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01/10/2006

Pelléas et Mélisande, de Maurice Maeterlinck.

Pelléas & Mélisande
Une Tragédie en Noir et Gris : le Passage à l’Age Adulte.

Hier soir, superbe Pelléas et Mélisande au Théâtre de la Ville de Paris. On peut penser ce que l’on veut du texte de Maeterlinck (très novateur en 1892, un peu vieilli pour nos oreilles modernes), mais la pièce reste étonnamment actuelle, comme tous les contes et légendes de notre enfance.

Certes, le fond de l’histoire n’est pas très original. Une jeune femme recueillie et épousée par un vieux barbon jaloux, tombe amoureuse de son jeune beau-frère, et les 2 jeunes amants finiront par en mourir. On a déjà vu cent fois ce thème de l’amour interdit entre 2 jeunes gens emportés par une passion nouvelle pour eux (Hélène et Pâris, Tristan et Iseult, Lancelot et Guenièvre, Roméo et Juliette, Pocahontas et John Smith, etc.).
L’intérêt est ailleurs.
D’abord dans la modernité de la narration, formée de petites scènes très courtes, aux dialogues serrés suggérant beaucoup plus qu’ils n’en disent.
Dans la sonorité des textes, travaillés pour exprimer au mieux les sentiments des personnages. Figure de proue du symbolisme au théâtre, Maeterlinck a bien mérité son prix Nobel (1911).
RapunzelDans la mise en scène parfaite de Jean-Christophe Saïs. Le décor sobre, tout en noir et en gris, servi par un éclairage digne d’un futur 'Molières', rend excellemment l’atmosphère humide et glauque, ainsi que les ombres et les brouillards dans laquelle baigne toute la pièce. Heureusement la salle est petite, sinon les spectateurs du fond risqueraient de ne pas voir grand-chose dans cette pénombre. Seules notes de clarté, les vêtements de Yniold et de Mélisande, symboles de leur innocence.

Tout l’ensemble respire les influences romantiques, gothiques et symbolistes du 19-ième siècle, mais on y détecte aussi d’autres tendances plus modernes pour l’époque (psychanalyse, féminisme). On notera les longs chevaux de Mélisande qui se déroulent comme ceux de la Rapunzel des frères Grimm, et dont la charge érotique est évidente sur ce pauvre Pelléas. L’omniprésence des forêts touffues, grottes, souterrains, fontaines, mares aux odeurs moites et troublantes. La scène de voyeurisme initiée par Golaud, mari jaloux et brutal, qui entraîne la perte de l’innocence du jeune Yniold, propulsé malgré lui dans une réalité pas encore de son âge.
Cris Alvarez Magliano 2004Il y a aussi cette découverte de Mélisande par Golaud, en état de choc, parée comme une princesse et probablement violée par son premier mari le jour de son mariage; la femme battue et humiliée en public par son mari jaloux. Une Mélisande mystérieuse, marquée par le Destin, condamnée à séduire son entourage pour exister, mais dont la présence apporte nécessairement le malheur autour d’elle, une femme fatale dont le thème est omniprésent dans notre monde moderne.

En bref, une très bonne pièce, bien mise en en scène, servi par de bons acteurs, qui devrait envoûter ceux qui savent se laisser séduire par des légendes intemporelles. Elle donne en tout cas envie de voir l’opéra qu’en a donné Debussy, dont les nombreuses versions montées ces dernières années sont une preuve supplémentaire de son actualité.

Note: 7/10

Compléments :
> Pelléas et Mélisande au Théatre de la Ville de Paris en 2006.
> Les critiques de Télérama, LeMonde.
> Pelléas et Mélisande sur VLRom.be.
> L'opéra de Debussy sur le blog de Pierry Cormary.
> Le texte du livret de Debussy, presque identique à celui de Maeterlinck.
> L'histoire de Rapunzel des frères Grimm.

12/06/2006

Théatre de la Ville 2006 (Paris)

Théatre de la VilleFin de Saison, Poussées de Sève.

