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18/08/2007

Still Life (Sanxia Haoren) de Jia Zhang Ke

Still LifeNature Morte ?, Une Vie Tranquille ?, Encore de la Vie ?

Encore un excellent film de la 6-ième génération de cinéastes chinois, commis par celui qui nous avait déjà gratifié du très bon "The World".

"Still Life" (le titre original est plutôt "Les braves Gens des 3 Gorges"), c’est la chronique douce-amère d’une Chine à la dérive, à travers le destin de 2 couples en crise essayant de reconstruire leurs vies, et de tous ceux qui gravitent autour d’eux.
Le site du Barrage des 3 Gorges renvoie à un pays où le passé est systématiquement détruit au nom d’idéologies successives opposées, et où l’aveuglement technocratique et le capitalisme sauvage finissent par mettre en pièce ce que la Révolution Culturelle n’avait pas réussi à supprimer totalement.
Destruction de la cellule familiale, exploitation et spoliation des plus pauvres, affairismes mafieux, retour à un esclavagisme des temps anciens, exode économique forment le quotidien des générations actuelles. Les relations humaines finissent par atteindre le degré zéro de la communication, malgré la généralisation des portables censés assurer le lien des hommes entre eux.

Billet de 10 YuanPourtant, l’espoir demeure parmi les exclus du système, grâce à la solidarité qui les unit dans l’adversité, matérialisée par des échanges de petits riens (une cigarette, un paquet de thé, un verre de vin, un bonbon "Lapin Blanc", …). C’est grâce à eux qu’ils arrivent à supporter leurs conditions déplorables, rêvant à un avenir meilleur, où l’équilibre de nouveau restauré entre le Ying et le Yang leur permettra de surmonter les obstacles et de retrouver une vie normale.

En plus d’images grandioses du YangTsé Kiang autour de Fengjie, une superbe bande son, où chansons passéistes et bruits quotidiens se mêlent harmonieusement pour évoquer une atmosphère à la fois dure et mélancolique.
Indispensable à voir pour tous ceux qui s’intéressent à la Chine d’aujourd’hui.

Note : 8/10

Compléments :
> Le site du film.
> Les critiques de CommeAuCinéma, SanchoAsia, Excessif, Fluctuat, FilmDeCulte, AVoirALire, Critikat, LaLibreBelgique, Aujourd'huiLaChine, CNBDI, LeWebPédagogique, CinéClubCaen.
> Sur les Blogs: CrticoBlog, CinqAnsEnChine, PibeSan, SurLaRouteDuCinéma, CaféGéo, PeauNeuve, TchinTchine, Wodka, Zvezdoliki.

16/08/2007

Chine du Sud: Notes de Voyage

Lotus Bleu, Péril Jaune, Étoile Rouge.

Un voyage en Chine est toujours l’occasion de confronter la réalité du terrain à une représentation fantasmée, issue du regard d’occidentaux pas toujours objectifs et d’une propagande communiste visant clairement à la désinformation.
Le tourisme y est une activité fortement encadrée, il n’est pas possible d’aller partout, mais malgré les clichés et les mensonges d’État, il n’est pas trop difficile de se faire une opinion raisonnée sur ce pays écartelé entre traditions et modernité.
A terme, l’introduction du ver capitaliste dans la grosse pomme rouge risque d’avoir le même effet qu’en URSS dans les années 80. A la vitesse où vont les choses, le rideau de bambou qui cloisonne encore une grande partie de la société chinoise ne devrait pas résister plus d’une dizaine d’années.

Guides:
Jeunes, inexpérimentés, parlant mal le français (et quelques fois mal l’anglais), peu cultivés, essayant de réciter par cœur des informations standardisées pas toujours exactes et souvent superficielles, ils sont néanmoins indispensables pour effectuer toutes les formalités administratives nécessaires sans perdre un temps trop précieux. Visiter un site en individuel n’est de toute façon pas dans la mentalité chinoise.

