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28/09/2007

Anorexie: Isabelle Caro pour No-l-ita

No-l-itaPlus jamais ça ?

Avant d’aller voir "99 Francs" et sa mise en cause de l’univers décervelant de la pub, petit retour sur une campagne de pub lancée dernièrement en Italie.

Oliviero Toscani est célèbre pour ses photos-choc utilisées pour faire connaître la marque Benetton. Sa dernière création concerne une campagne contre l’anorexie organisée pour la marque de vêtements italienne No-l-ita.

Isabelle Caro est une comédienne française de 27 ans, anorexique depuis l’âge de 13 ans. Au moment de la photo, elle pesait 32 kilos pour 1m69. Au vu de ses nombreuses photos, on se demande comment elle est arrivée à survivre jusque là.

Ces photos font plus penser à celles des rescapés de camps nazis, qu’à des actrices/modèles chargées de véhiculer une image glamour auprès du grand public.
Malgré tout, les ‘professionnels de la profession’ semblent vouloir continuer à imposer l’utilisation de jeunes femmes décharnées, sur-maquillées.
Dans la mode, seuls quelques pays (Italie, Espagne) commencent à prendre des mesures pour interdire les personnes trop jeunes ou ayant un indice de masse corporel (IMC) trop faible.
Dans le cinéma et la pub, tout le monde fait le gros dos en espérant ne pas être montré du doigt.
En France, non seulement personne ne bouge, mais le BVP (Bureau de Vérification de la Publicité) vient d’interdire les photos, sous prétexte de ne pas choquer le public (qui n’a pas eu son mot à dire).
Voir à la télé les habitants du Darfour crever à petits feux, ça va. Mais risquer de faire manquer une vente à un fabriquant de fringues ou de yaourts, pas de ça chez nous.

L’hypocrisie continuera à régner dans le milieu de la mode/pub/cinéma, à moins que le public ne se manifeste massivement contre. Vu l’égoïsme et l’indifférence régnant dans notre société, ce n’est pas gagné. Comme pour les pieds bandés ou l’excision, il est probable que la solution ne pourra venir que de mesures coercitives.

Compléments :
> Les photos sur No-l-ita.
> Les blogs d'Isabelle Caro sur Vox, Casting, Blogspot, Mongenie, ...
> L'info vue par 20Minutes, Rue89, LeJdd, LeNouvelObs, LaTribune, LaLibreBe, Matinternet.
> Sur les blogs: AuFeminin, LesPetitesGuimauves, FredNetick, Caramelle2, BlogDucon.

22/09/2007

La Vengeance dans la Peau (The Bourne Ultimatum) de Paul Greengrass

La Vengeance dans la PeauJason, Médée et les Dents des Dragons Orientaux.

Un bon film efficace, à défaut d’être facile à suivre si on n’a pas vu les opus précédents et si on est sujet au mal de mer. Il vaut mieux ne pas être trop près de l’écran pour ne pas subir négativement les tremblements de caméra et les images parfois floues.

Néanmoins, au delà d’une relecture moderne du film d’espionnage et d’un enterrement du super-espion play-boy (style 007, MI, xXx, etc.), c’est une série de films qui est plutôt intéressante dans ce qu’elle révèle du subconscient collectif américain, ses angoisses, ses fantasmes sécuritaires.
Jason, c’est le héros qui a conquit la Toison d’Or en Asie Mineure, après s’être allié à la magicienne Médée. Il s’empare de ce trésor après avoir tué les soldats nés des dents du dragon de Cadmos. Mais il finit par se suicider, après que Médée ait tué leurs propres enfants, Jason l’ayant délaissée pour la fille du roi de Corinthe. Faut-il y voir une parabole sur la CIA, puissante mais intransigeante, et qui élimine si facilement les siens (Valérie Plame, par exemple) au moindre dépit lié à sa jalousie maladive ?
En tout cas, Bourne (re-Born ?) c’est cet américain moyen (né dans le Montana) près à tout pour son pays, et qui épouse un monstre déshumanisé, sans se rendre compte qu’il se marie essentiellement pour le pire.

Bizarrement, sur les affiches françaises, ce libellé "Ne Rien Oublier, Ne Rien Pardonner". C’est assez paradoxal de vouloir résumer le récit à cette formule lapidaire, car le parcours de Jason est au contraire de se remémorer ses souvenirs (l’oubli s’est déjà produit), de connaître toute la Vérité, et de pardonner à ses poursuivants aussi ignorants que lui des raisons qui les animent. Le but ultime est de faire triompher la Justice, de faire condamner les faiseurs d’illusions, d’affirmer l’importance du libre-arbitre, de la nécessité de pouvoir décider en toute connaissance de cause, sans se laisser aveugler par de fausses informations élaborées par d’autres.

