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03/03/2007

Africa Paradis

Africa ParadisDes Charters vers Roissy.

"Les Fils de l’Homme" décrivait une Europe de 2027 en pleine déchéance, plombée par la dénatalité, les divisions ethniques, l’épuisement des ressources, les pénuries quotidiennes, la décroissance économique.
"Africa Paradis" reprend en partie ce même thème, et imagine l’Afrique de 2033.
Forte de ses ressources naturelles et humaines, elle a réussi à s’unir et forme désormais les Etats-Unis d’Afrique, une fédération riche et prospère. Conséquence, les immigrés européens affluent, pour effectuer les petits boulots que les africains ne veulent plus faire. Mais si les plus progressistes d’entre eux ne voient pas d’obstacles à une immigration raisonnable, certains politiciens extrémistes agitent des thèmes xénophobes et racistes pour mieux assurer leur élection (toute ressemblance avec des situations actuelles n’est évidemment pas une coïncidence).

Le film suit le destin d’un couple de français blancs, formé d’un informaticien et d’une institutrice, dont la demande de visa a été refusée et qui tente de s’installer clandestinement dans le pays. Exploitation des sans papiers, contrôles policiers au faciès, comportements racistes prennent alors une résonance particulière.
Bien que forçant fortement le trait de la caricature, le scénario évite les clichés et l’inversion des rôles permet une dénonciation efficace de tout ce qu’on a récemment vu dans "Dans la Peau d’un Noir".
Le seul défaut de ce film est lié aux faibles moyens à la disposition du réalisateur. Le plus évident en est les scènes de foules effectuées avec seulement une vingtaine de figurants. Heureusement, ayant bénéficié du soutien de nombreuses personnalités africaines et antillaises, il aligne un bon nombre d’excellents acteurs 'blacks'. Par contre, les acteurs blancs, tous inconnus, font à côté bien pâle figure.

Les Etats Unis d'AfriqueLe gros problème de ce film est également d’être la victime du racisme ordinaire qu’il dénonce. Refusé par tous les distributeurs français, prétextant une trop faible audience probable (qui irait voir un film de 'nègres' anti-racistes ?), il n’est sorti ou prévu que dans 5 salles en France, fait l’objet d’un gros black-out de la presse cinématographique, ne bénéficie d'aucun soutien des 'professionnels de la profession', et risque de ne pas rester longtemps à l’affiche.
Je ne peux donc que vous conseiller d’aller le voir de toute urgence.

Note: 7/10

Les salles qui s’honorent à le passer :
> Images d’Ailleurs (Paris).
> Espace Saint-Michel (Paris).
> Le Royal (Montpellier).
> Rive Gauche (Perpignan) du 14 au 27 mars.
> Le Palace (Cherbourg Equeurdreville) du 21 au 27 mars.

Compléments :
> Le site du film.
> Les critiques sur "Afrik", "Vidome", "Grioo", "CommeAuCinema", "Telerama", "LeFigaro", "AvoirAlire".

24/02/2007

Le Dernier Roi d'Ecosse (The Last King Of Scotland)

Le Dernier Roi d'EcosseLa Dernière Colonie Britannique ?

"Le Dernier Roi d’Ecosse" est la rencontre improbable entre un médecin occidental idéaliste, et un des nombreux dictateurs mis en place au moment de la décolonisation.
Mouvement de repentance ou bon filon marketing ?, le cinéma aime bien l’Afrique depuis quelques temps. Mais au-delà du souvenir, peu de choses semblent avoir changé dans les anciennes colonies.

La période de la Guerre Froide avait été propice aux coups d’états destinés à mettre au pouvoir des hommes favorables à tel ou tel camp, sans se soucier beaucoup du respect des valeurs officiellement défendues par l’ONU et nos démocraties.
Idi Amin Dada, Bokassa, Mobutu, Pinochet, Duvalier, le Shah d’Iran, Saddam Hussein, entre autres, ont pu bénéficier du support sans faille de la CIA, du KGB, du MI6 ou du SDECE. Beaucoup ont sombrés dans les oubliettes de l’Histoire. Certains s’accrochent encore à leur fauteuil ou ont passé le relais à des dauphins tout aussi sanguinaires (Bongo, Ben Ali, …).

Paradoxalement, les leçons du passé ne semblent pas avoir beaucoup servi. Si la CIA et le FSB continuent à vouloir imposer les vieilles (mauvaises) méthodes de l’ingérence directe (Irak, Tchétchénie, …), les autres pays n’ont pas renoncé à vouloir installer leurs gouvernements fantoches. Mais, touché par les restrictions budgétaires, les gouvernements tendent à utiliser de plus en plus les méthodes du privé. Armées de mercenaires, éminences grises venant du FMI ou de la Banque Mondiale, services publics pris en charge par des multinationales, les méthodes changent mais l’esprit colonial reste. Au risque de susciter les mêmes réactions violentes qui se sont toujours produites en pareil cas (guérilleros communistes, intégristes religieux, nationalistes fascisants). Alors qu’une coopération équitable et bien comprise permettrait de valoriser les intérêts des 2 partenaires, en tendant vers un équilibre démocratique et pacifique comme celui mis en place dans la Communauté Européenne.

