que je pensais de cette actrice/humoriste à l’occasion de la sortie de "Dikkenek". Elle y interprétait le rôle d’une commissaire de police belge lesbienne, avec une force de conviction redoutable.
Un DVD de son spectacle à La Cigale, vient également de sortir, suites de satires de la vie quotidienne où elle brocarde les bobos, les célibattantes, les 'pipôles', etc.
Ceux qui regardent encore la TV peuvent également la retrouver dans les émissions de Laurent Ruquier (France2), avec des personnages hauts en couleurs qui commentent l’actualité franco-parisienne. Pour ceux qui ont jeté leur poste depuis plusieurs années, il est possible de retrouver ces petits bricolages, en partie improvisés sur le site de vidéos partagées YouTube [1]. Il y du bon (Ségolène Royal, 'Brigitte', 'Clotilde', …) et du moins bon, mais c’est souvent très drôle et ça dénote un vrai talent, tant dans la construction des sketches que dans leur interprétation. A Voir sans modération [2].
Note: 8/10
[1] Merci à "Matoo" et au "Nain de Jardin Masqué" de m’avoir fait indirectement connaître ce site.
[2] A l’Olympia (Paris) du 26 au 31 décembre 2006, et en tournée actuellement en province.
> Son site.
> Sa bio sur Evene.
> Interview à l’occasion de la sortie de Dikkenek.
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20/08/2006
Gantz
Jeux de Rôles: Tuer n’est pas Jouer.
"Gantz" est une série particulièrement frustrante. Elle allie d’une part un concept de base intéressant, quelques bonnes idées de scénario, mais une réalisation qui n’a pas su se porter au niveau des ambitions affichées.
La série est une adaptation du manga du même nom, lui-même certainement inspiré en partie d’oeuvres telles que "Le Prisonnier", "Battle Royale", "Outrages" ou "Voyage au Bout de l’Enfer". Des personnages brutalement enlevés de leur milieu habituel, sont forcés à collaborer avec une organisation mystérieuse et toute puissante qui exige leur collaboration totale, en vue de tuer des individus désignés comme 'ennemis'. Mais peut-on se définir comme 'humain' quand on est amené à tuer sans réfléchir d’autres êtres vivants ? Les thèmes abordés sont la perte des valeurs humanistes de notre société, sa violence, l’incommunicabilité entre personnes, le droit à la différence, la soumission à l’autorité, l’influence de la télé et des jeux vidéo sur les dernières générations.
Ses points forts sont la variété des personnages présentés, de tous âges et de toutes catégories socio-professionnelles. Ceux-ci ne sont pas introduits ex-nihilo, mais sont présentés dans leur environnement habituel bien avant leur implication dans le 'Jeu'. Les séquences de la vie quotidienne sont d’ailleurs particulièrement réussies, ouvrant des parallèles intéressantes entre les 2 environnements. Il n’y a pas de 'héros' invincible et sans défauts. Le traitement très cru du sujet, les difficultés croissantes (quand la cible a les moyens de se défendre, tuer est beaucoup moins facile…), et l’amoncellement d’actes de barbarie conduit rapidement à une nausée salutaire. Au fil des épisodes, la sensation de malaise s’accroît et les vraies questions se posent. Peut-on assassiner quelqu’un de sang-froid seulement parce qu’il a été désigné comme cible et qu’on en a reçu l’ordre ? Peut-on éliminer impunément tous ceux qui ne font pas partie de notre groupe ? Peut-on rester inactif en se dégageant de ses obligations morales envers les autres ? A l’heure où de nombreuses guerres et génocides, perpétués par des auto-proclamés 'peuples élus', défigurent la planète, le sujet est fortement d’actualité.
Malheureusement, les défauts sont assez nombreux.
Techniques d’abord. L’utilisation massive de la 3D conduit à des mouvements de caméra assez peu naturels. Même si les décors sont plutôt réussis, les couleurs nocturnes sont parfois un peu bizarre. Du fait d’une réalisation pour la télé japonaise, certains épisodes ont été faits dans l’urgence, et le dessin en a visiblement pâti. Le système des 'missions' décalquées des niveaux des jeux vidéo, conduit à un aspect répétitif marqué gênant à long terme. Les personnages secondaires sont également souvent 'figés' quand un personnage principal agit.
