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17/05/2008

Des Temps et des Vents (Beş Vakit) de Reha Erdem

Des Temps et des VentsSymphonie Pastorale.

5 temps dans la journée (ceux des appels à la prière) se conjuguent avec 5 grand moments de la vie (naissance, enfance, travail, maladie, mort) dans un petit village rural à l’écart de l’agitation du monde moderne.

On pense au "Printemps, Eté, Automne, Hiver, … et Printemps" de Kim Ki-Duk qui revisitait lui aussi de façon symbolique et rurale l’existence humaine. Mais il y aussi du Giono dans la façon de vivre de ces paysans, durs à la tâche, et perpétuant les traditions rurales, patriarcales, religieuses et communautaires (école, familles, mosquée, assemblée du village, …), tout autant que les inégalités ancestrales (le patriarche et ses enfants, l’orphelin, les femmes et leurs maris, …)

L’endroit est un petit paradis perdu, clos et isolé des influences extérieures. On n’y voit aucun étranger perturbateur. Mêmes les oiseaux y sont étrangement absents, à l’exception d’un seul représentant vite abattu par un chasseur. Mais le ver est déjà dans le fruit : hommes éprouvant du désir pour une autre femme que la leur, gamins désireux de tuer le père (au sens propre comme au sens figuré), rivalités entre frères, ... Seuls les animaux sont innocents, pratiquant leurs ébats sans aucune des arrières pensées humaines.
Le temps est à l’image des sentiments de certains des protagonistes, orageux et agité lors des périodes de maladie, de haine et de conflits, plus apaisé lorsque la mort ou les naissances permettent une délivrance.
La brume dans les collines finit par remplacer le souffle du vent qui annonçait l’orage. Est-ce le début d’une réconciliation entre les êtres, ou seulement l’ouverture d’un passage vers le monde extérieur, qui envahit cette société pastorale et la transforme à jamais ?

Les images sont superbes, puissamment soulignées par une musique en harmonie avec le propos. En bref, un film qui mérite les nombreux prix récoltés dans les festivals auxquels il a participé. Pour une fois, le terme de chef d’œuvre utilisé dans la bande annonce n’est pas usurpé.

Note : 9/10

Compléments :
> Le site français du film (Site en anglais).
> Les critiques de CommeAuCinéma, LeMonde, Excessif, AVoirALire.
> Sur les Blogs: CriticoBlog, IleDéracinée, Wodka, VoisinBlogueur, ImagesDuMonde.

03/05/2008

Les Seigneurs de la Mer (SharkWater) de Rob Stewart

Les Seigneurs de la MerLes Dents de l'Amer.

Faire un film écologique, ce n’est pas seulement filmer de gentils animaux photogéniques en déplorant qu’on ne puisse bientôt plus les voir que dans les zoos. C’est aussi, comme l’avait brillamment montré Al Gore, mettre en évidence un certain nombre de faits incontestables et d’en tirer les conclusions qui s’imposent, à partir des lois régissant notre environnement naturel.

C’est ce que fait Rob Stewart, canadien passionné par les requins et révolté par les massacres de masse qui déciment le milieu marin.
L’essentiel du film est consacré d’une part à des rappels sur le rôle écologique essentiel du Requin (organisme si parfait qu’il n’a pas eu besoin d’évoluer ces 100 derniers millions d’années pour s’adapter aux nouvelles conditions de vie sur Terre, fatales à tant d’espèces) et la peur injustifiée qu’il inspire. D‘autre part à une campagne de protection assez mouvementée du navire "Ocean Warrior", menée par Paul Watson et son ONG "Sea Shepherd".

Que ce soit au Costa Rica ou aux Galápagos, des supposés réserves animalières sont en fait la proie de braconnages méthodiques pour alimenter une industrie florissante, celle qui alimente en ailerons de requins les restaurants branchés asiatiques ou les pharmacies ‘traditionnelles’, déjà coupables de l’extinction du Tigre. Les lois supposées autoriser la pêche vivrière des populations locales sont systématiquement détournées, avec la complicité des autorités locales alliées aux mafias chinoises. La méthode de ‘pêche’ consiste à laisser traîner des hameçons le long de lignes dérivantes qui peuvent faire plusieurs dizaines de kilomètres, et sur lesquelles viennent mourir toutes les espèces présentes dans la zone (requins, mais aussi tortues, phoques ou poissons de toutes sortes). Un gâchis considérable, puisque seuls les ailerons des requins sont récupérés pour être revendus à prix d’or.