Bourne UltimatumIl affirme l’importance de l’individu dans la société américaine, et la nécessité d’un contrôle démocratique, à l’opposé des dérives actuelles des services secrets vers un modèle totalitaire, au service d’une oligarchie militaro-industrielle, et où la presse ne peut plus jouer son rôle. Mais il continue paradoxalement à célébrer l’illusion d’une toute puissance technologique qui permettrait en espionnant tout le monde en permanence (téléphones, réseaux informatiques, video-surveillance, …) de repérer et d’identifier toute menace potentielle à la sécurité des Etats-Unis. L’échec de la traque de nombreux terroristes montre pourtant qu’il n’en est rien, et que là aussi, le "Facteur Humain" (Graham Greene, 1978) est et restera toujours un composant indispensable.

Note : 7/10

Compléments :
> Le site du film.
> Les critiques de CommeAuCinéma, Telerama, Excessif, FilmDeCulte, Fluctuat, iMedias, KrinEin, DvdCritiques, CriticoBlog, SebInParis.
> le script revu et corrigé (à ne pas lire avant de voir le film).

20/09/2007

Le Pensionnat (Dek Hor) de Songyos Sugmakanan

Le PensionnatSamsara Thaï.

Les films thaïs sont assez peu nombreux à parvenir jusqu’en France. Raison de plus pour aller voir ce très bon film de fantômes, qui commence comme un film d’ados tendance nostalgique, style "La Guerre des Boutons" ou "Les Choristes", pour finir plutôt dans la lignée de "6-ième Sens" ou de "My Left Eye Sees Ghosts".

En évitant les excès violents de "Memento Mori", de "l’Échine du Diable" ou de "Harry Potter", il pose surtout le problème de l'intégration de l’individu dans la Société et de sa rédemption. Le fantôme est un reflet du héros, qui éprouve les mêmes difficultés à communiquer avec son entourage. Il n’est pas un ‘esprit affamé’ cherchant à exister aux dépends des vivants comme dans "Ring", "Histoires de Fantômes Chinois" ou "The Eye", mais un esprit coincé dans un monde parallèle au nôtre, et qui attend avec résignation la fin de sa ‘vie’ et sa future réincarnation. Victime d’une mort violente, et sans doute d’un mauvais karma, il occupe ce qu'un chrétien appellerait un ‘purgatoire’. Il est condamné à revivre les événements qui l’y ont conduit, cherchant à s’améliorer pour accroître ses chances d’accéder à un monde meilleur.

La Roue de la VieDe même le jeune garçon, puni pour avoir interféré avec le monde des adultes, est contraint d’apprendre à vivre avec les autres, et à pardonner à ceux qui lui ont fait du tort. Le pensionnat est un monde inconnu et sans âge, mêlant traditions et modernité (télé, jeux vidéo), dans lequel il faut marquer son territoire, tisser des liens, pour finir par sortir de son cocon et renaître à la Vie.

Bref, un sympathique récit initiatique, avec en plus le charme de la Thaïlande d’il y a 20ans, et de savoureuses références aux comédies fantômatiques de Hong-Kong (via des extraits de "Mr Vampire").

Note : 8/10

Compléments :
> Le site du film.
> Les critiques de SanchoAsia, CommeAuCinéma, Telerama, Excessif, CriticoBlog, KrinEin.
> Dans le même genre, voir aussi : "Les Ailes Grises" (japanime).

15/09/2007

PlanetES (ΠΛΑΝΗΤΕΣ) de Goro Taniguchi

PlanetESEarth Shine, Clair de Terre sur les éboueurs de l'Espace.

Récemment "Sunshine" avait séduit par une bande annonce prometteuse, puis consterné par un scénario stéréotypé faisant évoluer un ‘psycho-killer’ stupide dans un environnement peu crédible (et ça n’était malheureusement pas une parodie). Pour retrouver une ambiance plus réaliste et une histoire qui ne prenne pas les spectateurs pour des demeurés, il faut une fois de plus se tourner vers le dessin animé japonais.

"Planètes" est une série de 26 épisodes qui se situe dans un futur pas très lointain (2075), quand le besoin de ressources énergétiques et minérales nouvelles a nécessité l’établissement de bases lunaires permanentes, et que l’exigence de rapidité des vols transcontinentaux a conduit à la mise en place de lignes extra-atmosphériques. Comme d’habitude, l’activité humaine s’est accompagnée de l’abandon de nombreux déchets, causes possibles d’accidents en tout genre.
D’où l’obligation pour les multinationales autorisées à opérer en orbite, de nettoyer à leurs frais le secteur qu’elles exploitent.
En suivant les membres d’une des équipes de nettoyage, au niveau zéro de la considération dans l’échelle de ces entreprises, on découvre avec beaucoup d’intérêt le quotidien d’un cosmonaute lambda, loin des poncifs grandiloquents qu’ils peuvent avoir dans l’esprit du grand public. A la base de réalisations grandioses, se pose en effet la question des motivations de chacun des éléments de base. Quel but fixe-t-on à sa vie ? Jusqu’où est-on près à aller pour matérialiser ses rêves ? Que faire quand les objectifs de son entreprise entrent en conflit avec les grands principes auxquels on est attaché, ou la survie de ses camarades de travail ?