Scénaristiques ensuite. L’aspect moralisateur du récit est trop marqué. Les tirades des personnages, très immatures et particulièrement typés, sont longues et ennuyeuses. Entre ceux qui ne font que parler sans agir, et ceux qui sont prêts à tout massacrer sans se poser de questions sur les conséquences de leurs actes, il n’y a guère de juste milieu. A une exception près, vite tuée, les femmes n’ont aucune épaisseur psychologique, et ne font que se lamenter en essayant de manipuler les hommes. Les nombreuses séances d’autocritiques, très japonaises, sont assez indigestes pour un public occidental.
Malgré tout, le scénario sait évoluer dans le bon sens, et ceux qui ont le courage de rester jusqu’aux derniers épisodes seront récompensés par une vrai réflexion sur notre société, et sur la place des boucs émissaires dans la cohésion des groupes.
Au final, une série intéressante dans son propos et aux objectifs salutaires, qui essaie de dénoncer certaines situations en faisant une démonstration par l’absurde, mais qui risquera d’en irriter plus d’un.
A noter que, contrairement à l'esprit de la série, un éditeur a sorti un jeu sur PS2 prétexte à tirer sur tout ce qui bouge! Consternant.
Note : 6/10
Compléments :
> Des critiques plutôt favorables sur "DvdRama (vol.1)" (+ Vol.2, Vol.3, Vol.4), "ZakAnime" et "KrinEin".
> Une critique plutôt défavorable sur "DvdAnime (vol.1)" (+ Vol.2, Vol.3).
> La critique du manga par "KrinEin", "AnimeLand".
> Un site de fan consacré à l'univers de la série.
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12/07/2006
Rome # 1 (HBO) : Jules César
Il est Venu, On a Vu, Il a Vaincu.
Rome ne s’est pas faite en un jour. Le passage de la République à l’Empire non plus. De nombreux films ont déjà relaté la décomposition des institutions démocratiques et la lutte fratricide des généraux romains ayant entraîné le passage à un pouvoir absolu. Le problème est qu’il est difficile de résumer en moins de 2 heures, une histoire qui s’est étendue sur plus d’une dizaine d’année. Le point de vue de l’auteur conduit alors à faire des choix dans les épisodes clés et à privilégier soit le point de vue tragique (la grandeur et la décadence du nouveau tyran, d’abord adoré puis haï), soit le point de vue romantique (ses amours fantasmées avec la reine d’Egypte). Les aspects politiques sous-jacents, les mobiles des forces en présences et les raisons socio-économiques ayant rendu possible le coup d’état sont en général complètement occultés.
L’avantage des séries TV est au contraire de pouvoir développer une intrique sur la durée. Quand la production s’en donne la peine, et vise la qualité plutôt que le soap-opéra de masse, cela donne d’incontestables réussites (les documentaires de la BBC, les docu-fictions de France Télévision, ou certaines fictions des réseaux câblés américains).
"Rome", actuellement diffusé sur Canal+ après être passé en Belgique et en Amérique du Nord, fait partie de cette catégorie. HBO a mis le paquet sur le récit des premières années de l’Empire Romain. La première saison démarre au moment de la prise d’Alésia (-52) et s’achève avec l’assassinat de César lors des Ides de Mars (-44). Chacun des 12 épisodes est l’occasion de traiter et d’approfondir les différentes étapes de la guerre civile et de la consolidation du nouveau pouvoir, tout en suggérant de nombreuses analogies avec notre monde prétendument moderne (corruption des élites, clientélisme, importance du paraître, divertissements et aventures militaires comme moyen de gouvernement, etc.). Tout en étant traité de façon très contemporaine et prenant parfois des libertés avec la tradition (pas de 'Tu Quoque mi Fili' par exemple), la série respecte assez fidèlement le contexte historique. Ceux qui jusqu’à présent confondaient Cicéron et Caton, Octave et Marc Antoine, n’auront à l’issue de la série plus d’excuses pour ignorer les bases de l’Histoire Romaine. Certains personnages s’en trouvent du coup grandis (Octave, Brutus) ou au contraire diminués (Marc Antoine, Cicéron, Cléopâtre). Le rôle des femmes n’est pas oublié non plus, contrairement à l’usage habituel des péplums. Le mélange de personnages fictifs de première importance avec les grandes figures de l’époque permet de détailler de façon très réaliste la vie quotidienne de l’époque (sociale, administrative, religieuse, …), même si certains commentaires manquent parfois pour en expliquer le sens (par exemple la cérémonie avec le taureau, caractéristique du culte de Mithra, ce qui n’est pas dit explicitement). Il est dommage que le DVD qui sortira bientôt (en zone 1), ne fournisse pas les bonus nécessaires pour combler ces lacunes, et permettre à chacun de mieux comprendre les us et coutumes de l’époque.