Cuisine:
Parfait pour faire un régime, sans se priver ! Diversifiée, restée proche des recettes traditionnelles, non chargée en additifs artificiels de toutes sortes, la cuisine chinoise des campagnes permet d’éviter le surpoids, tout en se faisant plaisir. Dans les villes, par contre, la malbouffe américaine commence à faire des ravages. Le nombre d’obèses est en augmentation constante. Dans un pays où la grosseur était signe de bonne santé, les maladies cardiovasculaires risquent de faire des dégâts importants.

Shopping:
La Chine est l’usine du Monde. C’est aussi le royaume de la contrefaçon. Résultat, difficile d’acheter quoi que ce soit sans risquer de se faire arnaquer. En général, en Europe, le prix de vente est égal à 2 ou 3 fois le prix d’achat. Donc, lors d’un marchandage, il suffit de partir d’un montant égal à la moitié ou au tiers du prix affiché, pour progresser vers un prix d’équilibre qui satisfasse les 2 parties. En Chine, les dés sont pipés dès le départ. J’ai vu des personnes acheter des objets 6 fois moins cher que le prix initial, et un guide nous a dit qu’on pouvait dans certains cas commencer au dixième de la valeur. Comment est-ce possible ? La réponse est simple. La majorité de ce qui est vendu ne correspond pas à la description qui en est faite. Marques contrefaites, antiquités fabriquées à la chaîne, copies pirates, etc., pratiquement tout est vendu comme étant authentique et de bonne qualité. Mais attention aux désillusions. Outre des passages en douane toujours risqués, des risques médicaux non négligeables, et de grosses déceptions financières, on peut être obligé de ressortir rapidement son portefeuille. Un de mes compagnons de voyage ayant acheté une nouvelle valise plus grande, s’est retrouvé fort dépourvu au bout de 2 jours, ayant perdu successivement ses roulettes, ses poignées, pour finir avec des parois déformées par les manipulations peu délicates des manutentionnaires. Les bonnes affaires coûtent souvent plus cher qu’on ne le croit.

Développement économique:
« Quand la Chine s’éveillera, le Monde tremblera » disait Napoléon. La prédiction s’est réalisée. Ces 10 dernières années, le pays a basculé dans un capitalisme débridé, ressemblant par bien des points à celui qui existait en Europe et aux États-Unis à la fin du 19-ième siècle. Puissance des grands conglomérats contrôlés par une petite oligarchie richissime, pas de droit de grève et de syndicats libres, répression des émeutes par l’armée, chasse aux idées démocratiques, libertaires et anti-impérialistes, rien ne manque à l’inventaire. On se croirait dans du Zola. Les plus malmenés sont comme toujours les paysans des régions pauvres, les habitants des régions industrielles sinistrées, les petits salaires, les vieux sans retraites, les migrants illégaux (sans passeport intérieur), les minorités ethniques. Les tensions s’accumulent entre Est et Ouest, riches et pauvres, privilégiés et laissés pour compte, purs chinois et minorités colonisées. Combien de temps la grenouille pourra-t-elle continuer à grossir sans éclater ?

Villes:
Du passé, faisons table rase ! Tel semble être le credo des responsables chinois, détruisant systématiquement les constructions anciennes pour implanter gratte-ciels, autoroutes et autres constructions modernes, fonctionnelles mais sans âme. La population, non indemnisée, n’a plus qu’à aller s’implanter un peu plus loin, et aller grossir les rangs des nouveaux pauvres, exclus de la croissance.

Patrimoine Culturel:
Pourquoi conserver des vieilleries ? Le chinois est pragmatique. Pour lui, ‘restaurer’ veut dire refaire à neuf. Tant pis pour le cachet d’une pièce ancienne. Reconstruction en béton de bâtiments anciens, peintures acryliques pour raviver les outrages du temps, rien n’est trop beau pour avoir de quoi satisfaire un tourisme de masse peu habitué aux subtilités des styles et des techniques anciennes. L’important est de pouvoir se faire tirer le portrait à côté de quelque chose de photogénique. Les quelques pièces historiques croupissent dans des vitrines poussiéreuses qui n’intéressent pas grand monde. Le communisme chinois, tourné vers un avenir forcément radieux, n’a que faire des reliques du Passé.

