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21/11/2006

Borat (Borat: Cultural Learnings of America for Make Benefit Glorious Nation of Kazakhstan)

Borat for KazakhstanLeçons Cul-cul sur l'Amérique au profit Bourses Producteurs.

Ambitieux sur le papier, décevant sur l'écran. Faire rire des travers d’une population en suivant les déambulations d’un Huron inculte et naïf, ce n’est pas nouveau et ça peut être très drôle. Malheureusement, l’exercice est difficile et est rarement réussi par les 'comiques' de télévision. Rien à voir entre quelques gags insérés pendant les temps morts d'une émission de plateau et un long métrage qui doit durer au moins 1 heure et demi.

Résultat, si l’on sourit souvent, si on rit parfois, on trouve également le temps très long entre 2 gags. Passons sur l’humour très pipi-caca-sexe qui est le fond de commerce de Sacha Baron Cohen. Ceux qui vont voir le film sont a priori avertis de ce qu’ils vont voir.
Le problème est plutôt dans la légèreté du propos face à la lourdeur des moyens employés. A côté de quelques 'red necks' racistes, misogynes et homophobes, on voit surtout des gens sympathiques qui essaient de se mettre à la portée du personnage et de lui rendre service (quand il ne les a pas agressé).
Si le film est nettement en faveur de certaines minorités (noirs, homos, juifs, prostituées, …) et égratigne gentiment certaines catégories (journalistes, politiques, BCBG, vendeurs, …), on se pose par contre des questions sur son anti-féminisme primaire. En présentant les kazakhs comme des demeurés primaires, machos, racistes, xénophobes, sales et violeurs (parce que musulmans ?), il est également loin du discours prétendument dénonciateur que voudraient faire passer certains critiques cinématographiques. Imaginons qu’au lieu d’être juif et de se faire passer pour un kazakh, Sacha Baron Cohen ait été noir et se soit fait passer pour un colon israélien sorti de son kibboutz, alors tout le monde lui serait tombé dessus et il croulerait sous les procès (Cf. la campagne anti-Dieudonné en France). C’est d’autant plus dommage que ce film, à quelques exceptions près en caméra plus ou moins cachée, est un film de fiction interprété par des acteurs (il n’y a qu’à voir les mouvements de caméra utilisés pour se rendre compte que ça ne peut être un documentaire pris sur le vif, mais implique de répéter la scène sous plusieurs angles) et est donc totalement maitrisé par les 4 scénaristes. Sacha Baron Cohen devrait se contenter de créer des gags pour ses émissions de télé-réalité, plutôt que de réaliser des pseudos documentaires prétendant sonder la nature profonde de l’Amérique.

Après un "Da Ali G" considéré comme insultant par la communauté afro-américaine, et avant un film sur "Bruno" (un présentateur de mode autrichien gay avec des tendances nazies) qui risque de faire également du bruit, "Borat" est un film ambigu à ne pas mettre sous tous les yeux. C'est en tout cas une réussite en matière de promotion, en ayant réussi à faire parler de lui bien avant la sortie du film, et fait couler un flot d’encre en sa faveur.

Note: 6/10

Compléments :
> La Fiche du film du Wikipedia.
> Scènes coupées souvent plus drôles que celles présentes dans le film.
> Le Site du film.
> Critiques sur "CommeAuCinéma", "FilmDeCulte", "Télérama", "Fluctuat".
> Sur les Blogs: "Critico-Blog", "LaSenteurDeL'Esprit", "Niklas", "BlogTelerama", "Cinémapolis".

14/11/2006

Les Fils de l’Homme (Children of Men)

Battersea Power Station: the Tate Modern
2027, L'Odyssée de l'Espèce.

Londres, dans une vingtaine d'années. Les gouvernements de la Terre n’ont pas écouté les conférences de Al Gore, ni lu les rapports consacrés au réchauffement climatique (Cf. le rapport de Nicholas Stern, chef économiste de la Banque Mondiale), et tous les pays se sont enfoncés dans une crise écologique et économique sans précédent. La pollution a entraîné une stérilité de tous les êtres humains, plus personne n’est né depuis 18 ans, et chaque pays vit replié sur lui-même en complète autarcie, les 'étrangers' étant désignés comme boucs émissaires de tous les maux.