SharkWater

Résultat, la population de requins est en chute constante et l’espèce est en voie de disparition, sans bénéficier d’une protection même théorique de la part des organismes internationaux.
Pourtant le requin, en tant que super prédateur des océans, est un maillon extrêmement important de l’équilibre écologique de la planète. En se nourrissant des poissons, il évite que ceux-ci prolifèrent trop et épuisent le stock de plancton indispensable à l’absorption du gaz carbonique par les océans. Eliminer les requins, c’est contribuer à l’augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère, et donc à accentuer encore plus le réchauffement climatique induit par une consommation effrénée des énergies fossiles.
Le principal poumon vert de la Terre, ce ne sont pas les forêts en régression constantes, mais d’abord et avant tout le phytoplancton maritime (les océans couvrent les 2/3 de la planète).
L’Homme, qui croit être devenu un dieu, ferait bien de s’en souvenir avant de vouloir jouer à la roulette russe avec un barillet plein.

Note : 8/10

Compléments :
> Le site français du film (Site en anglais).
> Le site de SharkAlliance.
> Les critiques de CommeAuCinéma, Excessif, ChronicArt, LePoint, LeMonde, LeFigaro, QuotidienDeMonaco, UniversNature, WWF.
> Sur les Blogs: ThroughMyEyes, SurLaRouteDuCinéma, ZéroDeConduite, cDurable, Surf4All.

27/04/2008

Chasseurs de Dragons d’Arthur Qwak et Guillaume Ivernel

Chasseurs de Dragons
Un Voyage vers l'Occident.

Coup de coeur du mois pour ce dessin animé franco-luxembourgeois qui revisite le thème des Dragons, de façon nettement plus intéressante que l’essai récent de Goro Miyazaki.

Dans un monde onirique, où les terres morcelées flottent au milieu du ciel, vivent des peuples médiévaux harcelés par des dragons aussi divers que variés. Pour les combattre, 4 jeunes héros partent au bout du monde en vue de le sauver. En chemin, ils apprendront à mieux se connaître et triompheront d’abord d’eux-mêmes.

Le thème est classique, c’est celui de la plupart des récits héroïques, mais il est particulièrement bien traité. La 3D se mélange plutôt harmonieusement avec les parties dessinées. Les personnages sont assez variés et originaux pour ne pas se croire dans un énième rabâchage du "Seigneur des Anneaux" ou de la Quête Arthurienne.
Outre les superbes décors aériens, proches de ceux de la série télévisée "Skyland", on trouve tout un univers assez diversifié associant des villages typiquement indonésiens, des temples-montagnes hindous, une belle muraille de Chine, ainsi que d’un château occidental moyenâgeux qui fait immédiatement penser à Laputa (le "Château dans le Ciel").

Dragon Hunters

Si les influences disneysiennes et miyazakienne sont évidentes, on retrouve aussi les plus anciens mythes asiatiques et bouddhistes. Le dragon (symbole du pouvoir) qu’il faut apprivoiser pour éviter le désordre du monde, est évidemment l’un d’entre eux, de même que l’idée d’un univers en éternel recommencement, la vie future se nourrissant de la mort du passé (Cf. les très belle fins de "Wolf’s Rain" ou de "Final Fantasy"), même si tout aspect trop violent est gommé, film tout public oblige.
Le voyage vers l’Ouest pour y trouver la connaissance est également un grand modèle scénaristique. Les personnages sont d’ailleurs assez proche du "Voyage en Occident", le drôle de chien (?) bleu remplaçant le dragon blanc, et le roi-singe emprisonné sous la montagne étant remplacé par une gamine orpheline tout aussi insupportable.

Le mélange est en tout cas magnifique, et permet une vision à plusieurs niveaux qui intéressera aussi bien les enfants que les adultes. Certains y ont même vu une histoire crypto-gay avec un couple de héros (dont l’un est le roi des aiguilles à tricoter) cherchant à installer leur couple dans la chaumière de leurs rêves. Les interprétations possibles sont donc très nombreuses.