Juin, les beaux jours arrivent (enfin!). La saison parisienne se termine. Celle des Festivals d'Eté va bientôt commencer. C'est aussi le moment de penser à s'abonner pour la prochaine saison.
Le Théatre de la Ville occupe une place à part sur la scène parisienne. Doté d'un budget important, il accumule les spectacles tout au long de l'année, tant en Théatre et Danse, qu'en Musique Classique ou Mondiale. Subventionné à 100% par la Mairie de Paris, il peut se permettre de prendre des risques que n'osent assumer les secteurs privés et associatifs, et possède une équipe qui a fait ses preuves sur la durée, avec des objectifs de 'Théatre Populaire', loin de l'élitisme branchouille de nombreux 'Théatres Nationaux'. L'abonnement permet de réserver des places à des tarifs particulièrement intéressants.
Cette année encore, de nombreuses petites perles devraient agrémenter nos soirées. Dans le 'Programme 2006-2007', je recommande (et aurai peut-être l'occasion de chroniquer ici) les quelques spectacles suivants :

Théatre/Opéra:
. "Pelléas et Mélisande" de Maurice Maeterlinck, par Jean-Christophe Saïs, du 19 septembre au 5 octobre 2006.
. "La Déesse de la rivière Luo" (opéra chinois NanGuan, Taïwan), par Lukas Hemleb, Chen Mei-O et l'ensemble Han Tang Yuefu, du 24 au 26 octobre 2006.
. "Les Géants de la Montagne" de Luigi Pirandello, par Laurent Laffargue, du 8 au 27 janvier 2007.
. "Homme pour Homme" de Bertolt Brecht, par Emmanuel Demarcy-Mota, du 6 au 24 mars 2007.

Danse:
. "May B" (1981) par la compagnie Maguy Marin, du 14 au 18 novembre 2006.
. "Zero Degrees" (2005) par Akram Khan et Sidi Larbi Cherkaoui, du 19 au 23 décembre 2006.
. "Does the English Queen Know What Real Life is About" et "The Other Side of the River", par Olga Pona, du 30 janvier au 3 février 2007.
. "Péplum (Pop Life II)", par Nasser Martin-Gousset, du 3 au 6 avril 2007.
. "La Face Cachée" (bhârata natyam), par Maria-Kiran, du 12 au 16 juin 2007.
. "Gamaka" (kuchipudi), par Shantala Shivalingappa du 19 au 23 juin 2007.

Concerts:
. Ballaké Sissoko (kora, Mali) & l'Ensemble Diddal Jaalal (Mauritanie), le 16 octobre 2006.
. L'Ensemble Chulawatit (Thaïlande), le 21 octobre 2006.
. Elshan et Malik Mansurov, Sevindj Sarieva, Rovshan Mammadov (Azerbaïdjan), le 18 novembre 2006.
. Wu Man (pipa, Chine), le 25 novembre 2006.
. Shujaat Khan (sitar, Inde) & Tejendra Majumdar (sarod, Inde), le 16 décembre 2006.
. Maîtres du Dotar d'Asie Centrale & Chants de Kalmoukie (Ouzbékistan, Tadjikistan, Kalmoukie), le 24 janvier 2007.
. Etsudo Chida (kato, Japon), le 3 février 2007.
. Dhruba Ghosh (sarangi, Inde), le 17 février 2007.
. Ba Banga Nyeck (balafon, Côte d'Ivoire), le 31 mars 2007.
. U.Shrinivas (mandoline, Inde) & Debashish Bhattacharya (guitare, Inde), le 26 mai 2007.

> Plus d'infos musicales sur "Mondomix"

08/03/2006

Maria Dolorès, de Wayn Traub


Yin et Yang: La Vierge et la Madone.

Difficile de raconter "Maria Dolorès", première grande création (2002) de Wayn Traub, dandy esthète dans le droit fil d’Oscar Wilde. La pièce est longue, complexe, foisonnante et brasse les grands thèmes philosophico-religieux de notre société occidentale. A la représentation de mardi, quelques rares personnes (âgées) sont parties au bout d’une demi-heure, quelques autres ont hué à la fin, mais les applaudissement ont été nourris, preuve que le public parisien avait apprécié, même si les conversations montraient qu’il n’avait apparemment pas tout compris.

La pièce mixte la performance de 2 actrices sur scène, avec un film diffusé dans le fond qui explique et commente l’action de façon décalée. Ce dispositif est proche du 'benshi' japonais, où des comédiens jouent et commentent devant un film muet. Le dispositif scénique est sobre, surmonté d’une couronne d’épines lumineuses, et joue essentiellement sur les jeux de lumières, et les interactions entre la scène et le film diffusé en continu.

