05/11/2006
Danse de GuanYin aux Mille Bras
Chine: 1000 bras pour une tête.
En complément à ma note sur "La Déesse de la Rivière Luo", une superbe vidéo illustrant les danses du Bodhisattva aux mille bras. Ces danses très spectaculaires (si on est dans l'axe) sont assez fréquentes dans le monde chinois (j'en ai vu une récemment à DunHuang, effectuée par une petite troupe provinciale). Celles-ci sont exécutées par la troupe du "China Disabled Person's Performing Art", un ensemble de 21 danseuses/danseurs sourd(e)s-muet(te)s.
Elles représentent le Boddhisattva Avalokitshvara (GuanYin en Chine, Kannon au Japon, Tchenrezi au Tibet), symbole de la compassion, et révéré dans le bouddhisme chinois sous sa forme androgyne ou féminine. Les mille bras sont l'expression des nombreux 'moyens habiles' disponibles pour parvenir à l'Eveil.
La musique et l'éclairage sont assez kitch, comme souvent en Asie, mais la chorégraphie vaut vraiment le coup d'oeil.
Cette video peut également être vu en grand format sur Google Video.
Une autre version sur YouTube, apparemment exécutée pour le "2005 CCTV Spring Festival Gala" en faveur des J.O. de Pékin 2008:
Compléments :
> Des problèmes de plagiats inter-chinois sur cette danse? : C.f. news sur china.org.cn (in english).
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26/10/2006
La Déesse de la Rivière Luo (Luo Shen Fu)
Rencontre Ephémère, Regrets Éternels.
Une rencontre fugace entre 2 personnages, dont le coup de foudre se mélange aux souvenirs d’expériences malheureuses. Ils hésitent, et gardent leurs distances. Leurs sentiments réciproques ne deviennent évidents que lorsqu’ils s’éloignent l’un de l’autre à tout jamais. Mais il est évidemment trop tard.
"Luo Shen Fu" est d’abord un poème de Cao Zhi (192-232), un des plus grands poètes chinois de l’époque des 3 Royaumes. Outre sa poésie, il est célèbre pour avoir été immortalisé dans le roman "Histoire des 3 Royaumes" qui a fait l’objet de maintes adaptations (surtout connues en occident par "Adieu ma Concubine"). C’est l’histoire d’une rencontre passagère faite dans un rêve, entre un voyageur fatigué et le fantôme de sa bien aimée, morte de mélancolie, assimilé à la déesse de la rivière. Le thème est récurrent dans l’imaginaire chinois, que ce soit avec la rencontre entre un vivant et une défunte ("Histoires de Fantômes Chinois"), ou entre un homme et une divinité (la "Légende du Grand Serpent Blanc"), et illustre la difficulté de vivre ensemble quand on appartient à 2 mondes différents.
A Taiwan, le texte est devenu le support d’une pièce de théâtre dansé de styles Liyuanxi (Opéra du "Jardin des Poiriers") et Nanguan (le "Vent du Sud"), mélange de danse, musique et chant. Contrairement à l’Opéra de Pékin, il n’y a ni acrobaties, ni rythmique criarde, ni texte dit par les personnages. La musique, raffinée, est de la famille 'Soie et Bambou' (cordes et flûtes). On est plus beaucoup plus proche des formes poétiques et contemplatives du Nô et du Butô japonais. On y trouve de nombreuses influences taoïstes (dieux primitifs), mais aussi bouddhistes. La 'déesse aux mille bras' est ainsi directement inspirée du boddhisattva GuanYin, tandis que les danseuses aux longs voiles renvoient aux apsaras des grottes de la Route de la Soie. Danses et Musiques expriment l’absence et le vide, la légèreté des sentiments et de l’existence dans un monde évanescent.
La version présentée au Théâtre de la Ville est une re-création moderne (mai 2006), qui résulte de la collaboration de la chorégraphe Chen Mei-E et du metteur en scène franco-allemand Lukas Hemleb. Les costumes sont de William Chang, décorateur attitré de Wong Kar Wai ("In The Mood for Love"). C’est un bon mélange entre tradition et modernité, et témoigne de la vitalité de la scène taïwanaise. Si le démarrage est un peu trop long pour nos habitudes occidentales (les 3 premiers actes gagneraient à être un peu raccourcis), le reste de la pièce est un réel enchantement et laisse le public sous le charme à l’issue des 2h20 que dure la représentation.
Compléments :
> La Déesse de la Rivière Luo au Théatre de la Ville de Paris en 2006.
> Le spectacle sur le site de l'Institut Français de Taipei.
