07/10/2006
Films de la Rentrée 2006
Retour de Vacances, Rattrapages Cinématographiques.
Pas beaucoup de chefs d'oeuvres à se mettre sous la dent ces dernières semaines, mais quelques petits films sympathiques qui sortent du lot, en attendant une fin d’année qu’on espère plus dynamique.
> "Je Vais Bien, Ne t'en Fais Pas" (9/10) : Une bonne surprise dans une production française généralement médiocre, nombriliste et qui ressasse les mêmes thèmes éculés. Là, le scénario est assez simple et suit l’évolution d’une jeune fille qui devient adulte à la suite de la disparition mystérieuse de son frère jumeau. Les acteurs principaux sont excellents, que ce soit Kad (bien meilleur que dans ses bouffonneries habituelles) ou Mélanie Laurent (la 'pin-up' de "Dikkenek"). Un film très sentimental, dans le bon sens du terme, qui laisse une impression de bien-être à la "Amélie Poulain". En prime une satire intelligente de la vie de banlieue, très réaliste et qui nous change des états d’âmes des riches bourgeois du quartier latin.
(Voir aussi : "Telerama", "EcranLarge", "KrinEin", "BlogCulturel", "Niklas", "MonFestivalDuCinéma", "Cinémapolis").
> "Indigènes" (7/10) : Le film évènement de la rentrée. 60 ans après les faits, la France se penche sur son passé et parle enfin de ceux qui étaient restés dans l’ombre jusqu’à présent. Le film en lui-même est assez classique, proche du "Soldat Ryan" de Spielberg. Plutôt réaliste, malgré le handicap de Jamel Debbouze, trop manifestement incapable de porter un fusil. A voir plus pour le sujet et la performance des acteurs (palme d’or à Cannes), plutôt que pour le scénario sans surprises. Le film n’a d’ailleurs fait aucune étincelle en dehors de la France. Il aura en tout cas le mérite d’avoir été le premier et d’avoir incité le gouvernement français à réévaluer la pension des vétérans étrangers. Rachid Bouchareb devrait maintenant préparer un film sur les Harkis. Ça permettra peut-être à la France de regarder en face la période des décolonisations.
(Voir aussi: "Excessif", "Fluctuat", "FilmDeCulte", "EcranLarge", "DvdCritiques", "iMédias", "SebInParis").
> "Little Miss sunshine" (8/10) : La dernière petite perle du cinéma indépendant américain. C’est drôle, c’est bien joué, c’est assez féroce avec l’American Way of Life, ses espoirs déçus et ses laissés pour compte. On regrettera seulement sa morale très (trop) familiale. Mais pour un premier film, il n’y a pas grand-chose à jeter. (Voir aussi les chroniques de "DvdCritiques", "FilmDeCulte", "iMédias", "Excessif", "EcranLarge", "Cinémapolis").
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01/10/2006
Pelléas et Mélisande, de Maurice Maeterlinck.
Une Tragédie en Noir et Gris : le Passage à l’Age Adulte.
Hier soir, superbe Pelléas et Mélisande au Théâtre de la Ville de Paris. On peut penser ce que l’on veut du texte de Maeterlinck (très novateur en 1892, un peu vieilli pour nos oreilles modernes), mais la pièce reste étonnamment actuelle, comme tous les contes et légendes de notre enfance.
Certes, le fond de l’histoire n’est pas très original. Une jeune femme recueillie et épousée par un vieux barbon jaloux, tombe amoureuse de son jeune beau-frère, et les 2 jeunes amants finiront par en mourir. On a déjà vu cent fois ce thème de l’amour interdit entre 2 jeunes gens emportés par une passion nouvelle pour eux (Hélène et Pâris, Tristan et Iseult, Lancelot et Guenièvre, Roméo et Juliette, Pocahontas et John Smith, etc.).
L’intérêt est ailleurs.
D’abord dans la modernité de la narration, formée de petites scènes très courtes, aux dialogues serrés suggérant beaucoup plus qu’ils n’en disent.
