Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/02/2006

La Véritable Histoire du Petit Chaperon Rouge (Hoodwinked!)

Promenons-nous dans les bois

La bonne surprise du mois!
Une parodie dans la lignée de "Shrek", en moins 'crado', visible aussi bien par des enfants que par des adultes, grâce aux nombreuses références cinématographiques sous-jacentes (les films noirs des années 50, les Tex Avery, les James Bond, "Usual Suspects", "Mission Impossible", "XXX", "Pulp Fiction", "l’Age de Glace", …).

La structure à la "Rashomon", où chacun des principaux personnages raconte son point de vue, permet de confronter les réalités partielles, et s’apercevoir que la Vérité est complexe et pas facile à saisir au premier abord.
On est loin des mièvreries à la Disney, y compris dans les quelques chansons à clefs multiples. Les seconds rôles ont une vraie personnalité et ne servent pas seulement de faire-valoir. La critique sociale pointe également un peu le bout de son nez avec le loup, coupable à priori du 'délit de sale gueule', ou les faillites en série causées par une volonté de domination monopolistique.

Certes l’animation est un peu rigide, les personnages pas très beaux, les décors en carton-pâte numérique, mais on s’y fait rapidement, grâce à la qualité du scénario, sans temps morts et à l’humour constant.
Il faut quand même savoir que c’est une petite production indépendante, au budget loin de celui des grands studios. On rêve à ce que ça aurait donné s’ils avaient eu les moyens des nombreux navets sortis récemment ("Gang de Requins", "Chicken Little", "Robots", "Vaillant", …)
Bref, un petit film indispensable pour rire un bon coup et se remettre de la déception des "Bronzés 3".

Note : 9/10



Compléments :
> La fiche Cinéfil.
> Le site du film (vf).
> Infos sur sa génèse sur Excessif et CommeAuCinéma.
> Quelques bonnes critiques sur Excessif, Critikat et DvdCritiques.

01/02/2006

Le Chien Jaune de Mongolie

Tout le monde décède, personne ne meurt

C’est l’été dans les steppes mongoles où se sont établis les nomades le temps des pâturages.
Nansa, 6 ans, revient de l’école lointaine où elle est obligée d’aller comme pensionnaire.
En vagabondant loin de ses parents, occupés aux travaux quotidiens, elle recueille un jeune chien abandonné, dans une grotte sans doute occupée par la meute de loups qui attaque de temps en temps les troupeaux.
Va-t-elle pouvoir le garder, malgré l’opposition de son père qui a peur de son retour à la vie sauvage ?
C’est tout le suspense de ce film, qui sur une trame très simple et un rythme calqué sur celui de la nature, nous conte la vie quotidienne d’une famille vivant encore sous la yourte, interprétée par une vraie famille de nomades, non professionnels.
De la surveillance des bêtes à la fabrication du fromage, des jeux des gamins aux traditions religieuses (chamanisme et bouddhisme), c’est toute une tranche de vie en voie de disparition que nous découvrons avec les yeux innocents des enfants, leurs questions candides et la sagesse tranquille de leurs aînés.
Car par petites touches (la conversation entre les chasseurs, les objets ramenés de la ville, les campements abandonnés, la question des élections, …), la 'modernité' est là pour souligner le contraste entre cette vie tranquille et les bouleversements induits par l’urbanisation croissante de la société.

Filmé par Byambasuren Davaa ("L'histoire du chameau qui pleure"), dans une production germano-mongole, ce film est un vrai bonheur, porté par des acteurs merveilleux de naturel dans les paysages grandioses de la Mongolie du nord.
A voir par tous ceux qui ont aimé "Samsara", "Himalaya, l’enfance d’un chef" ou "Bombon el perro" par exemple.

Note : 9/10

> Fiche Cinéfil

Compléments :
> Les critiques de "EcranLarge", de "Critikat", de "Les Echos", de "CommeAuCinéma", du "Routard".
> Interview de 'Byambasuren Davaa'.

28/01/2006

Munich

Œil pour Œil …

Munich, Septembre 1972.
Les athlètes israéliens aux JO sont pris en otages par un commando palestinien demandant la libération de 200 de leurs compatriotes, puis abattus lors de l’intervention, ratée, des policiers allemands. Bilan : 11 morts d’un côté, 5 de l’autre.
En représailles, l’aviation israélienne bombarde des camps palestiniens en Syrie et au Liban, mais ce n’est pas assez pour le gouvernement de Golda Meir. Une équipe d’assassins est créée pour abattre les supposés commanditaires et organisateurs de la prise d’otage.