La grande force de ce film est son grand réalisme apparent. Pas de technologies futuristes, pas de régime dictatorial extrême, pas d’extra-terrestres belliqueux. On est très loin des anticipations à la "1984", "Fahrenheit 451", "Brazil", "Equilibrium", "V pour Vendetta", "Invasion Los Angeles", etc. Ici rien que de légères extrapolations d’une réalité qu’on peut toucher du doigt tous les jours (surtout si on vit dans une cité du 9-3). Plus qu’une dictature imposée par une minorité, c’est un régime 'fort' tel qu’il est réclamé actuellement par de nombreuses populations à travers le monde. Les gens qui ont du travail vont au boulot comme tous les jours, les clandestins sont pourchassés par la police, les riches profitent de leur fortune. Rien que de très 'normal', si ce n’est un attentat de temps en temps.
Mais en suivant le 'héros', ex militant gauchiste désabusé, humaniste pacifiste et fragile, on ouvre progressivement les yeux sur la profonde injustice de tout le système. Le contraste entre les quartiers riches où vivent les privilégiés (très belles scènes du centre de Londres) et les ghettos où survit la racaille. La propagande matraquée sans relâche pour inciter à dénoncer les 'mauvais citoyens'. La Police, brutale et corrompue, qui mène ses chasses à l’Homme sans aucun respect des droits humains. Les camps de concentrations pour illégaux. Les opposants éclatés en une multitude de groupuscules utopistes et inconciliables (babas cool, sectes chrétiennes, islamistes, écolos, gauchistes, etc.). La télé, le jeu et la drogue omniprésents pour s’évader de ce monde sans avenir.
Toute cette atmosphère de fin du monde est vraiment extrêmement bien réalisée, à l’inverse de la plupart des films de SF habituels qui nous annoncent d’emblée: n’ayez pas peur, c’est une fiction. Là, on se croirait dans un reportage effectué par une équipe de télévision, caméra à l’épaule. La scène finale de maintien de l’ordre rappelle ce qu’on a pu en voir en Yougoslavie, au Liban ou en Irak, avec un réalisme qui force le respect.

Le Fils de l'Homme

Là où le film est plus critiquable, c’est sur 2 points essentiels qui plombent le film a posteriori.
D’abord, l’ambiance un peu trop chrétienne. Si la présence de sectes apocalyptiques peut se comprendre dans ce contexte, avoir accumulé dans le scénario une femme qui est miraculeusement enceinte d’un père inconnu et qui doit fuir son pays pour échapper aux forces de l’ordre, un enfant regardé comme le messie, la trahison du groupe [1] par un de ses membre, ça fait un peu beaucoup pour un scénario qui ne brille pas par sa complexité. Le titre faisait déjà assez référence à Jésus, venu parmi les hommes pour leur montrer la voie. N’est pas Kubrick/Clarke qui veut [2].
Les incohérences socioéconomiques des postulats de départ, ensuite. Dans un pays où la population est condamnée à vieillir et à disparaître, il peut sembler illogique de ne pas faire appel à une immigration ('choisie') de jeunes adultes déjà formés. On peut également douter qu’une économie qui est obligée de consacrer des ressources aussi importantes aux forces armées et au contrôle de la population soit encore capable d’avoir un niveau de vie aussi élevé.

Au total, si ce film n’est pas le chef d’oeuvre qu’il aurait pu être avec un scénario un peu plus consistant, il est néanmoins à voir pour sa technique époustouflante et ses décors qui mériteraient au moins un Oscar. Un bon point également pour les nombreux acteurs qui servent l’histoire sans jamais tirer la couverture à eux (les stars meurent en général assez rapidement).

[1] nommé les 'Poissons' (symbole des premiers chrétiens).
[2] "2001, l’Odyssée de l’Espace" est évidemment la référence ultime pour ce genre de film. Rappelez vous : un groupe d’astronautes quittent une terre à bout de souffle, l’un d’eux porte en lui sans le savoir celui qui sauvera l’humanité, mais ils sont trahis pendant le voyage par un des membres du groupe.

Note: 7/10

Compléments :
> La Fiche du film du Wikipedia.
> Le Site du film.
> Critiques sur "Telerama", "FilmDeCulte", "Excessif", "EcranLarge", "iMedias", "LeFantastique.net", "ObjectifCinéma".
> Sur les Blogs: "KrinEin", "SebInParis", "HellJohn", "CritiquesClunysiennes", "Matoo".