Dans la sonorité des textes, travaillés pour exprimer au mieux les sentiments des personnages. Figure de proue du symbolisme au théâtre, Maeterlinck a bien mérité son prix Nobel (1911).
Dans la mise en scène parfaite de Jean-Christophe Saïs. Le décor sobre, tout en noir et en gris, servi par un éclairage digne d’un futur 'Molières', rend excellemment l’atmosphère humide et glauque, ainsi que les ombres et les brouillards dans laquelle baigne toute la pièce. Heureusement la salle est petite, sinon les spectateurs du fond risqueraient de ne pas voir grand-chose dans cette pénombre. Seules notes de clarté, les vêtements de Yniold et de Mélisande, symboles de leur innocence.
Tout l’ensemble respire les influences romantiques, gothiques et symbolistes du 19-ième siècle, mais on y détecte aussi d’autres tendances plus modernes pour l’époque (psychanalyse, féminisme). On notera les longs chevaux de Mélisande qui se déroulent comme ceux de la Rapunzel des frères Grimm, et dont la charge érotique est évidente sur ce pauvre Pelléas. L’omniprésence des forêts touffues, grottes, souterrains, fontaines, mares aux odeurs moites et troublantes. La scène de voyeurisme initiée par Golaud, mari jaloux et brutal, qui entraîne la perte de l’innocence du jeune Yniold, propulsé malgré lui dans une réalité pas encore de son âge.
Il y a aussi cette découverte de Mélisande par Golaud, en état de choc, parée comme une princesse et probablement violée par son premier mari le jour de son mariage; la femme battue et humiliée en public par son mari jaloux. Une Mélisande mystérieuse, marquée par le Destin, condamnée à séduire son entourage pour exister, mais dont la présence apporte nécessairement le malheur autour d’elle, une femme fatale dont le thème est omniprésent dans notre monde moderne.
En bref, une très bonne pièce, bien mise en en scène, servi par de bons acteurs, qui devrait envoûter ceux qui savent se laisser séduire par des légendes intemporelles. Elle donne en tout cas envie de voir l’opéra qu’en a donné Debussy, dont les nombreuses versions montées ces dernières années sont une preuve supplémentaire de son actualité.
Note: 7/10
Compléments :
> Pelléas et Mélisande au Théatre de la Ville de Paris en 2006.
> Les critiques de Télérama, LeMonde.
> Pelléas et Mélisande sur VLRom.be.
> L'opéra de Debussy sur le blog de Pierry Cormary.
> Le texte du livret de Debussy, presque identique à celui de Maeterlinck.
> L'histoire de Rapunzel des frères Grimm.
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29/09/2006
Les Particules Elémentaires (Elementarteilchen)
Les 4 Nobles Vérités de Michel Houellebecq.
Il est toujours difficile d’adapter un bouquin aussi important que le pavé de Michel Houellebecq. Le roman est riche en événements, s’étend sur la durée d’une vie, et n’est pas avare d’explications destinées à nous faire comprendre les tenants et les aboutissements de ce qui se passe sous nos yeux (même si de nombreux lecteurs sont restés aveugles).
En faire un film était donc une gageure. Au final, Oskar Roehler s’en sort plutôt bien. En éliminant les nombreuses digressions, les commentaires scientifico-philosophiques ainsi que l’aspect très franchouillard de nombreuses descriptions, on recentre le récit sur son message primordial. Passé la bizarrerie de voir l’action se dérouler en Allemagne plutôt qu’en France, on retrouve rapidement les scènes clef du roman. Même si l’enfance des personnages est plutôt bien résumée, ceux qui n’ont pas lu le bouquin gagneront néanmoins à se plonger dans la prose houellebecquienne pour comprendre les nombreux non-dits du film.
Deuxième roman de la lignée, entre "Extension du Domaine de la Lutte" et "Plateforme" qui détaillent les aspects socio-économiques et éthiques de la relation humaine, "Les Particules Elémentaires" sont les "4 Nobles Vérités" [1] de la pensée houellebecquienne.