> La critique du Figaroscope.
> Les danses de GuanYin aux mille bras.
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09/10/2006
Florence Foresti: Sketches
Une bonne Cervelle de Canut.
J’ai déjà eu l’occasion de dire tout le bien que je pensais de cette actrice/humoriste à l’occasion de la sortie de "Dikkenek". Elle y interprétait le rôle d’une commissaire de police belge lesbienne, avec une force de conviction redoutable.
Un DVD de son spectacle à La Cigale, vient également de sortir, suites de satires de la vie quotidienne où elle brocarde les bobos, les célibattantes, les 'pipôles', etc.
Ceux qui regardent encore la TV peuvent également la retrouver dans les émissions de Laurent Ruquier (France2), avec des personnages hauts en couleurs qui commentent l’actualité franco-parisienne. Pour ceux qui ont jeté leur poste depuis plusieurs années, il est possible de retrouver ces petits bricolages, en partie improvisés sur le site de vidéos partagées YouTube [1]. Il y du bon (Ségolène Royal, 'Brigitte', 'Clotilde', …) et du moins bon, mais c’est souvent très drôle et ça dénote un vrai talent, tant dans la construction des sketches que dans leur interprétation. A Voir sans modération [2].
Note: 8/10
[1] Merci à "Matoo" et au "Nain de Jardin Masqué" de m’avoir fait indirectement connaître ce site.
[2] A l’Olympia (Paris) du 26 au 31 décembre 2006, et en tournée actuellement en province.
> Son site.
> Sa bio sur Evene.
> Interview à l’occasion de la sortie de Dikkenek.
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01/10/2006
Pelléas et Mélisande, de Maurice Maeterlinck.
Une Tragédie en Noir et Gris : le Passage à l’Age Adulte.
Hier soir, superbe Pelléas et Mélisande au Théâtre de la Ville de Paris. On peut penser ce que l’on veut du texte de Maeterlinck (très novateur en 1892, un peu vieilli pour nos oreilles modernes), mais la pièce reste étonnamment actuelle, comme tous les contes et légendes de notre enfance.
Certes, le fond de l’histoire n’est pas très original. Une jeune femme recueillie et épousée par un vieux barbon jaloux, tombe amoureuse de son jeune beau-frère, et les 2 jeunes amants finiront par en mourir. On a déjà vu cent fois ce thème de l’amour interdit entre 2 jeunes gens emportés par une passion nouvelle pour eux (Hélène et Pâris, Tristan et Iseult, Lancelot et Guenièvre, Roméo et Juliette, Pocahontas et John Smith, etc.).
L’intérêt est ailleurs.
D’abord dans la modernité de la narration, formée de petites scènes très courtes, aux dialogues serrés suggérant beaucoup plus qu’ils n’en disent.
Dans la sonorité des textes, travaillés pour exprimer au mieux les sentiments des personnages. Figure de proue du symbolisme au théâtre, Maeterlinck a bien mérité son prix Nobel (1911).
Dans la mise en scène parfaite de Jean-Christophe Saïs. Le décor sobre, tout en noir et en gris, servi par un éclairage digne d’un futur 'Molières', rend excellemment l’atmosphère humide et glauque, ainsi que les ombres et les brouillards dans laquelle baigne toute la pièce. Heureusement la salle est petite, sinon les spectateurs du fond risqueraient de ne pas voir grand-chose dans cette pénombre. Seules notes de clarté, les vêtements de Yniold et de Mélisande, symboles de leur innocence.
Tout l’ensemble respire les influences romantiques, gothiques et symbolistes du 19-ième siècle, mais on y détecte aussi d’autres tendances plus modernes pour l’époque (psychanalyse, féminisme). On notera les longs chevaux de Mélisande qui se déroulent comme ceux de la Rapunzel des frères Grimm, et dont la charge érotique est évidente sur ce pauvre Pelléas. L’omniprésence des forêts touffues, grottes, souterrains, fontaines, mares aux odeurs moites et troublantes. La scène de voyeurisme initiée par Golaud, mari jaloux et brutal, qui entraîne la perte de l’innocence du jeune Yniold, propulsé malgré lui dans une réalité pas encore de son âge.
Il y a aussi cette découverte de Mélisande par Golaud, en état de choc, parée comme une princesse et probablement violée par son premier mari le jour de son mariage; la femme battue et humiliée en public par son mari jaloux. Une Mélisande mystérieuse, marquée par le Destin, condamnée à séduire son entourage pour exister, mais dont la présence apporte nécessairement le malheur autour d’elle, une femme fatale dont le thème est omniprésent dans notre monde moderne.