11/11/2006

Films de Novembre 2006

En Automne, les Feuilles se ramassent à la Pelle.

Une foultitude de films intéressants sort en ce moment. Difficile de tout voir (quand donc les distributeurs sauront-ils étaler les sorties tout au long de l’année ?) et d’en rendre compte au fur et à mesure. Certains valent le coup d’être vus, d’autres sont très décevants.
Quelques exemples ci-dessous (en plus des "Fils de l'Homme" et du "Labyrinthe de Pan" qui méritent une chronique à part).

> "Ne le dis à Personne" (9/10) : Une bonne surprise. Un film nerveux, une ribambelle d’excellents acteurs, une adaptation excellente au contexte français à partir d’un roman qui se passait aux Etats-Unis. Le cinéma français ne nous habitue pas à des polars de cette qualité, même si on peut noter quelques petits défauts de jeunesse dans ce qui n’est qu’un 2-ième film. Guillaume Canet est en tout cas un réalisateur à suivre.
(Plus de détails chez Telerama, iMedias, FilmDeCulte, Excessif, SebInParis, KrinEin, OjectifCinéma).

> "Le Dahlia Noir" (5/10) : Une grosse déception. Comparé à "Ne le Dis à Personne", le Dahlia semble bien fané. Manque de rythme, personnages sans épaisseur psychologique (Scarlett Johansson hérite du plus mauvais rôle de sa carrière), intrigue embrouillée (parce que trop éloignée du roman de James Elroy ?), problèmes de production, tout concours à faire de ce film un ouvrage besogneux, loin de ce qu’à pu faire De Palma il y a quelques années. Pour lui, ce Dahlia doit plutôt être considéré comme un Chrysanthème ...
(Plus de détails chez iMedias, Fluctuat, Excessif, EcranLarge, DvdCritiques, IdeaEntertainment, SebInParis, L’Ouvreuse, Peyomedia, ObjectifCinéma).
On notera également un plagiat assez culotté dans l'affiche utilisée (C.f. CultureCafé).

> "Scoop" (8/10) : Woody Allen tel qu’en lui-même. Après un "Match Point" un peu exceptionnel dans sa thématique et sa réalisation, Woody revient aux comédies douces-amères dont il a le secret. Certains n’aimeront pas, mais pour les amateurs de bons mots et de récits où un petit binoclard insignifiant s’attaque avec humour à l’Establishment, c’est une étape incontournable.
(Plus de détails chez Telerama, Fluctuat, iMedias, Excessif, EcranLarge, KrinEin, CriticoBlog, HellJohn, SebInParis).

> "Prête-Moi Ta Main" (8/10) : Tendresse et Humour. Une bonne petite comédie romantique traditionnelle, sympathique et sans prétentions, qui joue sur l’opposition et l’attirance des contraires. Pas très réaliste (je ne connais pas beaucoup de patrons prêts à signer un chèque de 15.000 € sans discuter !), mais ce n’est pas ce qu’on demande à ce genre de films, parfaitement calibré pour les célibataires esseulé(e)s ou les couples qui se questionnent. L’occasion en tout cas de voir une Charlotte Gainsbourg amusante, dans un rôle bien moins 'lisse' que d’habitude.
(Plus de détails chez iMedias, FilmDeCulte, Excessif, HellJohn, ThroughMyEyes).

> "Le Prestige" (8/10) : Un très bon film en costume qui retrace la grande époque de l’Illusionnisme, quand la Science transforme notre vision du monde et relègue la magie au rang des accessoires désuets. "Le Prestige" est aussi une bonne réflexion sur l’arrivée au pouvoir et la manière de le conserver. Promesses (électorales), tours de passe-passe (budgétaires) et consécration populaire sont en effet les 3 temps de tout candidat à l’immortalité politico-médiatique.
D’après le récit du romancier de SF Chistopher Priest ("Le Monde Inverti"), le film suit le parcours de 2 apprentis maîtres du mondes, leurs coups bas, leurs vengeances, leurs ego démesurés, où tout est bon pour s’imposer en haut de l’affiche, quitte à y sacrifier famille et amis. Tenants de la tradition qui privilégient les bonnes vieilles recettes, et innovateurs qui testent les nouvelles techniques se combattent pour le privilège futile de rester dans l’Histoire comme étant 'le plus grand'. Mais alors que chaque nouveau moyen d’expression détrône en grande partie le précédent (internet > télévision > cinéma > music-hall > foires), n’est-il pas illusoire de se lancer dans cette vaine quête de l’Absolu ?
(Voir aussi les analyses de EcranLarge, iMedias, KrinEin, SebInParis, L’Ouvreuse, AVoirALire, Cinémapolis, ARebours).