Toute vie est Souffrance, et Michel Houellebecq en analyse les causes à travers la vie de 2 demi-frères, qui par delà leurs différences sont soumis aux règles implacables des lois de causalité.
Que ce soit dans les excès des sens (sexe, alcool, drogues, …) ou dans un ascétisme moderne (refuge dans une science aseptisée et idéalisée), le bonheur ne peut exister et les personnages sont soumis aux atteintes de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Il souffrent de leur attachement à l’Ego, de leur insatisfaction à obtenir ce qu’ils recherchent (gloire, plaisirs, …), de la crainte de perdre ce qu’ils croient posséder (situation sociale, êtres aimés, …).
Le film pêche néanmoins par excès d’optimisme. En s’arrêtant avant la mort d’Annabelle des suites de son cancer, il semble vouloir dire qu’il suffit d’adhérer à un amour platonique et sage pour atteindre un semblant de bonheur. Cette idée est évidemment à mille lieues du propos de Houellebecq, même si celui-ci prône comme Aldous Huxley la séparation des sentiments et de la fonction reproductive, ainsi que l’évolution vers un monde asexué qui permettrait d’éliminer une des causes majeures de la Souffrance [2]. Pour lui, les 2 styles de vie sont équivalents, et ne peuvent conduire qu’à l’aliénation, la folie (l’internement de Bruno) ou la mort (le suicide de Michel). En effet, l’Octuple Sentier qui mène à la Libération ne peut se parcourir en restant ballotté par les évènements et soumis aux illusions de ses sens, mais se doit de suivre une voie moyenne, active et responsable.
En résumé, le film, bien que fidèle au récit houellebecquien, est souvent malheureusement assez édulcoré. Il risque de décevoir les amateurs de l’écrivain qui n’y retrouveront pas la noirceur et le cynisme des romans. C’est néanmoins une bonne introduction à son univers, ce qui incitera peut-être certains à se pencher sur l’ensemble de son œuvre écrite. En simplifiant le propos, il permet également de mettre en lumière l’aspect assez bouddhiste de la pensée houellebecquienne, à moins que son pessimisme apparent ne soit plutôt le reflet d’un nihilisme schopenhauerien [3].
Note: 8/10
[1] Un résumé synthétiques des 4 Nobles Vérités sur le blog de l'Association Zen Soto de Genève.
[2] Esquissée dans "Les Particules Elémentaires", cette idée est reprise et développée dans "La Possibilité d’une Ile" où la succession des clones permet d’exprimer la notion de 'réincarnation' d’un être dans des corps successifs, le dernier de la série choisissant de mourir sans avoir de successeur.
[3] Pour une analyses des points communs et des différences entre les doctrines de Bouddha et de Schopenhauer, voir "La Rencontre du Bouddhisme et de l'Occident" de Frédéric Lenoir.
Compléments :
> Fiche Cinéfil.
> Le site du film.
> Les critiques du film sur "Fluctuat", "Excessif", "Telerama", "CommeAuCinéma", "iMedia".
> Sur les blogs: "KrinEin".
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08/09/2006
Chine du Nord: Route de la Soie
Route de la Soie, Route du Bouddha
La « Route de la Soie » : un mot magique qui recouvre deux mille ans d'histoire. Un voyage d'oasis en oasis au cœur de ce qui fut longtemps pour les Chinois « l'Ouest barbare ». Du couloir du Kan Su à la dépression de Tourfan, en bordure des déserts de Gobi et du Takla Makan, on peut suivre pas à pas l'éclosion puis l'épanouissement du bouddhisme chinois. On y découvre les traces des grands courants de civilisation et on pénétre dans le domaine des populations turco-mongoles, à la porte de l'Asie centrale.
Quelques informations complémentaires ci-dessous.
Bibliographie:
. "Marco Polo et la Route de la Soie": de Jean-Pierre Drège (Gallimard Découvertes).
. "Route de la Soie": Guide Olizane.
. "Routes de la Soie: Sur les Traces des Caravanes": de Elise, Louis-Marie et Thomas Blanchard (Editions Ouest-France).
