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14/06/2008

Chemins d’Orient (Espace des Arts Mitsukoshi)

Chemins d’OrientVoyages Picturaux le Long de la Route de la Soie.

De 1992 à 2001, les magasins Mitsukoshi nous avaient régalés avec la crème de la crème des artistes japonais (notamment de nombreux "Trésors Nationaux Vivants"). Puis, leur espace d’exposition parisien s’était mis en hibernation, au point qu’on pouvait craindre une fermeture définitive.
Mais, non. Reprise en 2006, la programmation semble redevenir régulière avec 2 expos par an, sur des périodes malheureusement un peu courtes.

En ce moment, nous avons la chance de pouvoir découvrir une rétrospective de HIRAYAMA Ikuo, peintre traditionnel japonais [*] au parcours un peu hors du commun.
Irradié à Hiroshima, premier bénéficiaire d’une bourse de l’Unesco pour étudier en Europe, ayant multiplié les voyages dans tous les pays de la Route de la Soie, il promeut l’universalité de l’Art et la nécessité de l'Echange et de la Mémoire. Il fait d'ailleurs partie des personnalités qui oeuvrent sans relâche pour la préservation du patrimoine culturel mondial.

Vision de la Terre Pure de l’Ouest (Hôkai-ji, Hino)

La sélection de ses œuvres présentées à l’espace Mitsukoshi-Etoile est assez représentative de son style et de sa carrière (Route de la Soie, peintures bouddhistes, scènes traditionnelles japonaises), malgré un échantillon nécessairement réduit par la taille des salles d’exposition.
Seuls regrets : que les grands tableaux soient un peu à l’étroit (manque de recul), et que le sens logique d’accrochage ne soit pas toujours respecté. Il est dommage par exemple que le but des caravanes allant de l’Est vers l’Ouest soit une représentation de Kyoto, alors que l’exposition du "Hirayama Ikuo Silk Road Museum" y met la toile du Forum Romain.

Malgré tout, l’ensemble est superbe, et indispensable pour tout amateur parisien d’Art japonais.

[*] Nihon-ga : peinture effectuée avec des poudres minérales extrêmement diluées dans un liant organique (colle). On multiplie les couches (parfois une centaine) pour donner de l'opacité et de la nuance.

Compléments :
> L'expo sur le site de l'Espace des Arts Mitsukoshi.
> Le site de l'Expo.
> D'autres tableaux de Hirayama Ikuo sur Galery-Sakura.
> L'expo sur le web: Artscape, Dandylan, ArtMichiko, Asia-Tik.

04/06/2008

Dharamsala, par Florence Joli

Fillette à la bougie d'Olivier FollmiHommage à Tenzin.

Un dernier regard en arrière,
Tu t’inclines devant ta mère,
Tu pars au-delà des frontières, éphémères,
Tout notre espoir est en toi,
Ici, on te volera ta foi,
En secret, nous prierons pour toi, va !

Petit Bouddha, tu marches vers Dharamsala,
Petit Bouddha, c’est just’après l’Himalaya.

Ne nous demande pas pourquoi
Cette terre n’est plus à toi.
Qui a raison, qui a le droit, sur toi !
La réponse est peut-être là,
Au-delà du vent et du froid,
On te l’enseignera là-bas ; alors, va !

Petit Bouddha, tu marches vers Dharamsala
Petit Bouddha, c’est just’après l’Himalaya.

Des larmes dans tes yeux d’enfant,
Tu te retournes, et droit devant,
Marche vers le soleil couchant ; va-t-en !

Petit Bouddha, tu rentreras un jour chez toi
Petit Bouddha, c’est just’avant l’Himalaya...




(Merci à Tibet-Info).

Sinon, aujourd'hui c'est le 19-ième anniversaire des massacres de Tian Anmen. Malgré la campagne un peu restreinte de RSF, et la campagne de désinformation des maoïstes français, il est nécessaire de se rappeler qu'il n'y a pas que les tibétains qui sont victimes du régime communiste chinois et de ses alliés occidentaux toujours prompts à faire du business. N'oublions donc pas les démocrates, syndicalistes et étudiants chinois, les ouighours, mongols et autres minorités ethniques, les homosexuels, les chiens errants, etc. qui ont payé un lourd tribu ces derniers temps pour ces JO du 3-ième Reich millénaire (Voir par exemple la liste du Collectif Chine-JO 2008).

