12/10/2005
Le Cauchemar de Darwin
NéoColonialisme et Mondialisation
Une bonne illustration du néo-colonialisme à l'oeuvre en Afrique.
Où comment les capitaux européens alliés à la main d'oeuvre ex-soviétique, continuent à piller et à paupériser un pays théoriquement indépendant, sur fond de catastrophe écologique globale.
A voir absolument avant d'aller manger des filets de Perche du Nil, même si le style 'naïf' utilisé ne peut évidemment être considéré comme une démonstration rigoureuse.
Mais, attention à ne pas confondre 'mondialisation' et 'néo-colonialisme', comme je l'ai vu dans certains commentaires ...
Le néo-colonialisme c'est l'exploitation des ressources d'un pays dans le seul intérêt d'une puissance coloniale.
Ce qui se passe actuellement en Tanzanie est clairement ce qui c'est passé, par exemple, en Chine au 19ième siècle quand les anglais vendaient aux chinois, sous la contrainte, de l'opium pour payer leurs achats de thé, et intervenaient avec des troupes recrutées en Inde (Sikhs, Gurkhas népalais).
Ici, on achète des filets de perche du nil pour vendre des armes destinée aux conflits tribaux de la région des grands lacs.
Dans les 2 cas, les dommages collatéraux sont évidemment énormes :
- paupérisation de la population due à la mono activité (les prix étant fixés par l'acheteur).
- désastre écologique (exploitation à outrance des ressources locales).
- sous-alimentation (les cultures ou élevages traditionnels étant abandonnés).
- augmentation de la consommation de drogue et de la prostitution (l'espoir d'une vie meilleure).
- assistanat généralisé via les ONGs ou les structures internationales (Europe, FMI, Banque Mondiale, etc).
Rien de très nouveau sous le soleil, même si le processus est rationalisé.
La 'mondialisation' au contraire consiste à faire circuler librement les capitaux, les biens, les services, la main-d’œuvre et la technologie de façon à maximiser les profits.
L'occident possédant les capitaux, et le tiers-monde possédant la main d'oeuvre la moins chère, les transferts se font en général dans le sens d'une délocalisation des industries de l'occident vers le tiers-monde.
Les profits sont ensuite rapatriés vers l'occident via des paradis fiscaux par des sociétés souvent multinationales, donc à l'abri des lois nationales.
Dans ce cas, ce sont les travailleurs occidentaux qui sont les principales victimes et pas les habitants du tiers-monde qui y gagnent un travail, des revenus, etc. et où le niveau de vie s'élève considérablement comme dans la Chine moderne ou l'Europe orientale.
Les populations africaines en sont encore loin ...
Note: 7/10
Compléments sur "Le Cauchemar de Darwin":
Article Afrik.com
Article Wikipedia
Dossier Académie Aix-Marseille
A voir sur les effets de la mondialisation:
"Roger et moi" de Michael Moore (la délocalisation des usines automobiles américaines de Détroit vers le Mexique)
"The Big One" de Michael Moore (le cas 'Nike' dont les usines sont implantées en asie du sud-est)
"Mémoire d'un saccage" de Fernando Solanas (la descente aux enfer de l'Argentine, 'grâce' au FMI)
20:00 Publié dans Cinémathèque, Ecologie, Ethiques & Politiques, Le Village Global | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, Ecologie | Imprimer
28/09/2005
Les Ames Grises
Fondu Enchaîné vers un monde de Grisaille
Un film superbe, intelligent, roublard, sans ‘héros’ bien défini et dont le point de vue du spectateur change au cours de la progression du récit, servi par des acteurs toujours excellents: Jean-Pierre Marielle, Jacques Villeret (un de ses derniers rôles), Denis Podalydès, Michel Vuillermoz, Serge Riaboukine, ...
Au début, les choses sont claires, les rôles bien tranchés.
Dans un village près de la ligne de front, riches bourgeois et pauvres ouvriers se côtoient sans se mélanger, tandis que des soldats malgré eux sont envoyés à l’abattoir pour nourrir l’offensive en cours.
Selon sa sensibilité politique, on s’attachera plutôt aux prolétaires exploités par les notables, ou à ces esprits éclairés et cultivés tentant de gérer au mieux leurs troupeaux abrutis par le travail et l’alcool.
Le maire, l’institutrice, le procureur, le juge d’instruction, le flic, le curé, la bonne, l’aubergiste, les permissionnaires permettent de tracer rapidement les caractéristiques de cette société d’avant guerre (la première), aujourd’hui désuète, où tout le monde semble ‘à sa place’, y compris un assassin promptement ‘raccourci’ pour avoir eu un coup de sang, proprement inadmissible dans un monde si ‘bien comme il faut’.