> "Black Book" (9/10) : Retour remarquable du 'Hollandais Violent', après quelques films hollywoodiens peu convaincants. Un film dans la lignée de "La Chair et le Sang", alliant action et réflexion sur les passions humaines et le goût du pouvoir, avec un sens des conventions cinématographiques très politiquement incorrect. Une fin sans équivoque, qui montre que les 'bons' d’hier peuvent devenir les 'méchants' de demain (et inversement), n’en déplaise aux démagogues de tout poil. Un film indispensable en cette période hypocrite, en attendant le prochain vrai grand film européen de Verhoeven.
(Plus de détails chez iMedias, Fluctuat, KrinEin, SebInParis).

20:00 Publié dans Ecrans Larges | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma |  Imprimer

31/10/2006

Mémoires de Nos Pères (Flags of Our Fathers)

Flags of Our FathersLe Prix du Sang, La Valeur du Mensonge.

Qu’est ce qu’un Héros ? Celui qui a survécu ? Celui qui a une 'belle' mort ? Celui dont on se souvient pour l’éternité ? Ou celui que l’on doit respecter pour avoir été fidèle à des valeurs (liberté, démocratie, …) censées être représentées par le drapeau qu’on hisse à la face du monde ?

Comme tout bon récit de guerre, ce film de Clint Eastwood est une belle réflexion sur la valeur du sacrifice, les liens indéfectibles entre les combattants, les profonds traumatismes qui habitent à jamais les survivants. On est évidemment loin de l’héroïsme imbécile des films de propagande hollywoodiens sponsorisés par le Pentagone (Pearl Harbour, En Territoire Ennemi, …). Il se situe au contraire dans la lignée des nombreux films ayant traité de la Guerre du Vietnam (Voyage au Bout de l’Enfer, Apocalypse Now, Platoon, …), mais ne s’arrête pas à l’aspect psychologique et moral, au ras du sol, traditionnel dans ce genre de long métrage.

Ce qui est nouveau, c’est la prise en compte des aspects économiques et politiques de la Guerre. On l’avait déjà vu pour des guerres à visée purement impérialiste ou coloniale (JarHead, …), mais c’est assez nouveau pour la Seconde Guerre Mondiale, censée être une guerre 'morale', noble et altruiste, uniquement destinée à libérer le monde 'libre' des méchants nazis/fachos/jaunes/rouges (rayer les mentions inutiles).
En se plaçant dans les coulisses du pouvoir, dont le but est de trouver impérativement des fonds pour financer les industries d’armement, on éclaire les combats d’un jour nouveau.
L'impératif n’est pas de fournir aux armées les moyens de battre les ennemis (on se satisfait parfaitement de la nombreuse chair à canon pour suppléer au manque de munitions), mais de réaliser une belle opération financière (les War Bonds) accompagnée d’une opération de relations publique (drapeau/monument accaparé par les Marines au dépends de la Navy).
Les 'Héros' ne sont plus que des éphémères vedettes de télé-réalité, mis en lumière pour promouvoir le produit, et rejetés dans l’ombre dès qu’on n’a plus besoin d’eux. Peu importe d’ailleurs qu’ils aient été sur la photo, ou que le récit diffusé dans les chaumières soit conforme à la réalité ou non.

Mémoires de nos PèresTechniquement, le récit est une longue suite de flash-back rendant bien compte de l’état d’esprit des protagonistes, tiraillés entre vie présente et souvenirs du passé. Les seules séquences à ne pas être au niveau sont celles où le fils enquête pour interviewer les survivants et qui rallongent le film inutilement.
Plus que le devoir de mémoire dû à nos pères (comme le laisse penser la mauvaise traduction du titre), ce film est un étendard dressé contre la manipulation des esprits par les médias, comme on a encore pu la voir lors de l’invasion de l’Irak.
La seconde partie du diptyque (Lettres d’Iwo Jima) devrait renforcer cet aspect, en présentant le point de vue des japonais qui, bien que poussés à des comportements fanatiques, sont quand même morts eux aussi 'héroïquement' pour la défense de leur territoire.