N’ayant jamais tué personne, ils vont progressivement y perdre leur innocence, devenant des machines à verser le sang, des techniciens de la mort, aussi imperméables aux sentiments que les SS des camps nazis. Leurs méthodes sont les mêmes que celles de leurs adversaires, ils planquent dans les mêmes caches, ils achètent leur matériels aux mêmes fournisseurs (Cf. "Lord of War"), ils collaborent tous deux avec la CIA. Ils sont responsables du même genre de bavures quand des innocents se trouvent là, au mauvais endroit, au mauvais moment. Cela ne les empêche pas d’être des hommes apparemment comme les autres, bons pères et bons maris. Mais un homme entraîné à tuer est-il capable de redevenir un véritable être humain, capable de se regarder dans la glace et de dormir du sommeil du juste ?

Les représailles ont-elles mis fin au terrorisme ?
Evidemment non. Au contraire, la violence a engendré la violence. Attentats, assassinats et bombardements n’ont cessé de se multiplier jusqu’à aujourd’hui, favorisant les factions les plus radicales.
Car plus qu’un conflit entre 2 communautés religieuses, c’est d’abord un conflit géographique où il s’agit de partager une terre et des ressources (eau, …) dans un lieu légitimement occupé par tous depuis la nuit des temps.
Seules les négociations d’Isaac Rabbin (assassiné par des extrémistes juifs) et le retrait de Gaza par Ariel Sharon (maudit par les colons et les rabbins) ont permis un début de solution.

Le propos de Spielberg se situe donc dans une perspective humaniste, où les extrêmes sont renvoyés dos à dos, et où le dialogue est prôné comme une solution incontournable.
Notons que ce film a fait l’objet de virulentes critiques de la part des plus radicaux, reprochant à Spielberg d’être anti-israélien et même antisémite, pour avoir présenté les palestiniens autrement que comme des monstres assoiffés de sang. Le ridicule de cette affirmation suffit à prouver que Spielberg a frappé juste.

La fin du film sous fond de 'Twin Towers', montre également que le sujet ne peut se réduire au conflit israélo-palestinien, et que d’autres dirigeants devraient reconsidérer leurs politiques de représailles aveugles.
Si, à l’inverse de nombreux autres conflits, la 2-ième Guerre Mondiale a pu être suivi d’une vraie réconciliation entre les belligérants européens, c’est d’abord grâce au Tribunal de Nuremberg qui a jugé les criminels de guerre selon le droit international. Pas en alimentant sans fin le cycle infernal de la violence.

Oeil pour oeil, la loi du Tallion nous rendra tous aveugles! (Gandhi)

Note : 9/10

> Fiche Cinéfil

Compléments :
> "Vengeance": le livre du journaliste canadien George Jonas, dont s’est inspiré Spielberg.
> Un article du Point qui fait un très bon récapitulatif.
> Quelques bonnes critiques dans "FilmDeCulte", "DvdCritiques", "Idea Entertainement" et "In the mood for cinéma".
> "Un jour en Septembre", documentaire (oscarisé) de Kevin Mac Donald sur le sujet.
> "L’histoire des 3 Adolf" de Osamu Tezuka (4 tomes) pour une autre vision, plus bouddhiste mais finalement très proche, du conflit israélo-palestinien, à partir de ses origines dans la Shoah.

21/01/2006

Je vous trouve très beau

Le Marché Commun du Mariage

Côté pile, c’est une comédie romantique qui suit les canons du genre. Le hasard les réunit, ils ont du mal à se supporter, mais finissent par surmonter les épreuves et tomber dans les bras l’un de l’autre.
Le genre a déjà donné de nombreux chefs d’œuvres ("The Shop Around the Corner", "Quand Harry Rencontre Sally", "Eternal Sunshine of the Spotless Mind", "Coup de Foudre à Notting Hill", "Swades", "Les Poupées Russes", …).
Le film d’Isabelle Mergault (scénariste de "Meilleur Espoir Féminin") n’a pas à rougir face à ses aînés.
Michel Blanc est parfait dans le rôle d’un paysan bougon, plus occupé par ses champs que par ses sentiments, et qui va les redécouvrir au fil du temps qui passe.
Le reste de la distribution est tout aussi excellent, aussi bien en France qu’en Roumanie, servi par un scénario fin et touchant.
Un film à voir donc, pour ressentir une fois encore la magie de l’amour qui triomphe inexorablement des obstacles placés sur son chemin.