Seule tâche dans l’ensemble, le juge d’instruction ostracisé pour avoir côtoyé des nègres, lors de son précédent poste en Afrique.
Mais la vie ne peut se décrire en n’utilisant que le noir et le blanc.
La guerre est là qui s’introduit partout, brasse les populations, remet en cause les habitudes bien établies, révèle les caractères et noie les âmes dans une brume grise.
L’Enfer n’est-il pas dans ce mélange des couleurs, où la pureté des extrêmes se corrompt en heurtant ‘le bon goût’ ?
Est-on bien sûr que ce juge si zélé est bien le défenseur intègre de la veuve et de l’orphelin ?
Et ce procureur, que la rigidité morale, le veuvage et la haine du ‘vulgaire’ isole dans son château, est-il le pervers qu’il semble être quand il s’attarde avec une jeune femme, ou caresse la joue d’un enfant ?
L’aubergiste si sympathique et si dur au travail ne profite-t-il pas du charme de sa fille pour attirer sa clientèle ?
Les déserteurs ne sont ils que des pauvres hères dépassés par les événements et victimes d’officiers sadiques ?
Seul les anti-héros (l’institutrice, le flic, sa femme enceinte), âmes innocentes qui ne font que subir les aléas de l’existence, semblent posséder effectivement les qualités morales d’une vraie humanité.
Mais est-ce suffisant pour affronter les duretés de la vie ?
Où est-il préférable d'abandonner le combat ?
Note: 9/10
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31/08/2005
Bombon el perro (Bombon le chien)
2 Vies de chiens, mais pas de niches entre eux
L’un survit comme il peut, avec toute la bonté qui le caractérise.
Laissé sur le bord de la route par la crise économique, abandonné par sa femme depuis des années, il vit de la charité de sa fille et de petits boulots, au gré de ses rencontres avec d’autres compagnons d’infortune.
Son seul plaisir, dont il aimerait tirer profit, est la fabrication de manches de couteaux sculptés.
Mais, pas facile à vendre dans une Argentine ruinée par le FMI (voir à ce sujet l'excellent documentaire "Mémoire d'un saccage").
L’autre ne s’est pas remis de la mort de son maître.
Aristocrate au pedigree prestigieux, destiné à être le premier d’une longue lignée (disparue en même temps que le propriétaire du chenil), il laisse s’écouler le temps, indifférent à tout même aux femelles en chaleurs tortillants leur cul sous son nez.
Deux laissés pour compte de la société qui n’auraient jamais dus se rencontrer sans une série de coups de chance providentiels.
Petit à petit, chacun apprivoise l’autre et l’espoir d’une vie meilleure se profile.
Sera-ce l’or des trophées et la gloire des podiums, ou plus simplement l’amour et la joie de vivre retrouvés au détour du chemin ?
Le profit doit-il primer sur tout, quitte à se leurrer avec des faux-semblants ?
Les sentiments ne deviennent ils pas évident au moment de la séparation ?
Vous le saurez en visionnant ce film qui a du chien, et laisse pas cabotiner ses acteurs.
A recommander à tous ceux qui n’ont pas peur de se laisser mordre par l’émotion.
> Fiche Cinéfil
20:00 Publié dans Ecrans Larges, Karmas, Le Village Global | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma, Ameriques | Imprimer
27/08/2005
Pour comprendre les medias
Chaud & Froid dans les Médias
Pourquoi la TV actuelle est-elle aussi merdique ?
La réponse est dans le bouquin de Marshall Mac Luhan qui analyse les différents médias existants à son époque (1964), et les classe en 2 catégories.
Les ‘médias’ (langage, argent, journal, mode, radio, etc.) sont des supports de transmission de l’information sous forme d’un ‘message’ plus ou moins complexe, plus ou moins parasité par un ‘bruit de fond’.
Leur forme exerce une action d’autant plus profonde qu’elle nous échappe, notre attention étant monopolisée par le message.
Or, un même message n’aura pas la même portée et la même interprétation selon qu’il est véhiculé par un médium ‘chaud’ ou un médium ‘froid’.
C'est cet aspect qui est exploité par les publicitaires et les responsables de télés pour mieux nous conditionner.
Un médium est dit ‘chaud’ quand la densité de l’information transportée est élevée : télé moderne, cinéma, journaux, publicité, photographie, …
Il est dit ‘froid’ quand la densité de l’information transportée est faible : conversation, téléphone, livre, estampe, écriture hiéroglyphique, télégraphe, email, …
Dans ce cas, la pensée du récepteur a tendance à combler les vides, et incite donc à l’interpolation, à la réflexion, à la participation active.