Note: 8/10

Compléments :
> L' histoire de la célèbre photo prise à Iwo Jima.
> La Fiche du film du Wikipedia.
> Le Site du film.
> Critiques sur "CommeAuCinéma", "DvdCritiques", "FilmDeCulte", "Télérama", "Excessif", "iMédias", "EcranLarge", "Fluctuat", "AVoirALire", "ChronicArt", "Evene".
> Sur les Blogs: "KrinEin", "SurLaRouteDuCinéma", "HellJohn", "LaSenteurDeL'Esprit", "SebInParis", "ARebours".

28/10/2006

The Queen

The Queen EIILe Jeune Loup et la Vieille Lionne.

"Le vrai Pouvoir ne se prend pas, il se reçoit", telle pourrait être la morale de l’histoire nous conte Stephen Frears dans son dernier long métrage, plus proche d’un docu-fiction que d’un film traditionnel, mais excellemment réalisé quand même. Il y relate la confrontation entre un jeune politicien aux dents longues, fraîchement élu premier ministre, et une vieille reine mise sur le trône malgré elle, et dernière représentante d’une longue lignée de monarques riches et puissants.
D’un côté, le travail, l’affairisme, le clientélisme, la nécessité de plaire pour exister, la remise en cause permanente, la tendance à toujours se mettre dans le sens du vent qui souffle.
De l’autre, la tradition, le protocole, les rites immuables, une autorité incontestée, un entourage servile, une richesse incommensurable, l’absence de précarité et de questions sur l’avenir.

La mort de Diana est l’occasion de montrer combien le régime britannique est resté à l’écart de l’évolution du monde moderne. Alors que la Presse se déchaîne, que l’opinion est manipulée par les médias, chacun se positionne selon son intime conviction.
Elisabeth II est une super mammy plutôt sympathique, un peu dépassée par les événements, qui pense beaucoup à ses petits enfants, qui ne dédaigne pas conduire elle-même sa Rover (sans même un garde du corps), qui pense d’abord à la dignité de sa charge avant toute chose ("Duty first, Self Second").
Tony Blair est plus ambigu. Elu travailliste, il se démène pourtant en faveur de la royauté, en opposition totale avec sa femme et ses conseillers. Il est néanmoins en phase avec une monarchie plus moderne, telle que la rêve le prince Charles et certains membres du palais royal. Il est encore novice, multiplie les impairs protocolaires, mais sait instinctivement jouer avec les sentiments des autres pour les amener là où il veut.

Elisabeth vs BlairLa reconstitution de cette chaude semaine est parfaite, mélangeant des images d’archives impressionnantes et émouvantes, avec la reconstitution de scènes privées auxquelles tout le monde a rêvé d’assister. Plus qu’une amorce de révolution (les anglais ne semblent vraiment pas prêts à passer à un régime républicain), on assiste à un vrai combat entre les Anciens et les Modernes, entre ceux qui cherchent à préserver de fausses apparences et ceux qui essaient d’insuffler un peu plus de chaleur humaine entre gouvernants et gouvernés.
La scène du cerf est particulièrement intéressante de ce point de vue. Roi de la forêt, symbole du Pouvoir dans les rites druidiques, il est dans le film pourchassé en vain par les chasseurs royaux et blessé à mort par un vulgaire roturier. Les temps ont changés. En acceptant ce fait et en acceptant d’apparaître plus humaine avec ses 'sujets' (comme HiroHito en 1945), la Reine sauve son trône et remporte finalement une bataille mal engagée.
La scène finale, adoubement de Blair par Elisabeth, consacre cet état de fait. Si Blair a gagné 10 ans de vie au 10 Downing Street, la grande gagnante est la reine qui en lâchant un peu a sû préserver l’essentiel. Les idées de Diana, "princesse du peuple" qui condamnait cette mascarade, ont été enterrées avec elle.

Note: 8/10

Compléments :
> La Fiche du film du Wikipedia.
> Le Site du film.
> Critiques sur "CommeAuCinéma", "DvdCritiques", "FilmDeCulte", "Télérama", "Excessif", "iMédias", "EcranLarge", "AVoirALire", "ChronicArt".
> Sur les Blogs: "CriticoBlog", "SurLaRouteDuCinéma", "HellJohn", "LaSenteurDeL'Esprit", "SebInParis", "LieuxCommuns", "PibeSan".