"Le Dernier Roi d’Ecosse" est donc un bon moyen de se souvenir d’une époque pas si lointaine. Mais il est loin d’avoir la force de films plus ancrés dans la réalité comme "Syriana" ou "Lord of War". C’est en tout cas le symptôme d’une mauvaise compréhension de l’Occident face au Tiers Monde, de ses aspirations et de ses conditions de vie. L’Occident est bien ce jeune homme naïf qui arrive en Afrique sans la connaître, est plus préoccupé de la satisfaction de ses désirs que des besoins de la population, et se réveille un jour avec la gueule de bois en se demandant comment cela est arrivé.
A voir pour l’ambiance qui s’en dégage, le très bon jeu des acteurs, la musique excellente bien que pas toujours d’époque (pourquoi Tony Allen et pas Fela ?) et l’ébauche de réflexion que ça pourra éventuellement initier chez certains.

Note: 8/10

Compléments :
> Le site du film.
> Les critiques sur "Afrik", "CommeAuCinéma", "Telerama", "iMedias", "Fluctuat", "EcranLarge", "AvoirAlire", "Canoe", "KrinEin".
> Sur les Blogs: "AgoraVox", "CulturoFil", "LeChatPerçant".

17/02/2007

CashBack

CashbackSerré ou Allongé ?

"CashBack", le film, est sorti sur les écrans français le 17 janvier.
Ne l’ayant pas vu, je me garderai d’y porter le moindre jugement. Les avis semblent partagés entre ceux qui y ont vu une œuvre d’une grande poésie, et ceux qui se sont ennuyés face à un film au rythme bien peu trépidant.
Il faut par contre savoir que le long métrage avait été précédé en 2003, par un court métrage de 17 minutes (nominé aux oscars 2005) qui forme le cœur du film actuel.

Le résultat est particulièrement remarquable. En un quart d’heure, 5 personnages, quelques figurants et une superette, Sean Ellis arrive à créer un univers riche et cohérent, mélangeant poésie, humour et réflexions socio-économiques sans ennuyer une seule seconde le spectateur.
Bravo, l’artiste !

VideoOnLine :
> Le Court-Métrage sur DailyMotion.



Compléments :
> Les sites du films: Gaumont et CashBack.
> La Fiche du film sur Wikipedia.
> Quelques critiques sur "CommeAuCinéma", "Libération", "Excessif", "Fluctuat", "FilmDeCulte", "EcranLarge", "iMedias", "KrinEin", "ChronicArt", "CriticoBlog", "AvoirAlire", "AgoraVox", "HellJohn".

20:00 Publié dans Ecrans Larges | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma |  Imprimer

11/02/2007

La Vie Des Autres (Das Leben der Anderen)

La vie des AutresSonate pour un Homme Bon.

L’actualité fait quelque fois l’objet de curieux télescopages. Après un "Géants de la Montagne" inachevé présenté il y a peu au Théâtre de la Ville, arrive un film allemand traitant plus ou moins du même sujet sous un angle un peu différent.

LGDLM traitait de l’influence de l’Art et des artistes sur les masses laborieuses, et du pouvoir de leur donner le ‘supplément d’âme’ qu’ils ne pouvaient trouver dans leur vie courante, toute entière vouée à la production et aux biens matériels. Il se passait dans l’Italie fasciste des années 20-30, où la censure et la propagande tendaient à museler des auteurs tels que Pirandello pour imposer un modèle d’Homme Nouveau, tout en muscles et sans cervelle.

50 ans plus tard, en 1984, l’idéologie communiste a semble-t-il gagné la partie en réalisant de façon pérenne les espoirs de Mussolini, et les cauchemars de Georges Orwell. Gerd Wiesler est un terne fonctionnaire de la Stasi, uniquement préoccupé par son travail, sans émotions et sans désirs. Complètement intégré dans la société, reconnu par ses pairs, il est un employé modèle de cette société technocratique. Il croit à la dictature du prolétariat, dénonce ceux qu’il estime être déviants (l’étudiant dans l’amphi par exemple), est insensible à un humour qui égratigne ses valeurs (la blague sur Honecker). Mis au contact des artistes qu’il est chargé de surveiller, il n’est pas gêné par l’injustice de la situation et le non-respect des droits humains fondamentaux. Il en a vu d’autres, et sait qu’un innocent n’est qu’un coupable qui s’ignore.