Les médias chauds sont par contre dé-responsabilisants, le cerveau étant noyé sous un flot d’informations qui ne lui laisse plus le temps de respirer.
Il existe évidemment toute une gradation du très froid au très chaud.
Vous me direz (si vous avez lu le bouquin) : mais Mac Luhan, dans son livre il dit souvent que la télé est un médium froid !
En effet, mais rappelez vous la télé des années 60. Elle était petite, en Noir & Blanc, avec une image et un son pourri. C’était bien un médium froid. Les émissions de l’époque étaient plutôt de bonne qualité, avec une forte tendance éducative et un cérémonial (des présentateurs, des speakerines) important.
Avec le progrès technologique croissant (TV grands formats, couleur, 16/9, haute définition) la quantité d’information transmise a augmenté, ce qui l’a transformé en médium nettement plus chaud. La qualité a donc baissé en conséquence. CQFD.
Conclusion : si vous voulez être moins con, jetez votre télé, et mettez vous au frais en lisant des livres.
Passons maintenant en revue le cas des films en salle.
Le cinéma est à priori un médium chaud.
Les écrans sont larges, la définition (en nombre de pixels) est élevée, le son est d’excellente qualité, les décors hyper-réalistes.
L’œil n’arrive en général pas à voir tout ce qui se passe sur l’écran. Il se focalise sur les personnages principaux, et il faut revoir un film plusieurs fois pour saisir les petits détails présents à l’arrière plan.
Cela donne un cinéma de divertissement (‘entertainement’ comme disent les américains), formaté pour le plus grand nombre, où on est prié de laisser son cerveau au vestiaire.
Maintenant, ça ne veut pas dire que tous les films suivent ce schéma.
Le réalisateur et les producteurs peuvent décider de faire un film plus ‘froid’ que la moyenne.
C’est le cas notamment des documentaires, réalisés avec des moyens moins importants (super 8, caméra DV, etc.) où l’image et le son sont de moins bonne qualité, et qui sollicitent plus l’attention du spectateur.
C’est aussi le cas du dessin animé traditionnel (en 2D, sans images de synthèse). La définition de l’image est moins élevée, le jeu de couleurs est réduit par rapport à la réalité, le nombre d’images par secondes est souvent plus faible, le dessin simplifie les formes, les décors sont frustes.
C’est pour cela qu’il est très apprécié des enfants (même si le dessin animé n’est pas ‘à priori’ un support pour les enfants), car il leur permet de participer activement au déroulement du film.
C’est le cas aussi du cinéma dit d’auteur ou ‘indépendant’, où le réalisateur laisse tomber la surenchère d’effets spéciaux, et reste près du modèle cinématographique ‘classique’ des années 40-50.
L’aboutissement ultime de cette volonté de ‘refroidir’ le médium cinéma, c’est ce que Lars Von Trier a voulu faire avec le Dogme 95 ("Les Idiots") où la réalisation est épurée à l’extrême et où l’œuvre fictionnelle devient un pseudo-documentaire, ou le Dogme 99 ("Dogville") où décors, lumières, costumes sont quasi-inexistants et où le résultat est alors très proche du théâtre filmé.
Pour aller plus loin:
> "La Méditation pour les Nuls": pour une approche de la méditation simple et compréhensible par tous, un bon moyen de se 'refroidir' le cerveau, trop chauffé par l'agitation médiatique.
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17/08/2005
The Island
Film de clonage et clonage de films: un résultat "chimérique"
Un avis contrasté.
La première partie est très satisfaisante pour l'esprit.
Une bonne réflexion sur le clonage, l’éthique médicale, sur la notion d'identité, d'être humain.
On pense à "L'âge de crystal", mais aussi à "THX 1138" (G.Lucas) ou aux films qui traitent de l'esclavage aux Etats-Unis (clones & blacks même combat ?).
La deuxième partie, c'est malheureusement du Michaël Bay (Armageddon, Pearl Harbour, ...).
Là, le seul critère ça a l'air d'être le nombre de poursuites, de coups de feu et d'explosions. Dommage! Mais ça reste divertissant, malgré les nombreux clichés inhérents au genre.
Ewan McGregor, Scarlett Johansson et Steve Buscemi sont excellents comme d’habitude.
Par contre les seconds rôles sont les tâcherons habituels de ce genre de films d’action.
Peut être un film capable de réconcilier les amateurs de "blockbusters" et ceux de films intelligents ?
Note : 5/10
> Fiche Cinéfil
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