En attendant, ne boudons pas notre plaisir pour ce qui est une des plus belle réussite fictionnelle dans le domaine de l’antiquité romaine.
Note : 10/10
Compléments :
> Le site officiel de la série.
> Le dossier de "Peplum".
> Le dossier de "L'Internaute".
> Les critiques de la série sur "Télérama", "LePoint", "EcranLarge", "KrinEin".
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01/07/2006
Dikkenek
Humour Belge, Humour Noir.
Peut-on rire de tout ? Oui, si c'est drôle et qu'on a le sens de l’Humour.
L’Humour Belge, c’est comme leurs frites. C’est gros, c’est gras, un peu lourd sur l’estomac, mais ça rassasie les plus affamés. Là où l’Humour Français prétend faire dans la subtilité, le mot d’esprit (Cf. "Ridicule"), au risque d’être incompréhensible par le commun des mortels, l’Humour Belge n’hésite pas à s’attaquer aux sujets qui fâchent et qui tâchent, sans vraiment respecter le 'politiquement correct'.
"Dikkenek" (l’équivalent de 'Gros Bœufs' en Version Française) s’attaque donc résolument à la malbouffe, aux fils à papa, aux bourgeois(es) friqué(e)s, aux maquignons, aux vidéastes semi-professionnels, aux dragueurs de night club, aux rêveurs romantiques, aux obsédés sexuels, aux fumeurs de pétards, aux piliers de bars, aux vieux, aux beurs, aux racistes, aux flics, aux lesbiennes, aux ripoux de tous bords …
Personne ne sort indemne de ce tir aux pigeons de foire, et c’est particulièrement jubilatoire.
Produit par Luc Besson, qui n’avait apparemment pas lu le scénario (heureusement !), il enchaîne les situations comiques et décalées.
Certes, les réalisateurs ne sont pas des 'professionnels de la profession', et le budget n’était pas très important, mais la brochette d’acteurs franco-belges, tous excellents, fait de ce film un petit bijou, dans la lignée de "C’est arrivé près de Chez vous" ou de "Bernie".
A voir absolument donc par ceux qui aiment un humour particulièrement caustique. A éviter par contre, par ceux qui sont amateurs de 'fricadelles' ou de grande cuisine. Ils risqueraient d’en perdre l’appétit.
Note : 8/10
Compléments :
> Fiche Cinéfil.
> Le site officiel du film.
> Sketches de Florence Foresti sur YouTube.
> Les critiques du film sur 'iMédia', 'CommeAuCinéma', 'Fluctuat', 'Excessif', 'FilmDeCulte', 'Elle', 'NyAllezPas!'.
> Sur les blogs d'Allociné, de 'Critico-Blog', 'NormanBates', 'NiklasOnline', 'Cine2909', 'BlakeEdwardsPinkPanther', 'CineFan'.
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03/06/2006
X-men 3
Eloge de la Différence dans un Monde Normalisé
La sortie de X-Men 3 restera sans doute une grande déception pour tous les fans du 'comics'.
Les grands studios américains semblent plus intéressés à tuer la poule aux œufs d’or que de se donner les moyens de produire des films de qualité, pourtant plus rentables à long terme. Avoir remplacé un réalisateur et un scénariste talentueux par 2 tacherons besogneux en fournit un nouvel exemple. Je ne détaillerais pas ici tous les défauts de ce 3-ième opus, d’autres l’ayant déjà fait avant moi, et sans doute mieux que je ne saurai le faire. C’est d’autant plus dommage que, à part les "Spiderman" (de Sam Raimi), les X-men étaient les seuls films de 'super-héros' capables d’allier grand spectacle de qualité pour le grand public et discours humaniste compréhensible par tous.