Drogue:
Le Yunnan n’est pas loin du Triangle d’Or. Ça se voit. Depuis l’ouverture de la région au tourisme, il y a une dizaine d’année, est apparue toute une faune analogue à celle qu’on rencontrait à Katmandou dans les années 70. Venu profiter du bon air des montagnes où poussent sans contraintes cannabis et pavot, ils ont profondément modelés l’offre touristique autochtone. Du coup, le confort n’est pas si mauvais pour un endroit aussi reculé, même si l’authenticité des habitants a beaucoup diminuée au profit d’une certaine folklorisation. Les touristes chinois adorent cette ambiance qui les change de ce qu’ils ont l’habitude de voir. Les policiers ne s’attaquent qu’aux gros trafiquants pour ne pas se mettre à dos les minorités locales. Pour le moment tout baigne. Jusqu’à la prochaine campagne "Frapper Fort" ?

Écologie:
Smog dans les villes, fleuves et lacs pollués, trafic automobile en hausse vertigineuse, la situation environnementale de la Chine se dégrade de jour en jour. L’incivisme chronique des chinois rend difficile toute tentative de réformes. Faudra-t-il une catastrophe écologique majeure avant qu’une petite partie des énormes profits commerciaux du pays soit réinvestie dans des industries plus propres et dans le nettoyage des nombreux sites pollués ?

Propreté:
Le cochon est un des animaux fétiche de la Chine. Symbole de prospérité, c’est aussi un composant essentiel de la nourriture quotidienne. Dans les campagnes, il vit à côté de ses propriétaires, mangeant ses déchets, jouant avec ses enfants, vaquant souvent en liberté avec les autres animaux de la maison. Pas étonnant dans ces conditions que se multiplient les épidémies contagieuses (grippe aviaire, SRAS, HIV, …). Comme en plus, il ne viendrait jamais à l’esprit d’un paysan chinois de se laver les mains régulièrement, de ne pas cracher partout, ou de ne pas fumer là où c’est interdit, il est évidemment difficile de mettre en place une politique sanitaire efficace. Quand aux WCs chinois, ceux qui ont eu l’occasion de les expérimenter savent combien il est difficile de ne pas être incommodé par les odeurs, la promiscuité, l’inconfort et le délabrement des installations, et combien il est important de ne pas oublier d’apporter son savon et son rouleau de papier, car il n’y en a généralement pas.

Minorités:
Théoriquement protégées par la Constitution, les minorités nationales sont en pratique réduites à un statut d’assistés, voyant leur échapper les postes de direction ou à forte expertise technique. Colonisés par les Hans, pur beurre, ils arrivent au mieux à conserver leurs spécificités dans des territoires peu autonomes du pouvoir central, et qui se rapprochent plutôt des réserves indiennes aux États-Unis. Au pire, ils sont culturellement en voie d’extinction, leurs langues et traditions n’étant plus pratiquées par un nombre suffisant d’individus (par exemple, seuls 15 personnes savent encore lire et écrire le dongba à l’heure actuelle).

Religion:
Les chinois ne sont pas religieux, mais ils sont superstitieux. Le communisme (surtout au moment de la Révolution Culturelle) avait pourtant tenté d’éradiquer l’Opium du Peuple. Peine perdue. La libéralisation de l’économie s’est accompagnée d’un renouveau impressionnant des pratiques cultuelles. Mais rien de spirituel là dedans. On se déplace surtout dans l’espérance de bonnes récoltes, dans l’espoir de réussir un examen ou d’avoir un fils destiné à perpétuer la lignée familiale. Outre l’autel des ancêtres, situé dans une des pièces de la maison, il existe de nombreux temples, œcuméniques, ‘restaurés’ ou reconstruits dans le style le plus kitch possible. Taoïsme, Confucianisme et Bouddhisme chinois se disputent l’essentiel du marché, fournis par de nombreux commerces proposant bâtonnets d’encens, statuettes votives ou breloques porte-bonheur. Chacun vient dans les temples comme dans une auberge espagnole, ressortant avec ses espoirs après des prosternations identiques quelque soit le lieu. De toutes façon, pas d’exclusives. Pour mettre toutes les chances de son côté, on ira prier de manière égale Confucius, Lao-Tseu, Bouddha, GuanYin, Jésus ou l’une des innombrables personnalités mythique ou divinisée que compte le panthéon chinois. L’efficacité avant tout.