Côté face, c’est la description par petites touches d’une situation moins paradisiaque.
Campagnes désertées par les jeunes diplômés, partis tenter leur chance en ville. Veuves solitaires du fait du déséquilibre démographique H/F. Paysans dont le travail trop dur ne favorise pas les idylles.
La solution ? Pourquoi ne pas aller chercher dans les pays pauvres le cheptel féminin qui manque si cruellement chez nous ?
Comme pour les enfants à adopter (voir à ce sujet l’excellent "Holly Lola"), il y a là un important gisement de femmes prêtes à tout pour avoir un avenir meilleur.
Des agences spécialisées sont à votre service. Le choix peut même se faire sur Internet, avec des catalogues de beautés 'douces et aimantes' originaires d’Afrique, d’Europe de l’Est ou d’Asie du Sud-Est.
Peut-être un jour seront-elles remplacées par des cyborgs, mais pour le moment le rapport qualité/prix est incomparable.
Hormis les agences de mannequins internationaux et les réseaux de prostitution, il n’y a de toute façon peu de chances pour elles de pouvoir venir travailler dans la riche Europe, qui se ferme de plus en plus aux travailleuses immigrées peu éduquées.
La misogynie de certains pays où, progrès technique aidant, les filles sont supprimées bien avant leur naissance, pourrait même faire monter leur valeur marchande.
Si les ouvriers mal payés de ces pays risquent de ne plus avoir les moyens de se marier, les paysans pauvres aux enfants trop nombreux pourront toujours produire pour l’exportation, plutôt que de fournir les maisons closes de Bangkok ou de certains pays du pourtour de la Méditerranée.
Nous vivons vraiment une époque formidable !

Note : 8/10

> Fiche Cinéfil

Compléments :
> Un article du Monde du 12/11/2005 sur les déficits démographiques
> "Une Chine sans femmes ?" de Isabelle Attané, sur la situation des femmes en chine.

14/01/2006

Good Night & Good Luck

Le Petit Bout de la Lorgnette Télévisuelle

Georges Clooney est un type bien. Aucun doute là dessus.
Son précédent essai en tant que réalisateur ("Confessions d'un Homme Dangereux") était une réussite.
Le second est beaucoup moins probant.

Voulant illustrer le pouvoir (et les devoirs) de la télé en matière d'information (ou de désinformation), il raconte le combat d'Edward Murrow et de son équipe contre le sénateur McCarthy alors en pleine 'chasse aux sorcières'.
Présentateur vedette de CBS, il décide de respecter sa déontologie professionnelle et son public, et de résister aux pressions politiques et économiques du PDG et des sponsors (il finira quand même par y perdre son job).
Le parallèle avec l'époque actuelle est évident, alors que les chaînes de Rupert Murdoch ne font que de la propagande au service du clan Bush et du 'Patriot Act'.

Mais le propos est assez décevant sur le fond et sur la forme.
Le choix du noir et blanc permet une meilleure incrustation des éléments d'archives, mais donne un aspect vieillot qui ne plaira sans doute pas au public visé (les jeunes n'ayant pas connu cette époque).
Si l'ambiance générale de l'époque est très bien retranscrite, les personnages montrés sont malheureusement assez peu développés, malgré le très bon casting.
En choisissant de tout voir à partir des studios de la CBS, on n'a qu'une vue illustrative et très fragmentaire de la réalité. L'action du sénateur Charles Potter, à peine évoquée, a pourtant été déterminante dans la chute de McCarthy (plus que celle de Murrow).

Au final, pour avoir une vue exacte des agissements de McCarthy et de la façon par laquelle ses adversaires finirent par le faire chuter, mieux vaut voir l'excellent documentaire de William Karel ("CIA, Guerres Secrètes", "Le Monde Selon Bush") diffusé sur Arte en octobre 2005, qui analysait précisément les auditions du comité des activités anti-américaines mis en place par McCarthy, en l'illustrant d'images d'archives de l'époque (extraites de "Point of Order" de Daniel Talbot et Emile De Antonio).

Note: 6/10

> Fiche Cinéfil

Compléments :
> L'article de Wikipedia sur McCarthy
> L'émission de Arte de William Karel dans les Mercredis de l'Histoire.
> "Outfoxed", un documentaire de Robert Greenwald sur les agissements de FoxNews et des chaînes du groupe Murdoch.
> Un article intéressant de Fluctuat.Net sur le film de G.Clooney