Là où les studios américains auraient simplifié le scénario à l’extrême, et multiplié les actions héroïques, les japonais s’attachent à détailler toutes les implications d’une vie de l’Homme dans le milieu spatial. Outre les problèmes techniques, humains, écologiques, les scénaristes n’oublient pas de soulever les enjeux politiques, économiques, stratégiques, militaires, les risques terroristes et médicaux, liés à une présence permanente. L’Espace doit-il être réservé à une minorité qui a les moyens d’y aller, ou doit-il profiter à l’Humanité toute entière ? La question n’est pas nouvelle, mais se posera avec encore plus d’acuité lorsque la Lune sera devenue un nouveau continent de la Terre.

Planètes
Un des points fort de la série est également son hyper réalisme scientifique, proche de la SF américaine des années 60 (Arthur C.Clarke ou Isaac Asimov). Le moindre petit détail technique est rigoureusement conforme aux réalités actuelles ou prévisibles dans les années à venir. L’aspect multi-national et pluri-ethnique n’est pas non plus oublié, ce qui nous change des équipages trop souvent décalqués de ceux de la NASA.

Au total, cette série se révèle passionnante de bout en bout, alliant une réalisation très réussie au traitement intelligent de thèmes des plus modernes. Elle plaira aussi bien au fan de hard-science, qu’à l’écologiste alter-mondialiste préoccupé du futur de la Terre.
A visionner impérativement.

Note : 9/10

Compléments :
> Les critiques de NautilusAnime, CinéAsie, KrinEin, DeVilDead, DvdRama, DvdCritiques, DvdAnime, AnimeKun, Animeka, GeneWorld, JapanBar, TaniguchiGoro, DvdCritiques.

30/08/2007

Lorelei de Shinji Higuchi

Lorelei, la Sorcière du PacifiqueLes Fausses Notes de la Sirène du Pacifique.

Le cinéma japonais grand public, à l’exception notable des dessins animés, est en crise depuis plusieurs années et rien ne semble devoir l’en sortir. Quelques films obtiennent pourtant de temps en temps un important succès auprès du public local, comme "Lorelei" en 2005.
Se déroulant à un point clé de l’Histoire contemporaine nipponne (les bombardements nucléaires de la fin de la Seconde Guerre Mondiale), il partait à priori avec de bons atouts. Production à gros budget, réalisée par un ancien de "Neon Genesis Evangelion", casting intéressant (dont Koji Yakusho l'acteur fétiche de Kiyoshi Kurosawa), trucages réalisé par Skywalker Sound.

A l’arrivée, le résultat est assez mitigé.
Si le récit évite le manichéisme, et présente dans chaque camp des individus aux motivations contrastées, il n’évite pas certains écueils rédhibitoires.

Du côté japonais, le plus développé, on trouve notamment un équipage de loosers, conduit par un capitaine ayant refusé d’effectuer des missions suicide, des mutins rescapés des armées ‘oubliées’ dans les jungles du sud-est asiatique, un état-major va-t-en guerre explicitement accusé de lâcheté, une métisse judéo-nippone rescapée des camps de la mort et objet d’expériences parapsychiques de la part de médecins nazis.
Du côté américain, les personnages sont moins malveillants et stupides que d’habitude dans ce type de films, mais se voient reprocher à juste titre leurs bombardements aveugles sur les populations civiles.
Les effets spéciaux 3D sont plutôt bien réalisés, qu’ils concernent les avions, les bateaux ou les sous-marins.
La bande son est excellente, que ce soient les chants de notre sirène, ou l’ambiance sonore d’un sous-marin en plongée.

Là où le bât blesse, c’est dans l’accumulation de situations caricaturales, trop typiquement japonaises.
Le scénario multiplie en effet les individus qui se sacrifient pour le groupe, ou préfèrent se suicider plutôt que d’affronter le déshonneur. Ces comportements sont certes emblématiques de la culture japonaise des siècles passés, mais le film les assène avec un tel sérieux, et de façon tellement incongrue par rapport au reste de l’intrigue, qu’ils en sont complètement ridicules pour un spectateur occidental contemporain.
On comprend mieux pourquoi ce long métrage n’est pas passé dans les salles françaises, et est sorti directement en DVD.
Une grosse déception donc, à ne voir qu’à titre de curiosité. Sur le sujet, on lira/verra plutôt "Zipang" de Kaiji Kawaguchi, ou "L’Histoire des 3 Adolf" d’Osamu Tezuka, nettement moins simplistes dans leurs descriptions des militaires japonais d'avant 1946.

Note : 6/10

Compléments :
> Les critiques de CommeAuCinéma, SanchoAsia, CineAsie, DvdRama.
> Une très bonne Histoire du Cinéma Japonais sur Fluctuat.
> Le mythe allemand de la Loreleï, sirène/sorcière de la vallée du Rhin.