Dalaï-Lama:
KalachakraSa photo est interdite partout. Il est considéré comme un dangereux terroriste, visant à séparer le Tibet de la "Mère Patrie". Mais c’est un personnage incontournable dans le cœur de tous les tibétains et des peuples pratiquant des religions apparentées au Bouddhisme. C’est grâce à lui qu’aucun attentat d’origine tibétaine ne se produit en Chine, alors que des bombes ouighoures y éclatent de temps en temps, posés par des islamistes formés en Afghanistan. On ne le voit pas, mais il est partout. Censé être la réincarnation du bodhisattva de la Compassion (Avalokiteshvara / GuanYin), il est présent à ce titre dans tous les temples, du plus petit au plus grand. La calligraphie du Kalachakra (enseignement dont il est le grand maître) fleurit un peu partout au Yunnan, sous forme d’autocollants apposés sur les vitres. Sa disparition entraînera une grande période d’incertitudes, et risque de sonner le glas de la politique pacifique des tibétains de l’intérieur. Il ne faut pas oublier que les nomades du Kham et de l’Amdo ont coopérés pendant des siècles avec leurs cousins mongols pour le contrôle des steppes asiatiques, et ont en commun la même épopée mythique, celle de Guésar de Ling, le héros qui reviendra restaurer la suprématie des nations tibéto-mongoles (rêve également caressé un temps par von Ungern-Sternberg). Le jour où les mongols s’éveilleront, la Chine tremblera...

02/08/2007

Chine du Sud: Yunnan

Mosaïques au Sud des Nuages

Perdu dans les profondeurs du sud-ouest de la Chine et resté jusqu’ici à l’écart du développement du reste du pays, le Yunnan est une région où une vingtaine d’ethnies composent une population bigarrée au rythme de vie pluriséculaire. Dans ces paysages magiques entre montagnes et rizières, l’on trouve des populations venues de contrées lointaines, dont certaines ont disparu depuis plus de 1500 ans. Sur cette terre qui fut sauvage, les minorités ont bâti un véritable havre de paix. Ce voyage est l'occasion, dans le cadre exceptionnel de succession de vallées et de rizières en terrasses, de découvrir des villages à l’architecture intemporelle et d’aimables populations aux traditions millénaires encore vivantes comme la société matriarcale des Mosuo (Intermèdes).



Quelques informations complémentaires ci-dessous.

Bibliographie:
. "La Chine des Chinois" de Catherine Bourzat (Ed. Liana Levi - Seuil, collection "L'autre Guide")
. "Chine du Sud-Ouest": Guide Bleu Hachette 2007.
. "Chine du Sud, la mosaïque des minorités" de F. Grenot-Wang (Editions Les Indes Savantes 2005).
. "Une société sans père, ni mère, les Na de Chine" de Cai Hua (Presses Universitaires de France 1998).
. "La migration, légende de la génèse des Naxis" de He Zhiwu (Editions You Feng 1998).
. "Mr le Consul + Le Fils du Consul" de Lucien Bodard (Grasset).

Cinématographie:
. DVD "Le Dessous des Cartes: De l'Unité de la Chine ?": série d'émissions de Jean-Christophe Victor, diffusées sur ARTE.
. "La Chine des rivières célestes" (2006): documentaire de Peter Weinert diffusé en 2006 sur ARTE.
. "Terres d'Ailleurs: les Naxi du Yunnan" (1998): documentaire de Alain Bourrillon et Hao Jian diffusé en 2006 sur ARTE.
. "Les Naxis" (2006): série de 2 documentaires diffusée en 2006 sur ARTE.
. "Delamu" (2004): documentaire chinois de Tian Zhuangzhuang.
. "Les 5 Fleurs d'Or (Five Golden Flowers)" (1959): film chinois de Wang Jiayi.
. "The Bird People in China" (1998): film japonais de Takashi Miike.
. "Au sud des nuages (Yun de nan fang)" (2003): film chinois de Zhu Wen.
. "Jade Goddess of Mercy" (2004): film policier de Ann Hui (HongKong).
. "Le Dernier Voyage du Juge Feng" (2007): film chinois de Liu Jie.