Note : 9/10

Compléments :
> Le site du film.
> Le site perso de Guillaume Ivernel (voir Projects / Dragon Hunters).
> Les critiques de CommeAuCinéma, Excessif, àVoiràLire, SanchoAsia, FeatureAnimation.
> Sur les Blogs: CriticoBlog, ThePlaceToBe, Kapalsky, BoF, WeekEndsDon'tCount, PersistanceRétinienne, CritikCiné, LeCinéDeL'Eponge.

18/04/2008

Shakti Devi

ShaktiNaissance de 2 nouvelles Déesses.

L'Inde est un pays où les dieux sont toujours vivants, au moins dans l'esprit de la population.
Mais pas seulement, puisque coup sur coup viennent de se produire 2 naissances qui rappellent les personnages des mythes fondateurs.
Celà pose évidemment le problème des conditions sanitaires dans laquelle vit la population indienne (pollution chimique, radioactivité, ...).
Mais dans quel autre pays, une enfant serait-elle aussi bien acceptée et considérée comme une divinité ?

> Lakshmi, née fusionnée avec les restes de sa jumelle (Cf. LePost):



> Lali, née avec 2 visages (Cf. LePost):



Compléments :
> les Devis sur IndianRed et Ganapati.

17/04/2008

La Méditerranée des Phéniciens (Institut du Monde Arabe)

Méditerranée des PhéniciensBienfaits de la Mondialisation et Reconnaissance de l’Histoire.

Peuple finalement assez mystérieux, comme beaucoup de populations maritimes, les phéniciens ont eu une influence énorme et largement sous-estimée sur le monde occidental.
Alors que les traditions de l’époque étaient plutôt de massacrer joyeusement les occupants des terres convoitées, ils ont su s’implanter pacifiquement dans tout le bassin méditerranéen, disséminant via leurs ateliers et leurs bateaux les éléments essentiels à toute civilisation avancée.
Une preuve de plus que le commerce, malgré une uniformisation des goûts et des pratiques, et un puissant facteur de paix et de développement.

Ironiquement, l’utilisation de technologies avancées pour l’époque (l’écriture sur papyrus) fait qu’ils sont moins connus que les peuples arriérés gravant dans la pierre ou l’argile. Un problème qui se posera également pour les archéologues du futur, qui auront sans doute beaucoup de mal à décrypter les us et coutumes de notre époque si évanescente.
Leur assimilation des arts de tous les peuples avec lesquels ils commerçaient fait qu’ils n’ont pas vraiment d’identité culturelle propre. Leurs plus belles inventions (pourpre, alphabet) ont néanmoins marqué le monde d’une façon indélébile, à l’instar des commerçants asiatiques des routes des Epices (océan indien) ou de la Soie (Asie centrale) propagateurs du thé, des mathématiques, de l’astronomie, de l’imprimerie et du bouddhisme.

La Méditerranée des Phéniciens
L’expo de l’I.M.A. retrace particulièrement bien cet aspect cosmopolite, mélangeant pièces artisanales exceptionnelles et camelote de tous les jours, soulignant les influences croisées avec les autres civilisations (Egypte, Grèce, …), ainsi que les nombreux malentendus ou calomnies volontaires propagés jusqu’à nos jours. Les destructions de Tyr par Alexandre et de Carthage par les Romains, sont sans doute à l’origine des légendes sur les sacrifices d’enfants au dieu Baal. Il est tellement plus facile de faire la guerre à une population parée de tous les vices. Ce ne sont pas les libanais, descendants des anciens phéniciens, qui risquent de nous dire le contraire.

Seuls regrets: des textes explicatifs seulement en français (quand les musées français penseront-ils aux visiteurs non francophones ?) et placés souvent très bas, ce qui implique de se pencher ou s'accroupir pour les lire !

Compléments :
> Le site de l'I.M.A.et de Total.
> Photos de l'Expo sur L'Express, Flickr.
> L'expo sur le web: L'Express, RFI, ArtActu, AgoraVox, Roumi, Sablier, 42Faubourg, Matoo.