Compléments :
> Photo de Tenzin (DR) chez François-Xavier Prévot.
> Photos d'Olivier Föllmi.
> Tibet-Info (Nangpa La)
> Bulletin Info-Himalaya oct.2006
> "La Fuite à travers l'Himalaya" de Maria Blumencron (Glénat Editions).

31/05/2008

La Divinité de l'Homme

Brahma

Une vieille légende hindoue raconte qu'il y fut un temps où tous les hommes étaient des dieux.
Comme ils abusèrent de ce pouvoir, Brahma, le maître des dieux, décida de le leur retirer et de le cacher dans un endroit où il leur serait impossible de le retrouver. Oui, mais où ?
Brahma convoqua en conseil les dieux mineurs pour résoudre ce problème.
- Enterrons la divinité de l'homme, proposèrent-ils.
Mais Brahma répondit :
- Cela ne suffit pas, car l'homme creusera et trouvera.
Les Dieux répliquèrent :
- Dans ce cas, cachons-la tout au fond des océans.
Mais Brahma répondit :
- Non, car tôt ou tard l'homme explorera les profondeurs de l'océan. Il finira par la trouver et la remontera à la surface.
Alors, les dieux dirent :
- Nous ne savons pas où la cacher, car il ne semble pas exister sur terre ou sous la mer d'endroit que l'homme ne puisse atteindre un jour.
Mais Brahma répondit :
- Voici ce que nous ferons de la divinité de l'homme : nous la cacherons au plus profond de lui-même, car c'est le seul endroit où il ne pensera jamais à chercher.
Et depuis ce temps-là, conclut la légende, l'homme explore, escalade, plonge et creuse, à la recherche de quelque chose qui se trouve en lui.

Cité dans "Fous de l'Inde : Délires d'Occidentaux et sentiment océanique" de Régis Airault (Editions Payot 2000).

17/05/2008

Des Temps et des Vents (Beş Vakit) de Reha Erdem

Des Temps et des VentsSymphonie Pastorale.

5 temps dans la journée (ceux des appels à la prière) se conjuguent avec 5 grand moments de la vie (naissance, enfance, travail, maladie, mort) dans un petit village rural à l’écart de l’agitation du monde moderne.

On pense au "Printemps, Eté, Automne, Hiver, … et Printemps" de Kim Ki-Duk qui revisitait lui aussi de façon symbolique et rurale l’existence humaine. Mais il y aussi du Giono dans la façon de vivre de ces paysans, durs à la tâche, et perpétuant les traditions rurales, patriarcales, religieuses et communautaires (école, familles, mosquée, assemblée du village, …), tout autant que les inégalités ancestrales (le patriarche et ses enfants, l’orphelin, les femmes et leurs maris, …)

L’endroit est un petit paradis perdu, clos et isolé des influences extérieures. On n’y voit aucun étranger perturbateur. Mêmes les oiseaux y sont étrangement absents, à l’exception d’un seul représentant vite abattu par un chasseur. Mais le ver est déjà dans le fruit : hommes éprouvant du désir pour une autre femme que la leur, gamins désireux de tuer le père (au sens propre comme au sens figuré), rivalités entre frères, ... Seuls les animaux sont innocents, pratiquant leurs ébats sans aucune des arrières pensées humaines.
Le temps est à l’image des sentiments de certains des protagonistes, orageux et agité lors des périodes de maladie, de haine et de conflits, plus apaisé lorsque la mort ou les naissances permettent une délivrance.
La brume dans les collines finit par remplacer le souffle du vent qui annonçait l’orage. Est-ce le début d’une réconciliation entre les êtres, ou seulement l’ouverture d’un passage vers le monde extérieur, qui envahit cette société pastorale et la transforme à jamais ?