Maria Dolorès, c’est Maria et Dolorès (les religieuses), Marie et Dolly (les actrices), la Vierge et les douleurs (de l’enfantement, des contritions), les 2 faces d’une même pièce, les 2 aspects d’une même réalité Yin et Yang. La pièce joue en permanence sur les oppositions: jeune/vieille, blonde/brune, classique/moderne, blanc/noir, lumières/ténèbres, vie/mort, vierge/démon, etc. Les thèmes abordés sont ceux de la vie, de la vieillesse, de la mort, de la naissance, du désir, des illusions, des regrets...
Sur scène, le conflit s’installe entre la Mère supérieure d’un couvent médiéval, orpheline de naissance, dont les pénitences sont un chemin pour trouver la voie vers sa mère, assimilée à la Vierge Marie, et la jeune novice, spontanée, qui accumule les visions d’une 'Dame' auréolée de lumière, mais munie d’une faux et d’un miroir.
En parallèle dans le film, 2 actrices belges, l’une jeune-wallonne-blonde-moderne-delurée, l’autre âgée-flamande-brune-classique-complexée, se préparent à jouer la pièce et s’immergent dans leurs rôles. Elles sont filmées en permanence par une caméra de télé-réalité, le réalisateur étant le compagnon de l’une et devenant l’amant de l’autre. On y trouve aussi les tractations des producteurs, un dessin animé iconoclaste sur la relation Joseph/Marie, un concert symphonique, une pseudo émission littéraire confrontant l’auteur supposé du texte et un critique professionnel jargonnant.
Le film est donc à la fois un écho moderne de l’histoire de base, un 'making-off', un commentaire de l’action, une critique du milieu théâtral traditionnel, le tout s’interpénétrant et permettant une meilleure compréhension de l’ensemble.

A la fin, la boucle est bouclée telle un ruban de Möbius qui se retourne sur lui-même. Brune et blonde ont échangés leurs rôles, la jeune est devenue mère, on retrouve la brune dans la peau de l’enfant orpheline, l’apparition invisible est devenue visible, la vivante est morte, la morte a repris vie. Les différents éléments disparates ont finit par converger en une impressionnante cohérence, mettant en évidence la qualité du travail d’écriture et de montage des concepteurs.
Wayn Traub, concepteur-scénariste-scénographe-chorégraphe-metteur en scène, participe également, par le mime et une voix off, en assurant un prologue et un épilogue, proche du théâtre classique élisabéthain (Cf. "Roméo & Juliette" par exemple). Les actrices-comédiennes-scénaristes sont particulièrement impressionnantes, de par leurs performances scéniques et filmiques.

En bref, un petit chef d’œuvre, à recommander à ceux que n’effraient pas une création artistique difficile, mais très stimulante pour l’esprit de celui qui la regarde. Par contre, ceux qui n’ont pas aimé "Le Nouveau Monde" ou "Syriana", par exemple, feront bien de ne pas s’y frotter, ils ne pourraient qu’en sortir déçus.

Compléments :
> Wayn Traub vu par L’Humanité (France).
> Wayn Traub au Théatre de la Ville de Paris en mars 2006.
> Wayn Traub au Festival de Genève en septembre 2005.
> Le film "Maria Dolores" qui est sorti de façon indépendante en 2004.
> "El Automovil Gris" : un benshi nippo-mexicain, passé le 01/04/2004 au Festival de l’Imaginaire de la Maison des Cultures du Monde (Alliance Française, Paris).
> "Epidemic" de Lars Von Trier pour un mélange fiction/réalité analogue dans un univers cinématographique.

08/11/2005

Extension du Domaine de la Lutte

Socio-Economie de la Relation Humaine

Comme l’a très bien montré Michel Houellebecq dans ses romans, le monde occidental a radicalement changé d’orientation au niveau des rapports humains.

On était, jusqu’au milieu du 20-ième siècle, dans un système relationnel relativement artisanal, patriarcal, dont le but était de créer une famille dans l’intérêt du clan. On prenait son temps (engagement, fiançailles puis mariage).
Pour ceux qui étaient exclus ou insatisfaits du système, le substitut en était la prostitution (bordels institutionnalisés) ou l’adultère (séparation des fonctions entre l’être aimé et le conjoint) [1].
Ce système était en phase avec une économie dirigée, paternaliste, colonialiste, où l’emploi était souvent à vie dans la même région et la même entreprise.