En ces temps de replis identitaires, de revendications communautaristes, de guerres ethniques, de comportements racistes et xénophobes de plus en plus exprimés et justifiés par des pseudos considérations scientifiques, morales et religieuses, où 'les autres' sont niés en tant qu’êtres humains véritables pour mieux être marchandisés, exploités ou massacrés, la saga des X-Men est une ode à la différence, à la tolérance, à la mixité, au respect de l’autre. Sous le vocable générique de 'mutants', on retrouve en effet toutes les minorités possibles et imaginables, certaines étant d’ailleurs représentées plus particulièrement par un des personnages (femmes, handicapés, surdoués, minorités ethniques ou religieuses, étrangers, homosexuels, …).
Bien que le développement de ce 3-ième récit reste très superficiel et très orienté 'pop-corn movie', des questions intéressantes sont posées tout au long du film :
- faut-il choisir une normalité médiocre, plutôt que de développer ses dons dans un contexte difficile ?
- peut-on se renier soi-même par amour ?
- que faire quand on est forcé de vivre dans le camp qu’on n’a pas choisi ?
- l’amitié est-elle possible entre 2 personnes ayant une conception de la vie différente, ou des avis divergents sur les mesures à prendre ?
Face aux discriminations, au rejet, à la persécution, 3 attitudes sont possibles, illustrées par les différents groupes en présence :
- ceux qui prônent la lutte armée, le développement séparé des 'races' et des sexes, l’avènement d’un nouveau 'peuple élu', symbolisés par Magneto, pourtant rescapé des camps de la mort nazis, mais idéologue d’une nouvelle 'race supérieure'.
- ceux qui prônent l’intégration, l’enrichissement mutuel, la discrimination positive pour permettre à tous une meilleure adaptation, symbolisés par le groupe du professeur Xavier.
- ceux qui préfèrent l’individualisme forcené, l’incommunicabilité, l’anarchie, le retrait de la vie commune, et qu’on retrouve dans le Wolverine des débuts, dans le Phénix, et dans le groupe des mutants Omega.
La force de la série X-Men est de renverser les rapports dominants/dominés. Les simples humains, en haut de l’échelle du pouvoir, se retrouvent dépassés par l’Evolution Darwinienne et se retrouvent à un stade d’animaux savants, condamnés à disparaître comme les néanderthaliens avant eux. Face à la future espèce dominante qui commence à proliférer, ils réagissent alors en animaux primitifs, laissant s’exprimer leurs peurs et leur refus d’évoluer.
L’ensemble de la trilogie est donc un discours d’utilité publique, qu’on aimerait voir plus souvent dans les 'blockbusters' hollywoodiens, au lieu du modèle idéologique américain habituel (bon blanc chrétien riche aux yeux bleus, méchants étrangers fourbes et basanés, femmes soumises et stupides, etc.). On regrettera d’autant plus la petite dérive de "X-Men 3" qui prend pour nouveaux méchants toute une bande de latinos, drogués, punks, femmes intelligentes, et autres racailles de série Z, alors le côté des bons s’enrichi d’un fils de bonne famille (blanche évidemment). On est loin du sulfureux Diablo de l'épisode 2 !
Comme beaucoup d’autres trilogies, cet épisode ne satisfera donc que ceux qui ont vu les précédents, et leur permettra de patienter avant la probable sortie d’un nouvel opus, annoncé pas très finement par une courte séquence après le générique de fin (Spoiler: l’esprit du professeur Xavier est passé dans le corps de l’homme vu dans le coma au début du film). On espère que la qualité du scénario et de la réalisation aura le temps de s’améliorer en route. Il serait dommage de devoir se contenter que des bandes dessinées et des dessins animés (d’ailleurs pas entièrement sortis en France) pour retrouver l’esprit du génial Stan Lee.
Note: 6/10
Compléments :
> Fiche Cinéfil.
> Le site officiel du film.
> Les critiques du film sur 'CommeAuCinéma', 'DvdCritiques', 'EcranLarge', 'FilmDeCulte', 'Fluctuat', 'Excessif', 'Telerama'.
> Sur les blogs d'Allociné, de 'SebInParis', 'TheBloggingCircus', 'A Rebours'.
20:00 Publié dans Dieux & Démons, Ecrans Larges, Ethiques & Politiques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, Séries, BD, Amériques | Imprimer