Infos - Web:
. Sur "Wikipepia".
. "Office du Tourisme du Yunnan".
. Dossier "Le Yunnan, aux marches du Tibet" sur Chine-Informations.com.
. Office du Tourisme Chinois au Canada (en français).
. "Voyage au Yunnan": site d'information sur la Chine et le Yunnan (très belles cartes et images satellites).
. "Le Routard": informations pratiques et photos.
. Dossier Minorités Nationales Chinoises sur le site de "l'Université Canadienne de Laval"
. Chez "Clio": dossier culturel sur la Chine.

Photoramas:
. "In the footsteps of Joseph Rock": blog sur les traces du fameux explorateur américain Joseph Rock.
. "Voyage Yunnan": guide de voyage au Yunnan.
. "Margot Grimal": photos de voyages en 2006.
. "LeiLi en Chine": photos de voyage.
. "Carnet de Voyage Yunnan": photos de voyage en septembre 2002.
. "Yunnan: au Sud des nuages": photos de voyage en août 1997.
. "Voyage au Yunnan": photos de voyage au Yunnan (2003 ?).

20/03/2007

La Cité Interdite (Curse of the Golden Flower)

Curse of the Golden Flower"Or et Jade à l'Extérieur, Pourriture et Décadence à l'Intérieur".

Zhang Yimou a été un réalisateur talentueux. "Le Sorgho Rouge", "Judou", "Epouses et Concubines", "Qiu Ju, Une Femme Chinoise", "Vivre", "Pas un de Moins", "Happy Times" ont été une belle suite de petits chefs d’œuvre, admirés à juste titre et souvent récompensés dans les festivals internationaux.
Cela ne devait pas lui suffire, car en plus de l’organisation des spectacles des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, vaste opération de propagande pro-communiste, il accumule depuis les films à gros budget formatés pour le plus grand nombre, et invariablement voués à la glorification du pouvoir central.

"Hero" justifiait les massacres opérés par le premier empereur au motif qu’il avait unifié la Chine [1]. "Le Secret des Poignards Volants" montrait l’impossibilité pour 2 individus de s’opposer au système, et la prééminence absolue du chef sur ses subordonnés. "Curse of the Golden Flower" (fastueusement produit par le japonais Sony [2]) continue cette série en consacrant la dictature du chef, seule et unique loi à observer par le commun des mortels. Liens familiaux, rites et lois, respect de la personne humaine et de la parole donnée, ne pèsent rien face à l’arbitraire de celui qui détient le pouvoir absolu, même s'il sacrifie l'avenir à la satisfaction de son Ego.

La Cité InterditeDans le contexte chinois moderne, c’est la justification de toutes les purges ayant décimé les opposants au régime, les élites intellectuelles mal-pensantes, les étudiants et paysans rêvant d’un avenir meilleur. Le massacre de la cour du palais renvoie à celui de la place TianAnMen en 1989, tout aussi rapidement nettoyée pour conforter le mythe d’une Chine une et indivisible.
Le film plaira peut-être à de nombreux occidentaux sans références culturelles chinoises, du moins s’ils ne sont pas écoeurés par la profusion de décors et de costumes très kitch, et l’aspect assez creux et répétitif du scénario (je crains quelqu’un, donc je l’élimine).
Seuls points positifs, l’aspect esthétique du film (l’argent investi est bien visible à l’écran) et la qualité des acteurs, qu’on préférait pourtant voir dans des films plus ambitieux.
Tant qu’à voir un film de ce genre, mieux vaut lui préférer "Wu Ji, la Légende des Cavaliers du Vent" (Chen Kaige), descendu par la critique et de nombreux spectateurs, mais qui prenait parti pour les sans-grades opprimés, notamment un esclave orphelin venu du 'Pays des Neiges', référence transparente au Tibet sous la botte chinoise.