On est passé depuis à une économie de marché basée sur la consommation de masse, le libre-échange, l’ouverture des frontières, la loi de l’offre et de la demande, une précarité plus grande de l’emploi.
Dans le domaine relationnel, la liberté prévaut (ce ne sont plus les parents qui choisissent le conjoint) et la norme est désormais de vivre avec l’être aimé.
La libération sexuelle des années 1960-70 est passée par là, et l'échangisme a remplacé la prostitution. En France, les maisons closes sont d'ailleurs devenues illégales en 1946 (Loi Marthe Richard) et la prostitution est régulièrement combattue, même si elle ne peut évidemment être éradiquée.
Les effets secondaires sont néanmoins les mêmes dans les 2 cas.
L’augmentation du volume permet une augmentation du profit global, mais le profit individuel est souvent plus réduit (diminution des marges).
La rapidité des échanges implique qu’on se trompe plus souvent (pas le temps d’être sûr avant de s’engager).
Afin de permettre la fluidité du système, le turn-over et la mobilité doivent être importants (c’est le seul moyen d’adapter l’offre et la demande). On remplace une gestion de stocks par une gestion à flux tendus.
Il y a baisse globale de la qualité (on ne construit plus pour durer éternellement) et accroissement de l’obsolescence des produits (divorces et déchets ménagers ou industriels sont très importants).
Pour ceux qui sont exclus ou insatisfaits du système, le substitut en est la pornographie (films X, Internet, …). La notion d’adultère devient vide de sens, car le mariage a tendance à disparaître et les divorces sont en augmentation constante, les couples se faisant et défaisant très vite.
Avec Internet, on arrive au stade ultime où l’espace s’est étendu à toute la planète, alors que le temps d’une relation peut se contracter jusqu’au minimum possible.

Concernant la situation de la femme, on est passé d’un statut de soumission (au père, au mari) à une réelle liberté théorique.
Cette évolution se rapproche de l’émancipation des 'nègres', après les lois anti-esclavagistes de la fin du 19-ième siècle.
Le problème est que la Liberté n’est pas une notion innée. Elle demande un apprentissage et se construit pendant l’enfance, en reproduisant les modèles sociaux en vigueur.
Dans beaucoup de cas, à cause d’une éducation inadaptée, les sujets se retrouvent incapables à vivre de façon réellement libre et indépendante.
C’est le 'syndrome de l’Oncle Tom', beaucoup de Noirs ayant continué à travailler comme domestiques ou journaliers pour leurs ‘maîtres’, faute de pouvoir concevoir un autre destin. De nos jours, il existe également de nombreuses femmes islamistes défendant leur soumission à leur seigneur et maître.
Sur le Net, je suis assez effaré de voir le nombre important de femmes qui recherchent encore un 'Prince Charmant, grand, protecteur' ou un 'Suggar Daddy généreux', préférant la sécurité de leurs chaînes à l’exercice d’un droit fondamental si chèrement acquis. N’est-ce qu’une mauvaise résolution du complexe d’Œdipe ? ou une vénalité bien comprise ?

Psychologiquement, les dégâts sont importants.
Les personnages houellebecquiens, issus des classes moyennes cultivées, sont écrasés par le quotidien, et sombrent dans la dépression et le suicide, quand ils ont eu la chance d'échapper à la maladie. Plus lucides que la moyenne, ils n'ont pas les moyens d'être dans le haut du panier, ni la ressource de se décerveler devant la télé ou dans les stades.

Le film de Philippe Harel est particulièrement fidèle à l'univers de l'auteur, et est à recommander à tout ceux qui ne supportent pas l'écrivain. Cela leur permettra de ne pas rater une des meilleures analyses de la société moderne jamais écrite ces dernières années, et les incitera peut-être à aller vers les bouquins [2][3][4].
C'est tout le bien qu'on peut leur souhaiter.

Note: 9/10

> Fiche Cinéfil

A (re)lire :
[1] ‘Histoire des Passions Françaises’ par Théodore Zeldin, historien britannique spécialiste de la vie sociale et sentimentale des français à la fin du 19-ième siècle (en 5 volumes).
[2] ‘Extension du Domaine de la Lutte’
[3] ‘Les particules élementaires’
[4] ‘Plateforme’

27/08/2005

Pour comprendre les medias

Chaud & Froid dans les Médias

Pourquoi la TV actuelle est-elle aussi merdique ?
La réponse est dans le bouquin de Marshall Mac Luhan qui analyse les différents médias existants à son époque (1964), et les classe en 2 catégories.