Cinématographie:
. "Chine: la Route de la Soie" (2005): documentaire de la série Dvd Guides (TF1).
. "Eurasia: A la conquête de l'Orient" (2006): documentaire historique franco-japonais (NHK/TV5).
Infos - Web:
. Une "carte détaillée" en pdf.
. Une synthèse historique.
. Sur "Wikipepia".
. Dossier "Route de la Soie" sur Chine-Informations.com.
. Office du Tourisme Chinois au Canada (en français).
. Dossier Chine sur le site de "l'Université Canadienne de Laval"
. "Easy Voyage": Informations pratiques .
. Chez "Clio": dossier culturel sur la Chine.
Photoramas:
. Sur le "Blog de JF Bossard": photos d'un voyage effectué en 2004.
. Le PhotoBlog de Nicolas Monnier (Juin 2005).
. Mes propres photos sur Picasa :
Chine - Route de la Soie 2006 |
La Route de la Soie en France:
. Le "Festival d'Ile de France" 2006 (3 septembre au 15 octobre) sera consacré à la Route de la Soie (tous les détails sur leur site).
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06/09/2006
Films de l'Eté 2006
Chroniques Express avant les Vacances.
Bientôt trois semaines de pause pour un long voyage en Chine du Nord, sur les traces du Bouddhisme le long de la Route de la Soie.
Dans les bons films que j’ai vus cet été et qui mériteraient de rester encore un peu à l’affiche, citons :
> "Tournage dans un Jardin Anglais (A Cock and Bull Story)" (7/10) : un bon film d’humour anglais, qui commence comme "Meurtres dans un Jardin Anglais" et "Barry Lyndon" et continue dans la veine de "Ca tourne à Manhattan". Une très bonne satire du milieu cinématographique, ses producteurs véreux, ses réalisateurs prétentieux, ses experts arrogants, ses acteurs cabotins, ses vedettes artificielles, ses intermittents besogneux et cultivés exploités sans vergogne. Un joli coup de projecteur derrière la caméra. (Pour plus de détails voir les blogs de Matoo et Niklas, il n'y a pas grand chose de plus à y ajouter).
> "Pirates des Caraïbes 2, le Secret du Coffre Maudit" (7/10) : un film de pur divertissement, mais bien fait, parodique et drôle. Des références aux dessins animés de Tex Avery, à "20.000 lieues sous les mers" (le Kraken, l’orgue dans le navire, …) en plus des références obligées aux films de pirates. Un Johnny Depp toujours aussi éblouissant.
(Voir aussi : "Fluctuat", "PibeSan").
> "Miami Vice, 2 Flics à Miami" (7/10) : un film dans la lignée de "Collatéral", plutôt réaliste, mais à voir pour son ambiance plus que pour le scénario (je ne savais pas qu’il était si facile de passer la frontière cubaine !). Une excellente prestation de Gong Li tout en finesse, face à des autres acteurs plus conventionnels.
(Voir aussi: "Fluctuat", "iMedias", "DvdCritiques", "Cinémapolis").
> "Le Vent se Lève" (8/10) : le souffle de la Liberté dans les landes irlandaises. Une Palme d’Or cannoise largement méritée pour un film très accessible au grand public. A voir pour le très bon jeu des acteurs, son aspect 'au ras des pâquerettes' (ou plutôt au ras des trèfles), la très bonne reconstitution de l’ambiance de l’époque et des causes de la persistance du conflit jusqu’à une époque récente.
(Voir aussi : "Fluctuat", "iMedias", "Cinémapolis").
> "Nausicaä de la Vallée du Vent" (10/10) : un des meilleurs Miyazaki jamais sorti. Un film très moderne, bien que tourné en 1984, où se retrouvent tous les thèmes chers au maître de l’animation japonaise. Un chef d'oeuvre qu'il faudra offrir à Noël quand il sortira en DVD.
(Voir aussi : "ButaConnection", "Fluctuat", "DvdCritiques", "DvdRama", "DvdAnime", "KrinEin", "Cinémapolis").
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