En bref, une très bonne pièce, bien mise en en scène, servi par de bons acteurs, qui devrait envoûter ceux qui savent se laisser séduire par des légendes intemporelles. Elle donne en tout cas envie de voir l’opéra qu’en a donné Debussy, dont les nombreuses versions montées ces dernières années sont une preuve supplémentaire de son actualité.
Note: 7/10
Compléments :
> Pelléas et Mélisande au Théatre de la Ville de Paris en 2006.
> Les critiques de Télérama, LeMonde.
> Pelléas et Mélisande sur VLRom.be.
> L'opéra de Debussy sur le blog de Pierry Cormary.
> Le texte du livret de Debussy, presque identique à celui de Maeterlinck.
> L'histoire de Rapunzel des frères Grimm.
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12/06/2006
Théatre de la Ville 2006 (Paris)
Fin de Saison, Poussées de Sève.
Juin, les beaux jours arrivent (enfin!). La saison parisienne se termine. Celle des Festivals d'Eté va bientôt commencer. C'est aussi le moment de penser à s'abonner pour la prochaine saison.
Le Théatre de la Ville occupe une place à part sur la scène parisienne. Doté d'un budget important, il accumule les spectacles tout au long de l'année, tant en Théatre et Danse, qu'en Musique Classique ou Mondiale. Subventionné à 100% par la Mairie de Paris, il peut se permettre de prendre des risques que n'osent assumer les secteurs privés et associatifs, et possède une équipe qui a fait ses preuves sur la durée, avec des objectifs de 'Théatre Populaire', loin de l'élitisme branchouille de nombreux 'Théatres Nationaux'. L'abonnement permet de réserver des places à des tarifs particulièrement intéressants.
Cette année encore, de nombreuses petites perles devraient agrémenter nos soirées. Dans le 'Programme 2006-2007', je recommande (et aurai peut-être l'occasion de chroniquer ici) les quelques spectacles suivants :
Théatre/Opéra:
. "Pelléas et Mélisande" de Maurice Maeterlinck, par Jean-Christophe Saïs, du 19 septembre au 5 octobre 2006.
. "La Déesse de la rivière Luo" (opéra chinois NanGuan, Taïwan), par Lukas Hemleb, Chen Mei-O et l'ensemble Han Tang Yuefu, du 24 au 26 octobre 2006.
. "Les Géants de la Montagne" de Luigi Pirandello, par Laurent Laffargue, du 8 au 27 janvier 2007.
. "Homme pour Homme" de Bertolt Brecht, par Emmanuel Demarcy-Mota, du 6 au 24 mars 2007.
Danse:
. "May B" (1981) par la compagnie Maguy Marin, du 14 au 18 novembre 2006.
. "Zero Degrees" (2005) par Akram Khan et Sidi Larbi Cherkaoui, du 19 au 23 décembre 2006.
. "Does the English Queen Know What Real Life is About" et "The Other Side of the River", par Olga Pona, du 30 janvier au 3 février 2007.
. "Péplum (Pop Life II)", par Nasser Martin-Gousset, du 3 au 6 avril 2007.
. "La Face Cachée" (bhârata natyam), par Maria-Kiran, du 12 au 16 juin 2007.
. "Gamaka" (kuchipudi), par Shantala Shivalingappa du 19 au 23 juin 2007.
Concerts:
. Ballaké Sissoko (kora, Mali) & l'Ensemble Diddal Jaalal (Mauritanie), le 16 octobre 2006.
. L'Ensemble Chulawatit (Thaïlande), le 21 octobre 2006.
. Elshan et Malik Mansurov, Sevindj Sarieva, Rovshan Mammadov (Azerbaïdjan), le 18 novembre 2006.
. Wu Man (pipa, Chine), le 25 novembre 2006.
. Shujaat Khan (sitar, Inde) & Tejendra Majumdar (sarod, Inde), le 16 décembre 2006.
. Maîtres du Dotar d'Asie Centrale & Chants de Kalmoukie (Ouzbékistan, Tadjikistan, Kalmoukie), le 24 janvier 2007.
. Etsudo Chida (kato, Japon), le 3 février 2007.
. Dhruba Ghosh (sarangi, Inde), le 17 février 2007.
. Ba Banga Nyeck (balafon, Côte d'Ivoire), le 31 mars 2007.
. U.Shrinivas (mandoline, Inde) & Debashish Bhattacharya (guitare, Inde), le 26 mai 2007.
> Plus d'infos musicales sur "Mondomix"
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