Les ‘médias’ (langage, argent, journal, mode, radio, etc.) sont des supports de transmission de l’information sous forme d’un ‘message’ plus ou moins complexe, plus ou moins parasité par un ‘bruit de fond’.
Leur forme exerce une action d’autant plus profonde qu’elle nous échappe, notre attention étant monopolisée par le message.
Or, un même message n’aura pas la même portée et la même interprétation selon qu’il est véhiculé par un médium ‘chaud’ ou un médium ‘froid’.
C'est cet aspect qui est exploité par les publicitaires et les responsables de télés pour mieux nous conditionner.

Un médium est dit ‘chaud’ quand la densité de l’information transportée est élevée : télé moderne, cinéma, journaux, publicité, photographie, …
Il est dit ‘froid’ quand la densité de l’information transportée est faible : conversation, téléphone, livre, estampe, écriture hiéroglyphique, télégraphe, email, …
Dans ce cas, la pensée du récepteur a tendance à combler les vides, et incite donc à l’interpolation, à la réflexion, à la participation active.
Les médias chauds sont par contre dé-responsabilisants, le cerveau étant noyé sous un flot d’informations qui ne lui laisse plus le temps de respirer.
Il existe évidemment toute une gradation du très froid au très chaud.

Vous me direz (si vous avez lu le bouquin) : mais Mac Luhan, dans son livre il dit souvent que la télé est un médium froid !
En effet, mais rappelez vous la télé des années 60. Elle était petite, en Noir & Blanc, avec une image et un son pourri. C’était bien un médium froid. Les émissions de l’époque étaient plutôt de bonne qualité, avec une forte tendance éducative et un cérémonial (des présentateurs, des speakerines) important.
Avec le progrès technologique croissant (TV grands formats, couleur, 16/9, haute définition) la quantité d’information transmise a augmenté, ce qui l’a transformé en médium nettement plus chaud. La qualité a donc baissé en conséquence. CQFD.

Conclusion : si vous voulez être moins con, jetez votre télé, et mettez vous au frais en lisant des livres.

Passons maintenant en revue le cas des films en salle.

Le cinéma est à priori un médium chaud.
Les écrans sont larges, la définition (en nombre de pixels) est élevée, le son est d’excellente qualité, les décors hyper-réalistes.
L’œil n’arrive en général pas à voir tout ce qui se passe sur l’écran. Il se focalise sur les personnages principaux, et il faut revoir un film plusieurs fois pour saisir les petits détails présents à l’arrière plan.
Cela donne un cinéma de divertissement (‘entertainement’ comme disent les américains), formaté pour le plus grand nombre, où on est prié de laisser son cerveau au vestiaire.

Maintenant, ça ne veut pas dire que tous les films suivent ce schéma.
Le réalisateur et les producteurs peuvent décider de faire un film plus ‘froid’ que la moyenne.

C’est le cas notamment des documentaires, réalisés avec des moyens moins importants (super 8, caméra DV, etc.) où l’image et le son sont de moins bonne qualité, et qui sollicitent plus l’attention du spectateur.

C’est aussi le cas du dessin animé traditionnel (en 2D, sans images de synthèse). La définition de l’image est moins élevée, le jeu de couleurs est réduit par rapport à la réalité, le nombre d’images par secondes est souvent plus faible, le dessin simplifie les formes, les décors sont frustes.
C’est pour cela qu’il est très apprécié des enfants (même si le dessin animé n’est pas ‘à priori’ un support pour les enfants), car il leur permet de participer activement au déroulement du film.

C’est le cas aussi du cinéma dit d’auteur ou ‘indépendant’, où le réalisateur laisse tomber la surenchère d’effets spéciaux, et reste près du modèle cinématographique ‘classique’ des années 40-50.

L’aboutissement ultime de cette volonté de ‘refroidir’ le médium cinéma, c’est ce que Lars Von Trier a voulu faire avec le Dogme 95 ("Les Idiots") où la réalisation est épurée à l’extrême et où l’œuvre fictionnelle devient un pseudo-documentaire, ou le Dogme 99 ("Dogville") où décors, lumières, costumes sont quasi-inexistants et où le résultat est alors très proche du théâtre filmé.

Pour aller plus loin:
> "La Méditation pour les Nuls": pour une approche de la méditation simple et compréhensible par tous, un bon moyen de se 'refroidir' le cerveau, trop chauffé par l'agitation médiatique.