[1] Sur le même thème, il vaut mieux voir "L’Empereur et l’Assassin" de Chen Kaige, nettement plus critique sur la vie de Qin Shi Huang.
[2] Dans ces cas là, le Yen n’a pas d’odeur et on oublie facilement les exactions de la 2-ième Guerre Mondiale, pourtant régulièrement remises en avant.

Note: 5/10

Compléments :
> Le site du film.
> Les critiques sur "CommeAuCinema", "LeMonde", "NouvelObs", "Figaroscope", "Telerama", "Excessif", "FilmDeCulte", "Fluctuat", "AVoirALire", "DvdCritiques", "SanchoAsia", "Cinemasie".
> Sur les Blogs: "OrientExtreme", "PibeSan", "ChinaCinema", "Shangols", "SurLaRouteDuCinema", "GrandesPoches", "Racines", "DérapagesSynaptiques", "TourDuMonde 2006 2007".

03/03/2007

Africa Paradis

Africa ParadisDes Charters vers Roissy.

"Les Fils de l’Homme" décrivait une Europe de 2027 en pleine déchéance, plombée par la dénatalité, les divisions ethniques, l’épuisement des ressources, les pénuries quotidiennes, la décroissance économique.
"Africa Paradis" reprend en partie ce même thème, et imagine l’Afrique de 2033.
Forte de ses ressources naturelles et humaines, elle a réussi à s’unir et forme désormais les Etats-Unis d’Afrique, une fédération riche et prospère. Conséquence, les immigrés européens affluent, pour effectuer les petits boulots que les africains ne veulent plus faire. Mais si les plus progressistes d’entre eux ne voient pas d’obstacles à une immigration raisonnable, certains politiciens extrémistes agitent des thèmes xénophobes et racistes pour mieux assurer leur élection (toute ressemblance avec des situations actuelles n’est évidemment pas une coïncidence).

Le film suit le destin d’un couple de français blancs, formé d’un informaticien et d’une institutrice, dont la demande de visa a été refusée et qui tente de s’installer clandestinement dans le pays. Exploitation des sans papiers, contrôles policiers au faciès, comportements racistes prennent alors une résonance particulière.
Bien que forçant fortement le trait de la caricature, le scénario évite les clichés et l’inversion des rôles permet une dénonciation efficace de tout ce qu’on a récemment vu dans "Dans la Peau d’un Noir".
Le seul défaut de ce film est lié aux faibles moyens à la disposition du réalisateur. Le plus évident en est les scènes de foules effectuées avec seulement une vingtaine de figurants. Heureusement, ayant bénéficié du soutien de nombreuses personnalités africaines et antillaises, il aligne un bon nombre d’excellents acteurs 'blacks'. Par contre, les acteurs blancs, tous inconnus, font à côté bien pâle figure.

Les Etats Unis d'AfriqueLe gros problème de ce film est également d’être la victime du racisme ordinaire qu’il dénonce. Refusé par tous les distributeurs français, prétextant une trop faible audience probable (qui irait voir un film de 'nègres' anti-racistes ?), il n’est sorti ou prévu que dans 5 salles en France, fait l’objet d’un gros black-out de la presse cinématographique, ne bénéficie d'aucun soutien des 'professionnels de la profession', et risque de ne pas rester longtemps à l’affiche.
Je ne peux donc que vous conseiller d’aller le voir de toute urgence.

Note: 7/10

Les salles qui s’honorent à le passer :
> Images d’Ailleurs (Paris).
> Espace Saint-Michel (Paris).
> Le Royal (Montpellier).
> Rive Gauche (Perpignan) du 14 au 27 mars.
> Le Palace (Cherbourg Equeurdreville) du 21 au 27 mars.

Compléments :
> Le site du film.
> Les critiques sur "Afrik", "Vidome", "Grioo", "CommeAuCinema", "Telerama", "LeFigaro", "AvoirAlire".