Le seul facteur qui va être le déclencheur de sa ré-humanisation [1], va être l’expérience de la Culture, en lisant Brecht et en écoutant la "Sonate de l’Homme Bon" [2]. Expérience très positive, puisqu’il va jusqu’à rédiger lui-même les principaux éléments de la pièce qu’est censé écrire le dramaturge. On retrouve là un thème déjà exploité dans "Fahrenheit 451" et "Equilibrium", où un gardien du système touché par la grâce, entreprend une résistance passive et se met à protéger ceux qu’il est chargé de réprimer.

Bon, évidemment ce ne sont que des personnages fictifs. Aucun officier de la Stasi n’est parvenu jusqu’à nous avec une expérience de ce genre. Tous ceux qui sont sortis de leur rôle ont sans doute été arrêtés et exécutés pour haute trahison. Mais on peut espérer que ce genre de situation n’est pas seulement un fantasme d’intellectuel, et que l’Imagination a le pouvoir de réveiller les morts. L’inverse serait vraiment trop désespérant.

[1] et de la (re)naissance de ses désirs, exprimé par la scène avec la prostituée.
[2] Créée en fait par Gabriel Yared pour le film, mais fortement inspirée par "l’Appassionnata", dont Lénine aurait dit "Si je l’écoute jusqu’au bout, je ne finirai jamais la révolution".

Note: 9/10

Compléments :
> La Fiche du film sur Wikipedia.
> Le site du film.
> Un dossier pédagogique intéressant sur "ZéroDeConduite" (en pdf)
> Les critiques sur "CommeAuCinéma", "DvdRama", "Arte", "Telerama", "DvdCritiques", "FilmDeCulte", "EcranLarge", "ObjectifCinema", "LeMonde", "LeFigaro", "Voir.ca", "CyberPresse.ca", "AvoirAlire".
> Sur les Blogs: "PibeSan", "CritiquesClunysiennes", "SurLaRouteDuCinéma", Matoo", "Zvezdoliki", "Phersu", "CinéBlogywood", "IDEA", "RoutesAméricaines".

28/01/2007

Save the Green Planet! (Jigureul Jikyeora!)

Save The Green Planet'Green Peace' For The Earth.

Les Extra-terrestres sont parmi nous et nous manipulent à notre insu. C’est du moins ce dont est persuadé Lee Byeong-Gu qui décide d’enlever leur chef, officiellement PDG d’une grosse entreprise chimique, et accessoirement à l’origine de la plupart des malheurs de sa vie.

Le film commencent comme une comédie déjantée, vire vers le thriller, effectue quelques diversions vers la comédie policière et le film de Kung Fu, pour s’enfoncer vers le film de serial killer psychopathe si prisé des cinémas américains ("Seven", "Le Silence des Agneaux", …) et coréens ("Old Boy", "Sympathy for Mr Vengeance", …). Jusqu’au twist final, qui rappelle tous les films de SF de série B des années 50 et 60. Entre-temps, on aura vu de nombreux clins d’œil à des chefs d’œuvres comme "2001, l’Odyssée de l’Espace", les "Men In Black", "Usual Suspects", "E.T.", "La Strada", … On notera notamment une amusante relecture de l'histoire scientifico-religieuse chrétienne et bouddhiste façon extra-terrestre.

Le récit démystifie le rôle du héros sauveur de l’humanité en mettant en lumières les zones d’ombre de son passé, le côté trouble de ses motivations, sans compter l’aspect fasciste de ses méthodes expéditives. Il dénonce sans fard l’agressivité humaine responsable de la violence et des dérèglements de la planète. Contrairement à la plupart des films coréens, il privilégie une approche individualiste des conflits personnels et sociaux, pointant l’égoïsme forcené qui régit tout à tout un chacun. En ne cédant pas au 'Happy End' hollywoodien, il pousse jusqu’au bout la logique autodestructrice qui semble être celle du genre humain. Finalement, les meilleurs protecteurs de la Terre ne sont-ils pas les Extra-Terrestres qui nous visitent ?

Ceux qui ont aimé "The Host", relecture intelligente du film de monstres, ne devraient pas rester insensibles à ce petit bijou à classer à côté de "Rencontres du 3ième Type", "Les Envahisseurs" et "Le Jour Où la Terre s’Arrêta".

Note: 8/10

Compléments :
> La Fiche du film sur Wikipedia.
> Critiques sur "DvdRama", "CinéAsie", "SanchoAsia", "PanoramaCinéma", "Tour2Korea", "PsychoVision".
> Sur les Blogs: "PibeSan", "CinémaTimiesque", "DrFolamour", "ChroniquesPokemon".