Les images sont superbes, puissamment soulignées par une musique en harmonie avec le propos. En bref, un film qui mérite les nombreux prix récoltés dans les festivals auxquels il a participé. Pour une fois, le terme de chef d’œuvre utilisé dans la bande annonce n’est pas usurpé.

Note : 9/10

Compléments :
> Le site français du film (Site en anglais).
> Les critiques de CommeAuCinéma, LeMonde, Excessif, AVoirALire.
> Sur les Blogs: CriticoBlog, IleDéracinée, Wodka, VoisinBlogueur, ImagesDuMonde.

03/05/2008

Les Seigneurs de la Mer (SharkWater) de Rob Stewart

Les Seigneurs de la MerLes Dents de l'Amer.

Faire un film écologique, ce n’est pas seulement filmer de gentils animaux photogéniques en déplorant qu’on ne puisse bientôt plus les voir que dans les zoos. C’est aussi, comme l’avait brillamment montré Al Gore, mettre en évidence un certain nombre de faits incontestables et d’en tirer les conclusions qui s’imposent, à partir des lois régissant notre environnement naturel.

C’est ce que fait Rob Stewart, canadien passionné par les requins et révolté par les massacres de masse qui déciment le milieu marin.
L’essentiel du film est consacré d’une part à des rappels sur le rôle écologique essentiel du Requin (organisme si parfait qu’il n’a pas eu besoin d’évoluer ces 100 derniers millions d’années pour s’adapter aux nouvelles conditions de vie sur Terre, fatales à tant d’espèces) et la peur injustifiée qu’il inspire. D‘autre part à une campagne de protection assez mouvementée du navire "Ocean Warrior", menée par Paul Watson et son ONG "Sea Shepherd".

Que ce soit au Costa Rica ou aux Galápagos, des supposés réserves animalières sont en fait la proie de braconnages méthodiques pour alimenter une industrie florissante, celle qui alimente en ailerons de requins les restaurants branchés asiatiques ou les pharmacies ‘traditionnelles’, déjà coupables de l’extinction du Tigre. Les lois supposées autoriser la pêche vivrière des populations locales sont systématiquement détournées, avec la complicité des autorités locales alliées aux mafias chinoises. La méthode de ‘pêche’ consiste à laisser traîner des hameçons le long de lignes dérivantes qui peuvent faire plusieurs dizaines de kilomètres, et sur lesquelles viennent mourir toutes les espèces présentes dans la zone (requins, mais aussi tortues, phoques ou poissons de toutes sortes). Un gâchis considérable, puisque seuls les ailerons des requins sont récupérés pour être revendus à prix d’or.

SharkWater

Résultat, la population de requins est en chute constante et l’espèce est en voie de disparition, sans bénéficier d’une protection même théorique de la part des organismes internationaux.
Pourtant le requin, en tant que super prédateur des océans, est un maillon extrêmement important de l’équilibre écologique de la planète. En se nourrissant des poissons, il évite que ceux-ci prolifèrent trop et épuisent le stock de plancton indispensable à l’absorption du gaz carbonique par les océans. Eliminer les requins, c’est contribuer à l’augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère, et donc à accentuer encore plus le réchauffement climatique induit par une consommation effrénée des énergies fossiles.
Le principal poumon vert de la Terre, ce ne sont pas les forêts en régression constantes, mais d’abord et avant tout le phytoplancton maritime (les océans couvrent les 2/3 de la planète).
L’Homme, qui croit être devenu un dieu, ferait bien de s’en souvenir avant de vouloir jouer à la roulette russe avec un barillet plein.

Note : 8/10

Compléments :
> Le site français du film (Site en anglais).
> Le site de SharkAlliance.
> Les critiques de CommeAuCinéma, Excessif, ChronicArt, LePoint, LeMonde, LeFigaro, QuotidienDeMonaco, UniversNature, WWF.
> Sur les Blogs: ThroughMyEyes, SurLaRouteDuCinéma, ZéroDeConduite, cDurable, Surf4All.